Le 22 novembre 2021, nous avons rencontré Cyrielle Duval, jeune fondatrice avec Anthony Osché du tout nouveau groupe Black Hellebore. Le duo – et bientôt trio – a sorti le 26 novembre son premier EP Disorder. C’était donc le bon moment pour en parler autour d’un verre au Doctor Feelgood Rocket !
Pozzo Live : Tu as ce projet comme un projet solo. A quel moment tu as compris que ça serait plutôt un projet de groupe ?
Cyrielle : Ca a été tout simplement le travail sur cet album. Une fois qu’Anthony a rejoint le processus, on s’est vraiment retrouvés à trois avec Jelly Cardarelli [Disconnected, ex-Adagio] à vraiment penser cet album tous ensemble. C’est au cours de l’enregistrement que je me suis dit que ça n’avait pas de sens de le faire en solo. Je commençais aussi à me dire que c’est plus fun de partager ensemble ces moments, les bons comme les mauvais ! Mais à la base ils étaient là vraiment pour m’aider à construire mon album. On a très longtemps travaillé dans cette optique là, avant que je fasse l’évolution dans ma tête et que je leur propose de créer un groupe. Jelly était là pour la batterie et le mix/master, et Anthony pour le reste puisqu’il est multi-instrumentiste.
Pozzo Live : Qu’est-ce que tu as trouvé dans le groupe que tu ne te sentais pas de faire en solo ?
Cyrielle : La carrière solo, c’est assez égoïste, et ça a fini par me déplaire. On a une équipe en général avec laquelle on travaille, mais elle n’est jamais mise en avant, c’est toujours axé sur toi, l’artiste. Et ça me gênait ! Et puis comme je te disais cette envie de partager quand il y a des trucs chouettes, comme des concerts, des sorties d’album, surtout si elles sont réussies [rires].
Pozzo Live : Ça te faisait peur d’être seule à assumer l’identité du projet et la pression qui va avec ?
Cyrielle : Ça a l’air logique quand tu le dis, mais je n’y ai pas pensé. C’était vraiment l’envie de partager et de ne pas avoir cette image orgueilleuse.
Pozzo Live : Tu es passée par la Music Academy. Qu’est-ce que tu en as retiré ?
Cyrielle : La Music Academy Internationale, c’est une des plus grosses académies de musiques actuelles en France aujourd’hui. Elle a produit pas mal de grands guitaristes notamment, comme Stefan Forte avec qui on a travaillé [rires]. Je suis allée vers cette école parce que j’ai une formation d’ingénieure agronome, et j’ai voulu me plonger à 100% dans la musique. Intégrer cette académie, c’était 1 an dédié à ça, donc c’était vraiment une bonne opportunité pour faire le switch. Ce que j’ai vraiment retiré de cette année, ce sont les rencontres et les contacts. Elle organise énormément de masterclass avec plein d’artistes, c’est une super opportunité quand on arrive à passer le cap de la timidité.
Pozzo Live : Ça veut dire que tu te consacres à 100% à la musique ?
Cyrielle : Non, j’ai deux métiers : je suis en thèse en biologie le jour, et chanteuse pour Black Hellebore la nuit [rires]. Pendant un certain temps suite à la MAI j’ai uniquement officié dans la musique, notamment des programmes de guitare sur le site Music School, mais je suis vite revenue à la recherche. J’ai toujours fait les deux, et j’ai l’impression que quand l’un des deux manque, ça appauvrit l’autre. Je m’épanouis dans les deux domaines !
Pozzo Live : C’était aussi un peu risqué de se lancer à 100% en tant que jeune groupe non ?
Cyrielle : Oui, c’est effectivement un pari risqué !
Pozzo Live : Quel est votre projet du coup ?
Cyrielle : On n’a pas cloisonné l’avenir du groupe. On fait les choses déjà comme des musiciens pro, on essaie de faire quelque chose de propre. On essaie de ne pas mélanger les deux métiers. Tout dépendra de l’évolution de la musique, mais c’est un peu tôt pour se prononcer. Pourquoi pas, si ça fonctionne bien !
Pozzo Live : Le line up du groupe est définitif ?
Cyrielle : Pour l’instant on est deux membres permanents, Anthony et moi. Jelly est notre batteur de session studio, mais il ne pourra pas nous accompagner pour les lives, donc on est en train de construire un line-up pour le live. On a déjà trouvé un batteur et un bassiste, a priori on serait 4 sur scène. Donc probablement que le line-up live de Black Hellebore accouchera d’un line-up définitif !
Pozzo Live : Vous avez envie d’attaquer rapidement les concerts ?
Cyrielle : Oui, dès que possible ! On n’a pas encore de dates précises, on voudrait jouer en 2022, mais il fallait déjà trouver le line-up. La situation sanitaire étant ce qu’elle est, on ne sait pas trop si ça sera facile pour nous de trouver des dates. Mais c’est sûr que l’envie de rencontrer le public est là !
Pozzo Live : Parlons de quelqu’un qui est à la fois omniprésent et absent du line-up : Stefan Forte.
Cyrielle : Oui, il est très présent, mais ça vient du fait que le projet Black Hellebore était censé être un album solo. Il a écrit des paroles et des musiques pour moi, comme ça se fait beaucoup dans les carrières solo. Les titres étaient là, et on les a repris pour le groupe. Donc il a été très présent dans la phase d’écriture, mais beaucoup moins dans l’enregistrement et l’arrangement. Pour le prochain album, on souhaite prendre plus notre envol et nous appuyer plus sur Anthony, qui est aussi un excellent compositeur. Il a d’ailleurs écrit deux des chansons de l’album, et on fonctionne très bien ensemble.
Pozzo Live : Et Jelly, quel a été son rôle ?
Cyrielle : Comme je te l’ai dit, il a été notre batteur de session. Mais il a joué aussi un rôle fondamental puisque c’est lui qui a mixé et masterisé l’album, donc il a suivi le projet depuis ses débuts. Comme le line-up est amené à évoluer et que Jelly a déjà énormément de projets, ce n’est pas lui qui nous accompagnera sur les lives. Par contre on va rester avec lui pour le mix/master car on adore son travail. Et il n’y a pas de raison de changer une équipe qui gagne !
Pozzo Live : Peut-être aussi à la production ?
Cyrielle : Je ne peux pas te le dire. Cet album était une auto-production à 100%, mais si Black Hellebore fonctionne bien on pourrait faire appel à des producteurs externes, s’ils veulent bien de nous ! [rires]
Pozzo Live : Dans les textes de Black Hellebore, la libération du regard des autres revient beaucoup. Est-ce que ça renvoie à des choses que tu as vécues ?
Cyrielle : Oui, ça renvoie principalement à mon vécu, car même les morceaux écrits par Stefan et Anthony sont inspirés de ce que je leur ai raconté. Ça peut refléter le vécu de beaucoup de monde finalement, surtout dans le milieu métal où on a tendance à être un peu en marge des canons de la société. Tout ça peut occasionner des désordres émotionnels importants. Et c’est important de réussir à se détacher du regard des autres, de réussir à vivre sa vie pour soi. Mais c’est beaucoup plus facile à dire qu’à faire ! [rires]
Pozzo Live : On sent cette libération dans des chansons comme Release Me…
Cyrielle : Oui, j’ai souffert moi-même de cette mise à la marge, et je pense que j’ai réussi à passer ce cap aujourd’hui. Je fais ce qui me plaît et peu importe ce qu’en pensent les autres. Cela peut avoir l’air paradoxal de la part d’une jeune chanteuse qui essaie de vendre son album, mais en l’occurrence j’essaie vraiment de proposer quelque chose qui me plaît, qui nous plaît. On espère juste que ça touchera des gens comme ça nous touche, nous.
Pozzo Live : L’écologie ressort aussi dans Mother Earth et Unchain. Est-ce que c’est important aujourd’hui dans le metal d’être écolo ?
Cyrielle : Unchain parle plus de mysticisme et de spiritualité, notamment les croyances tribales en lien avec la nature. L’écologie est importante pour moi dans le sens où je suis biologiste. Donc j’ai en moi une composante liée à la nature et l’environnement, et Anthony est aussi assez proche de la nature. Mother Earth parle de la souffrance que peut ressentir notre planète, mais à la base elle était plutôt pensée comme un hommage à notre environnement et à cette composante qui nous fait vibrer. Pour répondre à ta question, oui c’est important d’avoir conscience de l’écologie aujourd’hui, mais ce n‘est pas ce qu’on voulait mettre le plus en avant dans Disorder, qui est plutôt axé sur les désordres émotionnels qu’on peut connaître dans une vie.
Pozzo Live : Attention, question difficile : est-ce que tu penses que le metal et sa débauche d’énergie est compatible avec l’écologie ?
Cyrielle : Alors je ne veux pas faire de politique [rires] ni m’engager sur un sujet polémique. Mais oui je pense que c’est compatible. Il y a dans notre communauté beaucoup de gens sensibles à ces thématiques, qui s’engagent, donc je pense que ça parle de lui-même.
Pozzo Live : Avez-vous d’autres chansons en stock à montrer dans vos concerts ?
Cyrielle : On a d’autres chansons en préparation… mais il est un peu trop tôt pour en parler. Nos concerts feront la part belle à l’EP de Black Hellebore, mais Anthony et moi pouvons aussi piocher dans ce que nous avons fait avant dans nos shows. Après, vue l’ancienneté de notre groupe, l’album dure à peu près le temps qu’on pourra jouer sur scène [rires], donc je suis plutôt tranquille sur ce sujet !
Pozzo Live : Il est temps de nous séparer. Qui Pozzo Live devrait interviewer après toi ?
Cyrielle : Mais elle est vache ta question ! J’ai envie de t’envoyer écouter New Horizon, monté par deux anciens membres de H.E.A.T. Ils ont lancé récemment leur premier single. Erik Grönwall m’a énormément influencé en tant que chanteur et en tant que showman, c’est quelqu’un de très sympathique. Il n’a pas besoin de nous pour faire sa promo, mais comme tu me le demandes, va le voir !
Merci à Cyrielle Duval et Replica Promotions d’avoir organisé cette rencontre. L’album Disorder est disponible sur Distrokid. Si vous avez aimé cette interview, allez lire les autres et jeter un oeil à nos chroniques d’albums !