Manic
par Halsey
Le nouvel album d’Halsey est enfin là ! La chanteuse américaine revient après avoir traversé l’enfer pendant quelques années, avec l’album Manic. Alors, aura-t-on le droit à un album de pop original et à cœur ouvert ou à juste un album de pop comme de nombreux autres ? On vous donne notre avis dans cet article !
Pour un album aussi personnel et pour lequel l’évolution de l’album est aussi importante que son contenu, j’ai opté pour une critique chronologique. L’album commence donc doucement par la chanson Ashley, prénom de la jeune chanteuse. Le morceau reste calme malgré la montée en puissance du refrain et met en bouche pour le reste de l’album avec un son doux qui semble correspondre largement à la couverture pastel de l’album. Sur clementine, le feeling reste calme mais le refrain « I don’t need anyone » évoque la dépression de la chanteuse, avec une deuxième voix appuyant son propos sur le refrain, pour un feeling original et un son très réussi malgré sa simplicité. Sur Graveyard, premier single de cet album, Halsey semble parler de sa relation avec G-Eazy et du fait qu’elle aurait dû se douter de la suite, avec un gain d’énergie et une respiration forte peu avant la fin qui donne des frissons, passage très réussi qui donne vie à la phrase « Oh, it’s funny how the warning signs can feel like they’re butterflies » ! On enchaîne ensuite avec You Should Be Sad, mon single préféré, qui parle explicitement de la fin de sa relation avec G-Eazy, l’instru apporte un feeling feeling folk voire country, et le clip ultra hot montre l’indépendance d’Halsey mais contraste beaucoup avec la tristesse ambiante. Les paroles se montrent très puissantes, et quand on sait que la chanteuse a fait une fausse couche en tournée, le vers « I’m so glad I never ever had a baby with you » frappe très fort là où ça fait mal. On a donc eu là l’histoire d’une relation en 3 chansons !
Forever… (is a long time) sera le morceau morceau qui parle de sa reconstruction et du fait qu’elle a le pouvoir de faire ce qu’elle veut après la séparation. Le monde est à ses pieds mais pense ne pas pouvoir être aimée. La majorité du morceau est un long interlude de piano, très réussi, qui donne un vent d’air frais à cet album déjà bien dense. Dominic’s Interlude voit Dominic Fike parler aussi de cette période de la vie d’Halsey tout en reprenant les mots qu’elle utilise sur le morceau précédent.
I HATE EVERYBODY révèle qu’elle n’arrive plus à tomber amoureuse, mais se sent obligée d’être avec quelqu’un. Cette ballade fun au piano, est légère mais aborde un sujet lourd et une phase sombre de la vie d’Halsey, elle parle du fait de ne pas s’aimer, d’avoir un manque à combler et de se mentir à soi-même. On remarquera que la plupart de ce cheminement se fait dans la douleur pour Halsey, et on ressent clairement la sincérité dans les paroles, et dans l’interprétation. Derrière les paillettes, on ne s’en doute pas forcément toujours, et je trouve que cet album le révèle bien. 3am sera pour moi un gros coup de cœur, Halsey utilise là un flow plus proche du rap que du chant habituel de l’album, et donne vraiment une bonne énergie, tout en parlant de moments de solitude extrême. On vous laisse la découvrir !
Sur un autre single de l’album, Without Me, Halsey parle du fait d’être là pour de nombreuses personnes mais de n’avoir personne qui aide, et fait penser à l’album Empath de Devin Townsend pour le thème (c’était mon album préféré de 2019, d’ailleurs). Mais le son est ultra moderne et différent de cet album avec un point de vue brutalement honnête et direct. La voix est très cool et le morceau réussi, mais à ce stade c’est le cas sur tout l’album ! Finally//Beautiful Stranger, ballade acoustique plus lumineuse, raconte sa rencontre avec Yungblud « la première chanson d’amour que Halsey ait écrite » selon elle. On la ressent comme un soulagement après les sentiments négatifs exprimés dans les morceaux précédents, or là le morceau est 100% positif. Et là, grosse surprise ! Alanis’ Interlude voit une apparition d’Alanis Morissette sur la chanson ! Le morceau est très cool et parle probablement de bisexualité, thème bien trop sous-traité dans la pop !
Pour commencer le dernier tiers de l’album, killing boys parle encore d’une fin de relation, de vengeance, de défouloir pour évacuer la colère morceau entraînant et plutôt puissant et efficace, mais dans un style très différent de You Should Be Sad, auquel on pense bien sûr vu la similarité des sujets. SUGA’s Interlude voit cette fois rapper SUGA, chanteur du groupe de K-pop BTS. Ce morceau parle de désamour de la musique à cause de l’industrie musicale, et du doute autour de la passion. C’est un beau morceau qui fait rêver malgré le tempo rapide du vers. Le son est massif et c’est encore une fois très réussi ! Dernier single en date de Halsey, MORE parle de sa fausse couche très probablement, et parle de son désir de fonder une famille, et d’aimer un enfant. Cette chanson brise totalement le coeur quand on sait ce qui est arrivé à la chanteuse de 25 ans. C’est probablement même la raison qui l’a poussée à écrire une bonne partie de cet album !
Still Learning mériterait d’avoir la suite du vers dans le titre : « to love myself ». Le refrain est explicite, et le morceau vraiment bluffant de sincérité, super instru, voix géniale, on dirait SIA par moments d’ailleurs, avec un feeling un peu soul par moments. Enfin, pour moi, 929 est la chanson la plus forte de l’album, l’honnêteté brutale, qui caractérise Halsey, alliée au thème de sa naissance qui revient au début et à la fin du morceau, et de ce qui s’est passé depuis, qui est évoqué dans les vers, fait qu’on se prend un ouragan de sincérité dans la face pour terminer l’album. Grosse claque qui termine en beauté ce Manic, qui révèle carrément Halsey à ceux qui, comme moi, ne la connaissaient qu’un peu.
En conclusion on a là un album qui est d’une fluidité et d’une honnêteté exemplaires, mais qui se répète un peu, avec des morceaux qui malgré leur efficacité se font parfois un peu echo. Néanmoins, la qualité des paroles et de la musique, ainsi que le fait qu’on puisse s’identifier à la chanteuse en font un album essentiel de ce début d’année. On aime beaucoup le nouveau Halsey, et on l’écoutera très régulièrement et on a très hâte de la voir à Paris le 17 février prochain !
Manic
par Halsey