Initialement prévue le 23 avril 2022, la soirée metal progressif à l’Olympia animée par Fixation, Klone et Devin Townsend a finalement eu lieu ce dimanche soir 26 mars 2023. Comme la majorité des concerts reprogrammés, la salle n’affiche pas complet. Mais cela ne nous empêchera pas de passer une excellente soirée.
Fixation ouvre les festivités avec une énergie lunaire puis cédera la scène à Klone pour un voyage planant avant d’aller à la rencontre de l’OVNI Devin Townsend. Une tournée européenne à l’occasion de la sortie de son dernier album Lightwork. Pour les plus curieux, nous vous avions préparé une critique de l’album aux petits oignons lors de sa publication.
Retour en image sur une soirée à la signature énergétique éclectique !
Fixation : la jeunesse norvégienne
Fixation c’est LE groupe qui fait sensation en ce moment dans le monde du metalcore. La jeune formation norvégienne défie les genres en combinant des éléments du metalcore, du stadium rock et du post metal. Le tout avec des éléments électroniques et des synthétiseurs mélodieux dynamiques.
Des riffs accrocheurs, des performances vocales saisissantes et des rythmes lourds de basse et de batterie en font des montagnes russes d’agression mélancolique. Avec des paroles sérieuses et une approche rafraîchissante de la critique sociale, ils transmettent une interprétation de l’actualité dans leur écriture.
L’univers de Fixation est assez différent de celui de Klone ou encore Devin Townsend, mais présente quelques éléments de metal progressif qui les réunissent. Il nous ont fait démonstration de leur art en début de soirée avec un set de 30 minutes. Une performance courte mais intense pour un groupe qui compte à l’heure actuelle moins de 10 chansons à son actif.
Le quatuor a fait une entrée sur scène remarquée avec un style très épuré (et disons le, classe!) pour nous livrer Neurosis. Ensuite, le chanteur tombera sa veste pour délivrer toute son énergie sur Stay Awake. Le public est conquis par sa performance (et par ses bras tatoués) et en redemandera plus. Pour son troisième titre, le groupe nous interprète Ignore the Disarray. Un nouveau single qui sortira le 30 mars 2023 sur toutes les plateformes.
Leur prestation est une alternance entre des éléments de metalcore et de metal progressif et entre voix claire et chant saturé. On apprécie beaucoup ce style qui nous livre une énergie forte en continu mais qui reste ponctué de ruptures très bien calculées. Des ruptures dont profite le chanteur pour saluer et remercier à plusieurs reprises le public. Il n’hésitera d’ailleurs pas à descendre de scène pour aller à sa rencontre.
Ils enchaîneront ensuite Violent Tendencies, une nouvelle chanson de leur prochain album, puis Bloodline, devant une Olympia conquise par cette jeunesse norvégienne. Fixation clôturera son set par What We Have Done, une chanson aux paroles profondes et forte en émotion. Une émotion portée par la voix claire et émouvante de son interprète.
Pour moi, Fixation fut une de mes plus belles découvertes depuis un petit moment ! Je ne les connaissais absolument pas avant et depuis je n’arrête pas d’écouter leurs chansons. Je ne peux donc que vous recommander de les suivre et les soutenir. Un bel avenir attend sans doute nos jeunes norvégiens.
Klone : les piliers du prog français
Le groupe qui relève le défi ce soir de passer après cette prestation haute en énergie de Fixation est Klone, un groupe Français qui a déjà tourné avec Devin Townsend par le passé. Le groupe a été formé en 1995 et est originaire de Poitiers et d’ailleurs ses fans étaient bien présents ce soir-là. En effet il feront une entrée sur scène sous les fortes acclamations du public qui semble déjà bien les connaître.
La formation démarre son concert par Elusive, sur laquelle les instruments à corde déchaînent leur puissance dès les première notes. Ils accompagneront leur jeu d’instrument par un jeu de scène qui n’a rien à envier à Fixation, bien qu’en contradiction avec le chanteur ancré, centré et concentré.
Ensuite c’est au tour de Rocket Smoke sur laquelle les guitariste et le bassiste confirme leur colonisation de la scène de l’Olympia. Après une interprétation du très attendu Bystander, Klone nous livrera une prestation beaucoup plus calme et planante sur Keystone. Les transitions entre les chansons semble parfois un peu trop longue et pas assez travaillées. Mais le public a l’air de leur pardonner ce détail à l’annonce de Immersion.
Ensuite, le quintet a revisité Army of Me la fameuse chanson de Björk pour une interprétation très personnelle. Ils ramène ainsi la chanson à leur univers en y rajoutant la puissances de leurs riffs et la voix planante et puissante du chanteur. Il terminerons leur prestation toute en douceur avec la mélodieuse Younder qui emportera définitivement le public.
Pour ma part, je reste assez mitigée par la prestation de Klone. Elle manquait à mon goût de cohésion énergétique entre les différents membres. Mais leur public était conquis par cette soirée et c’est tout ce qui compte !
Devin Townsend : l’O.V.N.I
1h45 après le début de la soirée orchestrée par Fixation puis Klone, c’est au tour de la tête d’affiche Devin Townsend de rentrer sur scène. Petite danse et sourire aux lèvres comme à son habitude, Hevy Devy crée instantanément un climat chaleureux avec son public. Avant de démarrer, Devin Townsend remercie le public et leur demande d’applaudir Fixation et Klone. Il précise également être souffrant d’un petite sinusite qui pourrait impacter ses capacités vocales. Spoiler Alert : ce n’était pas le cas !
La première note de basse sur Lightworker nous prend au tripes et ne nous lâchera pas tout du long du concert qui durera 1h20. Cette chanson issue du dernier album Lightwork est parfaite pour une ouverture de concert. Elle nous permet aussi de découvrir l’amplitude du talent de Mike Keneally qui accompagne Devin à la guitare acoustique, électrique et au clavier. Non il n’a pas 6 bras, mais presque!
Le public est en furie à l’annonce de Kingdom de l’album Physicist. Une musique et un chant plus lourds nous sont livrés par Devin et le bassiste James Leech en T-Shirts orange fluo et Mike en cravate de la même couleur. Même la batterie de Darby Todd et les lumières de l’Olympia semblent avoir reçu le petit mot. Orange is the new Devin !
Sur une scène sobre et sans subterfuges, Devin réussit grâce à son énergie communicative, son visage très expressif et son allure à emporter toute la salle sans bouger d’un iota ! Seul accessoire sur scène, le fameux poulpe de la pochette de l’album Lightwork. Il le baptisera ainsi Sam devant la salle pour témoin, se raclera un peu la gorge, avant de démarrer Dimensions du même album.
Pour cette dernière, Devin fera usage de son Thérémine. Tel un véritable chef d’orchestre, il gesticulera ses doigts (et même sa bouche) pour activer les sons de cet instrument rare. Le rythme de Dimensions est très entrainant avec un chant saturé et une ambiance presque de jeux vidéos. Une prestation théâtrale digne d’un opéra metal qu’il partagera en duo avec Sam le poulpe. Une prestation qui nous confirme son statut d’OVNI (Onde Vocale Non Identifiée) du 4ème art.
C’est ensuite autour de Fluke, chanson à l’ambiance très upbeat de l’album Terria. Puis après un petit pschitt dans la gorge et beaucoup d’hydratation, il interprètera Deadhead issue de son projet The Devin Townsend Band.
Encore un changement de guitare, le temps de remercier le public, et c’est au tour de Deep Peace de l’album Terria également. L’Olympia s’illumine sous les lumières des téléphones, briquets et autres, pour accueillir ce joyaux de la douceur. Un énergie tranquille et paisible inonde la salle le temps d’une danse en amoureux. Un solo de piano et de guitare viennent orner la déjà très belle Deep Peace avec une prestation impressionnante de Mike qui manie simultanément et avec brio les touches et le manche. Après un long moment instrumental d’une grande technicité, retour au thème principale et au refrain avant que la chanson ne s’achève enfin sous les applaudissements d’une foule admirative.
Tout au long du concert, et malgré ses maux de gorge, Devin nous fera l’étalage de sa palette vocale impressionnante. Il passera du chant clair au chant saturé avec élasticité et aisance et nous démontrera l’envergure incroyable de sa tessiture (on est sur presque 6 octaves les amis !).
En parlant de prouesse technique, c’est au tour de Hearbreaker de l’album Lightwork. Cette chanson, selon les dires de Devin, est assez pénible à jouer. Mais rien n’est impossible pour ce junky du challenge qui la passera sans problème à l’Olympia. Après Spirits Will Collide de l’album Empath, il fera monter une petite fille sur scène pour lui offrir le fameux poulpe en peluche. La chance ! Le set se terminera par Truth et Bad Devil tous deux de l’album Infinity.
Pour son encore, Devin Townsend a choisit d’interpréter Call Of The Void chanson phare de son dernier album Lightwork. Un moment de calme avant la tempête annoncé par le dernier titre de la soirée. En effet, c’est le succès Love? de son groupe Strapping Young Lad qui clôturera en force cette soirée metal progressif qui aura duré plus de 3h.
C’est donc sans surprise que Devin Townsend nous bluffe encore une fois par une prestation majestueuse. Je retiendrai tout de même de cette soirée la prestation du jeune groupe Fixation, une belle découverte.
Pour ne rien manquer de l’actualité musicale, retrouvez également nos interviews et nos chroniques d’albums.