No Monsters In God's Eyes
par Porn
Porn. Voilà bien un groupe qu’on oublie pas. Evidemment, il y a le nom qui peut vous jouer quelques tours si vous le tapez imprudemment dans la barre de recherche de votre navigateur, mais il y a surtout le style. Et encore faut-il se demander si le groupe français #cocorico est classable dans un style ou dans plusieurs. Pour ma part, Porn se rattache à son style, plus qu’à un style. Un mélange subtile et raffiné mêlant, au gré des morceaux, des influences rock, indus, doom, alternatif ou nu metal. Pas un style, donc, mais le style Porn. Un son travaillé, touchant et percutant. La marque des grands.
Porn inspiré par… Porn
Auteur de nombreux d’albums en vingt ans de carrière, le groupe avait décidé en 2017 d’innover en lançant une trilogie musicale retraçant les péripéties d’un personnage dénommé Mr. Strangler. Un récit musical basé sur l’oeuvre littéraire Contoyen de Philippe Deschemin, leader du groupe. Après un premier opus, The Ogre Inside, Act I, qui mettait en place le personnage au travers de ses pensées et de ses émotions les plus sombres face à une société toujours plus contraignante, oppressante et normalisée. On le voyait ainsi perdre pied pour finalement céder à ses pulsions primitives.
S’en était suivi, presque deux ans plus tard, du second tome avec The Darkest Of Human Desires, Act II. Un album magnifique, plus travaillé que le premier, dans lequel on assistait à la descente aux enfers du désormais Mr. Strangler. Un album encore plus sombre, mettant en scène le passage à l’acte du personnage, autrement dit le meurtre, et l’expression des plus vils instincts. Le tout en exhortant ceux qui l’entourent et l’écoutent à se laisser aller pour le rejoindre dans sa frénésie morbide et perverse. Un must-have pour tout amateur de musique émotive, singulière et prêtant à la réflexion.
Une oeuvre complète, riche et profonde
Une trilogie aujourd’hui close par No Monsters In God’s Eyes, Act III, dans lequel Mr Strangler, rattrapé par la société et jeté en prison dans l’attente de son exécution, réalise son introspection puis son testament. Un réflexion débutée par Dead In Every Eyes, qui vous (re)place de suite dans l’univers sombre, sale et quelque peu mystique du personnage et de son oeuvre. Le résultat est à la hauteur des attente : riche, beau et précis. Il en est de même pour High Summer Sun, pt.1. Des notes indus et des beats electro viennent compléter des vocaux impeccables pour un superbe résultat.
Après cette entame mêlant subtilement mais magnifiquement des sonorités aussi différentes que The Cure, Depeche Mode ou Marilyn Manson, A Lovely Day prend quelque peu le contre-pied. Un tempo lent, une ambiance angoissante et mystique à la fois, pour un résultat Deftonesque vraiment réussi. Tout comme Low Winter Hope, pt.1 qui suit, l’absence de paroles en plus. Un moment de plénitude bienvenu après des débuts aussi riches ! Cette ambiance de douceur nostalgique et mystique sera entretenue par In An Endless Dream, qui porte bien son nom en nous emmenant loin.
Des influences multiples
L’album repart de l’avant avec Low Winter Hope, pt.2, un son relativement léger par rapport aux autres pistes. Les sonorités plus rock que metal sont clairement présentes, soutenus par des vocaux eux aussi moins lourds. Un changement d’atmosphère également de rigueur avec Sky Outside, qui se rapproche plus du metal alternatif de Korn que des sonorités doom et indus assez prégnantes de cet opus. Une dissonance néanmoins agréable et bienvenue pour enrichir l’ensemble. On apprécie ! Un peu plus qu’High Summer Sun, pt.2, une complainte très mélancolique.
Heureusement, la positivité est rapidement de retour avec Some Happy Moments, qui rapporte un peu de bonheur et d’ondes positives. Les notes de guitare sèche sont un réel moment de légèreté et de chaleur dans cet océan parfois très sombre et froid. God’s Creatures se montre également plus punchy et plus frais, avec une batterie bien présente pour le plus grand bonheur du batteur que je suis. Un titre particulièrement entraînant en cette période difficile de confinement et de télé-travail. Testé et approuvé ! Tout autant que Low Winter Hope, pt.3, et ses notes finales de piano.
No Monsters In God’s Eyes, Act III se clôture avec Among Dark Red Roses et ses riffs complétant parfaitement l’ambiance mystique de ce sombre générique de fin aux délicieux breaks de batterie. Le tout accompagné une dernière fois des superbes vocaux de Philippe Deschemin. Un morceaux qui résume bien la richesse de ce dernier volet d’une trilogie entamée il y a trois ans. Ne reste plus qu’à écouter les derniers mots de Mr. Strangler avant de monter sur la chaise électrique : « tuez-les tous !« . Les miens seront plus légers mais tout aussi sincères : écoutez-les tous !
En résumé
Au final, No Monsters In God’s Eyes clôture magnifiquement cette trilogie de Mr. Strangler. Un énorme travail sur plusieurs années a permis au quatuor lyonnais (comme One Life All-In) de livrer ici une oeuvre magistrale, particulièrement riche à tous points de vue. Il y a la musique, bien entendu, mais aussi les textes et l’univers dans sa globalité. Les sons sont multiples et uniques à la fois, proposant aussi bien des sonorités proches de Depeche Mode que de Korn, Marilyn Manson, The Cure ou Nine Inch Nails. Pas étonnant quand l’on sait que le groupe a collaboré sur cette trilogie avec Tom Baker puis Brian Lucey, deux pointures du mastering habitués du genre (Marilyn Manson, NIN, Depeche Mode, Ghost, Rob Zombie…). Le résultat est en tout cas incroyablement jouissif, et l’on prend son pied du début à la fin. Mais rien d’étonnant quand on s’appelle Porn.
Tracklist
- Dead In Every Eyes
- High Summer Sun, part 1
- A Lovely Day
- Low Winter Hope, part 1
- In An Endless Dream
- Low Winter Hope, part 2
- Sky Outside
- High Summer Sun, part 2
- Some Happy Moments
- God’s Creatures
- Low Winter Hope, part 3
- Among Dark Red Roses
- Mr. Strangler’s Last Words
Pour aller plus loin
No Monsters In God's Eyes
par Porn