Retour sur notre entretien avec Fred « Sleazyz ». Le chanteur de Sleazyz, originaire de Troyes, nous a parlé de leur nouvel album Glitter Ghoulz From Hell.
Pozzo Live : Pour nos lecteurs qui vous ne connaissent pas est-ce que vous pouvez vous présenter brièvement ?
Fred « Sleazyz » : Alors, moi c’est Fred, dit « The Sleazyz ». Donc notre groupe fait de l’horreur metal à tendance sleaze. C’est-à-dire un petit peu glam metal, en gros. Voilà, ce qu’on aime, c’est donc l’entertainment, faire du show. On aime bien le côté théâtral, s’amuser, essayer de créer une belle interaction. On essaye toujours, quand on fait des concerts, que les gens, même si ils ne nous connaissent pas, se souviennent de nous. Au moins, en fredonnant le couple avec nous, même si ce n’est pas tout à fait les bonnes paroles. Mais au moins, on essaie d’avoir cette espèce d’interaction avec les gens qui passent un bon moment, s’amuser. C’est vraiment l’entertainment, l’amusement, c’est vraiment ce qu’on a envie de faire, c’est partager. Donc, cet album, Glitter Ghoulz From Hell, est beaucoup plus funk, beaucoup plus spire, beaucoup plus rock’n’roll. On a poussé les curseurs.
Pozzo Live : Vous avez sorti votre deuxième album Glitter Ghoulz From Hell début septembre. Etes vous du satisfait des différents retours jusqu’à présent ?
Fred « Sleazyz » : On l’a fait écouter à nos amis d’abord, qui ont vraiment aimé l’album. Ensuite, on l’a fait écouter aux fans, parce qu’il y en a qui nous connaissent et qui ont trouvé ça super. Et puis, on a pas mal de chroniques qui tombent. Et apparemment l’album a plutôt été bien compris, de ce que nous on voulait dégager, ce qu’on voulait représenter. C’est-à-dire qu’on assume le côté complètement années 80, le côté fun. Par exemple, ne serait-ce que l’artwork de l’album, c’est très rare, maintenant, de voir les têtes des mecs sur les albums. Maintenant, c’est toujours des photos ou autre. En fait, nous, on s’est dit, tiens, on va mettre nos gueules, comme dans les années 80, tu vois. Et il y a un côté revendiqué. On est là pour se faire plaisir, pour emmener les gens qu’ils s’évadent, pour qu’ils kiffent, pour qu’ils s’amusent, voilà.
Pozzo Live : Est-ce que l’écriture de l’album a pris du temps ou étiez-vous d’une inspiration débordante ?
Fred « Sleazyz » : En général, je compose toujours à peu près trois-quatre chansons par mois. Donc on avait toujours de la matière pour les albums. Après, cet album a été composé quand même d’une manière un peu plus différente par rapport à notre premier album. C’est-à-dire qu’il a été composé entre fin 2021 et fin 2022. Et ensuite, c’était un peu difficile parce que ma mère était malade, d’un cancer en fait. J’ai perdu ma mère pendant cette phase de composition, de création. Donc ça a été très difficile, mais je ne voulais pas faire de la musique larmoyante, tu vois. Je voulais pas m’apitoyer sur moi-même. Je voulais célébrer la vie, je voulais célébrer la fête, je voulais célébrer, faire un hommage à ma mère aussi. Par contre, la musique est très fun et très sleaz. Mais les textes, certains textes, quand tu regardes bien en filigrane, c’est assez sombre.
Mais on est en train de faire un côté, tout de même, pour continuer de profiter de la vie. Toujours un côté festif, parce- qu’on est là pour s’amuser, on est là pour profiter. Comme disait Poison, « nothing but a good time ». On est là pour s’amuser. Parce-que la vie, c’est tellement dur en ce moment pour tout le monde et on va pas se mettre la tête dedans quoi. Si les gens, ils ont kiffé le temps de nous voir, s’ils ont oublié leurs soucis et tout ça, c’est cette boule du jeu. Nous, ce qu’on veut aussi, c’est un peu le côté choc rock, le côté théâtral, pour que justement les gens ils oublient leur quotidien.
Pozzo Live : C’est tout à ton honneur. Tout le monde ne remonte pas la pente aussi bien. Je pense qu’elle serait fière de te voir continuer à vivre la vie que tu souhaite.
Fred « Sleazyz » : Bien sûr. Mais exactement, c’est ça l’importance, c’est Show Must Go On. Enfin, c’est difficile à dire, mais … Je te dis, à travers ça aussi, c’est peut-être une thérapie aussi. Cet album, même s’il n’est pas triste, il est profond, même s’il est léger.
Pozzo Live : On vient d’en parler un peu. Mais comment se déroule l’écriture ? Est-ce un échange commun ou y a-t-il une tête pensante qui a écrit la majorité ?
Fred « Sleazyz » : En fait, moi, je suis plutôt dans cet esprit-là, c’est-à-dire que je commence par faire des démos tout seul. Je bidouille sur mon ordinateur, des petites boîtes à rythme, je bidouille la guitare. Je pose les bases, après, j’attends d’avoir quand même un petit peu de matériel. C’est-à-dire, je sais pas, quatre, cinq chansons. Et après, je commence à les faire écouter. Mais d’abord à ma femme, Pandemonium, qui a assez de recul par rapport à moi, qui compose. J’ai toujours l’impression que la dernière chanson c’est la meilleur évidemment. Comme tous ceux qui composent. Mais non. Et donc déjà si elle me dit c’est bien, ça me dira que c’est quand même une bonne chose.
Ensuite cet album, comme je te dis ça a été difficile, donc j’ai quand même laissé un peu plus de place à mes musiciens. C’est-à-dire Pandemonium, qui est guitariste rythmique, il y en a qui a trouvé des supers rythmiques. David, qui est parti sur des solis, des guitares extraordinaires. Et puis notre nouveau batteur, Shadows, qui a fait le boulot comme il fallait, qui était vraiment super, qui a bossé comme un malade. Sur cet album-là, par rapport à l’autre d’avant, j’ai laissé inconsciemment un peu plus de liberté à mes musiciens. Et du coup, ça apporte. Moi qui avais peur que ça dénote, en fait, pas du tout.
J’ai vu que maintenant, avec le recul, je pense que c’est quelque chose que je vais continuer à faire. C’est-à-dire que peut-être que je ferai les bases, mais après, je continuerai à retravailler à côté avec Pandemonium ou David pour les écouter. Parce-qu’avant, ils me passaient des trucs, mais je ne les écoutais pas. Maintenant, c’est différent. Et puis c’est vraiment un album qui a été fait en commun. Vraiment, on a tous travaillé dans le même esprit.
Pozzo Live : On en a parlé, on ressent beaucoup vos différentes inspirations qui font que l’album est tel qu’il est. Qu’est-ce qui, selon vous, défini la musique de Sleazyz ?
Fred « Sleazyz » : C’est vraiment le leitmotiv que je dis tout le temps, c’est-à dire c’est fun, c’est fear, et c’est rock’n’roll. C’est à la fois fun parce qu’on est là pour se marrer. Fear, mais voilà, parce qu’on fait peur, on a l’air de boogymen qui faisait peur. Mais finalement on a des couteaux en plastique, on ne va jamais tuer personne. Donc c’est le côté fear, mais pas trop. Et puis rock’n’roll, parce qu’on aime le rock’n’roll. Parce que notre musique, le metal vient du rock’n’roll. Et que nous, on veut cultiver ce côté rock’n’roll à travers justement le Sleaz qu’on adore.
Le Sleaz, c’est-à-dire Faster Pussycat et les Guns, le rock du Sunset Strip des années 80. Le côté un peu plus déglingué que le glam metal. C’est beaucoup plus sale, c’est beaucoup sexe, drugs et rock’n’roll. C’est ce côté un peu qu’on aime aussi, qu’il n’y a pas forcément en France. Il y a très peu de groupes d’horreur au metal. Je veux dire, je pense qu’il y en a aussi un dans le Pas-de-Calais. Je suis vraiment désolé de ne pas le citer à chaque fois, j’ai oublié son nom. Mais eux, musicalement, ils sont plus proches de l’indus, avec des chants beaucoup plus death et screamé.
Musicalement, ils font de l’horreur au metal aussi, mais ce n’est pas dans le même style. Ce qui est intéressant, c’est qu’on peut jouer avec… En fait, on a joué avec des punks, on a joué avec des mecs qui ont fait de l’indus, du metal, du trash. À chaque fois, ça passe. Mais oui, j’essaie d’avoir un large panel musical, si tu veux. On n’essaye pas de s’enfermer. Même si cet album a plus de connotations glam, metal et sleaz, on ne s’est pas enfermé. Je ne vais pas dire « tiens, je vais composer dans cet esprit-là ». Non, non, non.
D’ailleurs, dans l’album, il y a une chanson qui est presque stoner, qui s’appelle Satan’s School for Lust, qui est vraiment presque comme du Danzig. Dans un esprit à la grand Danzig, à la Misfits. Donc nous, on ne s’interdit rien, en fait, musicalement, si tu veux. Donc après, l’album, il est fait comme ça parce-qu’il est arrivé comme ça, parce qu’il a été composé naturellement.
Si tu veux, il y a peut-être un instinctif dans cet esprit-là. On ne calcule pas. On ne va pas dire « tiens, ça, on va faire ça parce-que ça va marcher ». Non, non. Sinon, on ferait du metalcore ou je ne sais pas quoi. Tu vois, nous on sait que c’est 80s, on le sait. On le sait que c’est old school. De toute façon, on le revendique. Et puis, les gens qui se tournent vers notre musique, c’est parce-qu’ils veulent ça aussi. Et puis, ceux qui n’aiment pas, ils tournent le bouton et ils zappent.
Pozzo Live : Est-ce que vous avez déjà pu jouer l’album sur scène ? Est-ce qu’on va bientôt pouvoir venir vous applaudir quelque part ?
Fred « Sleazyz » : Oui, bien sûr. On a fait un festival, il n’y a pas longtemps, qui s’appelle Fertois Metal Fest. On a joué il y a un mois maintenant. La semaine dernière on a joué au Dropkick à Reims. La semaine prochaine, le 6 octobre, on organise un festival qui s’appelle le 3 Metal Fest, parce qu’on vient de Troyes. C’est la deuxième édition. Donc là, on va jouer le 6 octobre avec The Warm Lair, et avec Inward qui est en tête d’affiche.
On a la chance d’avoir Punish Yourself, qui font leur tournée d’adieu, qui jouent avec nous. Donc c’est une chance. On est super fiers et super contents de participer à cela. Donc après, on a deux dates aussi avec Super Horror, le groupe italien, avec qui on avait joué l’année dernière au Fertois. Une à l’Antipode, à Paris. On a aussi une date à Secret Place, avec High School Motherfucker.
Mais oui, on a une dizaine de concerts jusqu’à la fin de l’année. Ensuite, pour 2024, comme projet, ce qui est quasiment sûr, c’est qu’on va jouer avec Super Horror. Ils sont italiens et nous proposent de jouer avec eux à Milan. Et puis une autre ville aussi en Italie.
Donc ça sera en 2024. Et puis cette année, on a eu la chance avec ma femme, Pandemonium, d’aller au Monster of Rock Cruise. La croisière avec tous les groupes de glam de l’époque, des années 80. On a kiffé Total. Et puis on a fait un petit peu de prospection avec l’album. Et on a rencontré un ou deux tourneurs. Dont un prometteur, qui était assez intéressé par notre groupe. Et peut-être qu’on aurait l’occasion de jouer à New York. Mais bon, c’est vraiment un rêve de fou. Mais ce qui est plus sûr, c’est vraiment l’Italie avec Super Horror. Ça, c’est sûr qu’on fera un minimum de dates avec eux. On est assez contents, franchement.
Pozzo Live : Cela recoupe une question que j’avais prévu. Est-ce que vous aviez déjà joué à l’étranger par le passé ?
Fred « Sleazyz » : Justement, là ça va être la première fois avec les concerts en Italie. On serait contents franchement de faire évidemment l’Espagne, l’Allemagne, tout ça. C’est le truc qu’on veut faire, de toute façon.
C’est sûr que si on a la possibilité. Mais si on n’a pas de tourneur, on fait tout nous-mêmes. Donc c’est très, très difficile.
Pozzo Live : Est-ce que vous avez une passion ou un hobbie en dehors de la musique ?
Fred « Sleazyz » : La musique prend effectivement déjà beaucoup de temps. Mais bon, on adore quand même les films d’horreur avec ma femme. On regarde quasiment un film d’horreur tous les deux jours, si c’est pas elle tous les jours. Parce-que le soir, elle aime bien glander devant la télé, moi je suis plus à dormir. Mais c’est vrai qu’après une longue journée, moi comme je me lève super tôt je vais me coucher. Elle se lève un petit peu plus tard, et puis elle a travaillé plus tard le soir, donc elle aime bien regarder les films plutôt. Elle aime bien les films d’horreur. C’est vrai qu’elle, c’est une grosse, grosse fan des films d’horreur. Mais moi aussi, je suis un gros fan des films d’horreur. À nous deux, on doit avoir à peu près 400 ou 450 DVD à la maison. On s’est fait plaisir.
Quand on a été en Italie, on a été à Profondo Rosso. C’est un musée qui est fait pour Dario Argento. On a eu la chance de rencontrer Ludi Godi aussi. On est vraiment des gros fans de films d’horreur. Et puis moi personnellement j’aime bien aussi collectionner des petites figurines. J’ai Frankenstein, Robby le robot, l’étrange créature du Lac Noir, Jason, Freddy, le mec de Scream. Tout en petites figurines, les McFarlane. Et voilà, on est vraiment des fans de films d’horreur.
Pozzo Live : C’est peut-être difficile, mais un top 3 à donner ?
Fred « Sleazyz » : Bien sur ! On va dire, en troisième position, Il y a The Thing, évidemment de John Carpenter. Qui est pour moi un chef-d’œuvre, mais pas le remake, la version des années 80, qui est juste incroyable. Après, je mettrai en numéro 2 un classique, quand même, qui est vraiment sympathique, qui s’appelle évidemment Shining. Parce-que bon, c’est Kubrick et puis c’est Nicholson. Et le premier, pour moi qui reste quand même mon film de cheveux, Le retour des morts vivants. Voilà, 1985, Dan O’Bannon, enfin bon, super film. Et puis une bande-son incroyable dessus. J’adore les Romero aussi, évidemment, mais ça, c’est bien particulier, c’est bien punk, bien rock’n’roll.
Pozzo Live : Quel groupe ou artiste vous conseilleriez à Pozzo Live d’interviewer ensuite ?
Fred « Sleazyz » : Ça serait bien d’avoir Super Horror le groupe italien, qui est vraiment incroyable. J’ai découvert sur YouTube, et après ma femme les a contactés. Et comme il y avait le mec qui est le responsable du Fertois [Metal Fest], il les a fait jouer. Et puis là on a pu rejouer avec eux. Enfin bon Super Horror c’est un groupe à découvrir. Et puis pourquoi pas Porn, ou Warm Lair, les groupes avec qui on a tourné. Et puis sinon High School [Mother Fucker] est en train de travailler sur leur nouvel album. Porn a sorti son nouvel album, et Warm Lair aussi au début de l’année.
Interview réalisée à Paris le 29 septembre 2023. Retrouvez toutes nos autres interviews.