Quelle surprise lorsque nous apprenions il y a seulement deux semaines que Leprous serait à nouveau à Toulouse en 2021, à peine plus d’un mois après son précédent passage ! En effet, les différentes annulations dues à la Covid ont fait que les norvégiens ont eu à revoir quelque peu leur tournée. Tant mieux pour nous, puisque cette date était bien particulière puisqu’elle faisait partie de la tournée des 20 ans du groupe.
Mais avant de développer le show de Leprous, il est important de nous attarder sur les deux groupes qui ont ouvert ce soir pour une salle pas si remplie : Aiming for Enrike et Wheel.
Aiming for Enrike :
Aiming for Enrike est un duo originaire d’Oslo. Leur présence ce soir n’est pas anodine puisque le batteur, Tobias Ørnes Andersen, n’est autre que l’ancien batteur de Leprous. Et quel batteur !
S’il est toujours difficile en duo de galvaniser son public, ce n’est pas le cas pour ces deux compères. Tobias est hallucinant dans sa maîtrise et sera bien souvent mis en avant au travers d’une musique laissant tout son talent s’exprimer. L’ensemble, uniquement instrumental, nous fait voyager à travers des titres à la structure très décousue, fortement inspiré de synth wave. Ainsi, on naviguera entre des influences allant de Infected Mushroom à Genesis (et notamment le titre The Brazilian) en passant par du Caligula’s Horse.
Simen Følstad Nilsen, quant à lui, est absolument époustouflant par sa manière de jouer sur scène. En effet, il enregistre différentes pistes d’accords qu’il fait se superposer à la manière d’un DJ, permettant ainsi une superposition de différentes pistes pour un rendu incroyable. Une véritable leçon de composition !
En bref, Aiming for Enrike a été particulièrement convainquant ce soir, et a réussi, malgré une prestation un peu courte, à chauffer le public. Une très belle découverte !
Wheel :
Après ce duo déchaîné, c’était au tour de Wheel d’entrer en scène. Originaire de Finlande, le quatuor a subit quelques désagréments sur cette tournée. En effet, Toulouse était la quatrième date du tour, mais suite à diverses péripéties, le groupe n’avait malheureusement pu jouer que sur la date de Londres ! Inutile de vous dire que les Finlandais avaient à cœur de démontrer ce soir de quoi ils étaient capables !
Au programme, un metal néo-progressif dans la veine de ce que proposent des groupes comme Anathema et Katatonia. Exit les démonstration techniques interminables : le but est avant tout de toucher en plein cœur l’auditoire à l’aide d’une musique pleine d’émotions. Alternent alors des passages très ambiants, pleins d’harmonie et des parties beaucoup plus groovy aux riffs particulièrement aiguisés, le tout saupoudré du chant clair de James Lascelles.
On regrettera peut-être simplement le fait que la guitare rythmique se faisait un peu trop entendre par rapport à la soliste, mais il n’empêche que Wheel a été particulièrement convainquant ce soir. Il est indéniable que le groupe a pris plaisir à nous faire découvrir sa musique, ne serait-ce que par le sourire qu’arborait le bassiste, particulièrement communicatif !
Leprous :
Je vous le disais plus haut, Leprous était déjà de passage à Toulouse en 2021 il y a à peine un mois dans le cadre du ReadyForProg Festival (dont vous pouvez lire notre live report ici). Pour autant, si les deux prestations étaient identiques de par leur qualité, elles n’en restaient pas moins différentes concernant leur contenu. En effet, à l’occasion des 20 ans du groupe, Leprous a décidé de survoler chronologiquement l’entièreté de sa discographie. Chose amusante, Einar Solberg, chanteur et fondateur du groupe, me confiait récemment qu’une partie des nouveaux membres n’avaient jamais écouté les premiers enregistrements ! Pour compléter le tableau nostalgique d’une telle tournée, Tobias Ørnes Andersen, l’ancien batteur et membre actuel de Aiming For Enrike, disposait lui aussi de sa batterie sur scène afin de jouer aux côté de Baard Kolstad sur une partie des titres.
Il est 21h lorsque la salle s’assombrit et que l’écran géant à l’arrière de la scène s’allume, faisant défiler des photos d’anthologie du groupe, à l’époque où les membres arboraient un maquillage blanc, croisement entre clowns tristes et déguisement de black metal. Seuls Tor Oddmund et Einar Solberg s’avancent sur scène, derniers membres encore actifs de la formation initiale. Le duo accomplira un court medley des deux premiers EP du groupe, Silent Waters et Aeolia. Les choses sérieuses débutent ensuite avec Passing, morceau d’ouverture de l’excellent Tall Poppy Syndrom. Pour les spectateurs qui ne connaissaient que les dernières productions de Leprous, c’est une grosse claque. Sur des riffs particulièrement aiguisés et une batterie ultra technique, Einar hurle son mal-être d’adolescent au travers de scream et de growl : « No way of sharing the pain that I feel« . Nul doute que les fans de la première heure étaient aux anges !
Après un enchaînement sur Dare You où Pedro, trompettiste de tournée du groupe, fera sa première apparition, Leprous passe au deuxième album : Bilateral. Considéré par beaucoup d’admirateurs comme le meilleur album du groupe, cet opus ne fait pas non plus dans la dentelle. Les structures alambiquées et les changement de rythmes de sont légions, avec de nombreux passages hurlés et des guitares complètement distordues. Les morceaux les plus extrêmes de l’albums ne seront malheureusement pas présentés, mais laisseront place à deux titres de près de dix minutes, Painful Detour et Forced Entry, dans la plus pure tradition du metal progressif. L’occasion pour Baard et Simen de nous délivrer un combo double pédale et basse absolument magistral. Un bonheur pour les oreilles.
C’est ensuite au tour de Coal de connaître son moment de gloire au travers de Foe et du sublime The Valley qui fera quelque peu redescendre la pression. Vient ensuite The Price, morceau phare du groupe, issu de l’album The Congregation, où l’un des plus connus de la discographie. L’occasion pour le public de chanter en chœur avant de crier de joie sur les premières notes de Slave. L’une des plus belles prestations de ce soir avec des musiciens absolument déchaînés et un chanteur hurlant à la mort. Robin, habituellement discret, viendra même jouer au centre de la scène !
C’est ensuite au tour de Malina d’avoir son heure de gloire avec l’incontournable From the Flame et, choix étonnant mais très plaisant, le titre d’ouverture Bonneville. Enfin, le concert se terminera sur des titres bien plus récents issus des deux derniers albums : le classique Below suivi du sublime Distant Bells et de sa montée en puissance, puis un Out of Here inattendu enchaînant sur Nighttime Disguise. Comme l’expliquait Einar, ce dernier titre a été coécrit avec les fans du groupe lors d’une session live sur Facebook durant le confinement. Après deux heures de show, Leprous trouvera malgré tout une dernière once d’énergie pour clôturer le set sur un rappel avec un grand classique : The Sky is Red. Comme toujours, Baard y est absolument magistral lors du final, et accompagné par Tobias le rendu n’en était que plus spectaculaire !
Leprous en 2021 à Toulouse, c’était quelque chose : deux concerts parfaitement bien rodés et particulièrement différents. À seulement un mois d’intervalle, le groupe a su se renouveler et proposer deux shows bien distincts : l’un reposant principalement sur le dernier album et l’autre survolant l’entièreté de la discographie des norvégiens. De fait, le public a semblé conquis et nous attendons impatiemment le retour de Leprous, le plus vite possible on espère !
En attendant leur retour, vous pouvez suivre les péripéties du groupe sur leur page Facebook. De plus, vous pouvez retrouver toutes nos interviews ici. Pour nos chroniques, ça se passe là.
Setlist Leprous Toulouse 2021 :
- Intro Medley
- Passing
- Dare You
- Forced Entry
- Painful Detour
- Foe
- The Valley
- The Price
- Slave
- Bonneville
- From the Flame
- Below
- Distant Bells
- Out of Here
- Nighttime Disguise
- The Sky is Red