CRAWLER
par IDLES
En 5 ans, Idles a enchainé quatre albums, de nombreuses performances live et acquit une notoriété sans renier leur origine jusqu’à CRAWLER.
Même si le groupe pouvait parfois commencer à se répéter sur leur précédent album, ULTRA MONO, n’atteignant pas la cohésion de leurs deux premiers albums. Il en restait un album rempli d’émotions brut et de morceaux marquant malgré un aspect un peu plus disparate dans sa construction.
CRAWLER arrive donc à peine un an après. Nous pouvions craindre qu’ils s’engagent dans la même formule jusqu’à un certain épuisement. Heureusement, cet album ne ressemble à aucun autre de leur carrière. Un renouvellement certes mais est-il à la hauteur de leurs anciens projets ?
En débutant par MTT 420 RR, une ambiance s’installe, lente et désabusé. Sans explosion comme à leur habitude, mais plutôt par une rage débordante. Des sons électroniques et une batterie viennent accroitre l’intensité de l’interprétation de Joe qui demande « Are we ready for the storm ? », laissant présager un album ravageant émotionnellement.
The Wheel vient enfoncer la direction post-punk très sombre dans sa texture. La guitare et la batterie imprègnent le son de l’album d’une atmosphère lourde permettant à Joe d’explorer une dimension éminemment personnelle. When the lights come on poursuit cette direction permettant à l’auditeur de se plonger progressivement dans l’atmosphère de CRAWLER.
Le single Car Crash, surement le plus marquant de l’album. Permet de joindre la brutalité joyeuse des anciens albums à la lente rage de leur nouvelle direction sonore. Avec triomphe, cette montée en puissance explosive marque un point culminant du projet.
The New Sensation rythmé par un groove puissant paraît un peu trop long malgré l’énergie au cœur du morceau. Dans la même veine, Stockholm Syndrome commence à montrer les limites du projet. A force d’uniformiser la direction musicale de l’album, il en devient parfois oubliable.
Un changement s’opère avec The Beachland Ballroom, réminiscent des balades punks de Nick Cave and the Bad Seeds. Un piano entraine la mélodie coupée brutalement par la guitare, dans une lente montée en puissance jusqu’à un changement de rythme. Joe Talbot y fait une de ses meilleures performances tout en douceur, pour exploser d’émotions en s’écriant :
If you see me down on my knees
Please, do not think that I pray
Damage ! (x3)
Après ce moment fort, le projet perd en subtilité sur Crawl !. Dans la lignée des premiers morceaux, il paraît fade dans ses thématiques sur les traumas avec un refrain plus ennuyant qu’entrainant. La basse répétitive sur Meds ne relève pas le niveau, ou le groupe essaye d’intégrer des saxophones à la Viagra Boys sans le même succès.
Kelechi et Wizz tombent dans le piège des interludes inutiles et pas assez exploités dans la construction de l’album. Pourtant, ils encadrent le titre le plus émotionnellement bouleversant du projet. Progress, basé sur la voix brisée de Joe répétant comme un mantra :
As heavy as my bones were
I don’t wanna feel myself get high
High, come, home, to, to …
L’instrumentalisation électronique encadrée par une ligne de basse vient former un spleen lancinant et somptueux. Seul moment véritablement mémorable de cette face B plutôt décevante qui poursuit cette lassitude avec King Snake et un final pas si marquant. The End, semblant singer la convivialité de Joy As Act Of Resistance avec la brutalité sombre de CRAWLER pour un résultat en demi-teinte.
Malgré les qualités de la face A, ce dernier projet d’Idles reste une légère déception dans leur catalogue quasi-sans faute. Le plaisir d’entendre le groupe s’essayer à de nouvelles sonorités restent intrigantes. Cela prouve qu’ils ont encore des choses à dire même si l’exécution peut parfois poser problème.
CRAWLER
par IDLES