U2 : l’intemporel « The Joshua Tree » revit au Stade de France
Par Emilie Bardalou
Qui dit anniversaire d’un album mythique, dit concert hors du commun. Mercredi 26 Juillet, U2 donnait son deuxième concert à guichet fermé au Stade de France dans le cadre du The Joshua Tree Tour, célébrant les trente ans du succès planétaire qui a révolutionné la musique Rock mais aussi la carrière du groupe Irlandais avec quelques 28 millions d’exemplaires vendus.
Pour l’occasion, Bono et ses acolytes ont annoncé une réédition mondiale de « The Joshua Tree », mais aussi une tournée mondiale qui bat déjà des records avec son écran géant, le plus grand jamais utilisé pour un concert (60 mètres de longueur et 15 mètres de hauteur) et se place en tête du classement des tournées les plus rémunératrices de l’année 2017, largement devant les Guns N’ Roses qui effectuaient pourtant leur grand retour.
Noel Gallagher et son groupe The High Flying Birds se sont également joints à la fête lors des dates européennes de cette tournée. Ils offrent un superbe show d’une heure devant un stade déjà bien rempli et parviennent même à faire cesser la pluie. C’est une véritable ovation qui leur est réservée, notamment lors qu’ils reprennent les morceaux d’anthologie d’Oasis Champagne Supernova, Wonderwall ou encore Don’t Look Back In Anger, désormais devenu un hymne en hommage aux victimes de l’attentat de Manchester lors du concert de la pop star Ariana Grande.
Peu avant 21h, devant un public hystérique, le coup d’envoi est donné avec Sunday Bloody Sunday. Aucun artifice visuel, l’immense écran décoré de l’arbre de Josué reste éteint. Un choix artistique qui se défend, mais qui pose problème devant un Stade de France plein à craquer qui peine à apercevoir le groupe dans une enceinte aussi vaste. Cela n’enlève rien à l’enthousiasme des fans, subjugués par la voix impéccable et puissante de Bono, qui se laissent porter par les tubes plein d’énergie New Year’s Day ou encore Pride (In The Name Of Love).
L’écran géant s’allume enfin lors d’une courte pause pour laisser apparaître quelques mots chers au groupe : « égal », « construire », « vérité », « s’éveiller », « promesse ». Le fond marron tourne alors au rouge et jaune, faisant s’illuminer le Joshua Tree au son des premières notes de Where The Streets Have No Name. Place aux 11 morceaux de l’album de 1987 qui vont être interprétés dans leur ordre chronologique, accompagnés de tableaux impressionnants et engagés en arrière-plan.
Le groupe invite le public au voyage. Les longues routes américaines défilent sur Where The Streets Have No Name et laissent place aux paysages du désert californien qui se succèdent pendant I Still Haven’t Found What I’m Looking For puis au soleil qui se couche sur le Grand Canyon pour With Or Without You. Sur cette balade chargée d’émotions, les spectateurs allument leur téléphone et transforme le stade en véritable cité lumineuse.
Mais l’univers de Joshua Tree ne consiste pas seulement en des paysages grandioses. Trente ans plus tôt, U2 exprimait déjà ses préoccupations socio-politiques, décrivant les sévisses de la dépression pendant la présidence de Reagan ou de l’impérialisme américain sur les pays voisins d’Amérique Centrale. Les images sont alors bouleversantes sur des titres tels que l’explosif Bullet The Blue Sky où les portraits de jeunes américains portant des casque de combat défilent ou One Tree Hill qui met les Amérindiens à l’honneur.
On se rend compte que cette tournée prend tout son sens lorsque Exit est précédée d’une courte vidéo présentant un personnage dénommé Trump qui souhaite construire un mur. Les apparitions du groupe se succèdent très rapidement à l’écran tandis que Bono se déchaîne au chant, plongeant les fans dans un univers chaotique. Les thématiques sombres qu’abordait The Joshua Tree en 1987 sont en réalité toujours autant d’actualité.
Les problématiques ont changé et le rappel est l’occasion pour U2 de revenir sur les grandes causes pour lesquelles il s’engage au travers de morceaux tirés des albums qui ont suivi The Joshua Tree. Sur Miss Sarajevo, le groupe donne la voix à Omaima, jeune réfugiée Syrienne, qui souhaite transmettre un messade de paix et d’espoir. Les spectateurs dans les gradins font alors circuler son portrait géant dans toute la salle. Ultraviolet (Light My Way) est aussi dédiée aux femmes qui se battent pour leurs droits. Les images de figures emblématiques telles que Marie Curie, Anne Frank, Simone Veil ou Malala viennent alors leur rendre hommage. Bono en profite pour souligner que 130 millions de jeunes filles n’ont pas accès à l’éducation dans le monde et revient sur l’échange constructif qu’il a eu à ce sujet en début de semaine avec le Président Macron.
Si le groupe souhaite se servir de sa popularité pour ouvrir les yeux du plus grand nombre sur les enjeux actuels, il ne manque pas de conclure le concert en beauté sur des tableaux colorés et des titres déchaînés tels que Beautiful Day, Elevation ou Vertigo, tandis que la foule reprend les paroles à l’unisson et saute en rythme. U2 nous rappelle ainsi que son œuvre est bel et bien intemporelle.
Setlist
- Sunday Bloody Sunday
- New Year’s Day
- A Sort of Homecoming
- Pride (In the Name of Love)
The Joshua Tree
- Where the Streets Have No Name (with « California (The Is No End To Love) » snippet)
- I Still Haven’t Found What I’m Looking For (with « Stand By Me » snippet)
- With or Without You
- Bullet the Blue Sky
- Running to Stand Still
- Red Hill Mining Town
- In God’s Country
- Trip Through Your Wires
- One Tree Hill
- Exit (with « Wise Blood » excerpt and « Eeny Meeny Miny Moe » snippet)
- Mothers of the Disappeared
Encore
- Miss Sarakevo (Passengers cover)
- Beautiful Day (with « Starman » snippet)
- Elevation
- Vertigo (with « It’s Only Rock’N’Roll (But I Like It) » snippet)
- Mysterious Ways
- UltraViolet (Light My Way)
- One
- I Will Follow