Le nouvel album de Magoyond « Necropolis » est sorti le 28 octobre. A cette occasion nous avons discuté avec le bassiste Arnaud (alias Aspic). Découvrez avec nous ce riche échange.
Pozzo Live : Bonjour comment est-ce que ça va ?
Arnaud « Aspic »: Et bien ça va bien, ça va très bien.
Pozzo Live : Votre troisième album Necropolis est disponible depuis Halloween, comme annoncé. Est-ce que cela a été difficile de tenir les délais ou bien étiez-vous prêt depuis un moment ?
Arnaud « Aspic »: Non c’était assez dur parce-que pour la première fois on a collaboré avec un label de distribution, M & O Music. Et du coup on a des délais qui sont un peu nouveaux pour nous. On sort une vidéo, je dis au hasard, le 20 octobre, il faut que le 19 octobre on leur ait envoyé la vidéo. Donc ce n’est pas juste tu finis la vidéo et tu la mets en ligne. Il faut anticiper beaucoup plus. Et en plus on a eu des délais un peu absurdes, liés à la pandémie, pour les vinyles. Ils devaient sortir en même temps que l’album le 28 octobre. Or le délai est passé d’à peu près 3 semaines-un mois à quatre mois. Donc fin mai en théorie on aurait dû envoyer l’album au pressage. Cependant nous n’avons pu l’envoyer que tout début juin et l’on a eu les test pressage de vinyles début juillet. Nous n’étions pas contents, les test n’étaient pas bons, on les a renvoyés. On a gueulé un peu, ils nous ont fait des meilleurs tests. Et donc les vinyles sont arrivés par palettes vers le 20 octobre. Donc on aurait adoré finir l’album le 15 octobre et le sortir le 25, mais hélas on l’a bouclé en mai.
Pozzo Live : Vous êtes passé par un système auto-produit de financement participatif pour cet album. Vous êtes passé par un label tout de même. Était-ce suivi ou bien avez-vous eu carte blanche ?
Arnaud « Aspic »: Disons que comme c’est juste un label pour la distribution ils n’ont pas de lien artistique. On a fait vraiment l’album qu’on voulait et juste ils l’ont distribué. On a tenté de trouver des labels « normaux » qui nous achètent le projet et nous produisent. Mais ils comprenaient pas en fait. Nous allions les voir et ils nous répondaient : « mais vous avez pas besoin de nous en fait. Vous venez de lever 63 000 € en financement participatif. Déjà jamais on ne vous aurait prêté cette somme là, en plus vous allez enregistrer avec un orchestre, avec un chœur. Nos groupes on leur déconseille de faire ça parce-que c’est une mauvaise idée, ça sert à rien, c’est de l’argent jeté à la poubelle. »
Nous on était pas vraiment d’accord, donc on s’est passé de label comme on fait depuis 10 ans. On a toujours été auto-produit. Le premier album c’était vraiment des bouts de ficelles qu’on payait de notre poche, on s’est à peine remboursé vaguement. Dès qu’on a eu un peu d’argent on a pu s’acheter des enceintes de monitor, pour mettre dans la cave. C’était un peu ce niveau-là.
Ensuite quand on a fait Kryptshow le deuxième album en 2019, on a fait un test. On a ouvert un financement participatif pour voir ce que ça donnait, en demandant 1 000€ qui ont été rassemblés en même pas une journée. Et on est arrivé à 20 000€, avec près de 400 contributeurs. Et là ça a été fois 3, on demandait 10 000€. On se doutait qu’il y aurait un phénomène d’explosion similaire, mais ça été plus beaucoup plus que prévu. Les 10 000€ ont été rassemblés en peut-être 3 heures. On a eu 20 000€ en une nuit. Et ensuite l’ascension lente, on est arrivé en un mois à 63 000€.
Donc à chaque fois on a rajouté des paliers. Si on arrivait à 25 000 on pouvait faire le vinyle, 30 000 je crois que c’était un clip en plus. 40 000 pourquoi pas un chœur, un vrai chœur. Et puis 50 000 un vrai orchestre. On ne pensait pas vraiment y arriver. Mais on y est arrivé et on l’a même dépassé, plus le choix il a fallu le faire. C’était super !
Pozzo Live. Tu en parles, c’était votre projet de le plus ambitieux. Vous semblez avoir réussi à vous amuser à le faire au milieu de la pression que cela a dû être.
Arnaud « Aspic »: C’était amusant, mais surtout épuisant. C’était 5 mois ultra intenses, vraiment à temps plein. On n’avait pas vraiment maquetté de chanson avant le financement participatif. Donc on s’est retrouvé en décembre « voilà notre deadline est en mai, faut qu’on fasse 10 chansons ». La pression était quand même assez énorme, même si on avait tout ce qu’on voulait et qu’on avait besoin pour bosser sereinement. C’est juste qu’on avait un objectif de qualité qu’était énorme. On ne voulait pas décevoir les gens. Tu ne peux pas te permettre de faire les trucs à l’arrache. Chaque seconde des 42 minutes de cet album a été entièrement validée, poncée, rererefaite jusqu’à ce que ce soit parfait et que ça nous plaise.
On avait des deadlines encore pires. Si l’enregistrement du chœur avait été prévu le 15 avril, il fallait que déjà les paroles soient faites avant, celles du chant lead. Si on veut que le chœur interagisse un peu, chante les paroles du chant lead, il faut que les paroles soient entièrement validées avant. Il faut qu’on ait pu faire des lignes de chant test, qu’on voit que ça marche vraiment. Parce-qu’il faut ensuite envoyer les partitions aux choristes et c’est pareil pour tout. Et une fois que c’est enregistré on ne peut plus changer. Donc beaucoup de deadlines successives et un peu de pression. On avait pas le droit de se planter.
Cela a été très dur sur certaines chansons, plus facile sur d’autres où tout s’est plus aligné. Ce n’est pas tant une histoire d’effectif ou de matériel ou de grandiloquence de la chanson. Simplement parfois on avait un riff de guitare, on a mis les arrangements dessus et ça marchait très bien. C’était génial. Mais c’est rare. Généralement y a 40 ping-pong entre le pôle paroles, le pôle arrangement et le pôle guitare, jusqu’à ce que tout le monde soit satisfait. Et puis on ajoute le pôle batterie. Pour que la batterie retranscrive ce qu’il nous faut tout en faisant en sorte que le batteur soit content de ce qu’il fait.
Donc des tonnes d’allers et retours, très très longs, mais amassés dans 5 mois. Je ne sais pas si on est prêt à le refaire aussi amassé, je ne pense pas. Tellement c’était énorme. Mais au moins on est satisfait !
Pozzo Live : Vous avez enregistré la sympathique reprise de « Soyez prêtes » il y a un an maintenant. Est-ce que cette chanson a été ajoutée en fin d’album pour la beauté du geste, en place d’honneur, ou bien cela faisait-il déjà partie de la réflexion globale de l’album ?
Arnaud « Aspic »: Cela faisait parti de la réflexion parce-qu’on est totalement dans la thématique du troisième album où les zombies prennent le pouvoir et écrasent tout. Exactement comme le fait Scar dans « Soyez prêtes« . Donc c’est un peu la chanson fondatrice qui a démarré l’album et qui a lancé le financement participatif.
En vrai elle devrait être au milieu de l’album, mais on peut pas. Déjà on ne l’a pas enregistrée au même moment, ce n’est pas tout à fait le même son. Et ce n’est pas le même style, c’est beaucoup plus humoristique. En plus c’est une cover, donc on l’a mise à la fin de l’album, histoire qu’elle soit sur l’album. On aurait pu ne pas la mettre, mais ça aurait dommage, car elle fait vraiment partie de l’arc Necropolis.
Si on était plus CD dans les années 90 on l’aurait mis en piste cachée. Où les gens doivent avancer, les célèbres pistes cachées des albums de cette époque. Là c’est juste la piste 11.
Pozzo Live : Les reprises sont toujours amusantes à faire, et un bon moyen de se faire un peu de visibilité. Vous avez quelques autres titres en tête ?
Arnaud « Aspic »: Cela sera pour le quatrième album. On ne veut surtout pas être trop connu pour nos reprises. Mais c’est une très bonne porte d’entrée, ça fait plus de vues sur Youtube. Même pour les copains à qui on fait découvrir ça, c’est une bonne manière de représenter le groupe, parce-que nos chansons sont toutes individuellement si différentes en style, qu’il faut rentrer dedans, c’est un peu intellectuel. Cela reste accessible, mais voilà le Roi Lion tout le monde connait, ou même le Pudding à l’arsenic tout le monde connait. Pour le quatrième album on en fera une autre, on a des idées. Toujours du dessin animé parce-que ça marche bien.
C’est toujours de la musique de méchant de dessin animé, mais la chanson de Raspoutine dans Anastasia serait bien. C’est une chanson qui n’a pas vraiment de titre je crois, mais qui est vraiment comédie musicale. Je ne sais pas si on le fera un jour, mais ça marcherait très bien.
Il y a une chanson aussi dans La Princesse et la Grenouille. C’est un Disney qui n’a pas énormément marché en France. A un moment il y a des vaudous et des zombies, ça marcherait bien. Mais voilà on sait pas, on verra dans deux ans [rires].
Pozzo Live : Effectivement c’est dur lorsqu’on fait des reprises de ne pas tomber dans le cliché « on est un groupe de reprises » et de garder son identité propre.
Arnaud « Aspic »: On a pas commencé comme groupe de reprises. Notre première reprise littéralement c’est 2016 alors qu’on a commencé en 2008. Donc vraiment ça jamais été vraiment notre truc. Nous sommes un groupe qui fait des compo, on peut faire des reprises, mais qu’elles soient pertinentes dans notre univers. Et il faut qu’on y apporte notre touche musicale et, je suis assez catégorique là-dessus, sans dénaturer l’original. La meilleure reprise qu’on puisse faire c’est vraiment honorer l’original en rajoutant juste des petits éléments qui complètent et qui font une deuxième vision. Mais c’est pas repartir de zéro et changer les notes et tout.
Pozzo Live : Vous avez plusieurs dates de prévues prochainement pour défendre l’album. Vous devez être très impatients. Est-ce que vous avez eu l’occasion de jouer live le dernier album ?
Arnaud « Aspic »: Oui ! On a fait notre release party les 31 octobre et 1er novembre. Une double date, parce-qu’on a voulu jouer dans dans le cabaret dans lequel on a tourné notre clip et il ne fait que 200 places. Donc la première date les places ont été vendus en 2 heures à peu près. On a ouvert une deuxième date histoire de. Comme on a pas encore de tourneur on appelle une grande salle et elle nous raccroche au nez. On aurait pu remplir le Trabendo, les 700 personnes on les faisait. Là on a explosé le quota et on a plein de gens qui n’ont pas pu acheter de place. On aurait pu, mais comme on est un groupe indépendant et qu’on est « personne » on n’a pas encore le pouvoir de faire des grandes salles … à Paris.
En province c’est une autre affaire. Là on va jouer à Rennes ce week-end. On joue au Rocher de Palmer à Bordeaux en janvier, sans problème. On joue à Lyon au Parc des Expo pour le festival Yggdrasil en février. Et peut-être en Belgique dans un festival belge, j’en dis pas plus parce-que c’est pas encore officiel. On rejouera à Paris ou proche banlieue peut-être en avril. Un peu partout, peut-être Toulouse, peut-être le grand Est. Voilà ça va venir.
On va essayer d’arroser la France le pus possible, parce-qu’on a un public qui n’est pas exclusivement parisien. C’est vraiment réparti de manière égale partout en France. On l’a vu quand on a envoyé les 950 colis à nos contributeurs. Dans des trous paumés, parfois en adresse on avait juste l’indication GPS et puis « 3ème maison bleue après le tournant », tellement le mec était dans un trou paumé. Et c’est génial ! On adorerait jouer à moins de deux heures en voiture de chaque personne qui nous soutient. Il y a des coins plus compliqués, le quart sud-est c’est pas génial, la côte d’Azur tout ça. On a déjà joué à Marseille, on espère y revenir le public était super.
Pozzo Live : Quel groupe vous conseilleriez à Pozzo Live d’interviewer ensuite ? En sachant que Xavier de Malemort nous a conseillé de vous interviewer.
Arnaud « Aspic »: Ah zut j’allais dire Malemort [Rires]. Alors j’aurais envie de passer le micro à Devin Townsend. Je crois qu’il a sorti un album là. On a fait une filiation qu’est de plus en plus claire, dans le côté un petit peu grandiloquent avec un frontman qui braille un peu. Un peu d’orchestre, de la grosse guitare, de la réverbe. Donc pourquoi pas si Devin pouvait passer après je serais content.
Interview réalisée le mercredi 9 novembre 2022.
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