Samedi dernier, le Stade de France affichait complet pour l’unique date de MUSE à Paris lors de sa tournée européenne de 2023. Une tournée pour promouvoir son dernier album Will Of The People. Pour cette soirée MUSE a choisi de s’accompagner des groupes One Ok Rock et Royal Blood pour ses premières parties au SDF. Retour sur une soirée haute en lumière et en challenges technologiques.
One Ok Rock
Malgré les apparences, ce groupe de rock originaire de Tokyo n’est pas si jeune que ça. Formé en 2005 ce quatuor compte 10 albums studio à son actif. D’ailleurs, leur prestation au stade de France était leur 3ème consécutive dans l’hexagone. La première ayant eu lieu jeudi également en première partie de MUSE à Nancy. Et la deuxième, vendredi, dans le cadre de leur tournée pour leur dernier album « Luxury Disease » à l’Elysée Montmartre à Paris.
Mais samedi soir au Stade de France, One Ok Rock n’a eu que 30 minutes de jeu pour faire la promotion de leur dernier album. Leur show a démarré avec la fameuse Save yourself chanson phare de « Luxury Disease » qui annonce très vite le style de ce groupe de rock : simple et efficace ! Ensuite, One Ok Rock interpréta à la suite les deux seules chansons de la soirée qui ne font pas partie du nouvel album à succès.
Tout d’abord, Deeper Deeper, vieille de 10 ans déjà, mixant chant anglais et japonais. Puis, Taking off de leur album « Ambitions » (2017). Cette dernière a littéralement fait décoller le public qui sautait sur le rythme des riffs entraînants de la guitare de Toru Yamashita.
Après ce court retour dans le passé, le groupe japonais s’attaque aux 4 autres morceaux de « Luxury Disease ». Renegades est une belle chanson qui contraste par sa douceur avec les précédentes. Le refrain vient néanmoins très vite la ramener dans l’univers bien énervé du groupe. Ce qui n’enlèvera rien à l’émotion dégagée par ce titre interprété à merveille par Takahiro Moriuchi. Ensuite c’est au tour de Neon, que le public chantera en chœur, et de Vandalize pour finir de remonter le niveau d’énergie d’une arène conquise.
Le show s’est terminé par Your Tears Are Mine, une jolie ballade émotionnelle qui fera basculer les bras du public de gauche à droite pendant un peu plus de 4 min.
Les japonais ont exprimé leur gratitude de pouvoir partager la scène avec MUSE et Royal Blood avant de la quitter sous les applaudissements de plusieurs dizaines de milliers de personnes au SDF ce soir.
Royal Blood
Place maintenant aux Anglais de Royal Blood qui précédent MUSE sur la scène du SDF. Fait inhabituel pour une formation orienté hard rock, c’est un duo qui occupe la scène. En préparation de la sortie de leur prochain album , Back to the Water Below, Mike Kerr et Ben Thatcher viennent mettre le feu à une
arène déjà bien remplie, en attendant le trio star de la soirée.
Pendant 45 minutes, ils vont nous prouver que même en n’ayant qu’un ensemble basse et batterie, il est possible de sortir du gros son ! Ils seront tout de même accompagnés sur quelques chansons par un 3ème homme derrière un synthétiseur et un micro pour les chœurs.
Accompagné par la batterie lourde de Ben, il n’en faut pas plus pour commencer à faire sauter la foule en rythme. Malheureusement, le stade Parisien montre encore une fois ses limites acoustiques, et il en ressort un son plutôt brouillon, rempli de basses fréquences et manquant de définition…Peut-être un peu trop grand pour eux ?
Qu’importe, ils nous délivreront un set rondement mené, dominé par des morceaux issus pour beaucoup de leur premier album éponyme (4 titres sur 9).
Le public est présent, saute, applaudi, reprend en chœur les parties les plus connues. Ouf, nous n’aurons pas à voir Mike Kerr frustré par le manque d’applaudissement, comme ce fut le cas lors de leur prestation au BBC Radio 1’s Big Weekend en mai de cette année.
La qualité sonore n’aide pas, mais on ne peut s’empêcher de penser que, peut-être, les Anglais de Royal Blood ont un plafond de verre à percer s’ils ne veulent pas être éternellement un groupe de premières parties, mais bien les têtes d’affiches d’un Stade plein à craquer.
MUSE
La dernière fois que MUSE a joué en France, c’était en octobre 2022, et le groupe avait livré un concert très intimiste à la Salle Pleyel à Paris. Mais le dernier passage du trio au SDF remonte au 05 juillet 2019, presque 4 ans jour pour jour. Ce soir donc, malgré un thermomètre qui affiche 32 °C, la fosse est pleine à craquer et le stade affiche complet.
Un peu moins d’une heure après Royal Blood, c’est au tour de MUSE d’investir la scène du SDF pour déchaîner un public qui trépignait d’impatience. Et ce dernier sera servit ce soir, car MUSE a encore mis la barre très haut. Un show de technologies et de lumières qui vient en support à une incroyable setlist. Un mélange bien dosé entre chansons du nouvel album et anciens hits. Résultat, un équilibre énergétique parfait pendant presque 2 heures de pur plaisir.
La prestation démarre avec Will Of The People, chanson qui résonne pas mal avec les évènements récents en France. Projeté sur les deux écrans géants de chaque côté de la scène, on peut voir un film conceptuel de l’album. Dans une ambiance rougeâtre et désertique, des personnes au visages masqués s’attellent à détruire la statue géante de la tête de Matthew Bellamy qui fini par s’écrouler pour laisser entrer sur scène nos trois artistes (+1).
Le ton est donné dès le début, le groupe a encore mis la barre très haut sur le show. Les musiciens masqués jouent la chanson devant des lettres qui s’enflamment à tour de rôle pour écrire WOTP. On découvre en live sur les écrans géants, des effets spéciaux qui enflamment les masques, habits et instruments des musiciens. On rajoute à tout ça la pyrotechnique sur scène… il faisait déjà très chaud, mais là le groupe a carrément mis le feu au Stade de France.
A la fin de la prestation, on découvre au fond du stade, écrit en grandes lettres grâce à des panneaux blancs portés par les fans, les mots : WILL OF THE PEOPLE. Un peu plus bas d’autres spectateurs portent des panneaux de couleurs orange et rouge qui dessinent des flames sur les gradins. A l’origine de ce projet le fan club de Muse en France. Ils ont partagé ici cet incroyable projet qui a pris 3h à être réalisé. Ce soir-là , 13 000 personnes ont levé l’immense fresque « Will of The people » version enflammée sur 32 tribunes. C’est franchement assez incroyable d’avoir réussi à faire participer autant de personnes au show. Nous étions bluffés !
Le show se poursuit avec Hysteria, sous les acclamations hystériques du public qui reconnaît la chanson dès les premières notes. Matt et Chris se succèdent sur le devant de la scène. Un bras long de plusieurs dizaines de mètres qui s’avance au milieu de la fosse. Le groupe poursuit avec la célèbre intro [Drill Sergent] qui annonce le hit Psycho de l’album Drones (2015).
Ensuite retour en 2001, à l’album à grand succès Origin of Symmetry avec la chanson Bliss. Malheureusement ce soir nous n’aurons pas le droit à New Born énorme hit du même album. Néanmoins, on aura la chance d’écouter Plug in Baby qui mettra la foule en frénésie un peu plus tard dans la soirée.
Pour Resistance, Matt met sa guitare derrière son dos et s’avance sur scène micro à la main pour chanter au plus proche des fans qui semblent connaître les paroles par cœur. Un moment d’émotion qui nous prend par les tripes et qui s’accentue au fur et à mesure que le morceau monte en énergie. Matt reprend alors sa guitare pour plaquer ses accords sur la dernière partie de la chanson.
Ensuite, c’est au tour de Won’t Stand Down, premier Single de leur ultime album. Pour marquer le passage à ce dernier, la décoration sur scène est complètement transformée. Un énorme buste avec une tête masquée et une main géante trônent à ce moment sur scène. Le masque géant, concept du nouvel album, est en effet un écran de projection 3D et la main quand à elle un projecteur de faisceaux lumineux. Avec les grosses machines à fumée, il ne manque plus que la nuit soit entièrement tombée pour s’en prendre plein la vue.
Lors de l’interlude sur Kill or Be Killed, un film est projeté décrivant l’histoire de la fabrication des masques qu’on devine maintenant appartenir à la résistance. La qualité cinématographique des films mériterait quelques éloges en passant. Puis c’est au tour de Compliance, deuxième single de Will Of The People. Le bruit des canons à confettis serpentins crée la surprise et enflamme un public déjà bien chauffé. Espérons tout de même que ce n’était pas du plastique !
Retour à leur avant dernier album « Simulation Theory » qui date de 2018 avec la chanson Thought Contagion. Un album aux influences très électro qui, disons le, n’a pas connu le même succès que ses prédécesseurs. De ce même album, nous aurons le droit à une version instrumental de The Dark Side lors de laquelle l’arène est plongée dans le noir complet. Les musiciens vêtus pour l’occasion de vestes à capuches noires se fondent parfaitement dans les ténèbres. Privés ainsi de la vue, notre ouïe intriguée capte tous les moindres détails du jeu instrumentale du trio.
On poursuit avec Verona, chanson très douce qui nous mettra en émoi à la vue d’un stade de France entièrement illuminé par les flashs des téléphones. Une arène entière en suspension pour une brève danse avec les étoiles. Le jet de confetti vient donner à ces lumières les couleurs d’une nébuleuse. On se retrouve ainsi transporté vers une autre galaxie pour finir en beauté ce ballet des astres.
Un brève interlude avant que le trio de star ne poursuivent avec 8 chansons non stop. On démarre bien avec Time Is Running Out, un des plus gros hits de nos anglais préférés, chanté en chœur avec 70 000 personnes ce soir. Ensuite, le batteur s’avancera tout seul sur le devant de la scène pour démarrer The 2nd Law: Isolated System avant d’être rejoint par ses coéquipier. Une très belle performance instrumentale du groupe.
Matt vêtu de sa plus belle veste à paillettes et d’une guitare en accord avec sa tenue, nous interprétera un mélange de valeurs sures avec Undisclosed Desires et Madness sur la quelle le bassiste fait joujou avec sa double basse à écran tactile, et de nouvelles pépites avec You Make Me Feel Like It’s Halloween et We Are Fucking Fucked. Le décor de la scène a encore changé marquant un autre temps fort de ce spectacle. Des miroirs volent au dessus de la scène lançant leur faisceaux lumineux sur tous le public. Les effets pyrotechniques continuent eux de chauffer le stade en soirée de pleine canicule.
Entre The Dark Side et Plug In Baby, le trio nous balance sans préavis un petit Supermassive Black Hole. De quoi créer une folie dans la fosse mais pas que. Les tribunes étaient toutes levées pour chanter et danser sur ces tubes interplanétaires.
Ensuite Matt nous a interprété un titre instrumental de sa carrière solo Behold, The Glove en utilisant un curieux instrument à écran tactile autour de son avant bras. Le titre, même s’il n’est pas de MUSE s’inscrit sans difficulté dans l’univers du concert. Ce dernier se termine alors avec à la suite Uprising, Prelude et Starlight, que le public connaît absolument par cœur et chantera à tue tête jusqu’à l’extinction des lumières.
Mais surprise, quelques minutes plus tard, les lumières se rallument et le décor de la scène a encore une fois complétement changé. La tête masquée a été remplacée par un énorme monstre dont les bras encercle la fosse des deux côtés de la scène. Le trio qui ne nous as pas habitué aux Encore, revient cette fois avec deux dernières chansons. Kill or Be Killed de son dernier album et puis l’indémodable, l’irremplaçable Knights Of Cydonia (fun fact : lors du Rock Werchter ’23, elle a tout de même été remplacée par Showbiz à la dernière minute pour palier à des soucis techniques). Grâce aux paroles diffusées sur les deux écrans géants, le public accompagnera le trio au chant jusqu’aux dernières notes.
25 chansons, 5 interludes, 8 albums, 3 bonhommes et 2h de show spectaculaire plus tard, le concert prend fin. Nous quittons un stade plein à craquer où les mélodies du groupe britanniques résonnent encore. On est bluffés, admiratifs et heureux d’avoir vécu cette belle soirée. Un groupe qui prouvent encore une fois qu’il mérite amplement sa place parmi les géants de l’industrie.
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