Joe Satriani visite l’Olympia après un an d’attente, pour un Shapeshifting Tour renommé entretemps Earth Tour. Retour de nos chroniqueurs Un gars / Une fille pour un concert 100% guitare.
Elle : Je l’avais trainé voir Kyo, je n’ai pas franchement pu refuser de l’accompagner voir le concert de Joe Satriani à l’Olympia. Je ne connais pas, mais il me le vend comme le guitar hero incontournable, alors go!
Lui : Satriani, LE pionnier des dive bombs, le spécialiste du vibrato ! Le professeur de Steve Vai, autre génie de l’instrument, l’un des rois du shred ! Bien sûr que je voulais le voir !
Une « sacrée » ambiance
Elle : Habituée de concert de Metal…
Lui : Attends, Kyo? du Metal?!
Elle : pfffff… Habituée aux concerts en tout genre, ce qui me surprend d’emblée c’est de faire un concert assise, même en fosse. Joe Satrini entre sur la scène de l’Olympia sans un mot, en étant littéralement ovationné par un public… qui reste assis et écoute religieusement les premières chansons.
Lui: C’est sûr qu’on a plus l’impression « d’aller au spectacle » comme on dit dans les beaux quartiers, que d’assister à un concert de rock. C’est une approche très « musique classique » de la musique rock. Les placeuses de l’Olympia sont de sortie, le concert est interrompu par un entracte de quinze minutes… ça ne sent pas trop la bière et la sueur ! La scénographie est aussi très sobre : la large scène fait la part belle à Satriani, avec un bassiste en arrière plan, à côté de la batterie devant l’écran géant, et un clavier relégué tout à droite. La lumière est principalement centrée sur le guitariste, là où les autres sont très en retrait.
Elle : Pourtant il sait quand même mettre en valeur les musiciens qui l’accompagnent. Dès The Elephant of Mars, il lance un solo de basse et de synthé. Chaque musicien sera ainsi mis à l’honneur par un solo à différents moments du concert. Je remarque une belle complicité entre Satriani et ses accompagnateurs, ils s’interpellent par leur gestuelle et se répondent par le biais de leurs instruments.
Des musiciens de prestige
Moi : Il faut dire qu’il est accompagné de beau monde : Kenny Aronoff (John Fogerty) à la batterie, à la basse comme depuis dix ans, Bryan Beller (The Aristocrats) et sa barbiche violette, et Rai Thistlethwayte (Thirsty Merc) aux claviers et guitares rythmiques. Ces deux derniers, au service du guitar hero pendant tout le concert, construisent l’atmosphère parfaite pour faire sonner les guitares du maître. Et des guitares, il y en a !
Elle : Je crois en effet qu’il a décidé de nous montrer toute sa collection : orange flashy, noire métallisée, rouge et violette, noire avec des motifs hippies « Paisley » (ma préférée), tout argentée, tout y passe ! L’ambiance par contre est sage, presque religieuse. Le public ne réagit pas avant la fin du premier set, où il se lève pour ovationner le maître. Il faut dire que les lunettes noires que Joe Satriani porte toute la soirée, si elles créent un style, créent aussi une distance avec le public de l’Olympia. Il interagit très peu et laisse Bryan Beller mettre l’ambiance tout au long des trois heures de show.
Lui : Est-ce que les musiciens profitent pleinement du show dans une ambiance aussi sage ? Il a fallu attendre la fin du rappel et Surfing with the Alien pour voir le public se lever, hurler. Si Satriani pourrait jouer la chanson les yeux bandés les mains dans le dos (contrairement à beaucoup de guitaristes), on l’a pourtant senti enfin se débrider et lâcher les chiens.
Technique vs émotion
Elle : Le deuxième set est à l’image du premier, et me donne à terme l’impression d’assister à une démonstration de technique, que je finis par trouver longue et lassante. Heureusement, Joe Satriani s’ouvre à quelques moments et partage une émotion contenue. Il nous explique comment est née Faceless, fantasmagorie tirée d’une scène de la vie réelle. Deux autres chansons résonnent plus pour moi, E 104th St NYC 1973 qui le ramène à son enfance à New York, et Always With Me, Always With You avec laquelle il rend hommage à son public.
Lui : C’est sûr que les guitaristes et les non-guitaristes (ou afficionados du genre) n’ont pas vécu le même concert. Moi, je prends une leçon, entre le tapping frénétique à une main en introduction de Ice 9, les dive bombs à la pelle sur Flying in a Blue Dream, les remontées et descentes de manche sur Crystal Planet, et les sons incroyables sortis sur plusieurs titres comme Ali Farka, Dick Dale, an Alien and Me. Pour les autres, les titres s’enchaînent avec une mise en scène assez monotone bien qu’esthétique, et finissent probablement par se lasser des guitar faces que Satriani distribue tout au long du concert.
Le rappel, un réveil (trop) tardif
Elle : Wow ! Qu’est-ce qu’il se passe ?! Tout le monde se lève, head-bang, tape dans les mains ? Le public se réveille et s’autorise enfin à rompre la messe ?
Lui : Oui, le concert est fini ! Comme je disais plus haut, c’est le rappel !
Elle : Et c’est le moment le plus vivant du concert, le seul où j’ai vraiment vibré. J’ai été bluffée par la démonstration de talent de Joe Satriani lors de ce concert à l’Olympia, mais j’aurais aimé avoir plus d’émotions que cette démonstration de virtuosité trop froide pour moi.
Lui : Je repars aussi avec un sentiment mitigé. Le son était certes parfait, la prestation millimétrée, mais il m’a aussi manqué un peu de cette spontanéité, cette imperfection du live, cette sueur que le métalleux enjoué te dépose sur les mains quand il slamme au-dessus de toi.
Galerie
Set List
- Nineteen Eighty
- Play Video
- Sahara
- The Elephants of Mars
- Ice 9
- Thunder High on the Mountain
- One Big Rush
- Blue Foot Groovy
- Flying in a Blue Dream
- Spirits, Ghosts and Outlaws
- Faceless
- Crystal Planet
- Summer Song
Set 2:
- Solo de batterie
- Energy
- E 104th St NYC 1973
- Solo de synthé
- Cool #9
- Ali Farka, Dick Dale, an Alien and Me
- Shapeshifting
- Teardrops
- Luminous Flesh Giants
- If I Could Fly
- Always With Me, Always With You
- Satch Boogie
Rappel:
- Crowd Chant
- Surfing With the Alien
Merci à Gérard Drouot Productions de nous avoir invités ! Si vous voulez tout savoir de l’actualité musicale, ne ratez pas nos chroniques d’albums et nos interviews !