Aujourd’hui, Fred Bastar, guitariste et chanteur pour le groupe de rock français Cachemire, nous parle de leur nouvel album ainsi que de leur état d’esprit pendant cette période particulière.
Pozzo-Live: Salut comment vas-tu ?
Cachemire: Salut, alors avec le contexte actuel on va dire que ça va plutôt bien parce qu’aucun membre du groupe n’a été touché par le covid. Après, d’un point de vue artistique, ça va moyennement car on était en pleine tournée, on avait un beau printemps et un bel été, mais bon, on n’est pas tout seul dans l’histoire ! Donc ça va moyen, c’est en dent de scie, mais ça permet d’avancer sur l’album. Il y a des jours où ça va hyper bien car on a de grosses résidences, et puis on se voit plus souvent depuis qu’il y a le déconfinement. Mais d’autres jours où on se dit « mince, ce week-end on devrait être en concert dans le sud » mais bon c’est comme ça !
Pozzo-Live: Est-ce que vous pouvez vous présenter, et présenter votre musique en quelques mots pour ceux qui ne vous connaissent pas encore ?
Cachemire: Alors Cachemire, c’est un groupe de rock’n’roll français, avec du chant français, on s’est formé fin 2012/2013. On fait du rock brut et énergique avec pour challenge des paroles françaises, on est influencé forcément par l’anglo-saxon 70th comme Led Zepellin. D’ailleurs, le nom du groupe est un clin d’œil à un titre de Led Zepellin. Dans des versions contemporaines, on est très influencé par l’anglo-saxon et le suédois comme « The hives », on a un côté très incisif et très brut. L’objectif numéro 1 du groupe est de mettre la patate sur scène. On est un groupe fait pour la scène et on compose en fonction de ça. Aujourd’hui, à notre actif on a 2 albums, un 1er de 2015 qui est distribué chez « Naïve » et un 2ème en autoproduction de mai 2018. On tourne chez « Rage-tour » depuis 1 an et demi, ce qui a donné un sérieux coup de boost !
Pozzo-Live: Vous tournez depuis 2012, avec plus de 200 dates à votre actif, lorsque le confinement a été déclaré, vous étiez en pleine tournée avec Toybloïd et Manu. Comment avez-vous géré cela ?
Cachemire: On a géré ça, quand il y a eu l’annonce le vendredi à 13h00, on était à 30 minutes de Villeurbanne, ça faisait 13h00 que l’on était dans le camion. En gros, on était en train de manger un sandwich, dans une station-service, lorsque l’on a vu que les rassemblements de plus de 100 personnes étaient interdits. On a mis un post sur Facebook, dans la demi-heure, pour dire que l’on avait le matos et que l’on était dans le camion « Ça vous dit si on joue dans votre garage ? ». On a reçu énormément de messages, on a été débordés dans le camion ! Du coup, on a choisi une maison, avec celui qui aurait le plus de bières et de côtes de bœuf, à côté de chez nous, à Saint-herblain, vers Nantes. On a joué dans le salon d’un Monsieur qui a invité une vingtaine de potes, on a fait des grillades et on a foutu le bordel chez lui pendant 1h30. C’était une bonne soirée, on savait que c’était la dernière. Le lendemain cela aurait été impossible, ridicule même. Bizarrement, ça aurait été risqué tandis que là, le 13 mars, c’était un autre contexte. On était encore dans la psychose du virus alors que le confinement n’était pas imposé, et 2 jours plus tard, on ne sortait plus de chez nous. Donc on avait complètement changé de mentalité. Mais voilà comment on a réagi, on a joué devant 20 personnes, façon garage.
Pozzo-Live: Est-ce un format de concert qui vous a plu ? Pensez-vous en refaire dans le futur ?
Cachemire: Ce format était drôle, par rapport au contexte, après malheureusement, il y a une réalité économique même si on fait de la musique par passion et que l’on s’amuse. Il y a un moment où il faut que l’on gagne notre vie. Techniquement c’est compliqué à moins de faire payer les gens 500 euros la place. C’est très très compliqué. Le format est hyper cool et drôle pour de la promo et puis pour un délire perso au groupe. Mais ce n’est pas une solution de survie, c’est une solution artistique, on a besoin de plus grosses conditions pour avoir le minimum requis.
Pozzo-Live: Vous êtes un groupe qui aime beaucoup parler de sujets d’actualité et en pleine préparation de votre 3ème album. Ce confinement vous a t-il inspiré ?
Cachemire: Forcément, c’est le quotidien qui inspire, mais on a toujours été un peu, on va dire, sociétal et pas politisé, on a toujours des sujets de société, on n’est pas rentré dans la facilité à parler de virus, de confinement ou de stratégie politique. Disons qu’il a aidé à ce que l’on soit inspirés parce qu’on avait que ça à penser. Mais le sujet actuel, malheureusement c’est une confirmation de beaucoup de choses qui se passent. Pour beaucoup de personnes c’est quelque chose hors du commun, pour moi, c’est la continuité de ce qu’il se passe depuis des décennies. Si on part dans des pays du tiers-monde ou dans des pays en développement, qui eux , connaissent la famine, la maladie, pour nous c’est une simple maladie qui se guérit avec « un efferalgan », pour eux, c’est une maladie considérée comme mortelle, et ils vivent cela depuis la nuit des temps. Nous on est tranquille, posé dans notre maison, on a un confort qui est respectable. Je vois les choses en noir sur ce côté-là, mais je pense que ça fait du bien le retour à la base malgré le fait. Je pense naturellement aux victimes de cette maladie et aux victimes qui ont travaillé dur, comme le corps médical, les caissières, les caissiers, les éboueurs, etc.. où c’est une période complexe pour eux. Je pense aussi aux restaurateurs aujourd’hui, c’est une période très compliquée économiquement, mais en même temps qu’est ce qu’on peut faire pour stopper le bordel qu’on a crée depuis 20, 30 ans voir même 1 siècle. J’ai pas de solutions je ne suis pas politicien (rires). Mais en tout cas le fait de se vider la tête, ne plus être en concert, ne plus être dans le camion à penser live, forcément on se pose, on enfile notre bermuda, on boit des coups et ça nous inspire parce qu’on a la tête vide, donc c’est en ça que ça nous a inspiré.
Pozzo-Live: D’ailleurs pouvez-vous nous parler de ce nouvel album qui arrive bientôt ?
Cachemire: Le nouvel album est toujours dans la même ligné que le 2ème ! Le 1er était « fait maison », un peu, tandis que le 2ème était plus produit et plus travaillé. On avait travaillé avec Charles de Schutter qui a, entre autre, travaillé avec -M-, Superbus, No One is Innocent, etc.. On va retourner à Bruxelles chez Charles parce que le son nous plaît à fond et qu’il y a une alchimie qui s’est créée avec lui. Ça va être un album dans la lignée du 2ème mais beaucoup plus gros, beaucoup plus produit, il va être plus incisif, plus dur, ça va être un rock un peu plus dur !
Pozzo-Live: On peut voir que votre public vous attend avec impatience ! Avez-vous hâte de reprendre les concerts/ festivals ?
Cachemire: Oui ça serait mentir de dire qu’on n’a pas hâte, après on va pas se fixer des plans sur la comète parce que là, sur le papier, on reprend les concerts le 5 septembre avec un bon festoch ( on n’a plus 20 ans ) mais on veut vraiment pas se fixer de plan sur la comète car sinon on va encore être déçu si ça s’annule. Donc on a hâte mais on reste sur nos gardes.
Pozzo-Live: Auriez-vous quelques petites anecdotes de concert à nous raconter ?
Cachemire: La dernière en date, c’est celle que je t’ai raconté tout à l’heure car c’est l’une des plus drôles, on devait faire un festival avec Manu et les Toybloïd et on se retrouve dans un salon avec un mec qui a loué une tireuse à bières, qui a mis un barnum dans son jardin et invité ses potes, tout ça en 2h ! Il vit dans un lotissement et on y a mis le bordel. C’était de l’inédit et hyper drôle. Ça, c’est l’anecdote qui me vient en 1er ,parce que c’est la plus drôle et c’est celle qui rentre le plus dans le contexte. Après ce qui est bien, c’est qu’à chaque concert il se passe un truc différent, et c’est pour ça que ça nous excite, et quand on croise des artistes avec qui on s’entend bien, on peut faire les cons ensemble sur scène. Je pense à Didier Wampas, à chaque fois qu’on se croise, on fait les cons sur scène ensemble. Après, je ne sais pas si c’est une anecdote, mais c’était un concert puissant qui reste dans les mémoires et que l’on a fait au « Ferrailleur », à Nantes, avec Tagada Jones et Justin(e) qui sont 2 groupes avec Cachemire. On avait un ingénieur du son en commun (qui nous a malheureusement quittés des suites d’un cancer l’an dernier) et on a fait un concert caritatif pour faire une cagnotte à son petit garçon qui a 3 ou 4 ans. Il était assez puissant, ce live, parce que du coup on s’est tous mélangé, on a fait une playlist ensemble, on a joué nos titres pendant 30 minutes, puis tous ceux que Dorian aimait. On s’est mélangé avec Shanka des « No one is innocent », Nico Jones des « Tagada Jones », Flockos le bassiste de « Justin(e) » et également le guitariste d’ « Ultra Vomit ». C’était une grosse fête de famille. Je pense que le public en a eu plein la gueule car c’était un concert inédit et c’était une belle cohésion. C’est plus qu’une anecdote, c’est un concert qui restera gravé à vie.
Pozzo-Live: Dernière question, Quels artiste aimeriez-vous que l’on interview ?
Cachemire: Alors celui qui me vient, mais c’est con, il est mort, mais ça serai bien de le ressusciter c’est « Alain Bashung » si vous pouvez (Rires). Après si vous ne l’avez pas fait, je vous conseille « Ultra Vomit » parce que à chaque fois c’est une expérience inédite tellement ils sont drôles. C’est ce que je ferai en 1er , parce qu’ en gros, ils ne répondent à aucune des questions en disant n’importe quoi pour faire rire. Et après si on doit aller dans la précision, interviewez « Billy Talent », c’est un groupe canadien un peu comme les « Foo Fighters », ils peuvent remplir des salles, voir des stades, aux États-Unis et quand ils viennent chez nous ils font à peine 300 personnes. Mais « Billy Talent » pour savoir « pourquoi ? » en Europe, ils ne viennent pas plus ?
Pozzo-Live: Merci pour cette interview, à bientôt !
Cachemire: Merci à toi et à bientôt !
Un grand merci à Fred Bastar pour cette interview !
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