The black Dahlia Murder est devenu avec le temps un des meilleurs groupe de death metal melodique du monde. Leur dernier effort, Verminous, le neuvième du groupe, nous offre certes une expérience dans les standards du groupe, mais nous propose aussi quelques touches différentes, façon metal old school, disséminées tels de petits biscuits.
La personne la plus à même de nous en parler, c’est son leader charismatique, l’inénarrable Trevor Strnad, chanteur/hurleur omnipotent de The Black Dahlia Murder, nerd invétéré, amateur de films d’horreur et collectionneur compulsif d’accessoires de l’univers du metal. Entretien via Skype entre 2 « Vermines ».
Pozzo Live : Salut Trevor. Comment vas tu ?
Trevor : Je vais bien. Jusqu’ici tout va bien tu sais. Je suis chez moi au calme, loin de la folie.
PL : Cette période d’inactivité due au confinement ne bouscule pas trop vos projets de tournée, avec Testament notamment ?
T : Ouais, définitivement foutu, ce qui est très dur pour nous, ça allait être la plus grande tournée que The Black Dahlia Murder ait jamais faite, et la tournée la plus médiatisée. Et oui de nos jours, être en tournée pendant la première semaine de ventes d’un album a vraiment un impact sur les ventes bien sûr. Tu sais Testament est juste un groupe génial ! Je les aimes, je suis fan depuis mes études et ce sont mes héros, donc je suis vraiment triste d’être assigné à domicile maintenant. Et aujourd’hui, ne pas tourner c’est ne pas rentrer d’argent, c’est un peu effrayant, tu sais ce que je veux dire, on a besoin de ça pour continuer. c’est une nouvelle expérience pour les groupes…. Personne ne nous l’avait prédit !
PL : Après, avec le temps libre, les gens écoutent plus de musique. L’occasion pour Verminous de gagner en visibilité, non ?
T : Oui tu sais c’est ce que je me dis. La vie est si lente en ce moment, les gens sont cloîtrés chez eux, sans rien à faire, donc c’est le bon moment pour partager de la musique actuellement ! Donner à quelqu’un de quoi être excité, être heureux de rester enfermé ! quelque chose de positif. J’espère juste que Verminous puisse devenir la bande originale de ce sale moment tu sais, aux yeux des gens. D’une manière étrange, je pense que tout ça peut finalement être une bonne chose pour nous d’une manière générale.
PL : J’ai lu que quand tu étais jeune, tu rêvais de sortir un album. Que de chemin parcouru depuis !
T : Tout ce que je voulais faire, c’était de produire un vrai CD, le mettre entre les mains de mes parents, leur dire « j’arrête l’école pour faire du death »! Je voulais montrer que j’étais capable de réussir (ses parents le soutiennent totalement, ndlr), et partir en tournée m’offrir un peu de folie, j’étais comme ça…
Et oui, je suis chanceux que cela soit vraiment arrivé, ça fait si longtemps ! Et tu sais que nous allons avoir vingt ans en tant que groupe ! C’est incroyable d’avoir 9 albums ! Je suis juste content que l’histoire continue. C’est comme un rêve d’enfance qui se réalise.
C’est une chance incroyable d’avoir des fans qui attendent pour écouter votre prochain disque, selon moi. On est toujours très excités d’avoir cette opportunité, et on essaye de travailler avec autant d’humilité que possible pour les satisfaire. Et au passage, un grand merci à nos fans d’être encore la, depuis tout ce temps ! On vous aime !
PL : Abordons Verminous. Je l’ai pas mal écouté, et je l’apprécie de plus en plus au fil des écoutes. Une phrase de promo m’a interpellé : « c’est le plus grand saut évolutif que vous ayez jamais fait ». Peux tu détailler ?
T : Ouais, on à travaillé sur notre son ces dernières années, ça a commencé avec Nightbringers. Il a amené de la fraîcheur, une nouvelle direction, en injectant plus de metal old-school, plus d’éléments nouveaux. Et il a plutôt reçu un bon accueil. Les fans n’ont pas semblé inquiet de la direction prise, et cela nous a donné la confiance suffisante pour en faire plus en ce sens.
Et franchement ces dernières années, on s’est attaché à donner à notre musique plus de personnalité, tout en restant dans notre style, et c’est ce qu’on à essayé de faire avec Verminous. Il y a des morceaux rapides, d’autres lents, certains plus dynamiques, on a voulu mettre plus d’émotion, avec des riffs plus tristes, d’autres plus sombres, plus mélancoliques. On ajoute à ça la bonne vieille « The Black Dahlia Murder Formula », et cela rend le tout plus excitant, plus épique et plus coloré.
Pour certains fans, c’est compliqué, le changement. Du coup il nous faut y aller délicatement, d’une main on apporte de la nouveauté et de la fraîcheur, et de l’autre main on offre du traditionnel The Black Dahlia Murder, facilement reconnaissable.
PL : Cet album, c’est clairement du The Black Dahlia Murder. Sunless Empire et Removal Of The Oaken Stake sortent du lot selon moi, l’une pour son ambiance, l’autre pour sa construction mélodique. Quel est ton avis ?
T : Ce sont aussi mes 2 préférées ! J’aime vraiment Removal Of The Oaken Stake, c’est un son très nouveau pour nous. La présence récente de Brandon (Ellis, guitare solo) nous apporte aussi un œil neuf sur les compositions. C’est différemment rythmé, mais ça reste notre son. Un belle ligne mélodique dans cette chanson, très cool pour nous.
J’aime aussi beaucoup Sunless Empire, un titre très mélodique, avec des riffs à couper le souffle ! Les 2 plaisent souvent à des fans différents; Removal est une chanson de Brandon, qui est très influencé par des groupe comme King Diamond ou Whitesnake, tandis que Sunless est une chanson de Brian (Eschbach, guitare rythmique) qui est un membre original du groupe.
C’est cette diversité qui fait qu’on aime cet album. Des hauts et des bas, comme des montagnes Russes…
PL : Verminous nous offre une vision conceptuelle du death metal. Mais comment en êtes vous arrivé à ce constat ?
T : L’idée, c’est que le death metal est comme un autre monde, tu vois ? Tu franchis une porte, sans retour possible, et tu pénètres dans un univers avec sa propre culture, ses codes, et tout ça personne ne le sait. Pour eux nous sommes juste des outsiders. Les gens nous voient juste par ce que l’on montre, nos t shirts noirs, avec nos visuels effrayants, mais ce sont des choses importantes pour nous, cela nous rend forts et courageux ensemble, c’est très sain pour nous.
Mais le sens réel de tout ça, c’est que le death metal est une maladie, la connaissance, et nous sommes les rats qui vivent dans ces bas fond de l’underground, préférant consommer le fruit noir de la libre pensée. Le death metal propose tout ça, sans concessions.
PL : Tant qu’on aborde le concept, parles nous de cet incroyable artwork !
T : Ohhh ouais ! Il est vraiment super. Il est signé Juanjo Castellano, un Espagnol. Il fait principalement des artworks de pochettes de death metal. Il a assez facilement compris l’idée. Dans mon esprit je voyais une citadelle clandestine dans les bas fonds avec des planchers ruisseaux, quelque chose de liquide en tout cas, je voyais ça comme du slime, ou quelque chose de radioactif, et il fait ça avec tant de détails, on imagine qu’il y a plein de rats, d’insectes, c’est super.
C’est très important d’avoir un bel artwork de nos jours, car c’est ce que voient les gens avant d’écouter la musque. Il faut attirer l’œil, du style: « Ouah ! Je veut entendre ça, ça a l’air si sale » ! Tu vois l’idée ? Je voulais que l’illustration inspire vraiment ce que contient le CD et c’est exactement ce que cet artwork fait.
PL : Un truc qui me surprend toujours autant chez vous, c’est la capacité à rendre audible chaque instrument bien distinctement. Est ce intentionnel ?
T : Carrément, oui ! C’est très important pour nous car notre musique est très complexe. Elle est dure à mixer car chaque instrument veut prendre le pas sur l’autre. Le mixage est capital. Nous bossons avec Tue Madsen (Dark Tranquillity, Moonspell, Meshuggah), et il a fait un travail incroyable avec nous. Le son de chaque instrument est d’une rare clarté, ce n’est ni trop poli, ni trop lisse, on voulait ça.
Quelque chose qui sonne comme du old-school. C’est très influencé par les enregistrements des 90′. Ça donne à notre musique davantage d’énergie.
PL : Et as tu une affection particulière pour un album de votre discographie ?
T : Ma réponse ne vas pas te paraître originale, mais j’en ai 2: Verminous, dont je suis très fier car il apporte de la fraîcheur à notre musique, mais aussi Unhallowed, car c’est le premier, il a changé ma vie, permis de créer un vrai groupe. Après objectivement, on était jeune, c’est imparfait, c’est plus un choix « nostalgique », car nous étions débutants.
PL : Je sais qu’avant d’être un artiste, tu es avant tout un fan de musique, notamment, comme moi, un collectionneur d’article de metal. Qu’est ce qui te fait vibrer musicalement ?
T : J’adore collectionner, oui. Les CD en particulier. J’en ai 4000 comme tu peux le constater, et la je suis dans ma « man cave » ou j’ai de nombreux articles, drapeaux, posters, etc… J’adore collecter des objets du metal underground, j’achète des albums toutes les semaines. J’essaye de rester affamé de nouveauté, mais j’aime aussi les sons plus ancien, cela m’aide à me sentir encore jeune.
On essaye avec The Black Dahlia Murder de rester en contact avec le milieu underground, afin de pouvoir aider d’autres groupes, d’avoir de l’attention pour eux car nous avons une visibilité élevée, et cela nous permet de les aider à sortir des bas fonds le plus souvent possible. Il y a de la super musique dans l’underground, nous ne pouvons pas nous permettre d’être égoïstes et ne pas les aider.
PL : Penses tu que tu serais capable, à l’instar d’un Nergal (Behemoth), de lancer un side project à l’opposé de ton image ?
T : Je ne sais pas… Je suppose que oui puisque la première chose que j’ai faite était de faire partie d’un groupe de punk, j’ai été assez punk étant jeune, je le suis resté en fait, car j’ai fait les 2 à peu près en même temps avant de me lancer à fond dans The Black Dahlia Murder. Mais à chaque fois que je me dit que ça pourrait être cool de lancer un nouveau projet, je me rend compte que c’est difficile car je n’arrive pas à m’imaginer hors du groupe tu vois… J’aime le style de The Black Dahlia Murder, je suis à l’aise avec ça. Il me semble que ça serait difficile pour moi finalement.
PL : On te connaît aussi pour ton côté Nerd. La question à 100$… Nintendo ou Sony ?
T : Hmmm… Nintendo je pense quand même. Je suis plutôt branché rétrogaming, et fan de famicom (NES), c’est mon support préféré, clairement. Mais je pense que c’est un truc générationnel, en fait c’était un peu comme ma babysitter quand j’étais gosse ! (rires) Ça a un pouvoir nostalgique incroyable sur moi. Mais j’aime aussi ma Super Nintendo, j’ai une switch que j’aime bien. Je supporte vraiment Nintendo grâce à ses anciens supports.
PL : Tu as sorti des vidéo Top 5 plusieurs fois. Quel serait ton Top 5 des jeux vidéos, tout temps, toutes consoles confondues ?
T : A l’évidence, je dirait :
- Final Fantasy I
- Castlevania II
- Castlevania Symphony Of The Night
- Dragon Quest I
- Chrystalis
PL : Je m’attendais à trouver du Castlevania dans la liste, je me rappelle bien la chanson What A Horrible Night To Have A Curse…
T : Ça a plutôt influencé les paroles car la musique de Castlevania est toujours très, disons, néoclassique. Mais on a mis quelques touches, oui.
PL : Tu serais plutôt Splatterhouse, Alone In The Dark, Resident Evil ou Silent Hill ?
T : Splatterhouse, définitivement. C’est ma référence en jeu d’horreur.
PL : Cette question fait le lien avec le cinéma de genre. Je suis personnellement fan d’ Evil Dead 2, et Sam Raimi et Bruce Campbell comptent parmi mes idoles. Et toi ?
T : Pareil, mec. C’est le film qui a bercé mon enfance. J’adore la saga mais le second est mon favori. Avec un peu d’humour bien dosé. Bruce Campbell est un de mes héros de jeunesse. Définitivement un des mecs les plus badass du cinéma !
PL : Tu serais plutôt Mario Bava, Tom Holland, Sam Raimi ou James Wan ?
T : Choix difficile mec ! Peut être Mario Bava, il a fait des classiques. Mais ils ont tous monstrueux !
PL : Dernière question, traditionnelle pour nous. Qui penses tu que je devrais aller interviewer après toi ?
T : Sûrement Jeff Walker de Carcass, c’est un monstre. Ou peut être Bruce Campbell ! (Rires)
PL : Bruce Campbell chante pour quel groupe ?(rires)
T : J’avoue que j’ignore mais peut être a t’il un groupe secret, on ne sait pas, il est si cool !
PL : Bien. Croisons les doigts pour que tout fonctionne bien pour vous. En espérant vous voir promouvoir Verminous sur scène chez nous en France. Je vous souhaite le meilleur, à commencer par la santé.
T : J’espère qu’on pourra venir cet hiver en Europe, et en France. Merci pour ces bons mots, pour nous supporter, je te souhaite le meilleur. On se voit dès que possible en France. Bye !
Un grand merci à Trevor Strnad pour nous avoir accordé cette interview, ainsi qu’à Metal Blade Records et Replica Promotion pour avoir rendu ça possible.
Retrouvez Verminous, dispo depuis le 17 Avril, à l’achat ici, à l’écoute la.
Pour notre chronique de l’album, c’est par ici.