Le 6 mars est sorti Worlds Apart (voir notre revue), le 4ème album né de la collaboration entre le chanteur Russel Allen (Symphony X, Adrenaline Mob) et le guitariste Magnus Karlsson (Primal Fear, Magnus Karlsson’s Free Fall). Après 3 collaborations avec Jorn Lande, c’est au tour de Anette Olzon (ex-Nightwish, The Dark Element) de s’y coller et de prêter sa voix lyrique aux mélodies symphoniques du duo. Pozzo Live a pu s’entretenir par téléphone avec elle pour qu’elle nous raconte cette collaboration, et évoquer aussi son actualité.
Pozzo Live : Tu succèdes à Jorn Lande qui a fait 3 albums avec Russel Allen. Quel est le truc en plus que tu apportes sur cet album ?
Anette Olzon : Et bien, déjà, j’apporte ma voix féminine ! Ce sont forcément des dynamiques un peu différentes de quand c’étaient deux hommes qui chantaient. Ca donne des harmonies et des vibes un peu différentes. Mais sinon, l’auteur reste toujours Magnus Karlsson, donc on reste dans la lignée des albums précédents en terme de style et d’histoires.
PL : Comment avez-vous travaillé ensemble ?
A. : C’est Magnus qui a écrit les paroles et la musique. Quand j’ai été contactée il y a un an, les chansons étaient déjà écrites, et Russel avait déjà enregistré certaines de ses voix. La plupart des titres étaient prêts. Bien sûr, j’ai du changer certaines parties pour adapter les mélodies, j’ai chanté des harmonies là où je sentais qu’elles apportaient quelque chose, mais je ne suis pas intervenue sur les paroles ou la musique.
PL : L’album semble raconter le destin de deux âmes sœurs qui se déchirent et s’attirent. Peux-tu nous en parler un peu ?
A. : C’est un peu difficile, car ce sont les paroles de Magnus, donc seul lui sait ce qu’il y a vraiment mis ! Mais en effet, je l’ai ressenti comme parlant de deux personnes qui essaient de se rejoindre. Elles sont très éloignées, peut-être en deux endroits opposés du monde, peut-être éloignées sur un plan émotionnel, sur où elles en sont dans leur vie. Mais je ne suis pas sûre à 100% de mon interprétation, car ce sont les pensées de Magnus !
PL : Le titre I’ll Never Leave You résonne particulièrement. « I’ll protect you no matter what », « I’ll never leave you alone in the dark », on dirait que tu parles à tes enfants.
A. : C’est intéressant que tu dises ça, car je n’ai pas vraiment pensé à ma famille en chantant ces paroles. Pour moi, ça évoque plutôt ce désir de protéger absolument celui qu’on aime, son âme sœur.
PL : L’album dégage une sensation de puissance, vos deux voix s’harmonisent vraiment bien. Comment avez-vous travaillé ça ?
A. : Quand deux chanteurs travaillent ensemble, on ne sait jamais vraiment d’avance si ça va marcher. Mais Russel est un chanteur fantastique, donc c’était vraiment facile. Bien sûr, j’ai dû adapter un peu mes lignes de chants pour qu’elles marchent mieux avec ma voix, notamment pour qu’elles soient plus aigües qu’à l’origine. C’est aussi pourquoi j’ai mis beaucoup d’harmonies dans les tons aigus sur les refrains, pour les porter plus. Je pense que c’est un des éléments qui rend l’album si puissant. La combinaison de la voix de Russel, grave, sombre, masculine, et ma voix plus aiguë. Lors du mixage, je disais souvent à Magnus : « Met les voix un peu plus fort ». Car dans des chansons, je pense que les paroles sont importantes, c’est ce à quoi les auditeurs se raccrochent ! [rires]
PL : Comment tu en es venue à collaborer sur cet album ? C’est Magnus qui t’a contactée ?
A. : En fait, c’est Frontiers Records qui m’a demandé si j’aimerais chanter sur cet album, pas Magnus ni Russel. C’était leur idée. Ils voulaient quelqu’un pour remplacer Jorne, et ils ont pensé à moi ! Je n’ai en fait jamais rencontré Russel physiquement, je ne lui ai parlé que par emails, après que nous ayons commencé à enregistrer. Il a enregistré ses parties aux États-Unis, et moi en Suède.
PL : Est-ce que cette collaboration est une occasion unique, ou est-ce que c’est amené à se reproduire ? Tu as déjà des plans ?
A. : Oui, mon contrat prévoit des collaborations pour d’autres albums. Bien sûr, ça dépend de si celui-ci se vend bien ! Mais en effet il y a cette option, donc si tout se passe bien, je suis assez confiante que nous voyions un ou deux albums de plus.
PL : C’est ce qu’on te souhaite ! Y a-t-il une tournée prévue pour défendre l’album ?
A. : Il n’y a rien de prévu pour l’instant, nous n’en avons pas discuté quand on enregistrait l’album. Bien sûr si l’album fonctionne très bien, il faudra qu’on en parle, mais je ne sais même pas aujourd’hui si Russel voudrait tourner avec. Moi je suis tout à fait partante, mais lui a d’autres groupes et d’autres projets qui l’occupent beaucoup.
PL : Tu as toi aussi d’autres projets ! Tu as formé depuis 2017 The Dark Element avec Jani Liimatainen (ex-Sonata Arctica, Cain’s Offering, Insomnium), également chez Frontiers Records, et vous avez sorti le 8 novembre un nouvel album : « Songs the Night Sings ».
A. : Oui, l’album a été plutôt bien reçu par le public. Le premier album [The Dark Element, NDLR] avait vraiment très bien marché, beaucoup plus qu’on ne s’y attendait. On avait eu beaucoup de critiques élogieuses, pas mal d’intérêt autour du groupe. Beaucoup de festivals nous ont proposé de jouer chez eux, on nous a offert des tournées aussi. Mais on a du dire non à beaucoup de propositions, car Jani est très occupé avec ses autres groupes. Donc il semble y avoir un bon accueil, bien qu’il soit difficile de savoir si les fans ont préféré le premier ou le deuxième album. Mon opinion personnelle, c’est que le deuxième est meilleur !
PL : Vos albums sonnent plus pop que ce que vous avez pu faire avant. Vous semblez presque comme un pont entre le monde pop et le monde métal, avec certaines chansons très dansantes, d’autres plus puissantes. C’était voulu ?
A. : C’est surtout Jani qui écrit les chansons, même si j’ai écrit les paroles d’une d’entre elles cette fois. Nous adorons tous les deux le métal, bien sûr, mais nous aimons aussi avoir des chansons catchy. Je crois qu’il s’amuse pas mal avec ces sons eighties et ces thèmes dansants. On se dit tout le temps : « Allez, on se fait un titre disco ! » [rires] Donc on a essayé de mettre un peu de cet esprit disco dans les chansons. Pas mal de gens nous ont dit qu’on sonnait un peu comme du « Abba-métal », et je pense que ça en dit pas mal sur ce qu’on fait. C’est intéressant, d’avoir des vibes disco sur des titres métal ! C’est cool, ça change un peu.
PL : Est-ce que tu penses que ça va contribuer à rendre le métal un peu plus mainstream, et à amener d’autres personnes à en écouter, loin des clichés de mangeurs de bébés ?
A. : Oui, je pense que c’est une bonne manière d’intéresser des gens qui n’ont pas écouté trop de métal, et qui pensent qu’il n’y en a que pour le growl. Je pense que ça peut attirer des gens qui n’ont pas les pieds ancrés dans notre genre. On fait quelque chose de facile à écouter, assez accrocheur, pas trop heavy. On a des grosses guitares, mais ça reste facile à écouter.
PL : Vous avez accueilli Rolf Pilve (Stratovarius) dans le groupe sur cet album. Il vous a apporté du groove, non ?
A. [rires] : Oui c’est vrai ! Même si c’est Jani qui a écrit l’essentiel de l’album, Rolf a apporté son groove à l’enregistrement. J’ai apporté une modeste contribution sur les paroles. Jani avait du mal à en trouver, et il savait que j’avais des textes en stock. Il m’a demandé si je pouvais lui en envoyer, et ça a donné Pills on my Pillow ! On verra, peut-être que pour le prochain j’en écrirai même plus. J’aime bien écrire, c’est vraiment un exercice intéressant.
PL : C’était la première fois pour toi ?
A. : Non, non, j’écrivais déjà la plupart des textes de mon premier groupe, Alyson Avenue, que j’avais avant Nightwish. Et bien sûr les textes et musiques de mes albums solo. Donc c’est un exercice que je connais, que je trouve très amusant. Je ne fais pas ça tous les jours, mais j’aime bien ça.
PL : Même question que précédemment : quand peut-on espérer te voir en France, peut-être avec The Dark Element ?
A. : C’est malheureusement la même réponse ! On a fait deux festivals l’été dernier, en Finlande, mais pour le reste on verra l’an prochain. Nous avons reçu beaucoup d’offres pour jouer, mais c’est vraiment compliqué avec l’emploi du temps de Jani, il fait une grosse tournée avec Insomnium, donc il n’est pas souvent chez lui. Ce qui fait qu’on ne peut pas faire beaucoup de dates. On verra si je peux passer par chez vous pour mes tournées en solo, peut-être l’an prochain !
PL : Tu fais partie des grandes voix féminines du métal. As-tu déjà envisagé une collaboration avec d’autres grandes voix, comme Alyssa White-Gluz (Arch Enemy), Simone Simons (Epica), ou Charlotte Wessels (Delain), à la manière d’un Northern Kings ?
A. : Bien sûr, ça serait vraiment intéressant ! Je ne connais pas toutes les chanteuses de la planète métal, j’en ai rencontré certaines. Je connais Simone, bien sûr, et aussi Sharon den Adel (Within Temptation). Donc si jamais on nous proposais une chanson sympa, voire un album, où plusieurs voix féminines pourraient s’exprimer, oui, j’aimerais en faire partie et travailler avec elles !
PL : Chez Pozzo Live, on a deux questions fétiches. La première, c’est qu’est-ce que tu écoutes en ce moment ?
A. : Je n’écoute pas vraiment de musique en me levant, je suis souvent assez fatiguée ! Mais quand je fais du sport, par exemple, j’écoute beaucoup de métal en ce moment. J’aime bien ouvrir Spotify et lancer une playlist, tu sais, par exemple Kickass Metal. Il y a pas mal d’artistes que j’aime bien : Linkin Park, Five Finger Death Punch, Spliknot… Ce genre de trucs !
PL : Et ma dernière question : qui on devrait interviewer après toi ?
A. : Oh ! Peut-être Russel, non ?
Un grand merci à Anette Olzon, qui a supporté patiemment les problèmes de liaison technique sur Skype. L’album Worlds Apart, par Allen/Olzon, est sorti le 6 mars chez Frontiers Records.