Dans le cadre du dispositif Spécimens canadiens lors du Printemps de Bourges 2023, nous avons eu l’occasion de discuter avec Ariane Roy. Cette jeune québécoise fait de la musique pop, qui nous entraîne sur des rythmes entraînants, tout en abordant des thèmes originaux ou complexes. Retour sur l’échange que nous avons eu avec Ariane Roy.

Tu as sorti medium plaisir en 2022. Qu’est-ce que ça t’a appris de passer d’un format court (EP avalanche (n.f.)) à un format plus long ?

Faire un album, comparé à faire un mini album, c’est plus une histoire à raconter. On souligne vraiment une période de sa vie avec douze chansons, qui, sans qu’on le veuille, vont regrouper des thèmes similaires. Ce disque-là me permet d’avoir une expérience plus complète avec ce que j’ai voulu dire, ce que j’ai voulu faire artistiquement et humainement. J’ai l’impression que j’ai pris le temps d’aller au fond des choses et d’expérimenter avec un album. L’EP, ça avait été un peu ça mais c’était fait plus rapidement. C’était une première apparition pour moi. L’album, c’est plus un travail en profondeur.

medium plaisir Ariane Roy

medium plaisir, deuxième projet et premier album d’Ariane Roy

Dans une interview, tu as avoué que tu avais envie d’avoir des paroles plus brutes comparé à ton EP. Qu’est-ce qui t’a donné cette envie ?

Je pense que c’est par rapport à ce que je vivais dans ma propre vie. On était en pleine pandémie, je ressentais beaucoup de solitude et j’allais pas si bien que ça. C’est comme si je n’avais pas le choix que de faire face à qui j’étais, à ce qui ne fonctionnait pas dans ma vie. Un peu comme tout le monde, je revoyais mes fondations qui n’étaient pas nécessairement si solides que ça. Y a eu des moments super hauts et lumineux mais en même temps des échecs. C’est comme si je ne pouvais pas tout le temps me cacher derrière des métaphores. Il y avait des choses à dire de façon claire et affirmative. Et c’est un album d’affirmation et d’acceptation.  Je pense que dans les prochains albums, j’irai plus loin là-dedans. C’est un work in progress.

Dans la chanson « Tu voulais parler », tu parles de suicide mais c’est super catchy, on est dans du « sad dancing ». Est-ce que c’est une manière pour toi de garder de la pudeur, de rendre le sujet plus accessible ?

Je pense que j’apprécie plus un sujet lourd quand c’est contrasté par autre chose qui n’amène pas du tout cette émotion-là. Donc peut-être, que c’est, quelque part, une sorte de pudeur. Quand on force un sujet qui est déjà compliqué et que c’est émotif, c’est comme si c’était trop forcé pour moi. Il y a des histoires plus sombres qu’on a envie de shake it out. C’est une façon d’exprimer des émotions fortes mais en apportant de la douceur. C’est une chanson qui est presque ludique et ces contrastes, ça me plaît.  Ça me fait du bien de parler de ces choses-là sous un autre angle.

J’ai remarqué qu’il y avait une structure progressive dans tes sons, qui commencent doucement et qui rajoutent des éléments petit à petit. Dans « Tu as le droit », le dernier mot c’est « tempête ». Puis c’est la tempête instrumentale, avec les guitares et la batterie qui se déchaînent. Est-ce que tu peux me parler de ton processus créatif entre l’écriture et la mise en instrumentale ?  

Pour cet album-là, j’ai commencé par écrire les textes. Puis au fur et à mesure de la création, je me rendais compte que ça m’enfermait dans des patterns. Ou dans des réflexes que j’avais d’écrire des mélodies ou des progressions harmoniques en lien avec l’émotion. J’ai essayé de commencer à écrire la musique avant puis le texte après. Quand on change la source de la création, ça te fait prendre des chemins différents. C’est ça qui est difficile dans la création. De prendre d’autres chemins, de pas aller vers quelque chose d’instinctif. C’est pour ça qu’on a réussi à avoir des trucs plus surprenants et qu’on a réussi à avoir des contrastes. Mais j’écoute beaucoup les textes dans la musique donc ça aura toujours une importance dans mon art. La production doit toujours servir le texte, il faut que ça se marie ensemble.

Toujours par rapport à medium plaisir, tu as réalisé ton propre tarot qui reprend les 22 arcanes majeurs du tarot de Marseille mais avec des figures féminines. Comment as-tu eu cette idée ?

Je suis une fan de tarot, ma mère avait un tarot quand j’étais jeune. Pendant la pandémie je m’y suis vraiment intéressée, j’ai commencé à prendre des cours et des leçons sur Internet. Puis je me suis dit, pourquoi pas faire de la merch avec ça en rapport avec mon projet ? En plus, mon album s’appelle medium plaisir, donc avoir le medium tarot ce serait cool ! Puis j’avais une de mes amies qui est une artiste incroyable qui a eu l’idée de faire les photos colorisées. Et tu sais, les archétypes du tarot sont assez liés à des références religieuses, païennes. On avait envie d’avoir un tarot qui était inclusif et féministe, de défaire les vieux codes du tarot. C’est un travail colossal et je suis très contente du résultat. C’est complètement égoïste mais c’était aussi pour moi que j’avais fait ça (rires).

medium tarot medium plaisir Ariane Roy

le medium tarot, jeu de tarot sorti par Ariane Roy en lien avec son album medium plaisir

D’ailleurs, pourquoi la Papesse pour te représenter ?

Ça aurait été pu autre chose mais je suis Poisson et la Papesse, c’est plutôt l’énergie du Poisson. Ça y est, on rentre dans l’astrologie (rires). C’est une carte de l’intuition. Je pense que je suis quelqu’un de très dispersé, de très éparpillé et ça me complexe parfois. Mais en même temps, je pense que j’ai une intuition qui est forte et j’essaie de revaloriser la voix qu’on a toutes en nous. C’est comme un rappel de moi à moi-même.

Tu as sorti en mars 2023 un single, « Charlie », avec Valence. Comment est née cette collaboration ? Il me semble que vous vous connaissez depuis les Francouvertes ?

On s’était rencontré à une résidence créative avant les Francouvertes. On s’était vraiment lié d’amitié et on avait envie d’écrire ensemble. Ça nous a pris plusieurs versions de chansons, comme si on n’y arrivait pas au début. Mais on savait qu’on aimait les mêmes affaires et on avait une admiration commune l’un pour l’autre. Finalement, Valence arrive avec une histoire de chien et on a eu beaucoup de fun en l’écrivant.

Qui dit single dit nouveau projet. Est-ce que tu as des choses à nous dévoiler sur ce projet ou la direction que tu aimerais prendre ?

En ce moment, je suis au début de la création de mon nouvel album. Donc je suis pas encore avancée. Je sais ce que je veux et je pense que ce sera différent. Mais ce sera en même temps dans l’approfondissement de ce que j’ai déjà fait. Je suis très lente, je travaille tous les jours là-dessus mais je suis pas prolifique au départ. Je suis beaucoup dans la réception et la vigilance de ce qui m’entoure, j’ai l’impression que j’ai besoin d’absorber avant de pouvoir écrire. Comme je viens d’avoir une grosse année, il me faut clairement un temps d’espace pour réabsorber donc je ne m’avance pas trop là-dessus. Mais ça me fait beaucoup de bien d’écrire et ça devrait sortir en 2024.

Et enfin notre question signature, quel artiste tu nous recommandes d’interviewer ?   

On a parlé de Valence, c’est un de mes amis mais un auteur-compositeur qui a beaucoup de talent. C’est lui que je recommanderais.

CONCLUSION

Si Ariane Roy ne compte pas sortir d’album cette année, nous vous recommandons néanmoins d’écouter son dernier projet medium plaisir, un album pop très réussi. On attend la suite avec curiosité !

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