Vous le connaissez tous, vous vous êtes tous époumonés sur ses chansons. Il a joué le rôle de Salieri dans la comédie musicale iconique de Mozart l’Opéra Rock, ou encore le roi Arthur dans La Légende du Roi Arthur. En parallèle, le chanteur français Florent Mothe a sorti deux albums solo en 2013 et 2016. Cette année, il est à l’affiche du spectacle Starmusical, en compagnie de Louis Delort (1789 les Amants de la Bastille) et de nombreux autres artistes qui ont marqué la comédie musicale française.
Entre deux répétitions, Florent Mothe nous raconte son expérience sur le show Starmusical et nous dévoile ses projets concernant sa carrière solo. Trêve de paragraphes introductifs, place à l’interview !
Remarque pré-lecture : l’artiste nous a demandés de le tutoyer, nous avons donc conservé l’échange tel qu’il a été réalisé.
Pozzo Live : Bonjour Florent Mothe, merci de nous accorder cet entretien !
Florent Mothe : Avec plaisir.
Pozzo Live : La tournée Starmusical a commencé le 13 février dernier aux Folies Bergère à Paris. Nous avons eu l’occasion d’assister au spectacle au Zénith de Dijon le 7 mars dernier. Comment te sens-tu après les premières dates ? Est-ce que tout se passe bien ?
Florent Mothe : Écoute tout se passe super bien, c’est un spectacle vraiment très agréable à jouer. C’est comme ça qu’on le raconte aux gens, c’est un spectacle feel good qui revient sur des décennies de comédies musicales françaises. On le mentionne à la fin du spectacle d’ailleurs, celui-ci devrait s’appeler “Merci à vous” parce que c’est grâce au public que la comédie musicale existe en France. Ce sentiment feel good qu’on essaye de faire passer au public, on le ressent à 1000% sur scène. On raconte l’histoire des comédies musicales et notre propre histoire. Je joue mon propre rôle. C’est vraiment feel good de monter sur scène et de raconter, de chanter ces chansons qui ont lancé ma carrière, mais qui ont aussi marqué l’histoire de la comédie musicale.
Pozzo Live : J’imagine que cela doit vous faire ressentir une certaine forme de nostalgie.
Florent Mothe : Bizarrement non, c’est parfois un sentiment un peu amer, la nostalgie. De se retrouver à penser au passé, de se dire que c’était mieux avant.. Ce n’est pas le but ici. Par contre, cela nous fait ressentir des émotions d’une période passée, cela peut paraître nostalgique dans ce sens-là. Moi, je ressens un renouveau en faisant ce spectacle. Évidemment, on joue sur la nostalgie des chansons qui nous ont appartenues à un moment, et qui appartiennent un peu à tout le monde aujourd’hui. Je ne dirais pas que c’est de la nostalgie. C’est vraiment le plaisir de se retrouver tous ensemble autour des comédies musicales qu’on connaît.
Pozzo Live : Que du positif, c’est super !
FM : Ouais !
PL : Dans une interview pour Télé Loisirs tu avais mentionné que l’on te proposait de nombreux projets de comédies musicales. Pourquoi avoir choisi Starmusical en particulier ?
FM : La première fois que j’ai vu ce spectacle sur scène, je me suis fait cueillir. La troupe commençait à travailler sur scène, ils étaient en promo à ce moment-là. Ils m’ont proposé de participer. J’avais pressenti qu’ils proposaient quelque chose de particulier. Il y avait un côté, malgré tout, à la Broadway, à la comédie musicale américaine et anglaise. La danse est beaucoup mise en avant, c’est assez impressionnant. On a des danseurs mais aussi des gymnastes et acrobates qui sont sur le spectacle, on en prend plein les yeux. J’avais vu un tableau, alors je ne sais plus si c’était celui de Moulin Rouge ou celui de The Greatest Showman. Cela m’a rappelé le film Moulin Rouge dont j’étais absolument fan. Et je me suis dit que pour ce spectacle-là, “je sens qu’il va se passer quelque chose de spécial, différent”. Certes ça joue un peu sur la nostalgie comme tu l’as dit, mais on a quelque chose à faire valoir en France sur la comédie musicale. Cela fait 40, 50 ans qu’on en fait. On a vraiment un style à la française. La première fois que je les ai vus (la troupe) j’étais convaincu que j’allais participer. Je me suis dit que ça me changerait les idées, que ça me ferait du bien, que je sentirais feel good quoi ! Voilà pourquoi j’ai voulu poursuivre avec eux.
PL : En parlant de comédies musicales françaises : il y a eu Mozart l’Opéra Rock dont vous avez fait partie, le Roi Soleil etc.. Ces comédies musicales ont été adaptées et exportées à l’échelle internationale. Quelle est, selon toi, la raison d’un tel succès à l’étranger ?
FM : Je ne sais pas, c’est très difficile de savoir. Comme je te l’ai dit, j’ai l’impression qu’on a quelque chose à faire valoir en France, qui est un peu différent de la comédie musicale américaine ou anglaise. Je pense qu’on a maintenant un savoir-faire dans ce domaine. La langue également, il y a beaucoup de pays francophiles qui ont envie de voir des comédies musicales en français. On traite des sujets qui touchent les gens, que ce soit Mozart l’Opéra Rock, Louis XIV, Molière ou la Révolution de 1789. J’imagine que c’est ça que les gens ont envie de voir. La musique aussi. En France nous avons de très bons compositeurs et auteurs. On est très porté sur le texte, je pense que c’est aussi ce qui intéressent les gens.
PL : Il est vrai que nous avons un répertoire important. Tu arrives au début de la seconde partie du spectacle dans une boîte de voyage en mentionnant que tu reviens de Chine. Je t’avoue que nous avons cru que tu ne viendrais jamais ! Était-ce par choix purement scénaristique ou est-ce que tu étais vraiment en Chine ?!
FM : (rires). Oui je tourne pas mal à l’étranger. J’ai tourné en Chine. La dernière fois que j’y suis allé, c’était juste avant le Covid. En réalité, je suis avec la troupe dans le tourbus. Je fais toute la tournée avec eux, ils ne sont pas réellement venus me chercher en Chine. C’est vrai qu’il y a beaucoup de gens qui me disent avoir eu peur de ne pas me voir ! J’arrive un peu comme une surprise. C’est une surprise pour tout le monde et aussi pour moi parce que (dans le spectacle) je ne m’attends pas à me retrouver sur scène en France, je me crois en Chine.
PL : C’est vrai qu’on était agréablement surpris quand tu es sorti de cette boite (rires).
FM : C’est une entrée assez originale et impressionnante parce que les gens ne s’y attendent pas du tout. Moi-même je joue comme si je ne savais pas ce que je faisais là, sur scène. Il y a beaucoup d’humour dans ce spectacle, on rigole beaucoup. Ça fait vraiment du bien.
PL : Il y a quelques semaines on avait interviewé Louis Delort et il nous avait confié qu’il n’était pas très à l’aise en danse. Vous avez participé à Danse avec les Stars en 2016. Est-ce que cette expérience vous a aidée lors de votre performance à Starmusical ?
FM : Pour DALS j’ai énormément travaillé. C’est une des fois où j’ai le plus travaillé de ma vie. De manière générale, la danse est un art qui est très difficile. C’est énormément de travail. Surtout lorsqu’il s’agit de quelqu’un qui est a priori novice en danse, c’est 8h de danse par jour pendant des semaines et des semaines. C’était une expérience incroyable, mais elle était dédiée à DALS. Je n’ai pas tout oublié tout de suite après, mais tu sais, c’est comme à l’école quand tu apprends un poème la veille : le lendemain, tout disparaît. Je suis sûr que si je m’y remettais cela reviendrait peut-être, mais je ne me sers pas de DALS en tant qu’artiste sur le spectacle. En fait j’espère que si, par rapport à ma position sur scène, dans mon corps, la connexion.. J’espère que ça m’a servi. J’ai retenu des choses qui se sont ancrées dans mon corps, mais niveau chorégraphie non malheureusement (rires).
PL : Cela a quand même dû aider pour vous sentir à l’aise dans vos mouvements etc.
FL : Il y a vraiment un truc dans DALS, ça procure vraiment un effet dans le corps. Quand tu es sur scène, ce sont des choses qui doivent devenir des réflexes : se positionner, la manière dont il faut se tenir etc.. La danse fait partie des Arts ancestraux. Tout le monde devrait faire de la danse. Tous les enfants devraient en faire comme ils devraient faire de la musique. Cela aide beaucoup, mais je ne sais pas si je suis devenu un meilleur danseur (rires).
PL : En tout cas je pense que le public a tout de même été conquis.
FM : Merci, merci, c’est gentil.
PL : Question qu’il nous fallait poser : quelle est ta comédie musicale préférée ?
FM : Hum..C’est très difficile d’en choisir une parce que j’en aime beaucoup. Par exemple, je suis allé voir Billy Elliot à Londres. J’avais adoré le film. J’avais préféré le spectacle au film parce qu’il y avait quelque chose de plus en live. Je me souviens avoir pleuré. C’est la première fois que je pleurais devant un spectacle en live. Je viens également de revoir West Side Story qui avait récemment été adapté par Spielberg au cinéma, qui est vraiment magnifique. Il y a également Moulin Rouge. Ce n’est pas vraiment une comédie musicale mais plus un film musical, mais j’avais adoré ça. Sinon en France, à chaque fois que je réécoute les chansons de Starmania, de Notre Dame de Paris, je trouve ça magnifique. Ce sont des partitions magnifiques.
PL : Vous avez dû apprécier partager la scène avec Renaud Hantson, qui a joué dans Starmania.
FM : C’était un des premiers spectacles que je suis allé voir. Je devais avoir 5, 6 ans. Il y avait Renaud Hantson, en effet. Ça m’avait marqué. Ce spectacle fait partie des œuvres qui m’ont donné envie de faire de la musique. J’avais rencontré Renaud Hantson quelques années plus tard, à l’occasion de Mozart l’Opéra Rock. Il était venu nous voir. Cela avait été une rencontre assez rigolote, c’était un peu l’ironie du sort de le rencontrer des années après. Partager la scène avec lui aujourd’hui est vraiment fun, ça fait super plaisir.
On ne remerciera jamais assez le public de venir nous voir et de partager ça avec nous.
PL : Si tu devais recommander une comédie musicale à quelqu’un qui n’est pas familier du genre, laquelle serait-elle ?
FM : Venez voir Starmusical ! On parle de toutes les comédies musicales qu’on connaît en France, c’est un spectacle feel good. On a des musiciens en live, des super danseurs et chanteurs.. C’est un beau spectacle, on est tous très content parce que le public repart enchanté. On le sent quand il y a une vraie énergie qui passe avec le public. Nous, en tant qu’artistes, ça décuple nos émotions, on prend encore plus de plaisir. On ne remerciera jamais assez le public de venir nous voir et de partager ça avec nous. Si vous aimez la comédie musicale, ou si vous avez envie de découvrir ce genre, je sais que vous allez passer un excellent moment.
PL : Parlons à présent de votre carrière solo. Depuis 2021, vous avez imaginé un nouveau projet sous l’identité de Billy Romance. C’est un projet qui mélange chanson, animation et dessin sous forme de comic book. Quelques épisodes de ce projet sont sortis récemment. Qu’est-ce qui a inspiré la création de cette identité ?
FM : Cela correspond à tout ce que j’ai pris de mes influences : séries, films, bande dessinée, musique, science-fiction, personnages issus de la littérature etc. Le nom “Romance” correspond au premier sens du terme, mais c’est aussi lié à l’action de romancer, de raconter une histoire. “Billy” correspond à une influence de l’Art. Je mentionnais précédemment Billy Eliot, mais aussi la chanteuse de jazz Billie Holiday, récemment Billie Eilish… J’avais envie de faire des choses différentes, de m’amuser, de prendre du plaisir et aussi de pouvoir m’évader. Je me suis dit que si je prenais du plaisir à raconter des histoires comme celles-ci, à faire de la bande dessinée, de l’animation, à faire des clips dans lesquels je mélange du fantastique, des sorcières, des aliens; il y a des chances que le public qui me suit adhère et prenne autant de plaisir que moi.
PL : Est-ce que vous avez quand même le temps de travailler sur le projet alors que Starmusical bat son plein ?
FM : J’ai toujours 40 000 idées en tête, et c’est vrai que le plus difficile quand on en a autant c’est de les concrétiser. Ça prend tu temps et de l’énergie. En ce moment je suis assez concentré sur la tournée Stamusical, mais je réfléchis déjà à la suite de Billy Romance, aux prochains épisodes, aux prochaines chansons.. Et à son adaptation en spectacle. Le but est de monter sur scène et de raconter cette histoire.
PL : Est-ce que vous pouvez nous en dire plus ?
FM : Récemment j’ai sorti le dernier chapitre, en bande dessinée, que vous pouvez trouver sur mon site billyromance.com. C’était le troisième, j’ai déjà le chapitre 4 en tête qui devrait arriver courant de cette année. En 2026-2027, dans une histoire inédite, j’aimerais…ah je ne sais pas si je dois dévoiler tout ça…! Il faut plutôt que je le dise en 2026, c’est encore un secret, un projet en préparation. Mais je travaille sur l’adaptation…aah je ne sais pas si je peux parler de ça.. !
PL : On peut garder ça secret !
FM : J’ai d’autres surprises pour 2026-2027, on va dire ça comme ça..!
PL : Nous arrivons à la fin de cet entretien. Chez Pozzo Live, nous avons une question rituelle : auriez-vous un.e artiste à nous recommander pour une prochaine interview ?
FM : C’est une bonne question. En ce moment, c’est mon fils qui me fait découvrir des artistes. Il écoute des trucs très pointus. Soit il écoute de la musique électronique techno sur Spotify, soit du metal. Il écoute un artiste qui s’appelle Kim Dracula. C’est un artiste qui mélange plein de choses, c’est assez fun. Alors attention c’est du metal, c’est pas pour toutes les oreilles. Si tu arrives à avoir une interview de Kim Dracula, je serais très curieux de lire ça ! C’est un artiste australien. Il a un univers très coloré.
PL : Merci beaucoup pour cette recommandation ! On essaiera !
FM : Si jamais il vient en France, ce sera l’occasion de l’interviewer. Tu me tiendras au courant, comme ça j’emmènerai mon fils en concert, il sera super content !
PL : Avec plaisir ! Merci beaucoup de nous avoir accordé cet entretien.
FM : Merci ! J’espère à la prochaine au spectacle de Billy Romance !
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