Mass Hysteria – Tenace, Pt. 1, la fureur de ceux qui n’ont rien

Le roi des furieux et sa suite vous salue bien bas. « Mass Hysteria » arrangue son peuple avec une nouvelle production divisée en deux albums. Le mois dernier, « Tenace Part. 1 » déflagrait sur les ondes. Analyse d’un nouvel opus qui ne manque pas de sel.

MASS POESIA

« Mass Hysteria« , c’est français ! (Merci Cap’tain Obvious!) Mais c’est surtout un groupe formé à Paris qui secoue la métalosphère depuis maintenant trois décennies.

Connu pour leur style aggressif parfois injustement associé à du métal industriel, « Mass Hysteria« , c’est Brassens, la moustache en moins, la haine en plus. Ce n’est que depuis leur deuxième album « Contraddiction » en 1999 qu’ils rencontrent le succès mérité.

Pour résumer « Mass Hysteria« , prenez une instru bien furieuse et couplez là avec des paroles aussi assassines que finement sélectionnées par Mouss, le chanteur. Autant vous dire que si vous avez séché les cours de français, voilà un cours particulier à coup de figures de style et de guitares saturées. Vous obtiendrez alors une musique aussi corrosive que l’acide citrique non diluée.

Cette maîtrise de la langue de Molière a d’ailleurs failli mener « Mass Hysteria » sur des plates bandes bien éloignées du métal notamment dans les années 2000 où leur style venait fleurter avec le rap. Mais le tir est vite rattrapé rassurant au passage la fanbase et c’est dès 2013 que les Parisiens foulent des scènes tel celle du « Hellfest« .

Mais dès 2012, les albums devenaient indiscutablement un franc succès systématique. De l’ « Armée des Ombres » ou « Matière Noire« , le public est toujours plus conquis et « Mass Hysteria » n’a aujourd’hui plus à prouver sa valeur tant le public est au rendez-vous à chaque sortie d’album ou tournée.

TITRES DE L’ALBUM

1. Tenace
2. Allégorie dans la brume
3. Mass veritas
4. Le triomphe du réel
5. L'art des tranchées
6. Encore sous pression
7. Le grand réveil (feat. Fréhel)

TENACITE/20

Avec un discours lourdement politique, « Mass Hysteria » annonce la couleur d’emblée rien qu’avec les noms des titres. On peut donc les placer proche de « Tagada Jones » ou « Sidilarsen » à ceci près que Mouss fournit des paroles truffées de petites pépites et de figures de style. L’écoute de leur album se fait donc autant sur le plan musical que sur l’analyse des paroles.

« Tenace Part.1 » s’ouvre sur une éléctro bien lourde et profonde qui monte progressivement avant d’éclater sur une instru bien chargée comme « Mass Hysteria » sait nous régaler. « Tenace » fait directement écho à « Chien de la casse« . L’essence même des textes (sans mauvais jeu de mot) provient d’un profond ras-le-bol issu du climat français des dernières années. Dans une mesure plus apaisée, « Allégorie dans la brume » s’introduit sur un orgue presque draculesque et c’est cette fois, l' »Armée des ombres » qui est invoquée.

Survient alors le titre le plus réussi de l’album : « Mass Veritas« . Fond musical complètement rap avec une sorte de tic-tac inquiétant en fond prêt à exploser à tout instant. L’instant en question, c’est bien évidemment le refrain. La diction de Mouss se veut ultra saccadée, profondément aggresive. « Mass Veritas » invite à briser la vitre, développer l’esprit critique. Ce titre est un véritable plaidoyer anti-politique, anti-gestion de la crise covid mais aussi anti-média. Malgré la noirceur du texte, l’ironie veut que le titre se finisse sur une note d’espoir, répondant à la pensée commune qu’une fois au fond du sceau, on ne peut que remonter.

Et ce n’est pas « Le triomphe du réel » qui va nous remonter le moral. Le titre, redevenant purement métal est littéralement angoissant. Et les choeurs du refrain ne vont rien arranger. Le fond musical tel une accélération démoniaque fait écho à l’ambiance anxiogène suscitée autant par le texte que les choeurs tout droit sorti d’une bande originale de film catastrophe. Mur de Jéricho contre allégorie de la Caverne de Platon, Mouss nous renvoie une nouvelle fois à la réflexion sur notre condition humaine.

De nouveau plus rap, « L’art des tranchées » se couple à une éléctro digne de « Tsunami« . Dans la série des panachages incongrus, le groupe clôture avec « Le Grand Réveil » qui a cela de particulier qu’il est mixé avec un vieux titre de la chanson française. Ainsi ressort Fréhel, iconique chanteuse française de l’entre-deux-guerres.

Une nouvelle fois, « Mass Hysteria » nous prouve sa maîtrise de la langue française combinée à un savant mélange de styles musicaux aussi originaux sont-ils. 

TOUR

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