Interview du groupe Gonezilla pour leur 2ème album Aurore.
Questions au groupe de métal GONEZILLA en tournée bientôt à Lille, en Belgique et à Paris, proposant des morceaux au chant clair féminin contrastant avec des chants saturés masculin, entre lumière et obscurité, entre vie et mort…
PRESENTATION
Bonjour GONEZILLA,
Bonjour,
Doit-on prononcer Gone ziya ? Ou Gone zila ?
Au choix, on n’a pas déposé la prononciation phonétique. 🙂
D’ailleurs, quelle est l’origine de ce nom ?
Ha oui, il y a plusieurs références. La première bien sûr c’est le monstre hein, tout le monde est d’accord (Godzilla), lourd, métal, monstre. Et Gone, à Lyon dans l’argot lyonnais, c’est ce qui définit les enfants, les jeunes de Lyon et donc on a transformé ça en GONEZILLA en clin d’oeil à l’identité Lyonnaise.
Ha, très bien. Ma première question est simple, quelle est la question que vous ne voudriez pas que je vous pose ?
Je dirais qu’il n’y a pas de question qui me gêne particulièrement si c’est pour répondre à une curiosité parce que les gens ne nous connaissent pas, pas de question qui me gêne ou me lasse. Donc on peut y aller.
Pouvez-vous vous présenter ?
Moi, je suis Julien, le guitariste lead du groupe GONEZILLA, groupe lyonnais, composé de 5 personnes : bassiste Clément, chanteuse Karen, chanteur guitariste rythmique Florent, batteur Eric et moi-même.
Dans quel style de musique vous définissez-vous ?
Nous, on est dans le métal, dans une branche qu’on appelle Doom. Et plus précisément pour nous Doom mélodique avec des ambiances lourdes et sombres et des textes qui vont avec, mélancoliques. Un ensemble sonore de couches instrumentales plutôt présentes, plutôt denses avec des leads de guitare comme une 3ème voix.
J’ai lu aussi « post grunge », « gothique », c’est à peu près la même chose ?
Doom, gothique, oui. Après les dénominations peuvent varier mais je dirais Doom vocal à tendance mélodique.
L’ALBUM
Vous avez sorti votre album le 22 avril, intitulé AURORE, quel a été le processus d’enregistrement et comment l’avez-vous enregistré ?
Alors, ça a été un choix pour nous qu’on a eu à faire, par les temps qui courent, de rentabilité pour un groupe amateur, de faire une autoproduction pour la partie enregistrement qui s’est fait en home studio chez moi. On a fait différentes prises de guitare, chant, basse etc et on a confié le mastering à Greg Chandler à Birmingham qui aime bien ce style de musique et maitrise bien ce style et qui a su mettre en valeur les éléments sans transformer nos empreintes sonores et dans un métal moderne. On eu une relation de travail très agréable et fort sympathique, on regrette pas du tout.
Le mastering s’est donc fait à distance, enregistrement chez moi et envoi du mix avec 1 ou 2 allers et retours.
Quels sont les challenges ou difficultés que vous avez rencontrés ou auxquels vous avez du faire face lors de l’enregistrement de cet album ?
Le challenge a été de se mettre suffisamment à niveau en terme de technique d’enregistrement et de mixage pour avoir quelque chose de vraiment au-dessus de ce qu’on aurait pu faire plus simplement il y a quelques années. Et de prêter attention par nous-mêmes sans personne pour nous encadrer, d’avoir une auto critique permanente entre nous : « ok, là c’est joué carré, c’est propre ». Dans la prestation qu’englobe le studio, il y a toujours quelqu’un, un accompagnement qui est là pour nous dire : « on n’a que 3 jours, tu recommences, tu recommences, tu recommences »… Il y a cette difficulté qu’il ne faut pas perdre de vue mais on est tous suffisamment exigent pour que ça ait marché.
Et à 5 justement c’est pas compliqué pour les prises de décision ?
Alors, les prises de décisions artistiques ne se font pas à 5 mais en comité réduit, dont moi comme j’ai une grosse part dans la composition et les orientations. Clément participe pas mal aussi (ndlr : Clément Fau, bassiste). On a une association qui promeut le groupe, association regroupant Karen, Clément et moi et comme on habite pas loin les uns des autres (Clément et moi particulièrement), on a fait pas mal d’allers et retours ce qui nous a permis de prendre des décisions qui collectivement se sont révélées cohérentes avec ce que tout le monde voulait.
Pourquoi ce nom d’album ?
Comme on a beaucoup d’inspiration littéraire mais surtout de littérature antique, de récits homériques, on a décidé une ligne directrice autour de mythes même si c’est pour raconter des choses de la condition humaine d’aujourd’hui.
Du coup, Aurore, c’est celle qui lève le voile de la nuit au niveau mythologique. C’est aussi une référence dans cette proposition de titre à une oeuvre de Nietzsche qui fait rejoindre la mythologie à la philosophie. Ça s’est imposé naturellement.
Quelles sont les valeurs que GONEZILLA souhaitez transmettre via cet album ?
Une des valeurs principale est le choix du français dans le texte, ce qui se perd beaucoup et pour laquelle on a toujours apporté de l’importance. A condition de faire du mieux possible. On ne va pas détrôner Victor Hugo évidemment. Mais on essaie de faire quelque chose qui n’est pas du tout venant. Réussi ou pas ce n’est pas à moi de le dire mais voilà, notre message c’est de dire on peut faire quelque chose aujourd’hui en français, en l’assumant.
Alors oui peut-être que des gens qui veulent percer sur les radios, à l’international vont faire un choix tout autre, en anglais. Quoique, nous on a quasiment un auditoire plus sensible à la langue française à l’étranger, ce qui est assez paradoxal. Et dans le métal, n’en parlons pas, puisque c’est relativement typé et codifié. Déjà, une chanteuse, en français, on est un peu mis à part mais on assume. Le message c’est ça aussi : faire de la musique pour avoir une identité, et essayer d’aller au bout.
Il y a une vidéo qui circule sur internet dont le titre est « CENDRES », quelle a été la genèse de cette production ?
Quand Karen a intégré le groupe en automne 2020 (ndlr : le groupe a sorti un 1er album « CHIMERES » en 2016 avec une autre chanteuse), on a travaillé avec elle pendant quelques mois. Et à un moment donné il a fallu quand même qu’on annonce sa présence avec un visage dessus. Vu que l’album allait mettre encore un peu de temps à se finaliser, on s’est dit : « pourquoi ne pas sortir un morceau en clip, on voit tout le monde, on voit le contenu, les gens vont pouvoir commencer à toucher du doigt ce qu’est le nouveau GONEZILLA ». Il se trouve que ce morceau était beaucoup plus prêt techniquement parlant, déjà enregistré en partie au niveau instrumental. On n’a plus qu’eu à faire la voix de Karen. Et il est donc naturel qu’il soit sorti à ce moment-là, de façon pragmatique.
Vidéo clip « CENDRES » :
Un prochain clip alors à venir ? Ou un live-vidéo ?
Un live-vidéo c’est pas interdit si on arrive à obtenir une captation dans des conditions correctes. On ne désespère pas mais ça pour l’instant c’est hypothétique. On a 2 live-video entre temps qui sont sortis et on a un clip en projet avec un story-board fait, scénarisé, en lien avec des monuments antiques. Mais ce n’est pas encore figé. Il est possible que ça sorte d’ici la fin de l’année avec quelque chose de plus scénarisé. Quant à la captation vidéo, ce sera en fonction des lieux où on va jouer si l’occasion se présente.
LA SCENE
Justement, envisagez-vous une tournée ?
Alors là on a fait 2 belles dates :
- une à Nantes aux FERRAILLEURS le 3 avril avec des gros groupes français,
- une pour le lancement de l’album avec un groupe suisse E.L.R. à Lyon le 13 avril.
- On a une date en juin à Lille (ndlr : le 10), avec un groupe Lillois ALWAID et ETHEREAL DARKNESS de Belgique.
- Le lendemain potentiellement en Belgique, après il y a la pause de l’été. On espère ensuite jouer au CLUB à PARIS.
Une tournée à part entière ? Pas forcément. Il est pas évident de caser beaucoup de dates à l’heure actuelle. Beaucoup de lieux sont remplis du fait des reports des deux dernières années, tout simplement. Beaucoup de choses ont été annulées aussi, on arrive à peu près à tirer notre épingle du jeu mais il va falloir s’activer pour remplir les salles.
Avec qui voudriez-vous partager la scène ?
Y’a du domaine du rêve, ça peut être jouer en première partie d’un groupe de référence plus ou moins gros. Dans les très gros ce serait PARADISE LOST qui est la référence du genre, mais on va rester dans le raisonnable.
Quelques infos sur ce groupe pour ceux qui ne connaitraient pas :
–> https://fr.wikipedia.org/wiki/Paradise_Lost_(groupe)
Potentiellement des groupes qui passeraient par une tournée en France, des groupes du nord comme SWALLOW THE SUN, un des groupes aussi dans le Doom un peu proche de nous musicalement. Pourquoi pas, ce serait une belle affiche.
–> Prochains concerts de DRACONIAN ici : https://www.songkick.com/fr/artists/518056-draconian
Ce sont des groupes dans vos influences, n’est-ce pas ?
Oui, totalement. Après, on est à une autre échelle mais l’avenir nous dira là on est capable de se placer à l’avenir, on verra ça.
ANTI-INTERVIEW
Une petite anti-interview maintenant : quel est le groupe le plus éloigné de votre style ?
En métal alors parce sinon… (Rire) Ça va être trop compliqué.
Dans le métal, le plus éloigné de notre style ? J’ai pas de noms qui me viennent en tête comme ça mais des choses très très modernes ou néo-métal peut-être… Sinon vraiment à l’opposé, le R’n B ? C’est assez vague à répondre.
Donnez-moi une raison de ne PAS venir voir GONEZILLA en concert ?
Ah ? Et bien quelqu’un qui préfère absolument terminer sa série Netflix parce qu’elle vient de sortir. Potentiellement, c’est une bonne raison, sinon y a aucune bonne raison. Euh et il faut vraiment que ce soit une série GAME OF THRONES inédite par exemple. (Rires)
Quel est le plus gros défaut de votre dernier album ?
Le plus gros défaut ? Euh… Je n’en vois pas.
Après, on peut toujours s’autocritiquer, ou s’autoflageller. Je pense qu’on a fait le meilleur avec les moyens qu’on avait. Mais oui, on aurait pu, mais ça aurait été dans l’égo, on aurait pu se payer vraiment un enregistrement dans un grand studio qu’on n’aurait jamais rentabilisé. Mais ce n’est pas vraiment un défaut. Si on avait eu le choix de faire un cran au-dessus, ç’aurait peut-être été ça.
Sinon on n’a pas de regrets en se disant : « ça on l’a pas fait, on l’a pas mis », on a fait tout ce qu’on voulait faire et qu’on pouvait faire. Tout ce qu’on n’a pas fait c’est que c’était pas maintenant ou qu’on n’avait pas l’inspiration, le niveau ou autre.
En tout cas, on a l’entière satisfaction d’avoir réalisé au mieux ce qu’on pouvait faire. Après cela ne veut pas dire que ce sera un succès, cela ne veut pas dire que ce sera bien accueilli.
Quel groupe avez-vous honteusement copié ?
Alors, c’est pas Franky Vincent c’est sûr ! (Rires)
Bon, on n’a pas fait de plagiat, on a une identité je pense et d’après ce qu’on reçoit comme retours, une identité très très propre à nous-mêmes. Je ne pense pas qu’on ressemble à un tel. Par contre, oui, forcément, on a tous digéré des années et des années de musiques, y a forcément des choses que les gens se disent : « tiens, ça, ça sonne comme ça » ou « j’entends du… »
Et quelque part, au-delà de la copie ou du plagiat c’est plutôt une fierté de se dire : « ha les gens reconnaissent – je dis n’importe quoi – du Pink Floyd ici » ou je ne sais quoi…
C’est plutôt une digestion.
On a dû me dire ça : « y a un côté Pink Floyd dans tes solos guitare ». Alors qu’ils sont pourtant très très éloignés en terme de son, mais y a forcément une influence qui est là, c’est obligé. Les musiciens n’inventent pas grand chose aujourd’hui, on est tous issus de nos digestions et de nos influences, c’est logique.
Notre traditionnelle question de closing : selon vous, qui Pozzo live devrait-il interroger après vous ?
Ah ? C’est une bonne question. Euh…
Si c’est dans le même style ou pas… (Moment de réflexion)
Je conseille un groupe que l’on a découvert et avec qui on a pu jouer, qui s’appelle E.L.R. en Suisse, groupe composé d’un trio de filles, amateur, groupe qui commence à monter, très très bien.
–> Leur album MAENAD en écoute ici :
Le mot de la fin ?
Et bien merci. C’est toujours sympa de pouvoir partager et expliquer des choses. J’invite les personnes qui liront à aller voir nos contenus, notre album sur toutes les plateformes numériques. Ecoutez, découvrez pour certains, venez toucher du doigt notre univers, accessible musicalement, en français, avec une vraie identité.
Retrouvez le site officiel de GONEZILLA : https://www.gonezilla.net/#contact
Karen Hau (du groupe Octavus Lupus) – Vocals
Florent Petit – Vocals & Guitars
Julien Babot – Lead Guitars
Clément Fau – Bass
Florent Olivier – Eric Tabourier : Drums