Voilà 3 ans que le dernier opus de Seether a vu le jour. Dale Stewart, leur bassiste, a accepté de nous parler plus en détail de leur tout nouvel album à venir : Si Vis Pacem Para Bellum.
Pozzo Live : Votre nouvel album Si Vis Pacem Para Bellum sort dans un mois. Comment s’est passé l’enregistrement ? Est-ce que la crise actuelle a bousculé vos plans ?
Dale Stewart : L’enregistrement s’est bien passé. En réalité, on l’avait terminé avant l’arrivée du coronavirus. On a commencé de l’enregistrer en fin d’année dernière. Nous avions enregistré la batterie et d’autres choses à Nashville et ensuite on a terminé entre janvier et février. On avait presque tout bouclé quand le confinement est arrivé. Cela n’a pas affecté l’enregistrement, mais ça a affecté tout le reste. Donc maintenant, on essaie de résoudre tout ça.
Pozzo Live : C’est le deuxième album produit directement par votre chanteur Shaun Morgan. Est-ce que cela est plus simple dans le travail ou au contraire est-plus difficile que d’avoir à faire à une personne extérieure au groupe ?
Dale Stewart : Je crois que ça a rendu les choses beaucoup plus faciles. C’est un avis en moins à prendre en compte, c’est une personne de moins avec qui travailler. En tant que groupe, on est sur la même longueur d’ondes en ce qui concerne la musique et les chansons, et ça nous aide vraiment. On a déjà travaillé avec des producteurs par le passé qui avaient des emplois du temps très chargés, et on devait s’arranger en fonction d’eux, quand ils étaient disponibles. C’est difficile quand on est en train de faire un album, qu’on est à fond dedans, que tout se passe bien mais qu’on doit faire une pause de deux semaines parce que le producteur est occupé sur un autre projet. Quand on est entre nous, on peut travailler quand on veut. On n’a pas à se soucier du planning de qui que ce soit d’autre. Tout dépend de nous, donc je pense que cela nous a donné beaucoup plus de liberté et que ça a rendu les choses un peu plus simples.
Pozzo Live : Le fait que l’album soit produit par un membre du groupe ne créée pas de tensions ? Tout se passe bien ?
Dale Stewart : Non, tout s’est bien passé. Je ne crois pas qu’il y ait eu la moindre tension. On est assez ouverts et honnêtes les uns envers les autres en termes de musique, de nos parties respectives, etc. Si quelque chose ne fonctionne pas bien, l’un de nous va dire « Ok, on devrait rendre cette partie un peu plus intéressante ! ». Je crois que la plupart des chansons étaient quasiment finalisées quand on est arrivés au studio. Une bonne partie du travail de production consiste à passer en revue les chansons, enlever les parties un peu « ennuyantes » si je peux dire ça comme ça ; et tout cela était déjà fait avant qu’on enregistre. Le travail au studio consistait plus ou moins à mettre les chansons sur des cassettes. Enfin, maintenant ce n’est plus sur des cassettes ! Mais quel que soit l’outil, tout ce travail était déjà fait avant, et ça a rendu les choses beaucoup plus faciles.
Pozzo Live : Le clip de votre single Dangerous est déjà sorti et sous la forme d’un clip animé. De qui provient cette idée ?
Dale Stewart : C’est Shaun qui a eu l’idée de cette vidéo, avec l’idée du petit chaperon rouge et du retournement de situation. C’est une idée vraiment cool ! Avec le confinement, on ne pouvait évidemment pas se retrouver tous ensemble et faire une vidéo plus traditionnelle. Et je ne sais pas si ça aurait été approprié pour cette chanson, parce qu’elle est assez différente. Surtout pour nous, c’est un peu différent de tout ce qu’on a pu faire avant. Donc avoir une vidéo qui était également aussi différente visuellement, sous forme d’un clip animé, ça la sort vraiment du lot. Je trouve ça très cool. La vidéo est un peu sombre, un peu osée et cela créé vraiment une atmosphère qui complète la chanson. Si on avait fait un clip avec une représentation classique, je pense qu’elle n’aurait pas été aussi bien. C’est peut-être l’un des points positifs de la quarantaine, on a dû faire preuve d’imagination pour faire cette vidéo animée. Je l’adore, j’aime vraiment le rendu final.
Pozzo Live : Oui, c’est vraiment une bonne idée de faire un clip comme ça dans une période où se retrouver n’est pas vraiment possible.
Dale Stewart : Oui, c’est ce qui est drôle avec cette situation de confinement. Ça a forcé tellement de gens à revoir leur façon de faire sur tout. Depuis qu’on fait ce métier, la routine est la même. C’est-à-dire que tout se passe toujours ainsi : on enregistre un album, on sort un single, on annonce des dates de tournée, on fait quelques concerts, peut-être quelques festivals l’été. Il y a des sortes de règles que l’on suit, et ça ne peut plus être d’actualité maintenant. On avance un peu tous à l’aveugle pour traverser cette période. Sortir un album dans cette période, c’est un peu bizarre. Mais d’une façon assez étrange, ça nous permet de faire des trucs chouettes. On hésite un peu à faire des choses, à faire des représentations, ou à se retrouver en studio pour jouer un peu ensemble, des trucs comme ça. On en discute pas mal et on essaie de voir ce que l’on peut faire.
Pozzo Live : Êtes-vous satisfait des retours des premiers singles qui sont sortis ?
Dale Stewart : Oui, les premiers retours sont vraiment bons ! On ne sait jamais comment un morceau sera perçu et accepté par les fans, surtout quand on sort une chanson un peu différente comme Dangerous. Cette chanson se démarque aussi des autres sur l’album, il n’y a pas vraiment d’autre morceau semblable à celui-là. C’est peut-être un peu un risque. J’adore toujours sortir des chansons qui ne ressemblent à aucune autre. J’aime quand un morceau passe à la radio, et qu’on sait clairement de quoi il s’agit, qu’on ne le confond pas avec une autre chanson ou un autre groupe. Je trouve ça génial ! Les critiques sont très positives. Ici aux Etats-Unis, le nombre de ventes ne fait que de grimper, donc c’est génial, on n’a vraiment pas de quoi s’en plaindre !
Pozzo Live : Cela fait 3 ans depuis le dernier album. Entre temps on a pu vous voir sur la route. En première partie de Nickelback, ou ici en France au Download Festival.
Comment se sont passés ces tournées ? Après plusieurs années maintenant, avez-vous un ressenti différent, notamment avec la relation groupe/public ? Ou est-ce comme au premier jour ?
Dale Stewart : C’est une bonne question. C’est un peu différent seulement parce que je pense que je suis moi-même différent personnellement. J’ai l’impression d’avoir grandi un peu. Quand on attaque ce métier au début de la vingtaine, qu’on commence à faire des concerts, on voit les choses très différemment. Quand on a 20 ans, tout ce à quoi on pense c’est boire, rencontrer des filles, sortir, ce genre de choses. Là, j’ai eu 40 ans en fin d’année dernière. Maintenant que je suis vieux et décrépit, les choses ont changé ! Ça ne veut pas dire qu’on ne peut pas s’amuser en tournée, mais cet aspect est différent. En ce qui concerne les fans, le fait de monter sur scène, toute cette adrénaline, c’est toujours pareil. Je pense que c’est quelque chose qui ne s’en va jamais. Toute cette excitation, cet amour et cette passion pour la musique, je ne pense pas que ça change. Les choses sont pareilles, mais je suis plus vieux et plus sage. En tout cas c’est ce que je me dis, en espérant que ça soit vrai !
Pozzo Live : Est-ce qu’il y a un endroit où vous n’avez pas encore tourné où vous aimeriez aller ?
Dale Stewart : Il y a quelques endroits où j’ai toujours rêvé d’aller. En Irlande ! Je ne sais pas pourquoi mais on n’a jamais joué là-bas. On a fait le Royaume-Uni, l’Ecosse, l’Angleterre, mais on n’a jamais eu l’occasion d’aller en Irlande. Et j’adorerais jouer au Japon également. On est déjà allés au Japon et on a joué pour des troupes sur une base militaire là-bas. On a fait quelques trucs au Japon et c’était génial. Le Japon est tellement petit, on pouvait conduire d’une base à une autre à travers le pays. J’aimerais bien y retourner et vraiment jouer pour le public japonais. J’ai toujours entendu dire par des amis d’autres groupes que c’est une expérience vraiment incroyable !
Pozzo Live : Vous avez collaboré avec d’autres artistes par le passé. Est-ce que c’est quelque chose que vous aimeriez faire à nouveau ? Si oui, avec qui souhaiteriez-vous travailler ?
Dale Stewart : Ce n’est pas un sujet sur lequel on s’est sérieusement penché. Evidemment, on a fait Broken avec Amy Lee, qui est un succès énorme pour nous. Mais depuis ça, on n’a jamais reparlé de faire une collaboration à nouveau. Je ne sais pas si c’est quelque chose qu’on refera. Je pense que c’est quelque chose qui aurait été génial avec Chris Cornell, malheureusement décédé maintenant. Mais quelque chose avec lui ça aurait été génial. On a tourné avec Audioslave il y a quelques années, et Shaun et Chris ont chanté Fell On Black Days en acoustique sur cette tournée. Leurs voix allaient super bien ensemble ! Malheureusement, Chris n’est plus là. Mais je ne sais pas, peut-être avec quelqu’un d’autre, comme Eddie Vedder [Pearl Jam] par exemple, ça serait super cool. C’est la musique qu’on écoutait en grandissant, qui nous donnait envie de commencer notre propre groupe ! Une collaboration avec Eddie Vedder ça serait sympa !
Pozzo Live : Pour terminer, qui est-ce que vous nous conseilleriez d’interviewer par la suite ?
Dale Stewart : Qui serait intéressant à interviewer ? Je vais sûrement choisir un de mes potes… Vous devriez interviewer Skindred. J’adore ces mecs. Je regardais justement leurs vidéos sur Youtube l’autre soir, Benji est hilarant ! C’est l’un des meilleurs leaders que j’ai vus. Je suis ami avec eux, ils sont vraiment drôles, sympas, et c’est intéressant de leur parler ! Donc pour votre prochain interview, Skindred !
Merci à Dale Stewart pour son temps, merci à Replica Promotion.
Nous avions déjà interviewé Skindred lors du Hellfest 2019, vous pouvez retrouver notre interview ci-dessous !