Interview de vendredi sur mer
A l’occasion du festival du Printemps de Bourges 2022, nous avons rencontré la pétillante Charline, l’artiste derrière Vendredi sur Mer. Voici l’Interview de Vendredi sur Mer.
3 ans se sont écoulés entre ton premier et deuxième album, est-ce que tu peux nous expliquer ce qui a mené à ta “Métamorphose” ?
Charline : Alors, j’ai fini ma tournée avant le premier confinement et ça m’a permis de me demander aussi ce que je voulais pour la suite. Où est-ce que je voulais aller, avec qui je voulais le faire, etc… La chose qui me manquait sur ma première tournée, c’était quelque chose de plus techno, de plus brut, donc c’était mon envie première d’aller bosser avec quelqu’un qui venait de la techno. Donc j’ai travaillé avec Sam Tiba, avec qui j’ai fait tout l’album et puis de fil en aiguille, plein d’artistes se sont ajoutés en studio avec nous. Donc il y a eu Myd, enfin plein de monde différent. Et je me suis un peu lancée dans plein de choses ; le chant, les choses dont j’avais peut-être peur avant. C’était une découverte. En fait, c’était vraiment une métamorphose pour « moi », parce qu’il y avait une prise de confiance en soi qu’il fallait avoir, donc ça a été un peu compliqué, mais ça m’a fait du bien. Interview Vendredi sur mer
Comment tu te sens à l’idée de jouer pour la première fois en live des morceaux de ton second album ? tu disais que cet album était plus “intimiste”.
Charline : Là je me sens très bien. Après, il y a des chansons qui sont plus, comment dire, plus intimes, mais il y en a d’autres aussi qui sont crues, et où tu incarnes toujours un peu un personnage sur scène et où c’est pas dérangeant pour moi de le faire. Et puis ça m’amuse, les choses un peu plus sensuelles, etc. Donc non, je suis contente et puis surtout je suis contente de pouvoir mêler l’ancien album et injecter aussi le nouveau. Je pense que ça va être chouette.
Tu as exprimé le fait que dans ton premier album, il y avait un décalage entre ton toi ”de scène” et ton toi “actuel, mais que tu t’en rapprochais de plus en plus. Est-ce que tu as l’impression que là, même sur les morceaux un peu plus techno, ça te ressemble plus ?
Charline : Ouais complètement, cet album il me ressemble beaucoup plus. Il est un peu plus sombre alors… je suis quand même joyeuse hein. Mais ouais, je sais pas, il est un peu plus sombre, mais en même temps il est juste plus ancré, plus terre à terre. Un peu moins rêveur ou joli. J’avais envie d’un truc “straight to the point”. Donc oui, finalement je me rends compte, que vu qu’il me ressemble plus… Le décalage entre Vendredi sur Mer et Charline il est moins fort qu’avant, parce que je commence à vraiment me rapprocher de qui je suis réellement.
On voit aussi une différence au niveau des clips que tu as sorti. Est-ce que c’était dans le même but aussi de te rapprocher un peu plus de toi dans ce que tu montres ?
Charline : En fait, je me suis dit que comme pour le chant, « vas-y en fait fais-le, c’est pas grave hein ». Et dans mes clips, avant, j’étais pas beaucoup présente parce que j’avais pas forcément envie de me représenter avant, c’était comme ça. Et là, je me suis dit, “t’as envie, t’as fait du théâtre toute ton enfance et t’as envie de jouer, eh bien fais-le » et voilà. Après c’est aussi autre chose, parce qu’il faut assumer, se voir… Enfin, voilà, quand j’ai vu la version un du Lac et je me suis dit “mais quelle idée j’ai eu « *rire*. Je me trouvais horrible et tout *rire* mais en même temps, ça m’a permis de me dire c’est pas grave en fait, tant pis, t’es comme ça, tu vas pas changer. Et en fait, c’est plein de choses comme ça qui te permettent de prendre confiance en toi. Donc c’est pour ça que finalement le projet et moi, c’est plus si loin parce que finalement l’un aide un peu l’autre, c’est assez chouette.
En évoluant d’un point de vue musical, est-ce que tu as eu peur de perdre une partie de ton public ? Interview Vendredi sur mer
Charline : Alors, j’ai pas du tout réfléchi à ça. Enfin, je me suis pas posé la question de si ça allait plaire ou pas. Franchement, j’ai vraiment fait ce que j’avais envie de faire et j’étais tellement contente de pouvoir le faire. Je vais bosser avec des gens avec qui j’avais envie de travailler et franchement, ça change tout. Oui, je me suis dit que je savais qu’il y avait des gens qui allaient moins accrocher, ce qui est compréhensible, mais j’aurais pas pu faire 2 fois le même album. Même pour moi, déjà, ça m’aurait pas plu, et puis on se serait ennuyé. Au bout d’un moment, je pense que c’était pas possible, donc je devais trouver un autre chemin dans tous les cas parce que j’en avais l’envie. Et donc ça a été celui-là. Et j’en perds pas non plus. Bon, il y en a peut-être qui font la tête *rire*, mais c’est pas si grave, je pense que j’en trouve un autre aussi. C’est ça qu’il faut se dire.
Et Sam Tiba, c’était un choix de ta part… Enfin, tu l’avais déjà repéré ?
Charline : On me l’a imposé, je le déteste *rire*. Oui oui, j’avais envie de quelqu’un qui vienne de la techno et donc j’ai rencontré Sam. On est allé en studio et c’était évident quoi, tu vois ? Donc, on a fait tout l’album ensemble et tout était hyper fluide. C’était assez logique de bosser avec lui. Et voilà, maintenant c’est mon pote, mon frère ! Interview Vendredi sur mer
Dans « le lac », au début on voit une personne qui se fait écraser et à la fin du clip, on voit que c’est toi qui t’écrase toi-même.. dans une sorte de boucle. C’est quand même fort comme image et on se demandait, ce que ça symbolise, si c’est peut être une sorte de lutte intérieure contre toi ?
Charline : Super joyeux hein. Aller sur ce bonne soirée ! *rire*. Bah ouais, un peu, enfin c’était plutôt l’idée aussi que parfois tu as des schémas que tu répètes sans cesse. Et dont t’arrives pas à te sortir, et tu sais que c’est pas hyper bien pour toi… On a fait une métaphore de ce truc là, donc d’une boucle en fait. Et j’avais envie de ça et puis, j’avais surtout envie d’être, comment dire… de pleurer, à chaque fois je dis « d’être moche », un truc hyper vrai en fait, juste ça. Et donc c’était une espèce de métaphore pour raconter cette boucle. Après moi je sais pas, sans doute que je répète souvent les mêmes choses, on a tous des trucs. En tout cas, j’essaye de me sortir de certaines choses qui sont pas hyper bonnes. Mais je crois qu’on a tous des choses comme ça et puis tu peux pas t’en détacher si facilement en vrai. Interview Vendredi sur mer
on ressent aussi une certaine dualité entre les morceaux, est ce que tu pourrais nous dire quelle partie de toi tu mets en opposition ?
Charline : Par exemple, si tu mets à côté “S‘il est”, enfin le piano voix et je sais pas “Désabusé” ? Franchement, je suis vraiment comme ça, autant je peux être très… j’ai plein de choses très différentes en moi et il y a aussi tout ce que je pense de moi et que je dis à personne. Enfin, maintenant tout le monde le sait, vu que j’en ai fait un piano voix *rire*. Mais, il y a des choses que je pense de moi qui sont violentes quand même. Et puis en même temps, j’ai parfois beaucoup de facilité à être… pas quelqu’un d’autre, mais en tout cas à être libre.
Charline : En tout cas, ces deux parties-là, tantôt c’est l’une qui vient sur une chanson, tantôt c’est l’autre. Et dans “Lettre à moi-même” je parle de la personne que j’étais avant et c’est un truc qui sera à peu près OK pour toute ma vie. C’est-à-dire que, si j’écoute cette chanson aujourd’hui ou dans 10 ans, je raconte juste la même chose ; “Mais regarde qui t’étais”. Et cette personne que tu ne voulais plus être, tu ne l’es plus puisque t’as évolué. Et puis je dis, “Retiens moi je suis prête à imaginer l’après” donc vraiment un truc qui est débile quoi… En fait, il y a un truc ou dans tous les cas tu vis avec ça quoi. On dirait une philosophe *rire*.
Vu que tu finis l’album sur cette phrase là, est-ce que tu parles d’un après au niveau MUSICAL, de ce que tu vas produire, un après de la personne que tU as envie de devenir ?
Charline : En fait, quand j’ai écrit cette chanson, je parlais de moi à moi, enfin j’avais pas la notion de l’album. Et quand j’ai réfléchi à la tracklist, à l’ordre de me chansons, je me suis dis qu’elle était parfaite pour une fin d’album. Elle ouvre vers la suite, donc ouais, je parle de l’après et de qui je serais ou de ce que je vais faire, je ne sais pas. Mais oui, je trouve que c’est une belle ouverture pour la suite. Interview Vendredi sur mer
En parlant de l’ordre de tes sons, il y a le morceau au silence qui arrive un peu à mi-chemin et qui représente un peu une pause dans l’album. Mais tu as aussi dit que ce morceau disait “quelque chose”. Qu’est ce que tu mets derrière ce quelque chose ?
Charline : En fait, je sais pas… J’allais dire qu’il y a quand même “quelque chose” en fait *rire*. Elle est pour moi elle est… C’est une de mes préférées en vrai. Enfin, je sais pas pourquoi je suis attaché à celle-ci. Aussi, il y avait l’idée de mettre la voix comme instrument et de raconter autre chose, avec pas forcément de texte mais juste une mélodie et un pont. Mais je trouve que oui, elle raconte je sais pas quoi, mais elle raconte quelque chose *rire*… Enfin, elle est très imagée, en tout cas moi je la vois comme ça, il y a un truc de l’ordre de l’imaginaire que j’aime bien. Il y a des chansons que j’écoute qui sont sans texte ; des instrumentales et tout ça. Ça permet aussi de se focus sur ce que tu es entrain de faire. Tu marches ou autre chose, je sais pas. En fait, la chanson devient le texte de la chanson qui n’existe pas, et ça devient ce que t’es en train de faire. Et tu deviens un peu le maître de la chanson, enfin je sais pas, y’a un truc un peu bizarre alors que j’aime bien.
dernière question signature de Pozzo Live. qui selon toi devrait-on interviewer de la programmation du Printemps de Bourges ?
Charline : Alors je connais pas toute la programmation. Il me semble que j’ai croisé November Ultra tout à l’heure, donc voilà. Je vous envoie vers elle si c’est pas déjà fait !
Merci à Charline pour le temps consacré et retrouvez nos autres interview du Printemps de Bourges : Camion Bazar, Ascendant Vierge, Yoa, Ekloz, Calamine et Walter Astral.
Interview Vendredi sur mer