Nous avons pu il y a quelques jours interviewer Tom Cornière-David, chanteur et guitariste du groupe montant du stoner français, The Necromancers, à propos du cycle de tournée de leur dernier album, Of Blood And Wine, et nous avons également discuté de la suite du groupe, qui réserve bien des surprises !
Pozzo Live : Votre dernier album, Of Blood And Wine est sorti l’année dernière, que pensez-vous des retours ?
Tom Cornière-David : Les retours ont été plutôt bons. Le premier album avait eu un bon accueil auprès du public, c’est ce qui nous avait fait un peu connaître. On avait été surpris, un peu, de ce qui s’était passé. Je dirais que pour le deuxième, la grosse différence qu’il y a eu dans l’accueil c’est que c’était un accueil plutôt critique on va dire. Ca a été vraiment plutôt des journalistes, des magazines, des webzines… Ce genre de choses qui ont vraiment amorcé le truc plus que le public et c’était intéressant pour nous d’avoir ce côté-là aussi, peut-être un peu plus pro, qui validait un petit peu la chose et qui nous donnait entre guillemets « nos lettres de noblesse ». On méritait un peu notre place en tout cas.
PL : Comment l’album a-t-il été conçu ?
Tom : Il a été conçu assez vite comparé au premier qui a eu deux ans de gestation, parce que c’était nos premiers morceaux, on a vraiment eu le temps de les retravailler de les peaufiner et de les jouer avant. Celui-là il a été fait entre deux tournées finalement. Et en quelques mois on a terminé de le composer et on l’a enregistré en quelques mois. Donc ça a été un autre processus, mais voilà, c’est des morceaux dont on parlait déjà pendant qu’on était en tournée. Il y avait déjà des idées de riffs, déjà des choses. Et ensuite on s’est posés pendant quelques mois, on a vraiment tout peaufiné, on est partis direct en studio en revenant de tournée. Et on a enregistré ça directement. Donc voilà, il était différent de ce point de vue-là.
PL : J’aime beaucoup la chanson Erzebeth, comment on compose un morceau épique comme ça ?
Tom : Alors j’ai pas la recette secrète, mais c’était vraiment une volonté comme le deuxième album est un peu plus « concept », ça tourne autour d’une thématique vraiment définie, le mythe du vampire qui a soif de sang etc. On voulait vraiment pouvoir évoquer des personnages vraiment très importants de cet univers-là et Elizabeth Bathory évidemment en fait partie. Du coup on a vraiment construit les morceaux plus de façon narrative et cinématographique et au final la musique exprimait juste ce qu’on voulait raconter. On voyait pas mal d’images pendant qu’on composait, et je pense que c’est pour ça déjà qu’il a cette longueur-là, et c’est aussi pour ça qu’il a ce côté un peu épique. Il a un peu été construit comme s’il était une bande-son de film, en fait.
PL : Tu me parlais de la comtesse Bathory, quelles sont les autres histoires que vous racontez dans cet album ?
Tom : Globalement il y a pas mal de références à divers auteurs ou mythes qu’on a pu voir. Moi, m’intéressant plus particulièrement aux paroles que les autres membres, je suis allé chercher dans des légendes slaves, dans les origines mêmes du mythe du vampire, ce genre de choses. Et puis il y a aussi Secular Lord qui lui fait référence directement à Vlad l’empaleur. Et du coup au mythe carrément de Dracula. Mais pour nous c’était important, déjà qu’on cite des personnages qui ont été vus et pas mal revus dans la musique rock et dans le metal en général, on voulait éviter de tomber dans une chose où il y avait clairement le nom de Dracula de cité, mais voilà, en gros Secular Lord parle de ce personnage-là. Et après il y a plus des séquences de livres, ou juste des idées. Le dernier morceau de l’album, The Gathering, c’est plus une idée de ce que pourrait donner comme ambiance et mettre en bande son une invasion d’une ville au moyen-âge par une horde de vampires, de grosses chauve-souris géantes. C’était un peu l’idée.
PL : Du coup ça me fait beaucoup penser au dernier Kadavar qui est sur le même thème mais en très différent !
Tom : Ouais, ça nous a fait pas mal sourire quand on a appris que leur album était sur cette thématique là aussi. Donc le hasard, mais c’est deux façons de traiter la chose différemment. Mais c’est vrai que les deux albums partagent cette thématique-là.
PL : Vous avez joué au Hellfest cet été et vous avez fait forte impression. Est-ce que ça a été un tournant pour vous, est-ce que ça a changé du tout au tout après ?
Tom : Ce serait mentir que de dire que ce n’était pas un concert important pour nous, évidemment ! Quand notre manager nous a annoncé qu’on allait être au Hellfest on était très heureux de faire partie de ça parce que ça reste quand même un festival très important en Europe dans ce milieu-là. Et au final on s’y est préparé comme on se prépare pour une tournée ou pour les autres festivals qu’on a pu faire qui étaient le Desert Fest ou ces autres festivals. Et au final on a été surpris du monde qu’il y avait ! Parce qu’en fait on ne s’attendait pas du tout en jouant aussi tôt, le vendredi matin en plus, en étant un petit groupe français pas spécialement connu, on s’attendait vraiment pas à ce que la Valley soit pleine à ce point-là en fait ! Donc non c’était une très bonne expérience pour nous, on a été très contents de l’accueil, je pense que ça a pas mal fait parler du groupe. Pour la sortie du deuxième album, c’était encore quelque chose qui affirmait la position du groupe et qui a prouvé à pas mal de personnes du milieu que le groupe entre guillemets « méritait sa place ». Et c’est bien d’avoir ça sur sa carte de visite, quoi. Donc on a eu pas mal de retombées intéressantes dessus. Après il faut savoir que c’était le Hellfest pour nous, c’était, même si on a fait quelques petits concerts à l’automne, c’était notre grosse fin de tournée promo pour Of Blood And Wine et la volonté après et ce qu’on fait maintenant c’est vraiment se mettre à l’ombre pendant quelques mois pour se remettre à la compo. Donc au final on a eu énormément de retombées mais qui auront vraiment des répercussions dans quelques mois et pas tout de suite parce qu’on a vraiment voulu et on a dit à toute notre équipe, notre tourneur, notre manager, notre label, tout ça qu’on voulait avoir du temps pour composer. Donc je pense que les répercussions seront plus visibles par le public un peu plus tard dans l’année 2020.
PL : Vous en avez parlé avec Hangman’s Chair qui avaient eu le même horaire sur la même scène en 2016 ?
Tom : Alors on a pas eu l’occasion d’en parler avec eux. C’est vrai qu’on les a croisé à l’automne au Rise And Fall. Mais on a pas eu l’occasion. Tu vois ça nous est même pas venu à l’esprit, on a discuté de plein de choses avec eux mais pas de ça !
PL : Du coup tu me parlais du prochain album, qu’est-ce qu’on peut attendre pour la suite ?
Tom : On peut attendre un album en 2020, ça c’est sûr. Un album où on va continuer d’essayer de nouvelles choses, où on va développer des choses et surtout un album qui s’annonce pour l’instant beaucoup plus sombre que ce qu’on a fait avant. Que ce soit au niveau des thématiques, je pense que la musique s’en ressentira aussi puis évidemment tu sais qu’on perdra pas forcément nos amours de heavy épique et ce genre de choses. Mais voilà, je pense que ce sera globalement plus sombre et aussi plus personnel que ne l’étaient les deux albums d’avant.
PL : Quel est le truc le plus incroyable que vous avez vécu en tournée pour l’instant ?
Tom : Comme ça je ne saurais pas te dire ! Il y a une date dans notre dernière tournée, enfin un enchaînement de dates qui nous a pas mal marqués. En fait on était en tournée avec Belzebong en début d’année 2019, et on était au Royaume Uni, et on s’est retrouvé avec un problème de van, clairement un van mort en fait. Il ne pouvait pas dépasser les 60 à l’heure alors qu’il nous restait plusieurs dates. Et comme on aime bien être dans la merde jusqu’au bout, on a accepté d’ajouter une date sur un day off à Paris en rentrant du Royaume Uni avant d’aller en Allemagne. Au Petit Bain avec Monkey3 qui avaient eu un souci avec le groupe avec qui ils devaient jouer. Et du coup comme on les connait bien et que c’est avec eux qu’on a fait notre première tournée européenne, on ne se sentait pas de refuser ça et on avait vraiment envie de faire ça. Donc on a fait Londres-Paris avec un van mort, on a changé de van à Paris après le concert et on a roulé toute la nuit pour aller à la date en Allemagne le lendemain. Donc ça je sais pas si on peut dire que c’était incroyable mais ça reste un souvenir assez fort pour nous d’enchaîner à ce point-là. Là c’était vraiment que l’envie de faire de la musique, et d’être en concert et de jouer qui nous maintenant. Ça et les nerfs c’est tout ce qui nous maintenait en fait.
PL : Enfin, la question qu’on pose à chaque fois : quel groupe ou artiste tu aimerais qu’on interviewe ensuite ?
Tom : Je proposerais deux groupes, qui sont des groupes de copains, je vais pas être très original. Mais je conseillerais d’interviewer, il y a un groupe de Tours qu’on connaît très bien qui s’appelle Birdstone qui font du heavy blues rock à tendance un peu prog, c’est vraiment très très bien ce qu’ils font (je dis pas ça parce que c’est des potes). Et un autre groupe que je conseillerais, qui s’appelle Howard, qui sont aussi des copains et qui sont de Paris, qui sont aussi un trio et je pense que ça pourrait être intéressant de discuter un peu avec eux.