Nous avons eu la chance de rencontrer au Hellfest Corner Julien Truchan et Emmanuel Dalle, respectivement chanteur et guitariste de Benighted. Le groupe, qui tourne depuis maintenant 22 ans (!), a récemment dévoilé les singles « Brutus » et « Implore the Negative » extraits de leur prochain opus, Obscene Repressed, qui sortira le 10 avril 2020 chez Seasons of Mist. Ils nous parlent de l’album, mais aussi de la manière dont ils travaillent et de leur tournée franco-japonaise avec le Hellfest Warmup. Très chaleureux, pas avares de vannes, le groupe nous a fait un super accueil.
Pozzo Live : Bonjour à tous les deux, et merci de nous recevoir !
Julien & Emmanuel : Salut !
PL : On se voit pour parler de votre album qui va sortir le 10 avril, et qui enchainera très rapidement sur une tournée avec le Hellfest Corner
Julien : Oui ! Déjà le jour même on joue à l’Inferno en Norvège !
Emmanuel : Moins d’une semaine après on sera en tournée, on va enchaîner.
PL : Si je compte bien c’est votre 9e album studio. Ca fait 20 ans que vous tournez, comment vous gardez l’énergie pour produire un style aussi survitaminé ?
J : 22 ans même ! Je pense que ça doit être l’alcool…
E : Enfin toi hein, ne me vieillit pas non plus ! Ça pourrait être la cocaïne aussi, il va bien falloir aborder le sujet ! [rires]
J : Plus sérieusement, j’ai appris à vivre comme ça. J’ai un travail à temps plein, puisque je suis infirmier, et toutes mes vacances passent dans Benighted. C’est un rythme que j’ai depuis tellement d’années, que pour l’instant je suis habitué. Il y a beaucoup de membres de Benighted qui sont partis parce que le rythme était trop soutenu. C’est vrai que c’est très chronophage, tu fais beaucoup de trajet pendant tes week-ends, tu joues, tu ne te reposes pas, tu rentres, le lendemain il faut travailler… Par chance, ou par génétique je ne sais pas, je tiens et je me sens bien là-dedans. J’espère que ça va durer encore 20 ans !
E : Et sans aucunes drogues ! Enfin, un peu d’alcool, mais pas de drogues.
PL : C’est vrai que c’est assez atypique sur la scène rock longue durée…
J : Il paraît oui ! Je suis assez atypique. J’adore le sport, j’adore l’alcool aussi [rires], mais c’est vrai que je n’ai jamais ne serait-ce que fumé une cigarette. Avaler de la fumée, c’est quelque chose qui m’est un peu étranger. Et les drogues dures… je travaille en psychiatrie, donc je me méfie beaucoup de l’impact des drogues sur le corps et le psyché.
PL : Et toi Emmanuel ? Jamais rien testé ?
E : Moi oui, pareil ! Je ne fume même pas une cigarette. Alcool pour faire la fête, oui, mais je pense que si on se met à la drogue, c’est compliqué pour notre style. C’est assez technique, ça demande une rigueur de travail. Quand tu es musicien dans un style comme le nôtre, si tu commences à te défoncer la tête et que tu ne sais plus jouer… peut-être que certains styles peuvent te le permettre, mais au rythme auquel on joue, même après 3 joints tu perdrais le tempo !
PL : Justement, vous avez choisi un créneau assez technique et très pointu. Comment on se met à faire du « brutal death » ? Est-ce qu’un jour on se dit « allez, je vais envoyer toute la violence que je peux dans ma musique » ?
J : C’est une bonne question ! En fait tu peux envoyer toute ta violence à partir du moment où tu as les moyens techniques pour le faire. Si tu n’as pas un bon batteur, qui sait tenir des rythmes soutenus de façon vraiment intense, si tu n’as pas des bons guitaristes qui ont des poignets rodés et une bonne vélocité, tu ne peux pas jouer de manière aussi intense si tu veux que ça reste propre. Tu peux le faire dans l’intention, mais nous on essaie de faire les deux.
E : Oui, on veut que ça sonne, que ça soit brutal, mais propre. D’une manière professionnelle !
PL : Vous passez beaucoup de temps à travailler votre son en studio ?
E : Pas tant que ça car on sait déjà à peu près ce qu’on veut. Du coup on fait nos prises, et puis notre producteur Kohle [NDLR: Kohlekeller Studio, en Allemagne – l’album a été produit par Kristian Bonifer] intervient beaucoup aussi. Généralement il sait déjà comment on doit sonner !
J : Il nous connait depuis 2003, c’est un peu le 6e membre du groupe ! Il a déjà des idées car on lui envoie les pré-productions, et lui réfléchit au son qui irait bien par rapport à l’idée générale de l’album. Par exemple, sur Necrobreed, qui était vraiment dans la violence poussée, il s’est dit qu’on pouvait aller sur un son beaucoup plus agressif et salit que ce qu’on avait fait pour Carnivore Sublime. Là, pour le nouvel album, comme il y a beaucoup plus de musicalité dans les riffs – même s’il reste l’album le plus intense qu’on aie jamais fait ! – on a un son beaucoup plus massif et aussi plus clair.
E : Oui, c’est un peu une continuité de Necrobreed, mais en un peu plus tight. Necrobreed avait un son très suédois en fait.
PL : Justement, Necrobreed avait marqué un tournant dans votre son, et on a l’impression que vous revenez un peu au son d’avant ?
J : Ca serait plus proche de Carnivore Sublime c’est vrai. En fait, Obscene Repressed, c’est Necrobreed, mais avec un son clair à la Carnivore.
E : C’est un peu le compromis que j’avais demandé à Kohle. Necrobreed, c’était cool, on avait ce son granuleux sur les guitares, typique des productions suédoises du début des années 90. Sur Obscene Repressed, qui a des riffs plus techniques, on s’est dit qu’avec ce son là, à un certain tempo, le granuleux devient juste une bouillie, du coup il fallait réussir à équilibrer entre un son old school, très organique, et ce côté moderne un peu plus propre qu’on pouvait avoir sur Carnivore. C’est une synthèse entre les deux ! Mais pas parce qu’on a envie que ce soit comme ça, c’est vraiment parce que les morceaux le demandaient. Le son doit rendre service aux compos !
PL : Vos albums sont toujours des concepts centrés sur des histoires très fortes. Raconter ces histoires, Julien, est-ce que c’est une manière de décompresser ?
J : Ce qui m’aide à décompresser, c’est le groupe lui-même, comme le sport. On aime bien se trasher, ça nous défoule ! Mais j’essaye toujours de proposer des histoires crédibles dans ce qu’est la maladie psychiatrique, et que ça aille toujours plus loin, là où les gens ne l’attendent pas. Sur Obscene Repressed, cette histoire œdipienne m’a été inspirée par un patient que j’ai vu il y a une dizaine d’années. Il avait une fente palatine prononcée et ses parents ne l’avaient jamais montré à un chirurgien. De là, je me suis demandé ce que cette fente palatine pourrait représenter pour un patient qui a des problèmes œdipiens avec sa mère. Il commence à imaginer que son père l’a fait comme ça volontairement pour que sa mère ne puisse pas le désirer. Qu’est-ce qui peut se passer derrière ? C’est comme ça qu’est née l’idée de l’album. L’enfant développe une psychose paranoïde par rapport à son père, qu’il accuse de l’avoir fait difforme exprès, parce que lui est amoureux de sa mère, qu’elle est censée l’aimer mais pas assez à son goût. Cette difformité du visage, il va essayer de s’en venger, contre son père, puis contre sa mère. Et c’est comme ça qu’en grandissant il se la découpe, et d’autres trucs sympas qu’on vous laissera découvrir !
PL : En voyant l’artwork de l’album, ça m’a vraiment rappelé Chtulu avec ce côté mandibulaire et tentaculaire. C’est une référence voulue ?
J : Et bah c’est absolument pas volontaire ! Je fais toujours des petits dessins que j’envoie au designer – en l’occurrence là Rob [Borbas] de Grindesign qui est vraiment un monstre – pour l’orienter sur ce qu’on voulait. Quand j’ai reçu les sketchs qu’il avait faits, avec le côté mandibulaire de la mâchoire du gamin au milieu, c’était génial par rapport à la façon dont l’enfant psychotique pouvait se voir ! Je n’avais pas pensé à cette espèce de mâchoire ouverte, où il n’y a pas de mâchoire inférieure, et j’ai trouvé ça superbe ! Que son imaginaire rencontre le mien dans ce que j’avais pensé pour ce gamin, avec ce démon qui se tient derrière et qui l’enserre de manière tentaculaire, je trouve ça génial. Il représente l’attirance sexuelle qu’il éprouve pour sa mère et dont il ne sait pas quoi faire, et qui le parasite et le conditionne pour tout. L’artwork a un petit côté années 90 des vieux groupes de Death Metal, mais dans une version un peu plus moderne. Ce sont 2 mondes qui se rencontrent, je le trouve fantastique !
PL : Vous travaillez l’artwork après la musique ?
J : Non non, en même temps.
E : On s’y prend surtout au dernier moment en fait, on va pas se mentir ! On a attaqué en mars, on a finit en août, donc oui c’est rapide.
J : En fait, dès qu’on a fini un album, j’essaie de réfléchir à ce qui va se passer pour le prochain. Les idées prennent forme, et quand on commence à composer la musique, ça me donne des nouvelles idées, et inversement. Ça fonctionne en ping-pong, et c’est vraiment pas mal comme ça !
E : Forcément, les sonorités globales de l’album vont influencer le visuel. Mais c’est rare que le visuel ait une influence sur notre musique.
PL : Il y a 3 collaborations sur cet album. Comment ça s’est fait : vous êtes allés les chercher, ou on vous les a proposées ?
J : Les 3 se sont faites de manière vraiment différente. Sebastian Grihm, le chanteur de Cytotoxin, je le connais depuis 2016, et on a tourné avec eux en 2018. J’ai chanté sur le dernier album de Cytotoxin, et quand on a fait The Starving Beast, je me suis dit que la combinaison de nos deux grains de voix vraiment différents pourrait être super intense, et que c’était vraiment ce morceau où il fallait y aller. Grihmo, c’est un peu mon frangin, on est très proches, et j’étais vraiment heureux qu’on puisse l’inviter.
PL : Et pour Karsten Jäger, le chanteur de Disbelief ?
J : Là ça s’est fait en 2 temps. Quand j’ai commencé Mom, I Love You The Wrong Way, je me suis surpris en chantant le refrain à essayer de trouver ces espèces de tons criés un peu à la Obituary. Et là je me suis dit que Jäger le ferait beaucoup mieux que moi ! On l’avait déjà invité sur notre album Icon, et quand je l’ai contacté, il m’a tout de suite dit « Oui, bien sûr ». D’ailleurs je chante du coup sur le dernier Disbelief ! Le refrain est exactement ce que j’avais imaginé, on en est très contents.
PL : Et le featuring le plus improbable…
J : Celui avec Jamey Jasta [chanteur de Hatebreed] ? Il pouvait être hyper casse-gueule, mais on a toujours eu une composante hardcore dans Benighted, qu’on avait un peu laissée tomber sur Necrobreed. On est plusieurs gros fans de Hatebreed dans le groupe, moi j’adore sa voix. On ne l’avait jamais rencontré à part pour une photo sur un fest, mais j’ai appris que dans un de ses podcasts il avait parlé de nous et mis un de nos clips. Du coup je me suis dit que si ça trouve il nous aime bien ! J’ai contacté son label, Nuclear Blast, parce que Implore The Negative se prêtait super bien à un feat avec ses refrains hardcore. Il se trouve que le mec que j’ai contacté adore Benighted et a été très emballé. Il lui a fait passer le mot, par contre il m’a prévenu que vu l’agenda du mec, ça pouvait prendre du temps. Et 15 jours plus tard, on reçoit la réponse du mec de Nuclear Blast, qui nous met en contact et nous laisse nous démerder. Ca s’est fait aussi connement que ça ! On lui a envoyé le morceau, il l’a adoré, et il nous a balancé ses voix 15 jours plus tard. C’était ouf !
PL : Et alors dans l’autre sens : si vous pouviez collaborer avec un artiste, n’importe lequel, en tant que feat sur un de ses albums, qui ça serait ?
E : Ouais, moi je suis guitariste, c’est moins courant c’est plus un truc de chanteur ! Je passe mon tour !
J : Oh le courage [rires] ! Et bah, sur un truc de hardcore genre Hatebreed, ça serait cool, un bon son guttural ! Le problème c’est que les trucs mainstream genre System of a Down, ils ne pourraient rien faire de ma voix. Il y aurait plein de collaborations évidentes sur des groupes de Death Metal déjà entérinés, genre Suffocation, Cannibal Corpse, etc, mais un truc qui sorte un peu des sentiers battus et où du guttural pourrait être cool… Je suis un gros, gros fan de Hanneke van Gisbergen, mais je ne pense pas que les membres du groupe (ni moi d’ailleurs) seraient d’accord pour que j’aille mettre du guttural sur du métal à chanteuses style La Belle et la Bête ! Mais sur du hardcore, par contre, ouais ça serait cool.
PL : Julien a Hanneke, et toi Emmanuel, c’est quoi ton péché secret ?
E : Moi c’est Queen ! Mais bon pour une collaboration du coup c’est mort !
J : Oh, mais c’est pas honteux Queen, c’est juste hors de la scène métal !
PL: Vous avez déjà sorti 2 clips qui ont plutôt bien marché, 46k vues pour Brutus et 26k pour Implore the Negative. Quels sont les retours que vous en avez ?
J : Ah bon ? On ne regarde pas trop les chiffres en fait.
E : Le retour sur Brutus est assez unanime, tout le monde adore, il a vraiment cartonné. Implore c’est partagé.
J : Tous les haters qui viennent dire « Jamey Jasta, qu’est-ce qu’il fout là ? »… C’est 2 mondes qui ne se croisent pas normalement.
E : Tu as une frontière en fait. Tu as ceux qui aiment Benighted et qui aiment bien le hardcore aussi, et qui trouvent que ça se marie bien, qu’il fallait oser. Et tu as les purs fans de Death Metal, de l’autre côté, qui viennent nous dire « Mais qu’est-ce qu’il fout là avec sa voix hardcore, ça gâche le morceaux ! »
J : Ça peut se comprendre. Mais… attendons le 9 mars ! On sort un nouveau clip, un vrai cette fois pas un lyrics, qui raconte l’histoire de l’album, et qui est super cool (on vient d’avoir les images), on a vraiment hâte qu’il sorte !
E : En plus ça redevient vraiment du Benighted. Rassurez-vous, il y aura du cri de cochon !
PL : Qui choisit les singles ?
J : C’est plutôt nous. La maison de disque nous demande quels titres on veut mettre en avant. Après on suit quand même une logique de promotion. On voulait par exemple absolument mettre en avant Implore the Negative, mais on ne pouvait pas sortir en premier single un feat avec Jamey, ça aurait eu l’air d’un aveux de faiblesse. Mais on essaie vraiment de réfléchir aux titres qui ont une identité qui pourrait résumer l’album. Pareil, le fait d’avoir sorti un single français en lyrics video (Brutus), c’était original pour le milieu de la musique extrême. Pour nous, c’était intéressant à mettre en avant.
PL : On va parler un peu de la tournée. 17 jours, 17 dates d’affilée, c’est un peu hardcore non ?
E : Oh, c’est la moitié de ce qu’on fait d’habitude ! [rires]
J : des fois on fait 30 jours, 30 dates !
E : En plus c’est que des dates françaises, qui tombent à 300 km les unes des autres, donc tu ne dors pas dans ton bus à te taper des 800 – 900 km comme on a déjà connu, sur des routes tchèques ou roumaines où tu as l’impression de faire du 4×4 sur une autoroute ! Ca va être des conditions très cool, beaucoup plus reposantes que ce qu’on a l’habitude de vivre !
PL : Vous êtes un groupe assez reconnu maintenant, qu’est-ce que cette tournée peut vous apporter ?
J : En France, les amateurs de metal extrême nous connaissent surement. Mais le public du Hellfest est très particulier, il y a beaucoup de gens qui se raccrochent à cet univers-là grâce à la « marque » Hellfest. Ce type de soirées nous ouvre à tout un public déjà « estampillé » Hellfest qui ne va pas forcément à la scène Altar voir le groupe de Death Grind, parce qu’il y a un truc qu’ils préfèrent sur la Mainstage. Donc ça peut nous apporter beaucoup en terme de promotion. En plus on joue dans des salles hyper cool !
E : Tu imagines ? Il fait des cris de cochon, le tempo c’est du 300bpm avec des blast-beats, et on va jouer à l’Olympia en co-headliner avec Rise of the Northstar ! On foule les mêmes planches que Anne Roumanov, tu imagines ? [rires]
J : Attention à la grosse tête !
PL : Je vais vous poser quelques questions à choix fermés sur le Hellfest pour qu’on vous connaisse un peu mieux. Ca vous va ?
J et E : allez !
PL : Plutôt Warzone ou Valley ?
J et E, en même temps : Warzone ! [rires]
PL : Easy Camp, ou Red Camp ?
E : On n’a jamais fait le Hellfest en temps que festivaliers alors on connait pas trop…
PL : Easy Camp c’est plutôt confort, Red Camp plutôt roots et combat de caddies !
J : Oh on est des vieux, alors je prends confort !
E : Moi je prends moitié moitié. Roots pendant 2 jours, parce que je suis pas encore assez vieux, et après confort pour récupérer !
PL : Apero, ou apero ?
J : J’hésite… on prends apero ?
E : Il allait dire apéritif dinatoire mais il a honte, alors on va prendre apero ! [rires]
J : Mais c’est pas une baffe dans la gueule au bout d’un moment de gueuler aperoooo ?
E : Ca fait 10 ans que ça dure, il faut arrêter les à poils ! et les apero ! [rires]
PL: Plutôt muscadet à l’ombre, ou bière dans la fosse ?
J et E, se regardent : Pichet de bière !
PL : Quel artiste devrions-nous interviewer ensuite ?
E : Ma mère
J : Philippe Etchebest. J’ai bon ? [rires]
Un grand merci à Benighted pour avoir répondu à nos questions, ainsi qu’au Hellfest Corner de nous avoir accueillis ! Rappelons que Benighted sera également en tournée cet été, avec un passage au Motocultor le 15 août 2020.
Tracklist de Obscene Repressed :
01. Obscene Repressed
02. Nails
03. Brutus
04. The Starving Beast (feat. Sebastian Grihm)
05. Smoke Through The Skull
06. Implore The Negative (feat. Jamey Jasta)
07. Muzzle
08. Casual Piece Of Meat
09. Scarecrow
10. Mom, I Love You The Wrong Way (feat. Karsten Jäger)
11. Undivided Dismemberment
12. Bound To Facial Plague
Bonus tracks
13. The Rope
14. Get This (Slipknot cover)