Holding Absence était de passage au Slam Dunk 2024 à Lyon. Nous en avons profité pour échanger avec le bassiste Benjamin Elliott.
Pozzo Live : Bonjour, comment allez-vous ? Le voyage a été bon ? Première fois à Lyon ?
Benjamin Elliott : Ça va super, content d’être là. Le voyage s’est super bien passé, on était dans un hôtel à trente minute de route les deux dernières nuits, on y est allé vraiment tranquille. Donc oui, ça fait plaisir d’être ici et je crois, pour être honnête, que c’est ma première fois à Lyon.
Pozzo Live : Votre troisième album est sorti il y a près d’un an. Avec le recul, êtes-vous satisfaits des retours des fans et de la presse ? Le troisième album est souvent considéré comme un challenge pour se confirmer, est-ce que c’est le cas ?
Benjamin Elliott : Oui, on est tous très contents de l’accueil qu’a reçu le troisième album, surtout parce qu’on a voulu surenchérir sur le son et le succès qu’on a déjà eu avec l’album éponyme et The Greatest Mistake [of my Life]. On a tous un peu grandi en écoutant des groupes qui ont sorti un album qui a très bien marché puis ont tout de suite dévié sur un son différent. On voulait mettre de côté l’expérimentation et trouver diverses inspirations, on voulait donner un peu plus de ce qui avait déjà fonctionné avec The Greatest Mistake, donc The Noble Art, je pense que ça résume bien cette approche. Nous sommes restés là où on est bons et je pense qu’on l’a ressenti à travers les retours donc ouais, on est très contents.
Pozzo Live : J’en parle souvent en interview mais j’ai remarqué que vous n’aviez sorti que deux singles avant la parution de l’album. C’est assez différent de ce qui est la norme aujourd’hui dans l’industrie, puisqu’en général la moitié de l’album sort en avance. Est-ce que c’était un effet que vous recherchiez, de garder le plus possible de secrets ?
Benjamin Elliott : Oui, vous avez totalement raison. C’est quelque chose de très commun en ce moment, de sortir autant de singles que possible pour toujours avoir quelque chose à promouvoir. Nous, on est tous un peu à l’ancienne. On aime l’idée que l’album soit un peu un genre de surprise, que les gens puissent l’écouter de bout en bout d’un coup.
Personnellement, on écoute tous les albums du début à la fin donc ça nous a beaucoup influencé dans notre choix de garder l’album un peu hors d’atteinte, invisible, jusqu’à ce que tout soit prêt à sortir. C’était un peu compliqué de trouver l’équilibre, bien sûr, parce que notre label et le public voulaient que des singles sortent pour pouvoir mettre l’album en avant, mais on a réussi à trouver le juste milieu. Mais c’est vrai, on a décidé de garder autant que possible l’idée d’album à sortir, plutôt qu’un gros “assortiment de single”.
Pozzo Live : C’est plutôt bien, parce que parfois on connaît déjà tout l’album, à l’exception d’une ou deux chansons.
Benjamin Elliott : Tout à fait, et l’album sort et il n’y a plus grand chose à découvrir.
Pozzo Live : Vous avez dû annuler plusieurs concerts à l’automne et les reporter à Mars par exemple pour la France, notamment à cause de problèmes vocaux du côté de Lucas. Est-ce que tout va bien maintenant ?
Benjamin Elliott : C’est un processus qui est en cours, mais globalement on n’aime pas annuler de concerts, mais la raison la plus courante c’est quand ça touche à la voix de Lucas, on préfère le faire de manière préventive. Parfois il faut savoir écouter sa voix et son corps pour savoir quand annuler un concert pour pouvoir en sauver cinq autres au final, alors que si tu continues sur ta lancée en forçant, tu pourrais devoir annuler un mois entier.
Donc on doit toujours s’écouter et trouver l’équilibre entre le succès à long terme, la durabilité du groupe, et l’aspect à court terme en se forçant pour les concerts en étant malade ou avec des problèmes vocaux et risquer plus gros. C’est le pire scénario pour nous, donc on essaie de ne pas prendre trop de risques quant à la voix de Lucas.
Pozzo Live : Est-ce que tu aurais des conseils ou une méthode pour prendre soin de sa voix (plutôt pour Lucas en l’occurence), mais aussi de son corps et de sa santé en tournée ?
Benjamin Elliott : C’est une bonne question. Notre meilleur conseil c’est de se ménager et de comprendre ses limites. Heureusement, aucun de nous n’est très porté sur la boisson ou ce genre de choses. On aime faire la fête de temps en temps, mais monter sur scène en ayant la gueule de bois ou ce genre de chose, c’est vraiment se compliquer la tâche pour la semaine. Je pense qu’un bon conseil c’est juste d’y aller doucement, de se ménager, de ne pas trop manger ni trop consommer d’alcool ou de choses de ce genre. On prend tous des vitamines comme si ça allait nous aider à ne pas tomber malade, on les prend tous les jours.
Quand on est en tournée en van, comme ça, ça peut être compliqué parce qu’on doit arriver à l’hôtel et parfois en repartir à peine quelques heures après. Il faut se reposer dès qu’on peut et autant qu’on le peut. Lucas dirait la même chose, mais pour la voix c’est encore plus nécessaire de dormir et se reposer autant que possible et d’être en ‘vocal rest’ (= repos de la voix). Ça peut être un peu ennuyeux, mais au final on est dans les vans avec nos airpods et on regarde des séries, on n’est pas à se crier dessus ou parler sans cesse. Il faut faire ce qu’on peut pour se ménager.
Pozzo Live : Oui, parfois il vous faut votre propre espace. Vous êtes très souvent ensemble.
Benjamin Elliott : Complètement. On est un peu cloîtrés. Ce van est assez grand et c’est cool, mais quand on y est à neuf, c’est tout petit. Il faut comprendre l’espace personnel de chacun et respecter le désir de solitude des autres, même quand on ne peut pas l’être physiquement. Ça fait aussi partie des choses qui aident mentalement et physiquement, pour être honnête.
Pozzo Live : Vous avez désormais joué dans de nombreux types de salles, sauf dans des stades peut-être. Est-ce que vous préférez les petites salles intimistes, ou les grandes arenas avec des milliers de personnes ?
Benjamin Elliott : C’est une bonne question, parce qu’il y a de nombreux pour et contre pour chacune des possibilités. Les concerts en arena ou en festival ont toujours de très bonne ressources ; pour charger, décharger, l’équipe technique, le catering, toutes les parties cool. Mais on peut être sur la scène et avoir 10 mètres entre nous et la barrière et on n’obtient pas du tout le même genre d’atmosphère sur ce genre de scènes. Donc je dois dire que mes salles préférées sont celles qu’on dit “taille Academy” au Royaume-Uni, ce qui est d’environ 800-1000 et jusqu’à environ 1500 personnes. Je pense que là on a le meilleur des deux mondes, parce que c’est assez petit pour avoir une bonne ambiance mais aussi assez grand pour avoir des choses confortables, comme une bonne situation pour charger le matériel, des trucs comme ça.
Pozzo Live : A vrai dire, mes deux salles Parisiennes préférées font à peu près cette taille.
Benjamin Elliott : Je pense qu’en tant que spectateur également, tous les meilleurs concerts que j’ai pu faire – au niveau du son – étaient dans des salles d’environ 1000 personnes. J’ai trouvé de la bonne qualité de son dans de petites salles et également dans de plus grands festivals, mais je pense que la plupart du temps, ces salles d’à peu près 1000 personnes sont celles où il y a le meilleur son.
Pozzo Live : Est-ce qu’il y a un lieu dans lequel vous n’avez pas encore joué et que vous aimeriez découvrir ; une salle, un festival, un pays en général ?
Benjamin Elliott : Il faut le dire, jouer au Brésil ça doit être quelque chose. On peut le voir sur les réseaux sociaux, ils ont toujours super envie de voir des artistes. Même si ce n’est pas tout à fait le Brésil, on a fait notre premier concert au Mexique, à Mexico – ce qui n’est pas tout à fait l’Amérique du Sud – mais on était quand même proches géographiquement et on a pu sentir qu’ils ne reçoivent pas de groupes aussi souvent qu’ils le devraient et que chaque concert est une grande occasion. Bring Me The Horizon vient d’annoncer des stades au Brésil et je pense que c’est définitivement quelque chose qu’on voudrait tous faire à un moment ou un autre, voir par nous-mêmes ce que c’est la scène musicale live au Brésil.
Pozzo Live : Pas mal de groupes disent que le public Sud-Américain est assez dingue.
Benjamin Elliott : Oui, il y a beaucoup d’énergie là-bas.
Pozzo Live : Est-ce qu’il vous arrive d’écrire en tournée ?
Benjamin Elliott : On ne le faisait jamais avant, parce qu’on était toujours trop occupés ou distraits, mais récemment on s’en sort plutôt bien, surtout Lucas qui a un nouvel ordinateur. Il s’est vraiment mis à fond dans l’écriture et la création de demos, je l’ai vu écrire énormément sur les deux dernières tournées et sur nos voyages, même dans l’avion pour aller en Amérique, etc. Mais globalement non, on écrit plutôt chez nous, individuellement et en groupe, dans le confort de nos foyers. Je pense que c’est là qu’on est les meilleurs pour explorer toutes nos idées.
Pozzo Live : Maintenant que vous avez sorti trois albums, comment est-ce que vous arrivez à créer une bonne setlist, avec autant de chansons, d’autant plus pour un concert comme celui-ci où vous ne jouez pas un set complet ?
Benjamin Elliott : Pour chaque setlist que l’on fait, on pense au concert, à l’occasion pour laquelle on le joue. Par exemple, un concert comme le Slam Dunk France, on sait qu’on ne joue pas tant que ça en France. C’est un gros show ce soir, on attend beaucoup de monde mais on sait que de nombreuses personnes dans la salle ne nous connaîtront pas, donc on va faire principalement notre top 5 Spotify et – peut être que ça a l’air ennuyeux – mais on utilise des données de ce genre pour se décider.
Ce n’est pas qu’une question de chiffres, on préfère jouer certaines chansons que d’autres parce qu’on pense par exemple qu’elles fonctionnent mieux et qu’elles dégagent plus d’énergie en live, mais oui c’est un mix de ce qu’on ressent personnellement, comment on apprécie notre set, et de ce qui fonctionne bien auprès du public. Il y a une raison qui fait que ces 5 chansons se sont retrouvées au sommet au niveau streaming, donc on essaie de faire de notre mieux, surtout quand il s’agit d’un public nouveau comme aujourd’hui.
Pozzo Live : Est-ce que vous avez des passions ou des hobbies en dehors de la musique ?
Benjamin Elliott : En dehors de la musique ? Je pense que je peux répondre pour tous les membres du groupe. Moi, j’adore jouer aux jeux video. Je suis un immense fan de jeux, mais pas en ligne, plutôt des campagnes. Je joue à Fallout 4, Skyrim, j’aime beaucoup les gros RPG. J’ai complété Elden Rings récemment, c’était affreux. Le dlc est sorti hier et je me suis dit que je n’allais pas m’infliger ça, mais je pense que quand la tournée sera terminée je vais finir par le télécharger et briser à nouveau ma manette [Rires].
Pozzo Live : J’y ai joué une demi-heure et j’ai arrêté.
Benjamin Elliott : Ouais, honnêtement, c’est horrible. Je ne m’en suis sorti que grâce à Youtube, en suivant d’autres gens qui m’ont aidé à aller au bout du truc. Scott, lui, il aime beaucoup de choses. En ce moment son grand truc c’est la F1, donc il regarde les grands prix, il lit des articles en ligne sur le drama en coulisses. Lucas, il écrit de la musique, il aime dessiner, il adore les animes et les comics en ce moment, donc il a toujours le nez dans un manga ou une BD différente. Et enfin Greeno aime le fitness, récemment il a beaucoup fait de vélo sur son temps libre, des choses comme ça. Il aime aussi le café, c’est un peu le plus actif du groupe.
Pozzo Live : Dernière question et pas des moindres, c’est la même pour chaque interview : qui Pozzo Live devrait interviewer après vous ?
Benjamin Elliott : C’est une super question. Je pense… Il y a ce groupe que j’aime beaucoup musicalement et l’interview serait intéressante, si vous avez un jour la chance d’interviewer Baby Metal, je pense que ce serait une bonne interview. J’aimerais beaucoup les rencontrer et leur parler, personnellement.