Qamelto a sorti son album Scotoma le mois dernier. Nous avons eu l’occasion d’échanger avec le bassiste Alexandre Foucault à propos de ce premier opus.
Pozzo Live : Pour nos lecteurs qui vous ne connaissent pas est-ce que vous pouvez vous présenter brièvement ?
Alexandre Foucault : Alors nous sommes un groupe qui s’appelle Qamelto. Nous sommes formés depuis 2019. On a sorti un premier EP qui s’appelle Sors, publié au moment du Covid. Il a été super bien reçu, mais on a été obligé de tous rester à la maison. Moi je suis arrivé dans le groupe depuis 2021. Et depuis on est sur les routes pour essayer de défendre cet EP qui avait déjà un an et demi en 2022. Là on a sorti le 15 mars dernier notre album Scotoma, notre premier album tous les quatre.
Ce que je n’ai pas dit également c’est qu’on vient de Clermont-Ferrand.
Pozzo Live : Comment est-ce que vous vous organisez pour l’écriture de cet album ? Est-ce qu’il y a une tête pensante majoritaire ou bien faites vous de sessions d’écriture à plusieurs ?
Alexandre Foucault : Alors la caution musicale, c’est Thomas [Hégay] le guitariste. C’est lui qui compose 90% des morceaux. Il est en binôme avec Raphaël [James], chanteur, qui écrit 80% des textes. Et généralement il y a une première mouture des morceaux qui sort par tous les deux. Quand ils sèchent à un moment donné, sur telle ou telle partie d’un morceau, il nous les envoie et on apporte des idées.
Ensuite on essaie de faire tout ça chez nous, en démo. On met tout en place, on répète, on voit ce qui marche ou pas, ce qu’on modifie. Puis on refait des démos et on repart en répète. C’est ce processus-là jusqu’à ce qu’il y ait le morceau qui soit quasiment définitif.
Pozzo Live : Que signifie le titre de ce nouvel album « Scotoma » ?
Alexandre Foucault : Scotoma, c’est une racine latine d’un mot qui est la scotomisation. Le mot scotomisation ça réfère à une maladie dont les gens qui ont en sont atteints sont dans le déni complets de la réalité. Et donc, la racine latine de scotomisation, c’est scotoma.
Cela donne aussi un autre mot qui est scotum. Et le scotum, c’est une tâche dans l’œil, une maladie aussi, qui rend la vision floue. Donc l’idée de cet album-là, c’est un format un petit peu spécial, puisque c’est un tableau. On a décidé de sortir un tableau, le CD se met sur le tableau, c’est une partie intégrante de l’objet, c’est pas une pochette de CD. Et l’illustration de l’album c’est une tâche de Rorschach. Concept qui est relativement connu en psychologie, quand on regarde, en fonction de ce qu’on y voit on a un profil psychologique. Et donc la boucle est bouclée. On a le côté psychologique, le côté visuel, le côté tâche. C’est la ligne directrice de cet album Scotoma.
Pozzo Live : Vous avez des titres satiriques, comme « La Plus Grosse ». D’où cela vous vient ? Cela peut dérouter de prime abord.
Alexandre Foucault : L’ensemble des thèmes abordés sont tirés de la vie de tous les jours, finalement. « La plus grosse », si on parle de cet exemple-là, on connaît tous quelqu’un qui est comme ça, qui a mieux que tout le monde. Et on n’est pas comme beaucoup de groupes de rock français, vraiment dans la dénonciation politique. On a nos idées, notre parti pris, mais qu’on essaye de le décrire différemment.
Tu dis satirique, mais c’est pas vraiment satirique. C’est plutôt une histoire un peu rigolote de quelqu’un qu’on connaît tous. On ne vise pas quelqu’un en particulier. Donc l’idée, c’est de faire quelque chose de sérieux, sans se prendre au sérieux. Et on a tourné le clip de cette chanson-là qu’on a sortie le 15 mars, en même temps que la sortie de l’album, qui est complètement dans ce sens-là.
Pozzo Live : Votre album comporte dix titres, quand les artistes ont maintenant tendance à en mettre 15 ou plus. Vous êtes vous limité pour ne pas surcharger l’auditeur ?
Alexandre Foucault : On a fait le choix de pas faire un album qui n’est pas trop long, car aujourd’hui avoir l’attention des gens c’est compliqué. Et donc ce n’est pas tant sur le nombre de titres que sur la durée globale de l’album, qui est d’une cinquantaine de minutes. Aujourd’hui la consommation de la musique, c’est peut-être un peu moins vrai dans le rock, on est plutôt sur de la consommation des titres. Ce sont des titres dans des playlists, et c’est du scroll de titres.
L’idée n’était pas de sortir un album, effectivement, de 15 titres qui fait une heure et demie. Parce-qu’en fait, on n’a pas une heure et demie d’attention de gens. C’était vraiment un choix de pas faire trop long. On n’a pas coupé dans des démos en disant « non non, faut pas la mettre parce que l’album est trop long ». C’était vraiment un choix de dire « bon on s’arrête là ! ».
Pozzo Live : Cela recoupe une question que je pose régulièrement. A savoir est-ce que les plateformes de streaming poussent vers la fin du format album ?
Alexandre Foucault : C’est une vraie question qu’on s’est posée. Déjà entre nous, est-ce qu’on le sort en physique, ou pas ? Est-ce qu’on ne le sort qu’en numérique ? Il y a quand même beaucoup de gens en concerts qui nous disent « on veux bien acheter votre album pour vous soutenir, mais on n’a rien pour l’écouter ». Le sortir en physique, c’est quand même cool. Donc on s’est demandé comment est-ce qu’on peut faire pour que les gens puissent nous soutenir véritablement avec un objet ?
Nous voulions leur donner un vrai objet et pas que ça finisse en sous-boc ou dans une étagère sous blister. On cherchait un objet taille-vinyle, parce-que c’est ce qu’on nous demande. Alors, on ne sortira pas de vinyle, parce-que l’album est un tout petit peu trop long. Il aurait fallu retirer une chanson, sinon ça fait un double vinyle. Et c’est très cher à produire, donc l’idée n’était pas viable. Nous nous sommes donc dit qu’on allait sortir des sentiers battus et faire un tableau. On a deux chansons dans l’album qui s’appellent Lunia… et … Amédée. C’est l’histoire d’amour entre un peintre et sa muse. Comme nous avions cette ligne un peu directrice, on a pensé à sortir un tableau tout simplement.
Et donc, pour répondre à ta question, pour nous le sortir en format physique c’était important encore. Pour la suite, on se pose véritablement la question de savoir si on ressort un physique ou pas. Je pense qu’on se dirige gentiment vers de la sortie de single. De toutes façons par rapport à l’album Scotoma, on l’a certes sorti en physique, mais l’idée est de sortir les clips des autres chansons. En plus des trois premiers singles sortis. Cela afin d’avoir une actualité et faire vivre l’album jusqu’à l’année prochaine, en mars/avril 2025. C’est ce qui se fait de plus en plus. Et pour la suite, pour les nouveaux morceaux, on partira peut-être plutôt sur le single.
Pozzo Live : Vous chantez en français. Est-ce que vous vous êtes posé la question de chanter en anglais ? Est-ce une possibilité future ?
Alexandre Foucault : Le projet Qamelto, c’est du français. C’est une volonté de chanter en français. Des groupes qui chantent en anglais,
il y en a plein. Les anglais qui chantent en anglais et qui font du rock, il y en a plein. Ils le font mieux que nous.
Nous, en France, on a beau être persuadés d’avoir un super accent anglais, ce n’est pas toujours le cas. Il y en a qui savent très bien le faire. Ce n’est pas péjoratif ce que je dis, mais on leur laisse la place. Nous, notre créneau, c’est le français.
À tel point qu’on a fait deux reprises en français. Une reprise de Bon Jovi, de Living on a Prayer, qu’on a refait en septembre. « Vis au son des prières« . Plus récemment, il y a le groupe Extreme qui a sorti son nouvel album avec un single nommé Rise. Et le guitariste Nuno a organisé un concours pour fêter la sortie de leur single. Ils ont dit « Faites-vous plaisir, vous la reprenez. Et puis nous on vous répondra, on partagera si ça nous plaît ». Donc on a pris le parti, encore une fois, de jouer non pas Rise,
mais Vole, en français. Et c’est vraiment ça qu’on aime. C’est le rock en français.
Mais, c’est vrai que c’est une question qui se pose. Parce-que souvent, quand on fait du rock un peu lourd, qui tire des fois un peu vers le métal, c’est vrai qu’on n’a pas forcément l’habitude d’entendre le français dans ce style-là. C’est vraiment ce qu’on veut défendre, c’est la langue française avec toute sa richesse de vocabulaire. On n’est pas non plus dans l’idée de vouloir faire de la poésie, comme pourrait le faire Brassens par exemple. C’est une plume qui est très particulière. On est plutôt dans des punchlines, dans du vocabulaire peut-être un petit peu plus direct, moins imagé, moins métaphorique. Mais je pense qu’il y a une place et que ça marche très bien. Et on a des très bons retours donc poursuivons !
Pozzo Live : Est-ce que vous avez déjà pu jouer l’album sur scène ? Est-ce qu’on va bientôt pouvoir venir vous applaudir quelque part ?
Alexandre Foucault : Est-ce qu’on a déjà joué l’album sur scène ? Oui, on a eu la release party le 2 mars dernier à La Puce à l’Oreille à Riom, chez nous dans le Puy-de-Dôme. C’était incroyable, c’était une de nos meilleures dates. Parce-qu’on a fait un financement participatif pour la création de cet album, et ça faisait partie du rendez-vous pour nous. On a pu présenter l’album aux gens. C’était un moment d’échange pour pouvoir donner les contreparties, CDs, tableaux, etc.
On a eu la chance d’avoir pas mal de featuring sur l’album et d’avoir une grande partie des gens qui interviennent sur l’album, qui sont venus jouer en live avec nous. C’était une grande chance, un super moment de partage. Ça ne se fera pas sur toutes les dates, bien évidemment, c’était la release party. Mais c’était une super expérience, un super concert.
C’était la première fois qu’on jouait certains morceaux en live. Du coup, ça lance notre saison. En octobre, on a une quarantaine de dates dans toute la France. Vous pouvez venir nous voir en France jusqu’en octobre. Ça sera avec grand plaisir. C’est le début de la saison. On est en train de les jouer, de roder tranquillement, mais ça marche très bien. C’est très bien préparé, on est prêts. Vous pouvez venir nous voir, ça sera cool !
Pozzo Live : Est-ce que vous avez une passion ou un hobbie en dehors de la musique ?
Alexandre Foucault : C’est notre métier, donc effectivement ça prend le temps que ça doit nous prendre. Je vais simplement parler pour Raph [James]. Il est prof de capoeira. La capoeira, c’est une activité très importante dans sa vie. Il va faire des déplacements à l’international, il revient du Brésil. Pour moi, c’est le sport. Les autres se foutent de ma gueule, mais je suis badiste. Et je ne parlerai pas au nom de Thomas et Jérémy [Hegay, deux frères], ils te diront d’eux-mêmes.
Pozzo Live : Quel groupe ou artiste vous conseilleriez à Pozzo Live d’interviewer ensuite ?
Alexandre Foucault : On a un groupe de copains qui fait du rock français aussi. Ils sont de Toulouse-Montauban, et s’appellent Bazar Bellamy. C’est beaucoup plus pop, pas du tout le même délire. Mais Georges, M. Georges le chanteur, a une plume incroyable.
Et nous, on adore tous. C’est vraiment très bien fait. Musicalement, c’est vraiment très chouette. C’est complètement un univers dans lequel tu rentres aisément, qui est très bien composé. On recommande vraiment chaudement !
Il y a les copains de Hey! Fantôme aussi, qui sont de par chez nous, qui font du pop punk. C’est des petits jeunes, ils le font super bien, c’est frais, ça joue bien, ça chante bien. Vraiment très énergique, c’est cool.
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