Le 29 Mai sortira Curse Of The Crystal Coconut, le nouvel opus des Ecossais d’Alestorm. Nous avons pu échanger avec Christopher Bowes, le chanteur et claviériste du groupe, toujours aussi barré. L’occasion de parler de l’actualité du groupe, de ses side projects, mais aussi du changement opéré peu à peu dans leur musique de puis No Grave But The Sea en 2017.
Alestorm, pour ceux qui l’ignorent encore, c’est un groupe de power folk à boire. Ils sortent donc leur 6ème album cette année. Leur succès n’est plus à démontrer, surtout sur scène, ou le combo tire son épingle du jeu grâce à un côté ultra festif et « what the fuck » totalement assumé. Confidences via Skype.
Pozzo Live : How Wow ! Comment vas tu mec?
Chris Bowes : Pas trop mal mec. Je suis chez moi au calme.
PL : Pas trop soucieux pour la sortie de l’album avec l’actualité ?
C : Non, c’est cool… Les gens sont chez eux à la maison, avec rien à faire de mieux que d’écouter plein de musique. Donc c’est bien, ça donne de la visibilité pour Alestorm. Soyons positifs.
PL : La traditionnelle tournée prévue pour la sortie de l’album n’est pas menacée ?
C : Ouais… Cet été nous avions beaucoup de shows en festival, un peu partout, incluant Graspop, Hellfest, et plein d’autres festivals incroyables. Et plus rien ! Ça craint grave ! Le festivals de musique sont là pour offrir de quoi se distraire et se vider la tête, voir tout ça tomber à l’eau, c’est déprimant. Et merdique.
PL : Cela fait désormais 16 ans que le groupe Alestorm existe. Pas mal pour une bande de pirates Écossais bruyants et fans de Rhum et de bière !
C : Oui c’est plutôt cool au final. Tu sais, les 10 première années étaient dures, très dures même ! Au final j’arrive difficilement à expliquer pourquoi les gens aiment notre musique, mais c’est quelque chose d’assez cool. Depuis le temps on a traversé le monde plusieurs fois, c’est quelque chose que nous adorons faire. Je crois que notre succès vient du fait que nous parlons de pirates. Les gens n’aiment pas notre musique, les gens aiment les pirates ! Et nos chansons sont faciles à chanter, même bourré.
PL : Cela dit, je me suis laissé entendre dire que vous étiez lassés du rhum au profit du vin ? Êtes-vous en train de devenir snob ?
C : Oui le vin blanc ! Ahah ! Le vin rouge me file mal à la tête ! Non, juste que c’est bon marché, et que ça se boit facilement, c’est parfait. Je ne bois pas de vin cher, que du premier prix. Le vin cher c’est de la merde. L’idéal, c’est le vin le moins cher que tu trouves ! 2€ la bouteille au supermarché. Le top pour se saouler !
PL : Sinon, une question nous tracasse tous en ce moment. Comment va Shawn (le canard gonflable présent sur scène) ?
C : Oh, Shawn le canard ? Il va bien, ou plutôt ils vont bien, ils sont répartis à travers le monde; dans l’attente de remonter sur scène. Ils s’ennuient, mais ils sont prêts à refaire la fête dès que possible !
PL : Abordons Curse Of The Crystal Coconut. Tout un programme ! Pour commencer, bel artwork à nouveau !
C : Merci. Il a été fait par le même artiste (Dan Goldsworthy, NDLR) que celui du précédent album et de Gloryhammer. C’est un super artiste. On lui a expliqué l’idée et la thématique et il a su reproduire ça avec justesse, c’est du super travail !
PL : En écoutant l’album, excellent d’ailleurs, j’ai perçu la volonté de poursuivre cette évolution musicale entamée avec No Grave But The Sea. Est-ce quelque chose de conscient ?
C : Oui. En vieillissant, on s’est dit qu’on ne voulait pas faire le même album encore et encore, mais progresser et essayer d’autres choses. Dans cet album on a évidemment ce que nos fans attendent, à savoir des chansons avec pleins de jurons, et ce sont des super chansons à jouer en live évidemment ! Nous réalisons bien que nos fans veulent ça, des titres comme Fucked With An Anchor. Mais on propose aussi autre chose de plus épique. On essaye de faire ça. Certains voudraient qu’on s’enferme dans un registre. On s’y refuse. Heureusement d’autres sont heureux de constater ces progrès.
PL : Le choix des singles, notamment Tortuga, est très audacieux car loin de vos standards power folk. C’est un pari ?
C : Oui c’est un choix délibéré. Comme je te disais nous ne souhaitons pas faire le même genre de musique encore et encore. Tortuga est selon moi la meilleure chanson de l’album. Certains vont adorer et d’autres détester. J’en n’ai rien à foutre. Ça sonne comme on voulait. On a donné notre meilleur. Je vois d’ici certains fans dire : « Oh c’est quoi ce bordel, c’est nul ! » Ces gens-là sont coincés dans leur tête et c’est dommage. C’est une chanson dingue de nouveauté et d’originalité. Grâce notamment à Captain Yarrface. Le reste de l’album est plus classique. Les gens sont souvent fermés avec la présence de rap dans le metal, disant que c’est du faux metal. Les mêmes vont vénérer Body Count.
PL : J’ai aussi eu l’impression que Pirate Metal Drinking Crew est une réponse bien sentie à tous les haters du groupe. C’en est une ?
C : Oui. On aime insulter le monde dans nos chansons. Et faire des chansons où on insulte nos fans et les autres. Mais oui c’en est une. Les gens s’arrêtent souvent à ce qu’ils voient sur YouTube mais ne se rendent pas compte que la place de notre musique est sur scène. C’est là qu’il faut l’écouter pour juger le produit ! Nos vieux morceaux sonnent mieux quand vous êtes saoul et/ou en train de vous amuser.
PL : Comment vous est venu l’idée de donner une suite à une chanson comme Wooden Leg ?
C : Hum… L’original date de 2014. Ça fait longtemps qu’on réfléchit à faire une continuité à ce morceau, car c’était vraiment une chanson très stupide, juste un prétexte pour hurler « Wooden leg, Wooden leg, Woo Den Leg!! » Laissez nous vous offrir une suite épique et formidable. Les fans vont voir le titre et s’attendre à une pièce stupide. Et là, ils vont dire « What The Fuck », c’est le morceau le plus travaillé et épique qu’on aie conçu à ce jour.
PL : Henri Martin est une vieille ballade Écossaise. On te la chantait dans ton enfance entre 2 biberons de Whisky ?
C : Ahahah ! Non ! Je l’ai entendue récemment en tournée. Je pense que les gens ne connaissent pas ce vieux morceau même en Écosse. Mais quand je l’ai entendue, je me suis dit que c’était le parfait morceau pour faire un cover. Ça parle de pirate et d’Écosse, parfait pour nous. Merci Internet ! On l’a revue à la sauce Alestorm. Avec de vrais morceaux de folk.
PL : Sinon, pourquoi l’album s’appelle Curse Of The Crystal Coconut ?
C : Une des chansons de l’album s’appelle Pirate’s Scorn. C’est une reprise de la chanson éponyme, extraite du show TV « Best of The Donkey Kong Video Game ». Cette émission était pleine de chansons, dont celle-ci, dans laquelle on voit un pirate crocodile qui veut voler la noix de coco de cristal de Donkey Kong. Du coup on s’est dit « Ce nom est cool ! Appelons notre album ainsi ! » Curse, ça sonne bien, ça rappelle « Curse Of The Black Pearl ! (Pirates Des Caraïbes).
PL : Les samples 8 bits sont de retour. On en entendait déjà par le passé (Mexico par exemple). Êtes-vous fan de rétrogaming ?
C : Non, je n’aime pas les vieux jeux, ils craignent je trouve ! (rires) Mais les sons de ces jeux sont sympa. J’aime l’idée d’ajouter des sons de mauvaise qualité pour faire de la super musique avec. C’est cool. On a déjà fait ça par le passé sur Mexico ou sur 1741, avec des sons « Game Boy », l’objectif est de surprendre, comme si on mettais un blast black metal par exemple (rires). ou des aboiements de chien aussi! D’ailleurs on en a mis ici, en référence au précédent album. Le second CD sera totalement composé en 8 bits d’ailleurs. Ça va être très fun.
PL : Dans la chanson Fucked With An Anchor, sur l’album No Grave But The Sea, pensiez-vous à quelqu’un en particulier en l’écrivant ?
C : Non, en fait c’est encore juste un prétexte pour mettre des jurons dans nos textes, on l’a d’ailleurs refait dans cet album avec Shit Boat (No Fans). L’idée était plutôt de s’inspirer de chants de stades de football destinés à provoquer l’adversaire, tu vois ? On a ajouté un thème plus pirate, et voilà le résultat ! De la musique funky. A écouter bourré !
PL : A titre personnel, tu as enchaîné les tournées d’Alestorm avec un album et une tournée avec Gloryhammer, sous le pseudo de Zargothrax. N’est-ce pas difficile de mener 2 groupes aussi importants de front ?
C : Oui c’est incroyablement difficile, surtout depuis 2015, car Gloryhammer est devenu plus populaire après cette date. J’ai même du leur dire non et reporter un peu mes projets avec eux pour finir les tournées de No Grave But The Sea. Quand j’ai pu me libérer j’y suis allé. Le groupe connaît beaucoup de réussite maintenant, mais je préfère rester dans l’ombre, et laisser le groupe profiter du succès. Mais c’est génial ! On fait de la super musique !
PL : Et ou en est le projet ASDFGFA, visible sur YouTube ?
C : Je n’ai fait aucune chanson depuis longtemps c’est vrai. Je devrais vraiment y retourner faire une nouvelle chanson. Je ne suis pas sûr d’y chanter, mais poser des sons électroniques incroyables, oui clairement. Peut-être que cet été, il y aura du nouveau. C’est important d’avoir de nouveaux projets.
PL : Ok. Sinon, un conseil pour nos fans. En cas de gueule de bois, en tant qu’expert, tu es plutôt Iron Brew ou eau?
C : Hoo ! Bonne question ça, ça me plaît ! Iron Brew évidemment ! Sérieusement, si tu bois ça quand tu es bourré, le lendemain tu es bien. Pas de gueule de bois ! C’est le truc à boire !
PL : Ce n’est pas facile à trouver en France ! Internet…
C : Ça craint. C’est une honte. Pas facile de le trouver hors du Royaume Uni. Mais peut être qu’un jour Iron Brew va envahir le monde ! (rires)
PL : Pour finir, notre traditionnelle question. Qui devrions nous interviewer après toi ?
C : Captain Yarrface de Rumahoy. C’est le mec le plus fou que tu auras à interviewer ! Il est taré. Il est terrifiant même. Quand on a enregistré ensemble pour Tortuga, il n’a pas arrêté de crier, c’est le type le plus bizarre que j’ai jamais rencontré. Ça devrait être intéressant !
PL : Super. Merci à toi. Je vous souhaite le meilleur. La bise à Shawn. Restez safe et à bientôt en France !
C : Merci beaucoup mon ami. À bientôt en France. Au revoir.
Un grand merci à Alestorm, et à Napalm Records.
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Retrouve nos chroniques d’album (dont très prochainement celle de COTCC) ici