Le irlandais du groupe Therapy? se produisaient sur la scène de la Valley au Hellfest 2024 le dimanche 30 juin. Nous avons profitez de l’occasion pour échanger avec le chanteur et leader Andy Cairns.

Pozzo Live : Bonjour, et bienvenue à Clisson ! Sauf erreur de ma part, votre dernier passage ici était il y a 10 ans. Est-ce que vous êtes heureux de revenir ?

Andy Cairns : C’était il y a déjà 10 ans ? En 2014 ? Je ne me souvenais pas si c’était en 2015 ou 2016. On a joué sur la Main Stage. Je crois que c’était la première fois qu’on y jouait, il était très tôt. Wow, oui, ça fait du bien de revenir !

Pozzo Live : Êtes-vous heureux de rencontrer une nouvelle génération, de faire découvrir votre musique à de nouvelles personnes qui étaient peut-être trop jeunes il y a 10 ans ?

Andy Cairns : En 2014, on jouait déjà depuis 24 ans. C’est comme ça qu’on fonctionne : on joue tout le temps, on est là depuis 1989. On continue de sortir des disques, de tourner dans le monde entier. On se fait de nouveaux amis, et on retrouve des anciens fans de Therapy? qui sont du même âge, qui ont grandi avec nous et qui emmènent maintenant leurs enfants aux concerts. Il y a des enfants qui découvrent les années 90 et qui découvrent des groupes comme Therapy?. Mais on continue aussi de sortir des albums, on en a sorti un l’année dernière qui est beaucoup passé à la radio. C’est un fonctionnement très naturel !

Pozzo Live : Votre dernier album, Hard Cold Fire, est sorti il y a un an. Est-ce que vous êtes satisfaits des retours avec le recul ?

Andy Cairns : On a été placés dans les meilleures ventes d’albums, et certaines radios ont joué nos morceaux, pour la première fois depuis plusieurs années, c’était top ! Mais les chansons sont très courtes, très directes. On a fait une tournée, qui s’est terminée il y a quelques semaines. On n’a pas tourné seulement en Europe : on est aussi allé en Amérique du Nord, en Turquie, ou dans des endroits comme la Grèce et la Serbie ou nous n’étions pas allés depuis des années, c’était super bien.

Pozzo Live : Maintenant, vous faites la tournée des festivals. Est-ce que c’est un peu stressant de présenter vos nouveaux morceaux à un public qui n’est pas complètement le vôtre ?

Andy Cairns : Non, pas du tout. On laisse les gens entendre notre musique quand on joue en live, comme au Hellfest. Et s’il y a des jeunes qui ne connaissent pas le groupe mais qui aiment notre performance sur scène, ils peuvent faire partie de notre public ensuite ! J’ai un fils de 24 ans, et pour être honnête, plus personne n’achète réellement de la musique. Les gens achètent des places de concerts et des t-shirts, et s’ils aiment vraiment un groupe, ils achètent un vinyle ou un CD.

Donc on est chanceux et pouvoir jouer en live, de pouvoir jouer à des endroits comme le Hellfest. On rencontre de nouvelles personnes ! Si on joue aujourd’hui, l’idée c’est de faire un set de 45 minutes, en jouant des anciens et des nouveaux morceaux. De cette façon, les gens qui nous connaissent depuis très longtemps vont venir nous voir et se dire « Génial, Therapy? jouent en France ! », et d’autres personnes qui ne nous connaissent pas vont peut-être découvrir un nouveau groupe qui va leur plaire.

Pozzo Live : Est-ce que vous pensez déjà au rendu live d’une chanson lorsque vous l’écrivez ?

Andy Cairns : Non, pas vraiment. Je pense que c’est bizarre de réfléchir comme ça. On pense à nos albums comme à des concepts quand on les crée. On pense surtout au sujet de l’album, et le sujet dont on veut qu’il parle. Ensuite, quand on emmène les chansons d’un album en tournée, elles développent un peu leur propre vie. On se rend compte par exemple qu’il y a un solo de batterie dans une chanson, si on joue en live, si le public aime bien, on le fait durer plus longtemps, on fait taper le public dans ses mains. Mais quand on écrit la chanson, on ne pense pas à ça.

Si on réfléchissait à ça, ça nous semblerait malhonnête, comme si on faisait des accessoires ou quelque chose comme ça. La création d’un album doit être libre et artistique, ça doit venir naturellement, et pas comme quelque chose où on se dit « peut-être que ça sera bien ». Ensuite quand on répète, on répète un bon set qui fonctionnerait bien en festival.

Pozzo Live : Et comment faites-vous vos choix pour faire la setlist parfaite, pour des petits sets en festival, et pour une setlist complète ?

Andy Cairns : Dans les années 90, si on avait un album qui se vendait bien, c’était très simple. Les gens venaient en festival, et ils connaissaient l’album. Mais quand un groupe est là depuis aussi longtemps que nous, ce qu’on constate, c’est que lorsque les gens viennent au Hellfest, ou Glastonbury, ou au Reading ou au Wacken, ils viennent pour l’évènement en lui-même. Oui, il y a de la musique, mais ils ne viennent pas pour un groupe en particulier, ils viennent aussi pour rencontrer des gens de leur communauté. Donc on se rend compte que ce qu’on doit faire, c’est faire une belle performance pour tout le monde.

On vient en France, ok, on a quelques titres qui ont bien marché en France, donc on va mettre ceux-là sur la setlist. Parce que les gens vont surement les connaitre. On a écrit une chanson sur l’Irlande, peu importe où on joue dans le monde, les gens l’adorent. Donc on l’ajoute ! Certaines radios alternatives ont passé deux chansons de notre dernier album, les gens vont peut-être les connaitre, donc on les choisit. Et pour le reste des chansons, on pioche dans le reste des chansons, et on choisit celles où, peu importe l’endroit où on se produit, les gens vont chanter !

Là, on a 45 minutes, donc on peut jouer tranquillement, et ainsi, quelqu’un qui ne connait pas du tout le groupe n’a pas besoin d’écouter un set entier de 40 minutes d’un album qu’il n’a jamais entendu. Peut-être qu’ils reconnaitront quelque chose, et c’est très bien. Mais le plus important, c’est le public, pas le groupe. On doit s’assurer que tout le monde s’amuse et se sent en sécurité, et que, pendant les 45 minutes où ils sont devant nous, ils se sentent bien.

Pozzo Live : C’est la recette parfaite pour passer un bon moment ! Vous célébrez aussi le 30ème anniversaire de votre album iconique Troublegum, et vous allez le jouer en entier. Est-ce qu’il y a des chansons que vous n’avez pas jouées depuis longtemps et qui ont été un peu difficiles à réapprendre ?

Andy Cairns : Il y a seulement deux chansons sur cet album qui sont assez difficiles. L’une s’appelle Unrequited. Sur l’album live, elle a des violons et des cordes, et c’est un accordage vraiment étrange. Et j’étais beaucoup plus jeune donc je chantais dans un registre plus haut. C’est ça qui est difficile ; donc ce qu’on a fait, c’est qu’on a accordé les guitares plus bas pour que ma voix s’accorde mieux. On a réarrangé la partie guitare pour qu’elle sonne un peu comme un violon en rajoutant quelques effets dessus. Ça nous a demandé un peu de travail !

Il y a une autre chanson intitulée Lunacy Booth, qui a toujours été difficile pour nous, car c’est une chanson assez lente. A chaque fois qu’on la joue en live, à cause de l’énergie du public, on a tendance à la jouer trop vite ! Donc on a beaucoup répété. Le reste de l’album, ça va. On va surement passer deux jours à répéter ces deux chansons, pour être surs de bien réussir. Mais il n’y a pas trop de chansons qui représentent un gros challenge !

Pozzo Live : De façon générale, après toutes ces années, est-ce que votre relation avec la scène et vos fans a évolué ? Est-ce que vous sentez une évolution, et peut être une maturité dans votre relation à la scène et au public, et dans votre lien avec votre public ?

Andy Cairns : Je pense qu’en vieillissant, on apprécie encore plus de faire ce que l’on fait, parce qu’on le fait avec moins de pression. Dans les années 90, quand on était dans de gros labels, on avait à faire à des gens qui voulaient juste rapporter le plus d’argent possible. On était un jeune groupe de punk qui s’est retrouvé au bon endroit, au bon moment. Et au fil du temps, on a sorti des albums, et ça devenait moins fun. Les concerts sont stressants parfois, car peut être que le batteur n’a pas envie d’assurer un concert ce soir-là, ou peut être que les membres de l’équipe ont trop fait la fête le soir précédent les accords des guitares ou des basses sont mal faits !

On a vieilli maintenant, et on se rend compte de la chance que l’on a de continuer à faire de la musique 35 ans plus tard. Donc ce n’est pas un problème ! Dans le public, on sait que certains de nos fans sont là depuis le début, nous ont suivis et sont aussi plus vieux maintenant. Donc si on fait un concert un vendredi ou un samedi, on sait que le public est dingue car ces gens sont présents ! Si on joue un mardi soir, le public est un peu moins fou, parce que ces fans de longue date sont plus vieux maintenant, et doivent peut-être aller emmener leurs enfants à l’école le lendemain matin, et ne boivent peut-être que 2 bières au lieu de dix. C’est ce qu’il se passe en vieillissant !

Pozzo Live : A part la musique, même si elle occupe déjà une grande partie de votre temps, est-ce que vous avez d’autres hobbies, d’autres passions ?

Andy Cairns : Le plus important : j’adore passer du temps en famille. J’adore le foot ! Dès mes débuts, j’ai toujours été un grand fan du FC Chelsea dans ma jeunesse. Quand j’étais petit, je vivais en Irlande et je me disais que je ne verrai jamais Chelsea jouer. Donc quand on a signé chez le label A&M, j’étais à 1km du terrain de foot de Chelsea ! Et je passais beaucoup de temps à Londres. A ce moment-là, Chelsea n’étaient pas super connus et ne jouaient pas très bien. Donc je me suis rendu à leur club et j’ai pris un billet pour la saison en 1994. Et j’en ai pris chaque année depuis ! J’habite en Angleterre, environ à 70kms de Londres.

L’une de mes passions dès que je suis chez moi, c’est de regarder le foot, et d’aller voir Chelsea jouer à domicile, ou à d’autres matchs ! Et je passe beaucoup de temps en famille. J’ai un chien également. Je suis aussi passionné de cinéma et de théâtre. Avec ma femme, on va beaucoup au cinéma et on va voir beaucoup de pièces. Après la musique, mes passions tournent beaucoup autour du cinéma et du foot. Et je lis toujours beaucoup, aussi ! J’ai étudié la littérature anglais au lycée et à la fac. Les livres, c’est quelque chose qui m’a toujours intéressé !

Pozzo Live : C’est super ! J’arrive à ma dernière question, et c’est la même question que l’on pose à tout le monde. Quel artiste pensez-vous que l’on devrait interviewer ensuite ?

Andy Cairns : Il y a un jeune groupe qui vient du Royaume Uni qui s’appelle Hot Wax. Ils ont joué tout à l’heure. Ils sont vraiment, vraiment bons ! Je les trouve incroyables. Ils sont si jeunes, et tellement en colère est géniaux sur scène.

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