Neck Deep était de passage au Hellfest pour cette édition 2024. L’occasion de discuter avec le chanteur Ben Barlow et le batteur Matt Powles.

Pozzo Live : Bonjour et bienvenue au Hellfest ! Comment ça va ?

Ben Barlow :  Chaudement. On s’amuse bien. On crève de chaud, mais c’est super, c’est génial !

Pozzo Live : Vous avez de la chance, hier il pleuvait ! C’est mieux avec le soleil. Même s’il fait chaud, ce n’est pas le Hellfest le plus chaud qu’on ait connu. Connaissiez-vous le Hellfest avant d’y être programmés ? Savez-vous qu’avant de s’ouvrir récemment au pop-punk, à l’étonnement général, le Hellfest était très axé metal ? 

Matt Powles : On en avait entendu parler., on savait que c’était un gros festival de metal. Il est très réputé.

Ben Barlow :  Le père de ma femme est un gros fan de metal et il rêve de venir ici. C’est fou qu’ils aient ouvert le festival à des groupes comme nous. On s’amuse beaucoup, vivre l’expérience d’être ici, c’est génial.

Matt Powles : C’est cool qu’ils aient ouvert à plus de groupes, ça va inciter encore plus de monde à venir.

Ben Barlow :  Tant que ça reste dans un style rock ou hard rock, je pense que c’est super. Ça reste alternatif donc c’est le principal. On voit plein de festivals qui étaient des festivals de rock au départ, et qui deviennent de plus en plus commerciaux au fil du temps. Je pense que le Hellfest ne fera pas, donc ça reste un bon équilibre.

Pozzo Live : Est-ce que vous appréhendiez ce concert dans un festival de metal ?

Ben Barlow : On a enlevé nos chansons plus calmes de la setlist, et on a choisi un set plus rapide, plus énergique. C’est ce qu’on préfère de toute façon ! Mais on savait que c’était préférable.

Matt Powles : En jouant nos hits, et les chansons plus rapides, il y a plus d’énergie.

Ben Barlow :  L’énergie est similaire à un concert heavy de toute façon. Un peu moins de shred, mais tout aussi énergique et tout aussi fun !

Pozzo Live : Après vous, sur la même scène, il y avait Simple Plan, et la foule était pleine ! 

Matt Powles : C’est parce qu’ils parlent français

Pozzo Live : Malgré tout c’était très étonnant de les voir annoncés au Hellfest. J’en suis très content à titre personnel, mais c’était un peu inattendu également.

Ben Barlow : Simple Plan ont des chansons plus légères que les nôtres. Mais le fait qu’ils aient rassemblé une telle foule, c’est une preuve que tout le monde aime secrètement le pop punk. Même les plus gros fans de metal peuvent apprécier Blink [-182], The Offspring ou Sum 41. Je pense que secrètement, tout le monde a été fan de pop punk en étant plus jeune !

Pozzo Live : Vous avez sorti votre récent album, Neck Deep, il y a 6 mois. Êtes-vous satisfait des retours jusqu’à présent ? 

Matt Powles : Définitivement !

Ben Barlow : Certains fans ont dit qu’on était revenu aux sources. Je ne pense pas qu’on s’était vraiment éloigné de ce qu’on fait depuis nos débuts, mais c’est vrai qu’on a un peu étendu nos horizons par le passé. Donc on se remet à écrire des chansons pop punk, ce qu’on a toujours fait, et on a fait l’album nous-même.

Matt Powles : Qu’on ne s’y méprenne pas, le monde a traversé des périodes étranges et a beaucoup évolué en termes de goûts, de musique, de développement et tout.

Ben Barlow : Je pense que revenir avec un album fun et énergique, c’est ce que les fans voulaient. On en est très contents, il y a beaucoup de chansons qui rendent super bien en live. Aujourd’hui d’ailleurs, on a principalement joué des nouveaux morceaux et ça s’est super bien passé. C’est toujours plutôt bon signe, et c’est ce qu’on veut faire : continuer à faire de la musique qui plait à nos fans et rester authentiques, en espérant que ça plaise. En tout cas, je pense que c’est ce que représente ce dernier album. Ça nous permet de continuer à évoluer !

Pozzo Live : C’est cool d’entendre ça ! On l’a dit votre album est éponyme. Est-ce que vous avez envisagé de donner également le même nom à une chanson ? 

Ben Barlow : Appeler une chanson Neck Deep ?

Matt Powles : Comme les intros de The 1975. A chaque fois, dans chaque album, ils ont une chanson qui s’appelle The 1975.

Ben Barlow : Je crois que Cro-Mags en on une aussi. Je crois que pas mal de groupes l’ont fait. On pourrait le faire.

Matt Powles : Ou on pourrait appeler une chanson « Neck Deep Part Two », et tout le monde se demandera «Où est la Part One ? ». Et nous on dira « Elle n’est jamais sortie ! ». Ca m’amuserait de faire ça pour rire. De façon générale, on ne se prend pas trop au sérieux, donc si on peut le faire pour la blague, ça serait marrant.

Pozzo Live : Vous avez sorti 4 morceaux sous la forme de singles avant la sortie de l’album, quasiment la moitié. Est-ce que vous pensez que les plateformes de streaming poussent vers la fin du format album tel qu’on le connait ? 

Ben Barlow : Je ne pense pas que ça soit la fin du format de l’album. Je pense que beaucoup d’artistes essaient de sortir des albums vraiment complets, mais la stratégie a changé maintenant. Je pense que c’est très lié au fait que la capacité de concentration des gens est de plus en plus courte. Les albums ne tiennent plus deux ou trois ans. Ils durent environ un an. Les singles ne durent plus six mois, ils durent un mois, tout au plus, puis les gens passent à autre chose.

On a sorti Heartbreak of the Century et Shut The Fuck Up bien avant l’album. Au final, Shut The Fuck Up n’est même pas sur l’album parce-qu’on a attendu trop longtemps. Le truc, c’est qu’on bosse sur l’album, mais qu’on doit quand même sortir quelque chose en attendant. Beaucoup de groupes font ça maintenant. Bring Me The Horizon font ça. Je pense que ça peut être lié à plusieurs choses, mais je pense que les plateformes de streaming ont vraiment réduit la capacité de concentration des gens. C’est aussi parce que les plateformes fournissent continuellement de la musique. Ecoute des tas de musiques différentes n’est pas une mauvaise chose ! Mais il faut jouer le jeu.

Matt Powles : Je pense que c’est dû à plein de choses. D’un autre côté, du point de vue d’artiste, on peut sortir plusieurs singles au cours d’une seule année. On peut projeter comment on veut être perçu pour chaque single individuellement, alors qu’un album doit avoir une identité qu’on veut lui associer, alors que les singles peuvent différer en cours de route.

Ben Barlow : On voit beaucoup d’EP, mais je pense que l’album n’est pas aussi puissant qu’il l’a été, même s’il le reste quand même, surtout si c’est un bon album.

Matt Powles : Comme le nouvel album de Bring Me The Horizon par exemple. Le dernier album de Bring Me a vraiment eu de l’effet sur moi. Il y a tout le concept de jeu vidéo, l’esthétique, un thème, tout ça. Un album avec un tout un concept complet comme ça, c’est pour moi la forme la plus forte d’un album !

Ben Barlow : Oui, ils ont fait quelque chose de super complet et ça rend super bien. En ce moment, tout le monde parle du nouvel album de Charlie XCX, pareil, c’est un album super complet, qui a une véritable identité en termes de sonorités. Je pense que la façon dont tout ça est géré a beaucoup changé, surtout si vous êtes Taylor fucking Swift, et que vous sortez des albums tout le temps, vous restez en tête de l’algorithme tout le temps. C’est une façon de s’assurer que votre musique est jouée tout le temps. C’est le jeu, c’est comme ça. Ça serait cool si les plateformes de streaming rémunéraient plus les artistes. Ça serait vraiment bien, parce qu’actuellement, ça n’a aucun sens.

Matt Powles : Ça leur laisserait plus de temps pour bosser sur leurs albums !

Ben Barlow : Oui, la façon dont ils calculent les albums n’a aucun sens. Et la paie qu’en tirent les artistes est ridicule, à moins d’être un artiste énorme et de pouvoir conclure un marché avec eux. Autrement, ils la mettent à l’envers à tous les plus petits artistes.

Matt Powles : On en parle tout le temps. C’est vraiment naze… Mais voilà, c’est le jeu, qu’on l’aime ou qu’on le déteste…

Pozzo Live : Est-ce que lors de l’écriture d’un morceau vous réfléchissez déjà au rendu live de celui-ci ? 

Ben Barlow : Oui, clairement. On pense toujours au concert. C’est sûrement l’une de nos préoccupations principales, de se demander ce qu’un morceau va rendre en live. Parfois, on a raison et parfois on se plante. Et parfois, on est surpris !

Matt Powles : Parfois, certains morceaux ressortent différemment de ce qu’on avait prévu.

Ben Barlow : Parfois, on est surexcités pour un morceau en studio parce qu’on joue super fort. On se dit « C’est un truc de fou ». Et quand on le joue en live, on réalise que finalement c’est un morceau plutôt calme.

Pozzo Live : Est-ce qu’il y a un endroit inédit où vous aimeriez jouer ? 

Ben Barlow : On a joué à pleins d’endroits différents. On a joué pas mal en Asie. Mais dans les endroits où on n’est jamais allé, je pense que j’aimerais des endroits plutôt exotiques !

Matt Powles : Avant qu’il se passe tout ce qu’il y a maintenant, je voulais vraiment jouer en Russie.

Ben Barlow : Il était prévu qu’on joue lors d’un gros festival en Russie avec Mike avant que tout tombe à l’eau. Ça aurait été un festival énorme !

Matt Powles : Je mentirais si je ne vous disais pas que j’adorerais jouer en Chine, aussi.

Ben Barlow : Oui, j’aimerais aller en Chine aussi pour voir ce que ça donne là-bas. On a eu quelques opportunités de jouer là-bas, mais ça ne s’est pas fait finalement. Honnêtement, juste pour le fun, j’aimerais jouer en Inde ou un pays du genre. Ou en Afrique du Sud. Je pense que l’Afrique du Sud ça serait dingue !

Matt Powles : L’Afrique du Sud ça serait un truc de malade.

Ben Barlow : C’est sûr qu’on pourrait jouer là-bas. Je pense que ça serait chouette et que ça me plairait. N’importe où en Afrique d’ailleurs. Mais il y a plein de groupes qui ont joué en Afrique du Sud et c’était génial.

Pozzo Live : En dehors de la musique quelles sont vos passions ou hobbies ? Même si la musique prend beaucoup de temps.

Matt Powles : J’ai beaucoup suivi le foot, donc c’est devenu une grosse partie. [Se tourne vers Ben] Tu aimes bien le vélo et le skate… ?

Ben Barlow : Le skate, l’art par-ci par-là. J’aime bien faire des graffiti. J’aime bien dessiner des conneries ! Ma femme est tatoueuse, donc j’adore les tatouages. J’adore la culture du tattoo, me fait tatouer. Et oui, le skate est une grosse partie de ma vie.

Matt Powles : J’ai commencé la course, l’escalade, et j’aimerais en faire plus.

Ben Barlow : On adore les jeux vidéos ! On joue tous à Elden Ring dans le bus en ce moment, avec l’extension.

Matt Powles : En vieillissant, je comprends aussi les gens qui aiment le golf. Je comprends vraiment ! En grandissant, je détestais le golf. Mais maintenant que je suis plus vieux, je comprends pourquoi les gens aiment ça.

Ben Barlow : J’ai commencé à jouer à un jeu vidéo de golf sur la tournée, et après j’ai commencé à jouer au golf.

Matt Powles : Et puis ça renvoie juste l’idée d’une bonne journée, de marcher sur le terrain, jouer… J’adore le golf et le mini-golf. Mais ça coute cher.

Pozzo Live : Quel groupe ou artiste vous conseilleriez à Pozzo Live d’interviewer ensuite ?

Ben Barlow : High-Vis sont cool. Scowl sont cool. One Step Closer. Il y a tellement de nouveaux groupes qui émergent et avec qui ça serait génial de parler. Donc tous ceux que j’ai mentionnés ! Dying Wish, Drug Church, Military Gun. Tous ces gars-là se démarquent ! Le hardcore se développe beaucoup en ce moment. Sinon, en termes d’idoles… Vous devriez interviewer Sum 41, parce que Dave est super cool, et Derek aussi.

Matt Powles : Lars Ulrich !

Ben Barlow : Oh oui, Metallica ont joué hier soir !

Matt Powles : Je n’avais pas vu que Machine Head étaient en tête d’affiche du vendredi. Robb est un mec vraiment génial.

Ben Barlow : Je n’aimais pas trop Machine Head quand j’étais petit. On me forçait. Et finalement j’en suis content ! Moi je reste sur Sum 41.

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