Fin janvier, Pozzo Live a rencontré un tout nouveau groupe français de pagan folk : Det Var, dont on vous parlait il y a quelques mois. Thomas (chant, talharpa) et Johan (chant, percussions) nous ont parlé de la naissance de ce projet et de ce qu’ils envisagent pour la suite.
Pozzo Live : Bonjour les gars, vous pouvez nous parler un petit peu de la naissance du groupe de Det Var?
Thomas : C’est une histoire assez rigolote, un coup de pouce du destin en fait ! Il y a un peu plus d’un an maintenant, avant la naissance de Det Var, j’avais justement l’envie de faire un truc pagan folk comme ça. J’avais tenté un premier morceau dans ma piaule. Ce n’était pas ouf mais c’était un petit début. Et une amie m’a parlé de Johan. Je me suis retrouvé chez lui comme un date Tinder, c’était coup de foudre direct ! (rires) Et c’est passé crème, on avait vraiment les mêmes ambitions.
PL : Vous faisiez tous les 2 parties d’un groupe plutôt métal. Det Var c’est un virage à 180° par rapport à ce que vous faisiez avant. Comment vous expliquez ce changement ?
Thomas : C’est le projet de la maturité pour ma part.
Johan : Moi c’est beaucoup l’envie de se calmer, un petit peu explorer de nouveaux horizons. Et puis des envies de beauté de la chose, de poésie etc… et ce fameux coup de foudre ! (rires)
PL : Comment vous répartissez les rôles dans le groupe ?
Thomas : En composition c’est une véritable harmonie entre Johan et moi. On a chacun nos idées et même si on a des univers bien définis, ils se correspondent. Mais en gros, généralement, il y a une ligne directrice, une « merde prod » (rires) : une sorte de pre-prod qui est faite dans la piaule, qu’on partage à l’autre et qu’on soumet à validation. Généralement les lignes mélodiques sont rapidement validées et on se cale un week-end pour enregistrer. Le morceau change pas mal de visage parce qu’écrire sur le logiciel ou enregistrer dans sa piaule, c’est pas la même chose que dans un vrai studio. Johan est derrière la console, moi dans la cabine où j’enregistre. Il me dit : « non Thomas, là c’est de la merde », on recommence… En fait on fait ça, on recommence jusqu’à ce que ça marche !
Johan : Thomas a minimisé son implication, son importance dans la première moitié de la composition. Il joue toujours le grand modeste sans le faire exprès ! Dans la première partie de composition des morceaux , c’est d’abord Thomas qui amène une idée, un sujet, un texte, une envie. Par exemple , dans Kråke il a voulu faire juste un poème, dans Vi Red Sammen il a voulu parler de notre amitié à lui et moi, et dans Vergen il a parlé de sa vie de son passé. C’est toujours comme ça : il a une idée qui apparaît de quelque part, et puis après des mots lui viennent. et puis il m’envoie 1000 messages à 4h du matin « Oh j’ai un truc absolument génial Johan ! Tu vas voir, ça va être trop bien ! » Généralement je lui répond « on va voir, on va voir » et après il arrive chez moi avec une musique toute pourrie enregistrée dans sa chambre qui ne ressemble absolument à rien, mais on est là « ça, ça va être génial c’est terrible ! » alors que si t’écoutes ça tu fais « Oh l’horreur ! ». On les a gardées, ces versions, elles sont planquées sur les ordinateurs personnels, c’est des secrets intimes ! (rires)
Thomas : En fait voilà, c’est la même chose que la création de Det Var, c’est à dire que j’ai une idée et puis à nous deux on en fait de la musique pagan folk.
PL : Vous écrivez en norvégien… pourquoi ???
Thomas : (rires) C’était il y a quelques années, j’avais commencé des études de norvégien à la Sorbonne parce que aucune autre école ne voulait de moi. C’est une langue qui m’a toujours plu, c’est un pays, une culture et tout ça, qui m’ont vraiment toujours plu. Et donc pourquoi le norvégien ? Parce qu’on aurait très bien pu rester en anglais hein ! En fait, toute musique a sa langue de prédilection, tu vois. Par exemple le rock, ça va être l’anglais, le rap, ce sera essentiellement le français tu vois – enfin le meilleur rap ce sera en français. Bah pour moi, le genre de musique qu’on écrit pour Det Var, c’est le norvégien. Ça aurait pu être du suédois aussi, hein tu me diras – mais de par Wardruna, c’est norvégien. On est obligés de les citer, ils ont lancé le pagan folk! Donc bon disons qu’on marche un peu dans leur pas, c’est une grosse source d’inspiration.
PL : Vos instruments de musique sont quand même assez atypiques…
Thomas : Au début on était en mode à l’arrache. J’avais acheté une vieille lyre sur Amazon à 40 balles là – tu sais les trucs tout pourris. Et un jour Johan m’a dit « là Thomas faut qu’on achète des trucs sérieux » . Il m’a mis un gros coup de pied au cul et je m’y suis mis. C’est là que j’ai acheté une talharpa [NDLR : aussi appelée vielle à archet dans nos contrées occidentales], c’est une espèce de lyre à archet à 3 ou 4 cordes. Et je joue aussi de la lyre Kravik que j’ai commandée en Russie.
Johan : De mon côté j’ai utilisé un tambour chamanique d’une boutique en Allemagne et des instruments de batterie, plus des noix et des bâtons pour la rythmique.
PL : Des projets pour utiliser des nouveaux instruments ?
Thomas : C’est secret haha (rires) on ne va pas trop en dire tout de suite, on préfère se dévoiler petit à petit.
PL : Des scènes prévues ?
Thomas : C’est un dossier en cours ! Un dossier qui avance bien ! Ça a été confirmé, je n’en ai pas encore parlé mais normalement on devrait avoir un concert très bientôt [NDLR – l’info est tombée entretemps, ce sera les 2 et 3 juillet au Kave Fest].
PL : Comment vous pensez adapter vos chansons à la scène ?
Thomas : En ayant beaucoup de musiciens ! Pour le reste… il faut venir nous voir !
PL : Que voudriez-vous dire du coup à votre tout nouveau public ?
Thomas : Achète ! On n’a rien à vendre, mais achète ! (rires) Je plaisante bien sûr. On espère juste que ça va plaire tout simplement au public, parce que c’est vraiment quelque chose dans lequel on a mis toute notre race. Pour nous, c’est le projet de la maturité – ça fait cliché mais c’est vrai ! – donc on a complètement fait table rase du passé, on a largué nos groupes de métal et on s’est lancés là-dedans à corps perdus. On espère qu’on trouvera écho dans le cœur des gens .
Johan : Il faut savoir que en 2021 il y a « seulement » 5 titres qui sont sortis, mais on s’est rencontrés, on a cherché un univers, on a choisi des textes, la langue, acheté des instruments dont on a appris à jouer, on a appris à faire des musiques ensemble… On a travaillé énormément de choses, énormément, on a tout créé de A à Z on en ayant notre originalité.
PL : Comment on apprend à jouer de la talharpa, parce que j’imagine qu’il n’y a pas de cours au conservatoire ?
Thomas : Au conservatoire, non, mais il y a des associations qui existent. Après j’avoue que j’ai l’avantage d’avoir été dans la musique depuis mon plus jeune âge. J’ai eu des enseignements en conservatoire, où j’ai pratiqué pas mal d’instruments, donc je pense que j’ai réussi grâce à ça, grâce à l’enseignement de mes anciens profs. Ils m’ont apporté une certaine sensibilité, une sorte de rigueur pour pouvoir apprendre ces choses par moi-même. Ca a permis à Det Var d’avoir un bon son pagan folk assez rapidement. Il faut savoir que la talharpa n’est pas non plus l’instrument le plus difficile à jouer, même s’il est compliqué à faire sonner juste. Mais voilà, à partir du moment où tu cherches les bonnes méthodes, que tu as une rigueur de travail qui est déjà établie, et tout ça, je pense que pas mal de monde peuvent y arriver.
PL : C’est déjà la fin de notre interview. Quel groupe vous me conseillez d’interview après vous ?
Thomas : Nytttland !
Johan : Aucune idée, pourtant je travaille avec beaucoup de groupes… Peut-être Kati Rán, une artiste avec qui on aimerait travailler et qui a récemment sortie de très belles choses.
Merci à Det Var de s’être prêtés au jeu de l’interview avec bonne humeur. Leur EP est disponible dès maintenant en streaming sur votre plateforme préférée ! Vous pouvez aussi suivre le groupe sur leur page Facebook.