Plus qu’un concert, c’est un mini-festival que nous propose Sepultura ce soir pour célébrer ses 40 ans de carrière. Veryshow a mis du très, très au programme : Jesus Piece, Obituary, Jinjer, et bien sûr les vétérans brésiliens.

JESUS PIECE

Sepultura 40 ans Jesus Piece

Le groupe de Philadelphie a la dure mission d’ouvrir le concert à 18h, heure précoce pour un Paris encore pris par les bouchons. Devant une fosse plus qu’à moitié vide, le groupe se donne du mal pour transmettre son énergie brute au public. Dès le deuxième titre, Aaron Heart (chant) demande un circle pit au public. Mais il est encore un peu tôt et il obtient peu de réponse.

Tout au long d’un set assez décousu, les quatre américains font de leur mieux pour faire monter l’ambiance. Leur metalcore violent me laisse un goût de dent fracassées et de sueur de vestiaire. Je ne retrouve pas trop le côté groovy du dernier album « … So Unknown« , peut-être est-il masqué par un son ultra saturé et assez brouillon. Pour moi la sauce n’a pas pris, mais c’est à reconfirmer devant un public plus fourni.

OBITUARY

Certains les auraient plutôt vus en seconde tête d’affiche qu’en première partie de luxe, et le public parisien a fait le déplacement en nombre. Comme Sepultura, Obituary fête également ses 40 ans d’activité cette année (on oubliera la pause des années 2000), et ils ont des choses à raconter. Dès les premières notes de « Red Somp« , la ferveur de la fosse est totale, et John Tardy n’a – littéralement – qu’à lever le doigt pour déclencher des mouvements de foule, et même le crew visible sur le côté headbang.

Dans un décor minimaliste – seul un drapeau aux couleurs du groupe barre l’arrière scène – le groupe enchaîne les titres sans fioritures et déverse ses riffs lourds et ses harmoniques sur le public, avec un son excellent qui tranche avec celui de Jesus Piece. On peut regretter le manque d’interaction avec la foule, les frères Tardy se contentant de boire leurs bières entre les titres. Mais le groupe prend un plaisir évident à jouer, et « Slowly We Rot » vient clôturer en apothéose un set un peu court.

Set List

  • Redneck Stomp
  • Threatening Skies
  • By the Light
  • The Wrong Time
  • Deadly Intentions
  • Chopped in Half
  • Turned Inside Out
  • Solid State
  • War
  • Dying of Everything
  • Slowly We Rot

JINJER

J’attendais beaucoup de voir les ukrainiens de Jinjer, et je suis assez déçu de leur performance. La scène, qui est enfin intégralement découverte, me semble mal exploitée par le groupe. Roman Ibramkhalilov (guitare) et Eugene Abdukhanov (basse) sont plantés chacun à un bout de la scène et ne bougent pas. Seule Tatiana Shmayluk occupe le centre de la scène et alterne les poses en fonction de ses chants. Globalement, tout ça manque d’engagement, j’ai l’impression que le groupe est fatigué après deux ans de tournée ininterrompue.

Pourtant, Tatiana se livre à une véritable démonstration vocale, alternant sans efforts les screams, les growls et le chant clair. Mais ça manque cruellement d’interaction, et ce n’est pas le très convenu « Vous êtes mon pays préféré » qui suffit à redorer le blason. L’ambiance dans la fosse s’en ressent, il y a nettement moins de pogos et de slams que sur Obituary. Le groupe ayant seulement 45 minutes pour faire ses preuves, de grands classiques comme « On The Top » ou « I Speak Astronomy » manquent à l’appel pour laisser la place aux nouveaux titres comme « Kafka » ou « Rogue« . C’est d’ailleurs sur ce titre que le groupe nous laisse sans un mot, à part Vladislav qui prend tout de même le temps de remercier son public.

Sepultura 40 ans Jinjer

Set List

  • Sit Stay Roll Over
  • Ape
  • Fast Draw
  • Retrospection
  • Teacher, Teacher!
  • Colossus
  • Someone’s Daughter
  • Kafka
  • Copycat
  • Perennial
  • Rogue

SEPULTURA FETE SES 40 ANS

Sepultura 40 ans Derrick

Passons maintenant aux héros de la soirée. Sepultura est là pour fêter ses 40 ans de carrière et nous faire ses adieux. Sepultura sans les frères Cavalera, est-ce encore vraiment Sepultura? Si on en juge par l’enthousiasme du public dès l’entrée en scène du groupe, la réponse est oui. Tout au long du set, la fosse enchaîne les slams, les mosh pits et même un mini wall of death.

Les premiers titres du set sont des classiques et mettent tout le monde d’accord. « Refuse/Resist« , « Territory« , « Slave New World » : trois titres extraits de Chaos A.D., album sur lequel j’ai connu le groupe. Le groupe manifeste visiblement qu’il est content d’être là, et prend le temps de profiter entre les chansons des « SE-PUL-TU-RA!! » scandés par le public. Derrick Green nous rappelle d’ailleurs que le public parisien a l’honneur d’inaugurer la tournée européenne

Rétrospective oblige, le groupe explore d’abord la deuxième partie de sa carrière, en picorant dans Kairos, Dante XXI, Against, et Roots. Quadra est même représenté avec l’excellent « Means to an End« . La deuxième partie du set est plus dédiée à la première partie de carrière du groupe et pioche largement dans les quatre premiers albums.

Sepultura 40 ans Andreas

Derrick n’est malheureusement pas au top de sa forme ce soir, et le chanteur a visiblement du mal à libérer la puissance de sa voix. L’ingénieur du son le relègue d’ailleurs assez vite en fond de mix, préférant laisser la place à la guitare (qui était sous-mixée en début de set) et aux percussions. Andreas Kisser est par contre en grande forme, et prends d’ailleurs la main sur l’animation de la scène à partir de « Kairos« . Je regrette juste que le groupe n’ait pas embauché un guitariste de session pour assurer la rythmique pendant les solos d’Andreas, car l’ambiance est un peu pauvre derrière lui et Paulo a du mal à combler le vide avec sa basse.

Greyson Nekrutman, pour sa part, est intronisé comme il se doit par Derrick après « Attitude ». Le passage au metal s’est manifestement bien passé pour l’ancien jazzeux, même si je ne peux m’empêcher de me demander si les rythmes bourrins le satisfont pleinement. Il se déchaîne en tout cas derrière ses futs, et on est nombreux dans la fosse à apprécier.

Sepultura 40 ans

Le show commence avec une scénographie minimaliste, seul un immense drapeau barre le fond de scène. Mais rapidement, il laisse la place à un grand écran et des relais sur les plateformes qui diffusent des images des clips ou des montages issus des pochettes. Nous avons également droit avant « Guardians of the Earth » à une vidéo issue des sessions de l’époque Roots avec les tribus indigènes. Les frères Cavalera sont bien évidemment absents des images, mais Andreas en profite pour rendre hommage au combat des indigènes pour préserver leur mode de vie.

D’hommage il sera encore question sur « Kaiowas« , pour célébrer l’association Savage Lands dans laquelle Andreas est très impliqué. Il accueille à cette occasion sur scène Sylvain Demercastel à la guitare rythmique, ainsi que des membres de la famille de Sepultura qui marquent le rythme de percussions additionnelles. Le groupe avait annoncé qu’une chanson serait filmée à chacune des 40 dates, et il se peut bien que ce soit celle là !

Après le faux rappel de rigueur, Sepultura nous livre finalement un « Ratamahatta » et un « Bloody Roots » dantesques, apothéose libératrice lors de laquelle le public se lâche complètement. Le groupe restera ensuite de longues minutes pour saluer les fans. Si j’ai été moins emballé par ce show que par celui du Hellfest 2023, la faute à un chant pas assez présent, Sepultura nous a cependant livré une prestation de qualité digne de ses adieux à la scène après 40 ans de carrière.

Set List

  • Refuse/Resist
  • Territory
  • Slave New World
  • Phantom Self
  • Attitude
  • Means to an End
  • Kairos
  • Breed Apart
  • Guardians of Earth
  • Choke
  • False
  • Escape to the Void
  • Kaiowas
  • Dead Embryonic Cells
  • Agony of Defeat
  • Orgasmatron (Motörhead cover)
  • Troops of Doom
  • Inner Self
  • Arise

Rappel :

  • Ratamahatta
  • Roots Bloody Roots

Un grand merci à Veryshow pour l’organisation de cette belle soirée de metal. Si vous voulez en savoir plus sur l’actualité musicale, n’hésitez pas à lire nos chroniques d’albums et nos interviews !

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