Le groupe Story of the Year est en tournée avec Ocean Avenue qui fête les 20 de son album éponyme. C’est lorsque que ces derniers s’arrêtent au Bataclan que Story of the Year peut enfin performer à Paris pour la tout première fois de sa carrière. Nous avons sauté sur l’occasion d’échanger avec le chanteur Dan Marsala et le bassiste Adam Russell.

Pozzo Live : Bonjour et bienvenue à Paris. Comment allez-vous ? Comment se passe la tournée jusqu’à présent ?

Dan Marsala : Pour l’instant c’est super. C’est notre première fois à Paris. 

Adam Russell : Première fois en France, en fait. Enfin, première fois où on fait un concert.

Dan Marsala : Ouais on est déjà passés sur un trajet mais on n’a jamais joué ici. La tournée est très bien, il ne nous reste plus que quelques jours donc on se détend un peu, mais c’est cool. On est heureux d’être là. 

Adam Russell : On est fatigués et on a froid mais on a hâte de jouer. 

Dan Marsala : Absolument.

Dan Marsala et Adam Russel de Story of the Year (2)

Pozzo Live : Oui c’est votre quatrième show en quatre jours, mais vous pourrez enfin vous reposer un peu demain.

Dan Marsala : Ouais on a un jour off demain. Quatre jours de suite c’est normal pour nous, on aime beaucoup jouer. Yellowcard aime bien prendre des jours off. Ils préfèrent faire deux ou trois concerts et c’est tout, mais là ça fait quatre jours et c’est un peu beaucoup pour eux, mais ouais, c’est bien. Après, je serai content d’être off demain, mes jambes en ont besoin. Je saute beaucoup partout… Je saute trop.

Pozzo Live : Comme vous l’avez dit, c’est votre tout premier concert en France après plus de 20 ans. Pourquoi ça vous a pris autant de temps ? On vous attendait !

Dan Marsala : Parce qu’on déteste la France.

Adam Russell : Non, non !

Dan Marsala : Non, je plaisante, je plaisante !

Adam Russell : C’est une bonne question qu’on se pose depuis 20 ans. Pourquoi est-ce qu’on ne joue pas quelque part en France ? Paris serait chouette, on serait ravis de jouer n’importe où. Je ne sais pas pourquoi ça n’a jamais pu se faire pour nous jusqu’à maintenant.

Dan Marsala : C’est très bizarre. On a joué partout en Europe, mais jamais à Paris, jamais en France.

Adam Russell : Alors que, comme tu l’as dit, on est passés en France tellement de fois ! On prend le ferry depuis le Royaume-Uni, on traverse et on va ailleurs à chaque fois, je sais pas…

Dan Marsala : Mais ça fait longtemps qu’on n’a pas joué en Europe. C’est cher, c’est compliqué pour nous de venir, donc ça ne fonctionne jamais. Heureusement, on est là aujourd’hui et c’est génial. On a hâte.

Pozzo Live : C’est étrange parce qu’il y a des groupes qui ne jouent pas en France, mais jouent plus que vous en Europe mais jamais à Paris.

Dan Marsala : C’est bizarre, on aurait dû le faire, plein de fois. 

Adam Russell : On a certainement joué dans des festivals suffisamment proches pour que beaucoup de Français nous voient. On a fait Groezrock plusieurs fois, et c’est à peine à 2h30-3h de route à peu près. Mais maintenant on est là.

Pozzo Live : Vous êtes donc ici ce soir, vous êtes en première partie de Yellowcard, mais je pense sincèrement que de nombreux fans français sont ici pour vous et attendent de vous voir depuis longtemps.

Dan Marsala : J’espère, oui. Le public a été incroyable jusqu’à présent, et il y avait pas mal de nos fans, mais beaucoup de fans de Yellowcard aussi, mais pas beaucoup de fans des deux. On est un peu plus « heavy » qu’eux mais on est amis depuis très très longtemps, donc c’est une super tournée et c’est assez cool. Dans tous les cas, ça va être une super soirée !

Pozzo Live : J’en suis sûr. Comme on le disait, vous êtes en première partie de Yellowcard, qui célèbrent les 20 ans de leur album Ocean Avenue. Vous avez vous-mêmes célébré les 20 ans de votre propre album. C’était important pour vous de fêter ça ? 

Dan Marsala : Ouais, c’est plutôt cool d’avoir un album qui a 20 ans, et nos albums Page Avenue et Ocean Avenue sont sortis à peu près en même temps. Pour le nom, c’était juste une coïncidence, ça n’avait rien à voir. On a fait notre tournée américaine, puis australienne, mais c’était différent. On ne voulait pas vraiment faire notre 20ème anniversaire ici, en première partie d’un autre groupe. Mais ouais, c’est cool. C’est un bel accomplissement d’avoir un album si vieux et de toujours être un groupe. C’est bien. 

Adam Russell : Absolument. On avait fait une tournée pour les dix ans, un genre de réinvention de Page Avenue et c’était une étape importante. Mais 20 ans c’est encore plus spécial pour moi. On en parle beaucoup ; être si loin dans nos carrières, toujours avoir des fans, toujours pouvoir faire des concerts… On se sent chanceux. Si on regarde tous les groupes, les centaines de groupes qui faisaient le Warped Tour, par exemple, au début des années 2000, il y en a très peu qui existent encore, sont encore en tournée, sont capable de financer des tournées et de voir le public venir à leurs concerts. Il y en a encore moins qui ont encore leurs membres originaux. Donc nous quatre – avec un membre de moins qu’à l’origine – sommes les mêmes que ceux qui ont commencé en 2000, quand j’ai rejoint le groupe. Donc ça fait presque 25 ans qu’on est tous les quatre. On se sent réellement chanceux.

Dan Marsala : C’est plutôt cool. On ne dirait pas que ça fait 20 ans, ça passe réellement vite. Et puis on se dit qu’on vient juste de commencer. On se dit qu’on est encore des gamins et en fait… Non, c’est pas le cas. On n’en est plus.

Pozzo Live : Votre dernier -très bon- album  Tear Me To Pieces est également sorti la même année que ce 20ème anniversaire. Ce n’était pas trop compliqué de tout promouvoir en même temps ?

Dan Marsala : C’était beaucoup.

Adam Russell : Oui.

Dan Marsala : Ce n’était pas censé se passer comme ça, mais le timing a fait que quand on a terminé l’album, c’était la même année que le 20ème anniversaire. Du coup, on ne l’a pas promu autant qu’on l’aurait voulu, mais on a en quelques sortes fait les deux tournées en même temps et on a joué beaucoup de chansons du nouvel album et aussi l’entièreté de Page Avenue. C’est un peu ce qu’on va faire ce soir, jouer pas mal de nouveaux morceaux et un certain nombre d’anciens.

Dans tous les cas, c’est chouette d’être sur les routes et au travail à nouveau, d’être en tournée. Ça fait longtemps qu’on n’a pas été aussi occupés, donc c’est cool. Et on va retourner directement en studio pour continuer à travailler et sortir un nouvel album, on l’espère. Dans quelques semaines on va retourner à Los Angeles pour commencer à travailler sur de nouvelles chansons, pour garder cet élan. Mais on adore ce nouvel album, il est très bien. Je viens juste de faire 7 réponses en même temps, ça part dans tous les sens. Mon cerveau ne fonctionne pas encore, je suis encore endormi. 

Adam Russell : Ce qui est cool de jouer ce nouvel album en même temps que Page Avenue c’est qu’on peut faire un set quasi complet de Page Avenue et Tear Me to Pieces et qu’ils fonctionnent très bien ensemble parce qu’on perçoit ce nouvel album comme un successeur direct à Page Avenue. En fait, il sonne plus moderne, mais c’est comme si on pouvait les mettre l’un à la suite de l’autre et ça sonne bien. On a fait toute cette progression assez folle sur 20 ans à essayer des choses plus heavy, des styles différents, et on est revenus à quelque chose qui sonne comme une évolution naturelle de notre style. je pense que c’est très compatible et que ça fonctionne bien. 

Dan Marsala et Adam Russel de Story of the Year (3)

Pozzo Live : Oui, absolument. Je pense qu’avec tous vos albums c’est une question différente. Mais au fond vous avez su rester efficaces album après album après toutes ces années. Quelle est l’inspiration derrière votre musique : d’autres groupes, des expériences de vie qui remplissent vos chansons ? Comment faites-vous pour produire de superbes albums à chaque fois ?

Dan Marsala : Je ne sais pas. 

Adam Russell : Notre inspiration a changé avec le temps, mais la boucle est bouclée. On a été très politiques pendant un temps. On a été très heavy et agressifs dans nos paroles, notre musique, dans tout. Mais maintenant on est de retour sur quelque chose qui est plus personnel, qui prend dans les mêmes sources d’émotions dont on s’inspirait pour le premier album et musicalement, notre propre musique inspire plus cette musique que jamais. On a l’impression que pour chaque album fait après Page Avenue on a essayé de puiser dans différentes inspirations et qu’on a essayé de ressembler à quelque chose d’autre tout en mettant de côté notre son premier. Mais maintenant on fait référence à Page Avenue parfois quand on travaille sur des chansons en se disant “oh, ouais, c’est cool” avec des progressions d’accords similaires par exemple, “mais si on faisait ça ?” ou des trucs comme ça. Et d’un point de vue de paroles, Dan…

Dan Marsala : Je ne sais pas lire.

Adam Russell : Il ne sait pas lire. Donc on doit lui dire ce que les mots veulent dire. [Rires de Dan]

Dan Marsala : “Ok, ce mot, “dying day”, c’est comme quand tu meurs.”

Adam Russell : Quand t’es comme ça et qu’après tu deviens comme ça… [Mime une tête qui tombe sur le côté et ne bouge plus] Mais dans une journée. [Rires]

Dan Marsala : Oui, chaque album est différent. En fait, on a des inspirations différentes chaque année dans la vie. Donc chaque album est un peu un genre de moment, de fenêtre vers ce qu’on ressentait à ce moment. Et puis, c’est toujours différent… Écrire des chansons c’est toujours similaire, mais Ryan va commencer des riffs et puis je vais commencer à chanter un truc par dessus et ça va s’assembler petit à petit.

On a toujours eu ce même procédé. Mais oui, d’un point de vue des paroles, ça change sans arrêt, le style ne fait que changer. On va d’une chose à une autre, mais ça finit toujours par sonner comme Story of the Year d’une certaine façon. Nous essayons beaucoup de choses. On a des chansons vraiment heavy et des ballades au piano. On a un peu de tout, mais on arrive toujours à finir avec quelque chose qui nous ressemble. Certains morceaux sont meilleurs que d’autres mais, eh, on ne sait jamais ! On fait avec ce que l’on ressent. C’est cool.

Pozzo Live : Après 20 ans, comment percevez-vous votre propre évolution ? La façon que vous avez de jouer sur scène, votre façon d’interagir avec le public… Est-ce que la relation que vous avez avec vos fans a changé ou pas vraiment ?

Dan Marsala : C’est vrai que ça a changé, récemment. Tout le monde grandit et vieillit, alors c’est un peu moins… Beaucoup moins de folie, on saute largement moins, aussi. Avant je disais des trucs du genre “bougez-vous, motherfuckers”, je leur criais dessus pour les faire sauter. Je crois que je peux pas être grossier dans cette interview, non ? Désolé. Mais maintenant c’est plutôt “allez chantez avec nous et levez les mains”. Tout le monde a grandi un peu, et on est toujours un peu foufous sur scène, on s’amuse bien. Mais oui, ça a évolué, on peut voir que le public a vieilli avec nous et qu’on change tous, mais c’est toujours génial. J’aime toujours autant. C’est un peu… On doit s’habituer et apprendre à dire aux gens de s’amuser sans leur dire de se frapper dessus.

Adam Russell : Il faut faire attention à l’ambiance.

Dan Marsala : Ouais, être attentif.

Adam Russell : Ce qu’il y a des plus drôle à propos de ça, de la foule qui ne répond pas trop au fait de leur crier dessus en leur disant de faire les fous ou des trucs du genre – et on l’a entendu directement de la part des fans – c’est qu’ils nous disent “mec, il faut arrêter de nous dire de sauter, je suis trop vieux pour ça, c’est… Je peux plus sauter comme ça.” Donc c’est plutôt marrant que nous, encore plus en sachant qu’on n’a pas été en tournée depuis très longtemps, même pour l’album avant Tear me to Pieces, Wolves, il y a eu peut-être 12 dates et ensuite ça a été le début de la pandémie. Donc dans nos têtes, on est toujours à cette époque. On a mis la barre tellement haute pour l’énergie donnée sur scène qu’il faut qu’on arrive à ce point, et on a des fans qui nous disent chaque fois “je sais pas comment vous réussissez à encore faire ça sur scène” et nous on se dit qu’on n’est plus aussi fous qu’avant, donc si vous pensez que c’est beaucoup, cool.

Maintenant on essaie aussi de trouver l’équilibre entre beaucoup d’énergie, bouger énormément sur scène, et avoir un meilleur son. Au début, on ne se préoccupait que de l’énergie du show et on était à côté de la plaque en matière de musique, on faisait des sons n’importe comment [fait un exemple de son très cacophonique] avec nos instruments, alors que maintenant on essaie de trouver l’équilibre où on peut avoir cette énergie folle et interagir avec la foule tout en sonnant mieux que jamais.

Pozzo Live : Je ne suis pas certain de pouvoir écrire le son que vous venez juste de faire, mais je vais essayer.

Adam Russell : Toutes les lettres d’un coup. Prends ton clavier et fais ça [mime sa tête en train de rouler sur le clavier]

Pozzo Live : Je vais laisser mon chat marcher sur le clavier, je pense.
J’espère en tous cas que le public français va vous montrer la folie dont il est capable !

Dan Marsala : Peut-être que vous sautez encore, ici, qui sait ? On verra !

Pozzo Live : Tout à fait.

Dan Marsala : Non, en vrai, c’est toujours chouette. Le public est toujours cool, c’est juste différent. Ça évolue.

Adam Russell : Certains fans emmènent leurs enfants aussi, maintenant, c’est un tout nouvel élément.

Dan Marsala : Oui, il y en a beaucoup, surtout aux États-Unis. J’en vois moins ici, mais à la maison c’est devenu très familial; il y a beaucoup d’enfants de 12 ans avec leurs parents, et c’est génial. C’est une nouvelle génération de fans… Et ils peuvent sauter ! [Rires]

Dan Marsala et Adam Russel de Story of the Year (4)

Pozzo Live : Une autre question pour retourner un peu dans le passé. Est-ce que Never let it go, la chanson bonus de The Black Swan va un jour sortir sur les plateformes de streaming ?

Dan Marsala : Je n’en sais rien. Ça devrait. 

Adam Russell : Ça n’est disponible nulle part ?

Dan Marsala : C’était Japonais? Oui, je crois que c’était une face B pour le Japon, c’est ça ? C’est une chanson très cool. On avait prévu de mettre tout… Il y a beaucoup de faces B pour cet album, parce qu’on a beaucoup enregistré.

Adam Russell : Cette chanson, d’ailleurs, celle-ci et une autre dont je ne me souviens plus, étaient en compétition pour savoir laquelle on enlèverait de l’album, et elle a perdu face à une autre. Tu te souviens de laquelle c’était ?

Dan Marsala : Je crois qu’on les a gardées de côté parce qu’on s’est dit qu’on allait les sortir à un autre moment, ou quelque chose comme ça. On s’est dit “gardons ça, on la mettra avec les autres et c’est une bonne chanson”. C’était un truc bizarre de ce genre.

Adam Russell : On s’est dit que si on enlevait Never let it go, alors la chanson bonus serait vraiment bien, alors que si on enlevait l’autre, la chanson bonus serait juste “meh”. 

Dan Marsala : Ce qui était stupide parce qu’on n’a jamais rien fait avec… Mais ouais, j’aimerais beaucoup que tout ça soit disponible en streaming, mais je ne sais pas trop comment faire. Epitaph – c’était avec Epitaph Records à l’époque – détient tous les droits, donc ils peuvent faire ce qu’ils veulent avec, en fait. On devrait sortir ça d’une façon ou d’une autre. 

Adam Russell : Je me demande s’il n’y a pas un truc avec le label qui distribue pour Epitaph au Japon, des contrats autour de tout ça, qui impliquent que ça ne peut être sorti qu’à un certain endroit, parce que le Japon veut toujours quelque chose d’exclusif pour le territoire, ce qui fait sens, donc peut-être que c’est toujours lié à ça. 

Dan Marsala : C’était différent à l’époque, parce que quand on avait des CDs – c’étaient des CDs physiques – c’était une sortie particulière pour eux. Mais ensuite Epitaph a juste sorti les deux faces B, elles sont sur les plateformes… C’est bizarre.

Adam Russell : On va en parler à Brett pour que ça se fasse.

Pozzo Live : En réalité, j’ai découvert il n’y a pas si longtemps que cette chanson et The truth shall set me free sont disponibles sur Amazon Music, c’est la seule plateforme sur laquelle je les ai trouvées. The virus, en revanche, n’est disponible nulle part.

Dan Marsala : Tout est sur Youtube, je crois. C’est sûr que ces trois-là y sont. Il y a aussi une chanson qui s’appelle Save One, dont je ne suis pas sûr que qui que ce soit en ait entendu parler… Parce qu’on avait 5 faces B. Il y avait aussi Turn up the radio ou un truc du genre… C’est ça, le nom de cette chanson ?

Adam Russell : Ouais.

Dan Marsala : Je n’aime pas cette chanson, donc c’est une bonne face B. Elle ne devrait pas être entendue. [Rires]
Non, en vrai, on avait 5 chansons qui étaient entièrement faites mais dont on n’a rien fait. C’est bizarre. Elles sont juste là, elles se cachent.

Pozzo Live : Je vous ai en réalité découverts avec Never let it go puis The Antidote, avant de finir l’album. Ce n’est qu’après que j’ai découvert Page Avenue.

Dan Marsala : Oh, cool. Ouais, c’était un assez grand moment pour nous, parce que notre deuxième album, In the wake [ndlr : of Determination], n’a pas autant vendu que le premier, donc il fallait qu’on revienne en force avec The Black Swan, c’était très important, et on venait de signer avec un nouveau label, c’était un moment énorme dans notre carrière.

Adam Russell : On a passé beaucoup de temps à écrire aussi. C’était un moment effrayant, parce que notre label d’origine, Maverick, a été en quelques sortes dissous dans Warner, donc beaucoup de groupes de Maverick ne sont pas parvenus jusqu’à Warner. Donc on a perdu notre contrat, on était paniqués, donc il y avait toute cette motivation émotionnelle en plus dans la musique et on y a passé tout ce temps. C’est ce qui en a fait un album si spécial.

Dan Marsala : C’est pour ça qu’on a enregistré autant de chansons. On a fait un album entier avec Elvis Baskett, puis quatre chansons additionnelles avec John Feldman, donc on a fait plusieurs sessions différentes et beaucoup de chansons, et voilà, c’était ça The Black Swan.

Adam Russell : Eh mais par contre… C’était en 2008 ? Donc peut-être qu’il y aura une édition super spéciale en 2028 dans laquelle on mettra tout ça.

Dan Marsala : C’est un EP entier qu’on n’a jamais sorti, c’est complètement débile. Je sais pas pourquoi on n’a pas… Je sais pas à quoi on pensait. On avait des plans et ça n’a pas fonctionné. On a oublié. 

Adam Russell : J’ai oublié.

Dan Marsala : Moi aussi j’ai oublié. [Rire général]

Pozzo Live : Vous êtes en ce moment en tournée en Europe, ce que vous n’avez pas fait depuis longtemps. Y-a-t-il un endroit où vous n’êtes pas encore allés – et qui n’est pas prévu dans un futur proche – et où vous aimeriez aller jouer ?

Adam Russell : L’Afrique du Sud.

Dan Marsala : Ouais. On a eu des offres, mais on n’est jamais allés donner un concert là-bas. Mais on est allés à peu près partout où on pouvait aller.

Adam Russell : On voulait vraiment jouer en Russie. Il y a 10 ou 15 ans, beaucoup de nos amis ont pu aller faire des concerts à Saint Petersbourg, à Moscou… Pour nous ça ne s’est jamais fait, pour je ne sais quelle raison.

Dan Marsala : Mais, ouais, l’Afrique du Sud. L’Afrique est le seul continent sur lequel on n’est pas allés.

Adam Russell : Sauf l’Antarctique.

Dan Marsala : J’ai joué en Antarctique ! Pas toi ?

Adam Russell : T’y as joué en solo ?

Dan Marsala : Il fait froid là-bas. [Rires]

Adam Russell : On essaie de retourner en Nouvelle-Zélande. Je sais que ça ne répond pas tout à fait à la question, mais on n’y est allés qu’une fois, et c’était même pas pendant 24 heures. C’était très rapide.

Dan Marsala : Ouais, parce qu’on a beaucoup joué en Australie, peut-être dix ou douze fois, mais une seule fois seulement en Nouvelle-Zélande. C’était très cool, mais on veut y retourner, c’est sûr.

Adam Russell : On a essayé la dernière fois, mais ça ne fonctionnait pas avec le planning.

Dan Marsala : Faire des tournées, c’est difficile. C’est cher. Tout le monde nous demande pourquoi on ne vient pas chez eux. En vrai, on aimerait trop. On ne peut pas se le permettre d’un point de vue financier. Voyager c’est super cher, et ça fait beaucoup.

Adam Russell : Honnêtement, on adorerait jouer dans tous les pays Européens, c’est sûr. On n’est jamais allés en Espagne, ni en Irlande. On n’a jamais joué en Finlande, je crois ?

Dan Marsala : Je crois pas. On est allés en Suède, au Danemark…

Adam Russell : Oui, quelques fois au Danemark… Un peu partout. J’aimerais beaucoup jouer en Autriche. Je ne sais pas à quelle fréquence d’autres groupes jouent en Autriche. On y a séjourné… Attends, on n’a pas joué à Vienne ?

Dan Marsala : Si, on l’a fait. Eh, bravo, t’as réalisé ton souhait ! [Rires]

Adam Russell : Alors disons que je veux y retourner. On aimerait juste beaucoup venir en Europe plus souvent.

Pozzo Live : En Autriche, il y a un super festival. Je ne sais pas si vous connaissez le Nova Rock ? Chaque année, le lineup est incroyable. Ça pourrait être une date chouette pour vous.

Dan Marsala : On essaie d’être sur plus de festivals, mais même si notre manager reçoit plein d’offres, encore une fois, d’un point de vue financier ça ne fonctionne pas toujours. 

Adam Russell : Il est au printemps, ce festival ? Le printemps et l’été en Europe, c’est génial. La première fois qu’on est venus, c’était au Royaume-Uni et c’était à peu près la même période de l’année que maintenant. Il faisait froid et il pleuvait, on était tous de mauvaise humeur. On se disait “putain, ça craint ici.” Mais au printemps c’est magnifique.

Dan Marsala : Ouais, là c’est pas notre période préférée pour être ici, mais ça va.

Adam Russell : Mais là il fait beaucoup plus froid qu’en temps normal, non ?

Pozzo Live : Oui, depuis hier, il a même neigé.

Dan Marsala : J’en ai entendu parler !

Pozzo Live : Demain ce sera mieux, mais il fait très froid.

Dan Marsala : C’est la même chose à St Louis, dans le Missouri, là où on vit. C’est la même météo en ce moment, même délire. On est habitués.

Pozzo Live : Très bien, vous pourriez aller jouer en Finlande ce mois-ci, alors, ce serait chouette ! [Rires]

Dan Marsala : Ce serait un peu dur en ce moment. [Rires]

Pozzo Live : Est-ce que vous avez des passions ou des hobbies en dehors de la musique, pour vous changer les idées ?

Dan Marsala : Non, j’aime que la musique… En vrai, je sais pas. Qu’est-ce que j’ai fait récemment ? Je faisais pas mal de skate, avant. J’ai toujours fait du skate, et mon fils de 12 ans en a fait pendant un temps, donc on en faisait ensemble, ce qui était vraiment cool. En ce moment, il n’aime plus trop ça, donc ça fait à peu près un an que j’en ai pas fait. Je suis un peu trop vieux pour faire du skate, maintenant, mais j’en suis toujours capable. C’est plutôt marrant.

Tout le monde : Prouve-le, prouve-le !

Dan Marsala : Donnez-moi une planche, je vais faire un kickflip tout de suite ! Ouais, à part ça, j’aime beaucoup la musique. J’ai enregistré pas mal de groupes et d’autres trucs pendant un temps. On a été tellement occupés qu’il n’y avait pas trop de temps à côté pour les hobbies. On était juste beaucoup en tournée, à jouer de la musique. Ce qui est cool puisque la musique est mon passe-temps préféré. C’est ma passion, mais c’est aussi mon travail. C’est cool.

Adam Russell : Mon problème c’est que j’ai trop de hobbies. C’est un souci de déficit d’attention. J’en suis à un point dans ma vie où je dois éliminer des hobbies. Je vais vendre mes clubs de golf, mes boules de bowling, mes tout et n’importe quoi. C’est beaucoup trop, parce que je m’intéresse aux choses hyper facilement. Le truc le plus important pour moi, c’est Star Wars. De façon générale, je suis fan de cinéma et tout ça, mais Star Wars est super important pour moi. On anime un podcast sur Star Wars avec Ryan de Yellowcard, Nick Ghanbarian – le bassiste de Bayside – et un autre ami que j’ai rencontré via la franchise, qui est musicien et artiste.

À travers cette passion, je me suis mis à faire plein de trucs de façon générale, que ce soient des costumes, des accessoires, des trucs du genre. Je travaille aussi graduellement sur trois scénarios différents, au cours du temps. Comme je l’ai dit, je suis vraiment très fan de cinéma. Je travaille toujours sur des choses créatives, quelque chose comme ça. La réalisation a toujours été une passion, tout au long de notre carrière en fait. Donc Ryan – notre guitariste – et moi,  on avait toujours des caméras sur nous à nos debuts, et c’était beaucoup ce qu’on faisait en tant que groupe à l’époque, quand la plupart d’entre nous ne buvait pas : on avait des caméras, des skateboards, et on faisait des trucs de fou. C’était les débuts de Blink-182, de Jackass et des trucs comme ça, donc on était juste des abrutis un peu fous.

D’ailleurs, on a eu notre premier contrat d’enregistrement en faisant une vidéo, juste une compilation de trucs avec de la musique live et un grand chaos. On a mis ça sur une cassette VHS et on a donné ça à des groupes et à des labels, c’est comme ça qu’on a été signés. Les DVDs qu’on a sortis après ça étaient tous dans la même veine, donc la réalisation – même à ce niveau-là – a toujours fait partie de l’ADN du groupe et c’est une partie de ce que j’aime faire. Donc principalement ça : Star Wars et la réalisation. Faire des trucs, en général.

Dan Marsala : Moi j’aime boire. C’est un hobby, ça ? Le Jameson qui est là, c’est mes réserves. Y’en aura plus ce soir. Non, en vrai, c’est pas juste pour moi, pas juste pour moi. Josh – notre batteur – adore le Captain Morgan, c’est son truc. Mais il est hyper sélectif, il n’aime que le Captain Morgan. Mais c’est sûr qu’on devrait s’aventurer un peu ailleurs. Il nous faut de l’alcool français ! [Rires]

Pozzo Live : Vous avez des tatouages Star Wars ?  

Adam Russell : J’en ai plusieurs ! Enfin, quelques-uns. J’ai des X-Wings, là… L’alliance rebelle… Celui-ci, c’est une Princesse Leia en vierge Marie vraiment moche, cet espèce de truc religieux qui a été fait en 1999 par un tatoueur à St Louis qui n’avait jamais vu Star Wars. Ça ne lui ressemble pas du tout, il y a du bleu sur la robe… Il n’y a rien qui va !

Dan Marsala : Et les cheveux… Ça se voit que c’est pas dingue.

Adam Russell : Mais j’étais trop jeune et trop timide pour dire non au tatoueur. Il m’intimidait. Donc je vais le passer au laser et le rattraper, à un moment. J’ai des projets pour d’autres trucs. Celui-ci va passer au laser pour que je puisse faire un plus gros truc. Ça arrivera à un moment. Peut-être. Je suis super vieux, donc peut-être que ça n’arrivera pas, en fait.

Pozzo Live : Et qu’est-ce que vous pensez des derniers films Star Wars ?

Dan Marsala : Ah, je crois qu’on m’appelle, je vais y aller… Non je rigole !

Adam Russell : J’aime tout. Absolument tout. Certains plus que d’autres, mais j’essaie de garder cet émerveillement enfantin dans la façon dont j’aborde ça, plutôt que d’essayer d’être têtu et de critiquer tout ça en restant bloqué dans mes propres attentes. Parce que le truc dont on doit toujours se souvenir à propos de ces films c’est le côté fantastique. Tout est un peu idiot, ridicule… C’est putain de ridicule. Et au fond, c’est fait pour les gosses. Peut-être pas des petits, mais pour des gamins de 12 ans. Donc en tant qu’adultes, on a des attentes différentes parce qu’on a grandi avec. Donc si vous voulez des trucs plus adultes, vous pouvez regarder Rogue One ou Andor. Mais vous, en tant qu’enfant, vous pouvez aussi apprécier les trucs comme les sequels, ou Solo, ou les dessins-animés qui sont super !

Donc, pour moi, tous les nouveaux trucs qui étendent l’univers, étendent le lore. Jaime les regarder pour ce qu’ils sont. J’essaie de les prendre en compte avec leur contexte. Et puis, en tant qu’artiste – puisqu’on est des artistes qui gagnent leur vie en créant des choses qui nous tiennent à cœur, pour lesquelles on se donne à fond parce qu’elles sont importantes pour nous – j’essaie de respecter ce que les réalisateurs, les scénaristes, les artistes qui ont créé ça… J’essaie de les respecter en tant qu’artistes et me mettre à leur place en essayant de comprendre leur vision plutôt que d’espérer que ça colle à ma propre vision. Parce que oui, ils le font pour nous, mais c’est aussi leur art.

Il faut garder à l’esprit que tout est générationnel. Pour les gens qui ont la trentaine aujourd’hui, les prequels sont arrivés à la fin des années 90, début des années 2000, donc c’est leurs Star Wars, et ils détestent les nouveaux films. Mais à l’époque, pour les gens de mon âge et plus vieux, quand ces prequels sont sortis, ils les ont détestés. C’est inévitable, c’est générationnel. Donc j’essaie de prendre du recul et de ne pas me perdre dans ces conneries. Plus je le fais, plus j’analyse les choses, moins je me sens heureux. Dans le deuxième sequels, je me suis agacé à propos de certaines choses et je l’ai décortiqué à fond. Sauf qu’à un moment, j’ai réalisé que je me le rendais encore pire.

La même chose fonctionne aussi pour la musique. Certaines chansons te parlent, d’autres non, mais si tu t’attends à ce qu’un groupe soit exactement le même que quand t’avais 14 ans, tu seras forcément déçu, parce que tu ne peux pas avoir la même expérience à 14 ans et 20 ans plus tard. Ton cerveau est différent, t’es pas dans la même situation. Donc quand un groupe sort un nouvel album et que ça sonne différemment, juste dire que c’est nul c’est assez enfantin et complètement con. Il faut juste prendre ce qu’on nous donne pour ce que c’est. Si tu n’aimes pas, passe à autre chose. Retourner écouter les anciens albums, écoute autre chose, et laisse les autres en profiter. Et ferme-la. 

Pozzo Live : On va appeler ça « le syndrome de Linkin Park ».

Adam Russell : Ouais, Linkin Park est drastiquement différent, maintenant. Les gens devraient respecter le groupe pour ce qu’il est. Et puis, ils s’attendaient à ce qu’ils fassent quoi ? Chester n’est plus là. Carrie Fisher est morte. Comment on fait le dernier film Star Wars sans Carrie Fisher ? Ça devait être à propos d’elle. Comment on fait à nouveau du Linkin Park sans Chester ? Il faut juste accepter que ça change, que ça évolue.

Pozzo Live : Ça fonctionne aussi avec les derniers albums de Linkin Park avec Chester.

Adam Russell : Oui, mais c’est le nouveau truc, ça. Les gens se plaignent qu’ils aient changé, qu’il y ait une femme maintenant. Mais ils changeaient déjà avant. Ils ont tellement évolué. Après leurs deux premiers albums, ils sont partis sur un chemin différent. On aime ou on n’aime pas.

Dan Marsala et Adam Russel de Story of the Year (5)

Pozzo Live : Dernière question et pas des moindres : qui devrions-nous interviewer après vous ?

Adam Russell : Senses Fail ?

Dan Marsala : Ce sont nos amis, on vient juste de tourner en Australie avec eux. Jason, leur guitariste, l’a remplacé à la basse pendant notre dernière tournée avec The Used. Donc ouais, on est emmêlés maintenant, on n’est plus qu’un seul énorme groupe. Senses Fail, ils sont géniaux.

Adam Russell :Et Buddy, le chanteur, est quelqu’un de très cool à qui parler.

Dan Marsala : Il est très drôle. C’est quelqu’un d’un peu fou.

Adam Russell : Qui d’autre ?

Dan Marsala : Je ne sais pas. Qui est-ce que vous n’avez pas interviewé ? Qui est-ce que vous voulez interviewer ? Je ne sais pas qui vous avez déjà interviewé. Il y a un groupe que j’écoute tout le temps en ce moment qui s’appelle Hot Mulligan. Je les adore. C’est un de mes groupes préférés, Hot Mulligan. À part ça… Je sais pas trop.

Adam Russell : Ça fait une réponse chacun, c’est parfait.

Merci à Dan et Adam pour leur temps et merci à Kinda Agency

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