A l’occasion de la seconde édition du festival des Acteurs de l’Ombre, nous avons eu l’opportunité de passer un moment en compagnie de Gerald Milani, Fondateur et Label Manager des Acteurs de l’Ombre Productions.
Pozzo : Comment tout a commencé pour LADLO ?
Gerald : Le label n’a pas 20 ans. C’est l’association Les Acteurs de l’Ombre qui a 20 ans, différent des Acteurs de l’Ombre Productions qui lui, est le label.
Tout a commencé avant même Les Acteurs de l’Ombre en 1996 quand j’étais chanteur dans un groupe de black metal à Marseille (car je suis provençal, de Lançon-provence). Je m’occupais aussi du management, j’organisais des concerts, j’étais en contact avec les groupes de la région et aux alentours… Ça a duré jusqu’en 2001.
Dans les groupes dans lesquels je chantais, j’ai eu des amis qui avaient envie de monter un webzine, “Les Acteurs de l’Ombre”. Cela débute en 2001 à Marseille, nous étions alors 4. C’était un webzine metal généraliste dans lequel on chroniquait différents groupes, gros comme petits.
J’avais aussi envie de monter ce webzine pour faire des lives reports sur des festivals. Entre 2001 et 2006, nous en avons couverts pas mal : le Sumerbreez, le Waken et bien d’autres…à l’époque je prenais les photo, c’était une bonne expérience, vraiment cool !
En 2003 j’ai une mutation professionnelle à Paris car je suis enseignant. On a continué à gérer le webzine à distance tous les 4 et j’ai développé le coté organisation de concerts, non prévu a la base. En 2003, j’ai donc commencé à organiser des concerts à la Péniche Alternat à raison de un par mois. Comme à l’époque j’étais le seul sur Paris (les autres étant restés à Marseille), j’ai créé une équipe parisienne pour l’organisation de concerts. J’ai également organisé des festivals comme le Black Metal is Rising jusqu’en 2013. En 2006, j’ai commencé à organiser le Cernnunos Pagan Fest, qui existe toujours. Il s’est déroulé pendant 4 ans à “La Locomotive”. Nous avons été résidents au « Klub » pour y organiser des concerts : 2 dates par mois, une 100aine en 5 ans, et une 15aine de festivals. Le webzine a continué de se développer et ça a grossi jusqu’en 2007.
En 2009 je suis muté en Provence, j’ai donc cédé la présidence. Le webzine a finalement été arrêté en 2009, les concerts ont un peu continués et principalement le Cernnunos Pagan Fest.
Une fois de retour en Provence je propose à l’association de créer un label que je décide de gérer seul. J’avais besoin de prendre un peu de recul, de ne plus avoir à gérer une équipe de bénévoles car c’est trop énergivore.
J’ai donc commencé le label fin 2008 avec une première sortie en 2009, deuxième sortie en 2010 avec les 2 premiers albums de Pensées Nocturnes. Les deux premières sorties ont été financées par l’association Les Acteurs de l’Ombre tandis que les suivantes ont été auto-financées via l’argent généré par le label. En 2017, on a créé une nouvelle association qui s’appelle Les Acteurs de l’Ombre Productions pour être vraiment séparé des Acteurs de l’Ombre. Le label existe donc depuis 2017. Voilà l’histoire !
Pozzo : Qu’est-ce-qui t’a motivé à créer un label ?
Gerald : Ça faisait déjà pas mal d’années que j’avais envie de créer un label. En tant que webzine et organisateur de concerts, ça faisait partie de l’environnement et c’est quelque chose qui me tenait à cœur depuis très longtemps. De fil en aiguille, j’ai rencontré des copains, des gens motivés pour me suivre et c’est cet univers là qui me plaît. J’aime les gens, échanger, faire de nouvelles rencontres, partager des choses.. J’ai besoin de ça.
Pozzo : Comment se passe la signature d’un groupe ?
Gerald : Je ne suis pas propriétaire du label, nous sommes une association de bénévoles. Mon étiquette c’est label manager : Je manage une équipe, fais pousser des idées, propose des projets.. S’il y a assez de membres motivés pour faire vivre le projet on se lance, ça marche comme ça aussi pour les signatures. Je reçois des propositions de groupe, je les poste sur un forum d’échange puis chacun donne son avis, pose des question etc… Je reste en relation avec le groupe pendant ce temps et quand il y a un bon feeling, je creuse davantage et propose un deal en fonction des retours du groupe. Tout ça pour dire que la signature d’un groupe se discute entre nous. Il y a aussi des membres de l’association qui n’éprouvent pas le besoin de s’exprimer sur le sujet, juste être présents et aider leur suffit.
Je ne peux pas me permettre d’imposer un projet à une association de bénévoles qui ne pourront pas s’y retrouver. C’est important que les gens se sentent concernés et motivés sinon ça ne peut pas fonctionner.
Pozzo : LADLO en 3 mots ?
Gerald :
- Communauté car c’est aussi le principe, j’aime rassembler les gens.
- Partage.
- Amour car on a des liens assez forts entre nous. Nous partageons pleins de moment forts, il y a beaucoup d’entraide, de soutien, d’échanges humain…
Pozzo : Y a-t-il un groupe en particulier que tu es fier d’avoir ajouté au catalogue de LADLO ?
Gerald : Fier c’est difficile car je suis fier d’absolument tous les groupes qu’on a signés. Personnellement, je ne suis pas fan de tous mais en choisir un en particulier…Je dirais Pensées Nocturnes car il n’y aurait pas de label sans eux mais aussi Regarde les Hommes Tomber car c’est le groupe marquant qui a permis au label de franchir une première marche, on a progressé ensemble. Voilà, j’en donne 2 mais je pourrais en donner 10 !
Pozzo : Un groupe que tu adorerais signer ?
Gerald : J’ai contacté des groupes avec lesquels on a signé, d’autres pas mais s’il y en a bien un que j’aurais aimé signer, même si ça arrivera jamais, c’est Urfaust. J’aurais adoré les avoir sur le label.
Pozzo : Ton premier concert ?
Gerald : Alors, ce n’est certainement pas mon premier concert mais le premier qui me vient en tête, c’est Eternal Winter Season, un groupe de Provence mené par un gars dont je n’ai plus le contact depuis 30 ans, c’était ma première expérience live de musique extrême. C’est également grâce à lui que j’ai découvert le Black Metal. En 95 il m’avait passé la première compilation de Black Metal qui s’appelait Black Hand. Elle rassemblait les premiers groupes qui sont les «têtes d’affiche » d’aujourd’hui, c’est comme ça que j’ai connu le Black Metal.
Avant ça, j’écoutais déjà de la musique extrême comme du death mais c’est grâce à ce concert que tout à changé.
Pozzo : Ton premier album ?
Gerald : Le premier album que j’ai acheté, c’était Arise de Sepultura. Ça devait être en 1991 à Leclerc, d’ailleurs c’était une cassette !
Pozzo : Tu as été musicien ?
Gerald : Je ne suis pas musicien, j’ai chanté, enfin… crié, dans quelques groupes. En 1996, j’avais un groupe de Black Médiéval qui s’appelait In The Mist puis Atropos ( De 1998 à 2001), Funerarium ( de 2001 à 2007) et de 2005 à 2007 c’était avec Wargasm. On avait fait plusieurs concerts dont le dernier au Waken en 2007, c’était sympa ! J’ai arrêté car ça ne se passait pas très bien avec le leader. A la suite de ça j’ai été muté dans le sud… Vous connaissez l’histoire !
Pozzo : Ta dernière découverte musicale ?
Gerald : Je n’ai plus le temps de découvrir de nouveaux groupes, de suivre les dernières sorties… C’est impossible ! Je les découvre souvent sur le tard. Un groupe hors LADLO… je dirai Grima, voilà.
Pozzo : Ton meilleur et pire souvenir avec LADLO.
Gerald : Mon plus beau souvenir avec LADLO, c’était la dernière édition des Feux de Beltane, c’était pour moi la plus belle. La pire c’était la première, voilà mon pire souvenir !
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Nous avions eu une réunion avec tous les responsables bar du Hellfest à la ferme et c’est à cette occasion que j’ai rencontré Vincent, le fournisseur de la fameuse bière Couille de Loup. Nous avons eu l’idée d’organiser notre premier concert de black metal à la ferme en 2015 mais elle n’était pas encore prête, ce fut une vrai galère…
La dernière édition de Beltane fut pour moi la meilleure expérience que j’ai pu vivre en tant qu’organisateur. C’était vraiment intense, j’ai beaucoup aimé ce moment qui est resté gravé dans la mémoire de beaucoup de gens. Si je fais ça depuis 20 ans ce n’est pas pour moi, déjà ça ne ramène pas d’argent et ça représente beaucoup de stress. Pour ma part ce qui me fait plaisir, c’est de voir les gens passer un bon moment. Voilà donc le pire et le meilleur souvenir, sur un même lieu !
Pozzo : Qu’est ce que tu aimerais voir évoluer ou changer dans les prochaines années.
Gerald : Rien, il n’y a jamais eu d’objectifs depuis le début, je me fais plaisir. Si ça le fait tant mieux si ça le fait pas tant pis. Si le label doit s’arrêter parce qu’on a perdu trop d’argent et bien ça s’arrêtera. Le seul objectif c’est de réussir à continuer de produire des groupes comme on le fait.
Pozzo : Qui voudrais-tu que l’on interview après toi ?
Gerald : (Quentin Fourreau venant tout juste de nous rejoindre)
*Le pointe du doigt en souriant* Lui !
Merci beaucoup à Gerald pour ses réponses en toute sincérité et le temps qu’il nous a consacré malgré une journée très chargée !
Le Live Report du LADLO FEST II, c’est par » ICI « .
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Interview : ViolentNuggets
Mise en page & photos : Newsålem
Photo de Gerald : Thomas Orlanth