Nous avons pu le mois dernier discuter avec Lips, le chanteur légendaire du groupe de heavy metal le plus sous-estimé : Anvil ! On a discuté bien entendu du nouvel album, Legal At Last, qui sortira vendredi prochain, mais aussi de la tournée à venir qui passera par la France. Rock on !
Pozzo Live : Salut Lips, ça va ?
Lips : Je vais bien !
PL : Votre 18ème album, Legal At Last sort le 14 février, seulement 2 ans après Pounding The Pavement. Est-ce que c’est devenu plus facile avec le temps, d’écrire des chansons cool ?
Lips : Non (rire) c’est ce qu’on fait ! Ça fait partie de la description du boulot !
PL : Vous avez travaillé pour la troisième fois avec Martin Pfeiffer, en quoi le processus d’enregistrement est-il différent avec lui qu’avec les autres producteurs avec lesquels vous avez travaillé ?
Lips : Il est allemand (rire) ! Il est juste très bon ! On adore ce mec, il est génial ! Il n’y a pas grand chose à dire de plus, il fait du super boulot, c’est un super gars et il ne nous laisse jamais tomber, donc on continue à bosser avec ce mec !
PL : Qu’avez-vous utilisé comme matériel ?
Lips : J’utilise toujours mes Fender Twins que j’utilise depuis nos débuts. Donc ça n’a pas changé. J’utilise toujours les Flying V October que j’ai faites faire. Et je ne sais pas trop, plutôt le même matériel que depuis le début !
PL : Cet album s’appelle Legal At Last et vous avez dit que c’était un peu une permission pour le public en général de vous apprécier. Voulez-vous séduire plus de public avec cet album ?
Lips : Non (rire) ! On veut plaire à nos fans. Essayer de plaire à plus de monde, on ne le fait jamais ! Personne ne le fait jamais ! Ce que tu essaies vraiment de faire, c’est que tout le monde qui aime ton groupe continue à l’aimer. Si quelqu’un d’autre monte à bord, c’est tant mieux, mais on ne l’attend pas, et on essaie pas de le faire. C’est vraiment faire ce qu’on fait, comme on le veut et quand on le veut, c’est tout ! Aussi simple que ça.
PL : Vous avez aussi dit que c’est « juste un autre album d’Anvil », donc c’est dans cet esprit de rester le même ?
Lips : Oui c’est plus ou moins l’idée. C’est un autre album d’Anvil. Je veux dire, c’est pas quelqu’un d’autre, c’est notre truc, donc… On fait ce qu’on fait, et c’est ce qu’on fait. Donc quelqu’un qui attendrait quelque chose de différent sera déçu, car ça ne l’est pas (rire) ! Tu vois, c’est un nom de marque et c’est ce qu’on fait ! Généralement le même style, le même son. C’est ce qu’on fait, on continue la tradition d’Anvil !
PL : Vos paroles sur les deux premières chansons sont sur la légalisation de la marijuana. Et vous semblez vraiment soulagé que ce soit enfin légal au Canada !
Lips : Oui, ça devrait être légal partout. C’est une loi idiote. Ça n’aurait jamais dû être illégal, et à ce moment-là, peut-être que beaucoup moins de monde seraient en train de mourir du cancer. La raison pour laquelle le cancer est si rapide, c’est que les produits qui sont dans la marijuana et particulièrement les plants de chanvre ont été supprimés de notre écosystème et donc de notre corps, de la vie des plantes, de la vie animale, de partout. Ce sont en fait des antioxydants qui sont très bons pour arrêter le cancer. Et parce qu’on a privé l’espèce humaine de ces produits, de plus en plus de monde a le cancer. C’est pourquoi ils ont découvert que la marijuana soigne le cancer. Ça fait partie de ce système. Le truc vraiment triste c’est que la marijuana n’a jamais été rendue illégale parce qu’elle est mauvaise pour toi. Ça n’a rien à voir avec ça. Ça a seulement à voir avec l’argent et le commerce. Et ça a menacé l’industrie du coton, le papier, l’essence, le plastique, le coton, les tissus… Donc ce sont des industries majeures dans le monde, et la marijuana aurait pu remplacer toutes ces choses. On ne flotterait pas dans une mer de plastique, dont je parle dans la chanson Plastic In Paradise. S’ils faisaient du plastique biodégradable à partir de chanvre… Ils ont décidé de le faire à base de pétrole, comme je le dis dans Gasoline, qui détruit notre environnement et notre planète. Ce sont les choses auxquelles les gens devraient penser, et changer les lois, et la façon dont le monde fonctionne. Et je fais partie de ces gens qui lèvent les mains et les remuent et disent « réveillez vous » (rire) !
PL : L’environnement est aussi un énorme sujet dans l’album. Vous avez déjà parlé de Plastic In Paradise et Gasoline. Dans Gasoline vous parlez des solutions alternatives, et que ça a déjà été dit, mais je pense que c’est toujours important de les mentionner. Lesquelles de ces solutions utilisez-vous personnellement ?
Lips : Evidemment, les voitures électriques auraient dû être mises en place depuis les années 1940. Quand ça a été évoqué pour la première fois et fabriqué pour la première fois. General Motors ont décidé de ne pas continuer avec. Et ça a à voir avec l’avarice et l’égoïsme du business, qui insistait pour qu’on utilise de l’essence. Personne n’en a rien à foutre de la planète ! Même aujourd’hui quand on a des gens comme Greta Thunberg qui disent « Eh, réveillez-vous ! » tout le monde répond « Ta gueule ! Personne ne veut t’écouter ! Tu es juste une fille stupide. » C’est très triste. Très triste.
PL : J’aime beaucoup aussi la chanson Glass House. Pourriez-vous nous en parler un peu aussi ?
Lips : Eh bien c’est à propos de tout ce qu’on vit au niveau de la sécurité. Tout le monde veut la sécurité, et en voulant la sécurité, on a perdu notre vie privée, et c’est ce dont cette chanson parle. Tout le monde peut voir ce que font les autres, entendre ce que font les autres, tu n’as aucune vie privée ! C’est comme vivre dans une maison de verre : tout le monde peut voir ou entendre ce que tu fais. Et bientôt il n’y aura plus de paiements en espèces, tout sera fait par carte. Et bientôt tu ne pourras plus garder ton identité secrète parce qu’ils vont mettre une petite puce électronique dans ton poignet, et tout ce qu’ils auront à faire sera de te scanner, pour savoir ton nom, ton adresse, ton âge, combien d’argent tu as sur ton compte en banque… Tout ce que tu veux ! On va perdre toute notre vie privée. Et c’est de ça que parle cette chanson.
PL : Quelle est ta chanson préférée sur l’album ?
Lips : Difficile d’y répondre ! When All’s Been Said And Done !
PL : Pourquoi celle-ci ?
Lips : Probablement parce qu’elle est très intéressante et différente, dans un certain sens. Elle est écrite sur une tonalité de do, ce qui est très inhabituel pour une chanson de metal. C’est l’un des aspects. La signature rythmique change, ce qui est intéressant, et les paroles sont à propos d’être le meilleur possible humainement dans la vie, et de faire les choses. Et c’est ma philosophie dans la vie : ne pas perdre de temps et ne pas avoir de regrets (rire) !
PL : C’est une bonne philosophie à suivre !
Lips : On essaie tous de la suivre, mais la plupart d’entre nous ne le fait pas (rire).
PL : Vous n’avez pas beaucoup tourné en France avant cette année, cependant votre prochaine tournée commencera avec 4 dates françaises. Qu’est-ce qu’on peut attendre sur ces dates françaises ?
Lips : Un super groupe qui n’a presque jamais l’occasion de jouer dans ce pays. Très ignoré et sous-représenté. On a besoin de jouer en France, vraiment. Et on a voulu le faire depuis bien des années. Et après 40 ans, on a enfin l’opportunité et c’est ce qu’il faut attendre. On s’amusera beaucoup, ce sera un spectacle mais aussi un super, super, super moment.
PL : Je pense que vous devriez rejouer au Hellfest ! Vous n’y avez pas joué depuis environ 10 ans !
Lips : Quelqu’un devrait leur dire qu’il est temps qu’Anvil revienne ! Ce n’est pas notre faute. Ça n’a rien à voir avec nous, on est toujours disponibles. Ils ne nous le demandent jamais. S’ils ne nous le demandent pas, on ne peut pas y jouer. Je suis sûr que notre tourneur nous l’a proposé tous les ans depuis, et il n’y a pas d’intérêt, je ne sais pas pourquoi. C’est typique : pourquoi est-ce qu’on a attendu 40 ans avant de jouer en France ?! C’est une bonne question, je ne sais pas comment y répondre.
PL : Qu’est-ce que tu préfères en tournée ?
Lips : Ce que je préfère en tournée ? Être loin de chez moi (rire) ! Parce que quand tu es chez toi, c’est comme être au boulot, j’en parle même dans le film Anvil ! Quand je suis en tournée je suis comme en vacances ! Donc qu’est-ce que j’aime le plus dans les tournées ? C’est comme être en vacances !
PL : C’est une bonne manière de le voir !
Lips : C’est la seule manière de le voir (rire) !
PL : Je crois que le film Anvil est actuellement sur Netflix. Tu crois que ça vous amène beaucoup de nouveaux fans ?
Lips : Absolument ! Ça fait 12 ans que ce film est sorti, et il y a toujours des gens qui le découvrent seulement maintenant ! Donc ça ne finit jamais, il a été vu beaucoup plus maintenant qu’il ne l’a jamais été ! Evidemment avec les années depuis sa sortie, de plus en plus de monde l’a vu ! Et donc, de plus en plus de fans, donc de plus en plus d’endroit où on doit jouer ! Ce qui est un nombre infini de concerts et donc de vacances (rire) !
PL : Quel groupe ou artiste pensez-vous qu’on devrait interviewer ensuite ?
Lips : Je ne sais pas ! Je n’ai pas de groupe préféré ni de groupe à propos duquel je suis dingue en particulier, à part Phil Campbell ! Interviewez Phil Campbell (rire) ! C’est un mec très sympa !
PL : Merci beaucoup c’était super de vous parler ! On se voit en France, du coup !
Lips : Pareil de mon côté ! On se voit en France !
Sur ce, on vous laisse écouter les single de l’album d’Anvil, qui sortira le 14 février (précommandes par ici) ! Ne les loupez pas en tournée en France !
Merci à Lips, à Anvil et à HIM Media pour cette interview !