Desire, I Want To Turn Into You

par

9
sur 10

Premier bouleversement musical de l’année, Caroline Polachek est revenue nous enchanter pour notre plus grand plaisir.

EXPLORATION

De son premier groupe, la chanteuse new-yorkaise a gardé une voix  hypnotisante. Depuis, son parcours l’a emmené sur une voie plus pop, non moins personnelle et unique. Dans la lignée d’une Kate Bush dont elle revendique l’influence tout en essayant de s’en écarter. Elle forme son propre univers dans le déjà magnifique Pang aux merveilleux titres comme Hit Me Where It Hurts ou So Hot You’re Hurting My Feelings. Au côté de Charli XCX sur Tears, Caroline avait amorcé sa transformation en diva pop par une accentuation musicale aussi dramatique qu’envoutante. En s’associant progressivement à la scène hyperpop, la chanteuse a trouvé une manière d’exprimer des émotions intimes aidées par le producteur Danny L. Harle (collaborateur de Rina Sawayama, Yeule, …) encore à la production de ce dernier album.

Une invitation, c’est comme cela que débute Desire, I Want To Turn Into You. L’attrait pour l’aventure, le voyage, la beauté et la sérénité se retrouvent sur Welcome To My Island. Morceau entrainant qui débute par les magnifiques vocalises de Caroline dans un cocon paradisiaque. Ce titre fascine par une instrumentalisation se modifiant selon sa cadence. Au diapason des paroles, tantôt passionnée ou susurrée, elle accompagne un final ou des notes de guitares perfectionnent cet enchantement.

Un beat ramenant à la dance pop des 90’s enchaine sur Pretty in Possible où la voix de Polachek devient un instrument. Les multiples effets du vocoder ne gâchent jamais sa voix et permettent une prise de risque sans temps morts. L’orchestration finale aux légers violons apporte une touche épique à l’ensemble. Le beat minimaliste de Bunny is a Rider apparaît comme un contraste étonnant, premier single du projet, ce joli morceau pop dont la production fluctue légèrement nous entraine dans sa mélodie. Cette nouvelle invitation au lâcher prise, référence au fameux Alice au pays des merveilles, n’est pas le moment le plus marquant mais procure un plaisir vital direct.

voluptÉ

Le tempo plus rapide de Sunset paraît déjà plus puissant. La rythmique flamenco de la guitare modifie l’esthétique, plus flottante et dansante sur le refrain. Les vocalises angéliques couplées aux sonorités espagnoles fonctionnent parfaitement sur ce titre empli de poésie. Cette ambiance se transforme en une lente ballade mélancolique sur Crude Drawing of an Angel. Premier titre davantage lancinant et mélancolique, presque trip-hop, décrivant l’après d’une relation qui s’est terminé. Polachek continue à nous émerveiller même dans sa tranquillité tandis que I Believe retrouve l’esthétique électro-pop. Les synthétiseurs se marient à des effets vocaux qui se terminent par quelques notes de pianos, prouvant la capacité expérimentale de ce projet étonnamment facile d’accès.

La douce mélancolie de l’album s’infuse dans le tempo énergique de Fly To You juxtaposant puis mélangeant la voix de deux autres chanteuses, Grimes et Dido. Une rencontre aussi inattendue qu’exaltante au sein d’une ambiance feutré, couplé à la rythmique énergique conclut par un échange vocal fascinant entre Caroline et Grimes. Cette aura se poursuit sur Blood and Butter où l’on entend les cloches d’une église du morceau précédent. L’amour, thème central de l’album, s’explore une nouvelle fois mais s’exprime de manière différente. La guitare folk met en avant l’intensité mouvante de la mélodie qui évolue par l’ajout réussi d’une cornemuse. Les paroles aux références mythologiques nous plongent dans une danse tournoyante, comme une transe apaisante.

ENSORCELLEMENT

La retenue d’Hopedrunk Everasking empêche dans un premier temps d’être envoûté mais, petit à petit, les inflexions de sa voix et les légers changements de productions permettent une échappatoire lumineuse. Cette pause élégiaque séductrice prend un versant épique sur Butterfly Net. Démarrant comme une balade folk, l’univers quasi mythologique et ancestral qu’explore Caroline Polachek se retrouve autant dans les sonorités que ses paroles. Exprimant une douleur profonde autant qu’un versant réparateur, la production de Danny L. Harle et la voix de Caroline Polachek se complètent, passant d’une ambiance tragique aux sonorités dance floor de Smoke.

Reprenant la mélodie de Pretty in Possible, cet avant-dernier morceau lui donne un rythme plus évocateur où Polachek mélange sa mélancolie à une force musicale divine. Parfaite conclusion, Billions est le point culminant de l’album, aussi épique qu’intime. Elle termine, accompagnée par des chœurs d’enfants chantants : « I’ve never felt so close to you », réponse chaleureuse et accueillante d’un projet qui n’invite qu’à se dépasser, s’approprier jusqu’à arriver à pleinement s’aimer.

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Desire, I Want To Turn Into You

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9
sur 10

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