2 ans que les fans parisiens attendaient de se déchaîner au son électro-ghot de Shaârghot. La dernière fois qu’on les avait rencontrés, ils se préparaient au Hellfest Warm-Up Tour avec Benighted. Deux confinements et de multiples reports plus tard, voici enfin Shaârghot prêts à faire bouillir le Trabendo en ce 22 avril 2022!
Mais avant celà, c’est BAK XIII qui ouvre le bal dans sa formation duo, au setup minimaliste guitare et chant. Le groupe Suisse n’a pas encore la même réputation en France que dans son pays d’origine. Et pourtant, après 21 ans, BAK XIII scande le même discours, la rage toujours aussi puissante, l’autodérision et l’humour noir ne faisant qu’un. Pour son set de 45min, le groupe a su imposer son style puissant qui a fini par conquérir le public parisien.
A peine l’ordinateur a-t-il fait sonner les premiers rythmes de Fucking Bloody Song Of Shit que les connaisseurs du groupe commencent à s’agiter. C’est timide, on sent que le public n’est pas au complet et encore présent pour faire la fête. Et pourtant, à la fin du morceau, quelques curieux commencent à arriver, bière à la main, plutôt satisfaits de ce morceau d’ouverture. BAK XIII n’a pas besoin de projection ni mise en scène particulière pour faire la fête. Damian crache rage dans son micro et nous offre ses mimiques grotesques sous un éclairage satanique, tandis que Judge Drek souligne les rythmes d’une guitare grasse et rauque. Le duo suffit à mettre le feu dans la salle, qui se rempli de plus en plus, pogote, jump et headbang à l’unission des basses… le public n’est pas faible.
Les sons 8bits typiques de l’indus du début des années 90 apportent une touche synthwave qu’on retrouvera également chez The Prodigy, Mitch Murder, ou encore Perturbator. BAK XIII ose les message politiques assumés, et après 40 minutes, cède la place au son du Chant du Cygne. Le décor est planté pour Shaârghot, le public du Trabendo est déjà en transe !
Setlist
- Fucking Bloody Song Of Shit
- The Vanguard II
- Worship Satan & Video Games
- Weak
- Everybody Die
- The Vanguard I
- 80’s Are Back Forever
- So Insane
- Tant Mieux !
- Open The Borders
- Petit Agité
- Le Chant du Cygne
Il est 21h pile quand les premières notes de Shaârghot se font entendre dans le Trabendo. Des flashs de lumières blanc et rouge éclaire un œil géant peint au-dessus du setup batterie. Le public est dans les starting-block, les fans de la première heure côtoient les nouveaux (futurs) fans. Certains se sont fait maquiller de noir à l’entracte par Mr Skarskin, d’autres sont venus costumés. Le public est très varié, aussi bien en âge qu’en style : des punks se mélangent aux métalleux, goths ou encore cybergoths.
C’est comme d’habitude sur le morceau Black Wave que le groupe fait son entrée en scène. Batterie en action, guitare et basse lâchant les premiers riffs, Etienne arrive en dernier sur scène. Chapeau melon sur la tête, matraque d’une main, une allure tel Alex DeLarge du cultissime « Oranges Mécaniques », et Mr Skarskin de l’autre, menottes et chaînes aux poignées. S’enchaîne immédiatement Now Die !!!, qui donne l’occasion à ClemX de faire entendre sa basse, avant de redescendre un peu le ton avec Let me out. Ce nouveau morceau de Shaârghot est présenté en avant-première au Trabendo et nous offre des sonorités encore plus électro, rappelant certains morceaux de The Prodigy.
Shaârghot travaille beaucoup le visuel de ses concerts, et cherche à plonger son public dans les miasmes de sa dystopie post-apocalyptique. Tels leurs grands frères Rammstein en leur temps, le groupe mise beaucoup sur sa scénographie faite maison pour offrir au public un vrai spectacle visuel – et ça marche ! Ainsi, sur Kill your God, Mr Skarskin revient donner l’eucharistie avant de se faire punir par le Shaârghot. Sur Mad Party, c’est Brun’O qui allume sa guitare pour mettre des paillettes dans nos vies. Changement de lumière rapide, effet stroboscopique à outrance : le public du Trabendo se lâche en furie, bras-dessus, bras-dessous. Puis c’est le tour du maintenant traditionnel lâché de bidons sur Bang Bang. Le bidon servira d’ailleurs de percussion supplémentaire pour le final du morceau.
Etienne sait gérer son public, aussi il lance un gros circle pit sur Uman Iz Jaws pendant que ClemX scande les paroles. Et alors que la fosse se lance dans un wall of death sur Traders Must Die, Brun’O ressort les effets pyrotechniques. Le pauvre trader qui distribue des billets se fait tabasser copieusement à coup de matraque par le Shaârghot, pour le plus grand plaisir du public du Trabendo.
Le show reste toujours aussi soigné sur Z//B, et une magnifique Shadow vient danser lascivement autour d’Etienne. Mais pas de temps à perdre, le rythme remonte tout de suite sur K.M.B., et un fan en profite pour s’inviter sur scène et nous dévoiler son anatomie. Enfin, l’hymne qui a fait connaître Shaârghot, le morceau que tout le monde attend : Break your Body. Etienne est agrippé à son micro, deux faucheuses montent sur scène : une ambiance timidement malsaine s’empare du Trabendo et appuie l’univers post-apocalyptique dans lequel nous sommes ce soir !
Enfin vient le grand final, le Shaârghot et son groupe s’unissent avec son armée des ombres sur Shadows. Un chant d’unification, qui prend dans les tripes par sa puissance, son côté mystique, qui (personnellement) prend tout son sens en concert. Le concert se termine, sur les dernières nappes du morceau ; offrant au groupe le temps de remercier chaleureusement son armée de Shadows. Standing ovation oblige, le groupe revient pour une dernière, qui sera de nouveau son dernier single qui sortira très prochainement… « LET ME OUT ! »
Je ressors du concert comme si je revenais d’un combat. Je l’ai vécu comme un film d’action hyper intense, mélangé à une grosse séance de sport. On vit une expérience, le concert raconte une histoire dans laquelle nous avons tous un rôle, celle de l’armée des Shadows, commandée par Shaârghot.
Étienne, le concepteur du projet, a réussi son pari. Il y a un univers, une histoire, tout une ambiance qui nous plonge dans sa tête. Cela donne envie de connaître toute son histoire, de la partager et de la revivre. J’aimerais revivre ce concert entouré de cosplay Shadows pour le vivre plus intensément ! Ce n’est pas qu’un simple concert, c’est une expérience à vivre.
Dans les projets à venir du groupe, il est question d’un livre racontant l’histoire complète du monde de Shaârghot, pour faire suite aux pages diffusées pendant le confinement. Un support qui permettra d’enrichir encore plus son expérience vivante en concert.
J’ai vu Shaârghot et son armée de Shadows, j’ai pris un violent coup de matraque, et j’ai redemanderais volontiers une deuxième tournée !
Setlist :
- Intro (Miss Me)
- Black Wave
- Now Die
- Let Me Out
- Kill Your God
- Wake Up
- Mad Party
- Bang Bang
- Uman Iz Jaws
- Traders Must Die
- KMB
- Z//B
- Break your Body
- AZERTY
- Shadows
Rappel :
- Let Me Out