10 ans après son dernier album, Evanescence revient enfin avec “The Bitter Truth”. Troy McLawhorn, guitariste du groupe, nous raconte tout dans cette interview :
Pozzo Live : Après 10 ans d’attente, vous voilà avec un nouvel album “The Bitter Truth”, prévu le 26 mars. Comment s’est déroulé cet enregistrement en pleine pandémie ?
Troy : C’était vraiment difficile au niveau logistique d’enregistrer cet album. On peut remercier la technologie et Internet. Si ça s’était passé dans les années 70, je ne sais pas ce qu’on aurait fait (rires). Mais d’un autre côté, cela nous a permis d’être plus créatif parce qu’on était tous coincés à la maison. Et quand on a pu se retrouver, on était super excités à l’idée d’écrire. Mais logistiquement, c’était un vrai cauchemar. De mon côté, ça va encore parce que je n’habite pas très loin de Nashville en voiture. Je suis à Atlanta, c’est à 3h30 de route. J’y passais quelques semaines et ensuite je rentrais à la maison.
Pour te remettre dans le contexte, on a enregistré les 4 premières chansons en février 2020. C’était juste avant de partir en tournée avec Within Temptation. Et à cause du confinement, on n’a pas pu se revoir avant juin. Tout le monde était là (sauf Jen qui habite en Allemagne) et on a pu enchaîner plusieurs sessions d’écriture. Pour remplacer l’avion, on a dû louer des “bus de tournée” pour que les autres membres nous rejoignent. Will venait de Floride, et Tim venait de Californie. Il a même amené toute sa famille avec lui.
PL : Je vois que tous les membres du groupe sont mentionnés comme compositeurs sur ce nouvel album. Comment se déroule le processus créatif chez vous ?
Troy : C’est toujours différent, il n’y a pas de formule. Parfois Amy a une idée et la partage avec nous, et on essaie de jouer d’ajouter nos parties par dessus pour voir le rendu. La majeure partie de l’album a été composée au Canada entre 2 festivals à l’été 2019. Plutôt que de rentrer chez nous, on a passé une semaine tous ensemble dans des chalets à la montagne. On a jammé pendant toute la semaine, et à la fin, on avait un paquet de compos. En juin 2020, on s’est fait une grosse session d’écriture avec Will, Tim, Amy et moi. En fait, le processus créatif c’est juste que chacun propose des idées. Et quand une idée match avec tout le monde, on fonce dedans.
PL : Est-ce que certaines compositions viennent de démos d’il y a 5 ou 10 ans par exemple ?
Troy : Tu sais, Amy a une excellente mémoire. Avec Will, on avait écrit un couplet qui sonnait vraiment très bien quand on était à Nashville. Je crois que c’est la chanson “Part of Me”. Puis quelques mois ont passé, et on a montré cette démo à Amy. Et sa première réaction était : “Ouais, ça pourrait bien matcher avec quelque chose que j’ai écrit il y a 5 ans”. Et effectivement, ça matchait bien ! Et elle a fait ça 2 ou 3 fois sur cet album.
PL : Vous avez travaillé de nouveau avec le producteur Nick Raskulinecz. La dernière fois, c’était sur votre 3e album 10 ans auparavant. Comment ça se passe avec lui ?
Troy : La raison pour laquelle on a décidé de travailler avec lui, c’est parce qu’on l’avait adoré sur notre dernier album. Et d’ailleurs, ça s’est encore mieux passé cette fois-ci car on savait à quoi s’attendre. Et lui aussi savait ce qu’il pouvait attendre de nous. C’est un super producteur, très enthousiaste, plein d’énergie. Un peu comme un pote. Il a notre âge, donc on a les mêmes références et les mêmes goûts. Sa passion pour la musique nous a transcendés. T’aurais dû le voir en studio, il était à fond ! On le voyait carrément sauter de joie. C’est comme ça qu’on pouvait savoir si ça lui plaisait. En revanche, quand il n’aime pas quelque chose, il reste impassible. Mais quand il est à fond dans le morceau, il prend ses baguettes et il tape dans tous les sens. C’est vraiment super de bosser avec lui.
PL : Je vois que l’édition deluxe de “The Bitter Truth” au Japon comporte 2 titres supplémentaires et un documentaire en studio. Pourquoi les japonais ont-ils toujours plus de titres que nous ?
Troy : J’en ai aucune idée. Peut-être parce qu’ils sont méchants avec nous, et qu’ils vont nous mettre une raclée si on ne leur donne pas plus de chansons (rires).
PL : Et que peux-tu nous dire sur ce documentaire ?
Troy : Je viens tout juste de voir une dernière version sur laquelle on apporte encore quelques petits changements. Mais c’est vraiment super ! Si tu es un fan d’Evanescence, tu vas adorer. Et si tu n’en es pas un, tu vas apprendre plein de choses et peut-être même devenir un fan. Il dure environ 45 minutes, et retrace bien cette dernière année à enregistrer l’album en pleine pandémie. On nous voit en studio avec Nick en train de composer, mais il y a aussi des parties en mode “interview”. C’est vraiment super.
PL : A quelques jours de la sortie de l’album, tu es plus stressé par la réaction des fans ou des médias ?
Troy : Ah, ça c’est une bonne question ! J’essaie de ne pas trop y penser, et de ne pas me mettre de pression. Je me sens fier de cet album, je ne vois pas pourquoi ça tournerait mal.
PL : 5 singles sont déjà sortis. Lequel paraît être le plus apprécié des fans ?
Troy : Je ne suis pas sûr de savoir lequel a le plus performé sur les charts ou les plateformes de streaming. Pour le coup, je ne regarde pas ça parce que ça me stresse vraiment (rires). Je sais que Use My Voice a eu un peu plus de portée. Mais en même temps, c’est la seule chanson pour laquelle on a mis du budget pour la promouvoir et faire une vraie vidéo. Les autres ont été filmées par nous directement, mais finalement, le résultat est pas mal. Et là, on en prépare une pour “Better without you”.
PL : Pour toi, quelle chanson de ce nouvel album sera la plus fun à jouer en live ?
Troy : Oh, je sais pas ! J’ai envie de toutes les jouer. Tu sais parfois, tu es super excité à l’idée de jouer une chanson live, et en fait, elle ne prend pas. Donc c’est vraiment dur à dire.
PL : Quand tout reviendra à la normale, vous tournerez avec Within Temptation en Europe. Qu’est-ce qu’il te manque le plus lors d’une tournée (hormis le fait de jouer live bien entendu) : est-ce de voyager en bus, rencontrer d’autres groupes, boire des bières locales ?
Troy : Tu sais, le fait de tourner est une expérience complètement différente de la vie “normale”. Mais ce qu’il me manque le plus, c’est de traîner avec toute l’équipe et les membres du groupe. C’est vraiment comme être avec une deuxième famille. J’adore quand on a un jour off et qu’on peut tous se retrouver sur un parking, et jouer au Cornhole en buvant des bières. C’est super drôle !
PL : J’ai entendu lors d’une précédente interview que tu étais un grand fan des Beatles, grâce à ta mère. Qu’est-ce que tu aimes chez eux ?
Troy : Tu sais, les Beatles passaient tout le temps en boucle à la maison. Et je pense que j’ai ce sentiment de nostalgie qui me renvoie à mon enfance quand je les écoute. Je me sens jeune de nouveau. J’apprécie aussi qu’ils n’aient pas peur de tester des nouveaux styles. Et je suis très attiré par ces groupes qui tentent des choses nouvelles.
PL : Pour toi, quel est le prochain groupe qui va percer ?
Troy : Roh merde, je sais pas. J’ai bien un groupe anglais en tête, mais je n’arrive pas à me souvenir de leur nom !
PL : Tant pis alors ! T’écoutes quoi comme musique en ce moment ?
Troy : J’écoute vraiment de tout. Tu sais, j’ai un fils de 15 ans qui aime le Heavy Metal comme Slayer ou Metallica, donc j’ai pas mal écouté ça. Il adore Slipknot aussi. Et sinon, on a quelque chose aux Etats-Unis qui s’appelle le “Yatch Rock”. Tu connais ? C’est un style particulier. C’est comme se retrouver en plein été dans les années 70. C’est très chill comme musique, j’aime beaucoup. Et j’ai aussi commencé à sortir mes vieux vinyls, et là j’ai vraiment de tout.
PL : Notre dernière question : quel groupe nous conseilles-tu d’interviewer après Evanescence ?
Troy : Within Temptation ! Parce que si tout se passe bien, on sera en tournée ensemble à partir de septembre.
Un grand merci à Troy pour son temps, et à Replica de nous avoir permis de faire cette interview !
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Sur ce, on vous laisse avec l’excellent Better Than You.
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