Les maîtres de la dissonance Ulcerate et leur univers unique ont fait une halte au Warmaudio de Lyon en compagnie des bretons de Fange. Un plateau à part il faut le dire avec deux groupes qui naviguent dans des eaux que peu d’autres empruntent. Immense merci à Moonfog production, qui a permis cette date, et de m’avoir invité à vivre un moment hors du temps.

D’abord, Fange.

Personnification du Sludge, à l’haleine chargée de Death metal, guidé par une boîte à rythme aussi rugueuse qu’acharnée. Sur scène, les quatre musiciens semblent enfermés dans une bulle de verre, que nous observons depuis l’extérieur. Sous les lumières, une flaque de sueur s’accumule sur les planches, tandis que Matthias semble littéralement se vider d’une bonne partie de l’eau de son corps.

Le groupe est habité, presque en transe, et leur monde semble flotter quelque part entre la salle et un ailleurs insondable. Leur musique, brute et sans détour, nous happe dans un tourbillon sonore fait de rage et d’une énergie visiblement intarissable. Chaque note frappe, chaque mouvement est une traduction physique de cette intensité qui les anime. Puis, au terme du set, Matthias quitte la scène sans un mot, traversant calmement le public, sonnant la fin de cette ouverture.

Ulcerate investit la scène avec une sobriété qui dissimule une virtuosité instrumentale rare. Le trio néo-zélandais maîtrise l’art de la dissonance et des rythmiques labyrinthiques, témoignant d’une précision redoutable. Leur dernier opus, Cutting the Throat of God, constitue ce soir la pièce maîtresse de leur set, un choix sans équivoque pour démontrer l’étendue de leur palette sonore. Jamie Saint Merat, sans conteste un batteur exceptionnel sur la scène actuelle, impose son style derrière les fûts avec une rigueur et une finesse qui captivent dès les premiers coups.

Sur le plan scénique, Ulcerate reste plus sobre Fange, mais leur impact repose ailleurs : une intensité presque mystique s’impose peu à peu, envahissant l’espace et subjuguant un public envoûté. La salle est pleine, et chacun semble venu célébrer la rare venue de ce trio unique, dont les passages chez nous sont de véritables événements.

Bien que leur set soit majoritairement centré sur les compositions de leur dernier album, Ulcerate n’en oublie pas pour autant d’inviter le public à explorer d’autres opus marquants de leur discographie. Des morceaux issus de Stare into Death and Be Still résonnent ainsi dans l’obscurité : Dissolved Orders, Drawn Into the Next Void, et le titre éponyme ajoutent une profondeur supplémentaire à la performance. Enfin, c’est avec une version magistrale du titre Everything is Fire que le groupe nous offre une conclusion, ramenant nos esprits quinze ans en arrière.

Un grand merci à Ulcerate pour ce moment inoubliable. Moonfog, des soirées comme celle-ci, c’est quand vous voulez !

Setlist :

To Flow Through Ashen Hearts
Drawn Into the Next Void
Further Opening the Wounds
The Dawn Is Hollow
Dissolved Orders
Cutting the Throat of God
To See Death Just Once
Stare Into Death and Be Still
Encore:
Everything Is Fire

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