Nous avons échangé avec Jaden Hossler aka jxdn lors d’un passage à Paris. Le chanteur américain nous a parlé de When The Music Stop, son deuxième album à venir le 28 juin 2024.
Nous avons découvert un jeune homme très intéressant, avec la tête sur les épaules et beaucoup d’envie de montrer ce qu’il est capable de faire.
Pozzo Live : Comment vas-tu ? Est-ce que c’est la première fois que tu viens à Paris ou en France ?
jxdn : C’est la deuxième fois que je viens à Paris, mais tout me parait plutôt nouveau. Je n’étais pas vraiment dans mon assiette la dernière fois, donc c’est comme si c’était la première fois.
Pozzo Live : D’accord. Tu venais pour travailler, la dernière fois ?
jxdn : Oui, je venais pour la Fashion Week. C’était super cool, je n’avais jamais fait ça. Cette fois, je viens plutôt pour rencontrer du monde, comme toi, parler de ce que je fais, et j’ai hâte !
Pozzo Live : Super ! Tu vas sortir ton prochain album le 28 juin, trois ans après Tell Me About Tomorrow. Quand est-ce que le procédé d’écriture de ce nouvel album a commencé ?
jxdn : En fait ; j’ai fait tout l’album après avoir sorti le premier. Mais mon meilleur ami est décédé, donc je me suis un peu laissé aller et le projet est tombé à l’eau, donc je n’ai pas sorti beaucoup de musique. Mais pour cet album, je m’y suis mis en décembre dernier, 2023, et Travis [Barker] et moi on a fait tout l’album. J’avais trois ou cinq chansons de ce premier projet qui nous ont servi de base, et puis on a terminé le reste, et maintenant il y en a 17. Mais oui, on l’a fait vite. On a commencé en novembre et on a terminé en décembre. C’était très rapide !
Pozzo Live : L’album tourne autour de sujets comme les relations, ou la recherche de soi-même. Je pense bien sûr à What The Hell, à Sh!t ou encore à Stranger. Est-ce que cela apporte une sensation salvatrice de s’ouvrir sur un sujet auquel tu es confronté en tant que personnalité connue, mais qui est un sujet finalement partagé par n’importe qui à sa propre échelle ?
jxdn : Oui. En tant qu’artiste, j’ai beaucoup grandi ces dernières années. Quand j’ai commencé la musique, je voyais surtout ça comme quelque chose de fun. J’écrivais sur mes propres expériences, mais c’était marrant. J’étais surexcité. Cet album est plus sérieux à mes yeux. Je voulais représenter différentes émotions. Et oui, bien vu, les relations ont eu un gros impact dans ma vie. Mais il y a plusieurs chansons sur l’album comme Sad October ou Stray, où on dirait que je parle d’une relation, mais en réalité, il s’agit plutôt d’un monologue intérieur de ma bataille contre moi-même. La vulnérabilité, c’est ma partie préférée de ce projet. Je me suis ouvert tel que je suis, et je prévois d’être de plus en plus à vif dans ce que je fais. Pour le public et pour les gens qui m’écoutent, c’est ce que je peux faire de mieux.
Pozzo Live : Est-ce que ça ne fait pas trop de pression sur les épaules d’un jeune de 23 ans ?
jxdn : Un peu, oui. Surtout quand on est un artiste, à LA, et internet, ça m’a vraiment détruit. Je pense que tout le monde en Amérique pense que je veux être connu. Tout le monde ici, et en Amérique du Sud, a compris le but de ma musique. Je pense que ça a changé mon point de vue, et que je ne veux plus essayer de convaincre personne, tu vois ? Tout ce que je peux faire, c’est exactement ce que tu as dit, c’est-à-dire porter plus de poids sur mes épaules, pour que d’autres n’aient pas à le faire.
Pozzo Live : C’est un peu ce qu’on voit avec Tiktok et les réseaux en général. Les jeunes veulent simplement être connus. C’est peut être le fait que tu sois actif sur ce réseau qui fait penser aux gens que tu cherches simplement la célébrité sans être réellement investi dans la musique.
jxdn : Ce qui est drôle, c’est que je ne cherche pas du tout la célébrité. Je sais juste que la musique que je fais est puissante, et je sais que le monde mérite de l’entendre. C’est uniquement pour cette raison que je fais ce que je fais.
Pozzo Live : C’est génial d’entendre ça venant d’un jeune artiste comme toi. Pas que je sois vieux ! Pour ton premier album, tu as été porté par de gros noms : Blackbear, Travis Barker. Qui t’a soutenu cette fois-ci ? Comme tu l’as dit Travis est toujours là, mais est-ce que d’autres artistes ont pesé dans les décisions de cet album ?
jxdn : Non, celui-ci, c’est tout moi. Je n’ai fait aucun featuring. J’ai fait tout album avec Travis et un mec nommé Andrew Goldstein, qui est un musicien et producteur génial. J’ai fait une autre session avec Brian Lee, mais sinon, on a tout fait ensemble, tous les trois, et c’était trop beau. Cela rejoint ce que je disais tout à l’heure, sur le fait que je n’essaie de convaincre personne. Je suis reconnaissant de pouvoir faire de la musique, et je me suis dit que ça serait chouette que ce deuxième album ne comporte aucun duo. C’est seulement moi, et ce que j’ai à dire. Je n’essaie pas de « monter en niveau » ou quoi que ce soit, tu vois ce que je veux dire ?
Pozzo Live : Quelles sont tes inspirations ? Quel style de musique écoutes-tu ?
jxdn : La plus grande inspiration de ma vie, c’est The Strokes. Je ressens tellement de connexion à leur musique. Je pense que c’est la voie qui sera toujours dominante dans ma vie. J’ai beaucoup d’amis dans la musique aussi, ils font tous quelque chose de différent, comme du heavy metal par exemple. Certains ont un style plutôt punk et années 80, d’autres sont plutôt grunge, et je me retrouve beaucoup dans le style un peu indie/punk. C’est cool. Et j’évolue vraiment vers des sonorités plus post-punk. The Cure est aussi une grande inspiration pour moi en ce moment ! J’écoute beaucoup de groupes un peu avant-gardistes. J’en ai découvert plein récemment, même depuis que je suis ici. J’adore être en découverte constante de nouvelle musique ! Il y a un groupe australien que j’ai découvert récemment qui s’appelle The Chats. Ils sont super authentiques !
Je peux écouter tout et n’importe quoi. J’aime bien Daft Punk, ils m’inspirent beaucoup aussi. Cela dit, j’ai bien appris à séparer ce qui m’inspire et ce que je veux absolument faire. Je n’ai plus ce souci. Je m’inspire de beaucoup de choses. J’écoute aussi beaucoup de heavy metal, du deathcore car j’ai beaucoup d’amis là-dedans. J’écoute de tout. Ça peut être n’importe quoi, ça dépend de mon humeur, j’écoute beaucoup en fonction de mes émotions. C’est aussi comme ça que je compose ! J’ai vraiment hâte que le public entende ce que je fais en ce moment. On y retrouve clairement The Strokes. Mais ils entendront aussi du Arctic Monkeys, The Cure. Il y aura un peu de tout ça, et c’est cool.
Pozzo Live: C’est super ! De bonnes inspirations et de bonnes références. Je trouve que ton univers musical ressemble à celui de Chase Hudson, ou de Yungblud, si tu me permets cette comparaison.
jxdn : C’est ce que je préfère dans la musique. Tu peux me comparer à n’importe qui. J’adore Dom [Yungblud, ndrl]. C’est un mec tellement génial. En tant que personne, il m’inspire énormément. Bien sur, on a des sonorités différentes, mais on se bat pour les mêmes choses. Il fait ça depuis un moment déjà. Il m’inspire beaucoup. La comparaison avec Chase est marrante ! J’adorerais passer du temps avec lui. Il y a énormément de talent dans le monde, mais la musique, ce n’est plus seulement une question de talent. C’est une question de peine, d’authenticité. Je sais que Chase a ces capacités, et j’ai hâte de découvrir ce qu’il va faire, je pense que ça va être chouette.
Pozzo Live : J’ai une question liée à ce qu’on disait tout à l’heure. C’est une question que je pose souvent. Tu as sorti 4 singles, sur un album de 17 chansons, ce qui est relativement peu, à une époque où les artistes publient la moitié de l’album en tant que singles avant la sortie de celui-ci. Est-ce que tu es encore attaché au format d’album tel qu’on le connait ? Ou est-ce que tu penses que ce format va être remplacé par les plateformes de streaming ?
jxdn : Je pense que les gens ne vont pas trop comprendre mon album, à première écoute, parce qu’il me positionne pour le reste de ma carrière. Je ne pense pas au présent. C’est difficile, parce que TikTok est devenu la norme. On veut que la musique fonctionne absolument là-dessus, et c’est cool quand les chansons marchent. Il y a beaucoup d’artistes, comme Artemis par exemple, qui font de la musique super et que je n’avais jamais entendus avant TikTok. Alors c’est cool, mais ça m’effraie. Je ne pense pas que ça soit sain pour les artistes. Je ne pense pas que ça soit sain pour la musique que ce format là devienne la norme.
Cet album, j’ai délibérément choisi tout son contenu. Je veux être réel, qu’il s’agisse de chanter en live ou d’écouter avec d’autres personnes. Et puis je ne veux plus faire ce truc de playback et de danser, je ne veux pas que les gens écoutent ma musique à cause de ça. Je parle de choses réelles, et je veux que ça ressorte de cette façon. C’est ce je disais au départ, je pense que les gens ne vont pas comprendre, parce qu’on s’attend à ce que je fasse mon retour avec un son un peu « trendy », et ça ne sera pas le cas.
Il y a quelques chansons, comme What The Hell, que j’ai mises parce que les gens les aiment. Au début, je ne voulais pas du tout les mettre sur l’album. Je l’ai fait parce que je sais que les fans les adorent, et je ne voulais pas les en priver. Mais la plupart des morceaux comme Wet Dream, Sad October, Stray, Just Let Go, What Can I Say, Baccarat ou Drugs, c’est le véritable objectif de l’album. Ce sont les chansons que j’ai composées après. J’avais déjà What The Hell, Wreck Me, Stranger et Sh!t, et j’ai voulu les rendre à mes fans. Mais les chansons que j’ai citées avant ça, sont celles qui me parlent vraiment. J’ai un autre projet, pour lequel j’ai déjà huit chansons, je pense qu’il sortira après que les gens aient écouté tout ça. Je partirai en tournée et je continuerai de sortir de la musique, et ça marchera parce que les gens n’ont plus beaucoup de patience avec la musique. Mais moi j’en ai !
Pozzo Live : C’est triste que la musique devienne comme un fast-food et qu’on la consomme à toute vitesse, sans avoir de patience, comme tu dis. Une chanson, ou un extrait de chanson devient une trend TikTok, puis une autre, et ça change tout le temps sans que l’on s’arrête réellement sur quelque chose.
jxdn : Les gens font de la musique en se basant sur 15 secondes, au lieu de créer une véritable émotion, une véritable histoire. C’est pour ça qu’on aime dire que « ça marche, donc il faut faire comme ça ». J’ai commencé comme ça, mais ce n’est plus ce que je veux faire. C’était avant, et maintenant c’est différent. Parfois on me demande pourquoi je ne fais plus la promo de ma musique sur Tiktok comme avant. Tout simplement parce que j’ai changé, et que les choses sont différentes. J’ai grandi en tant que personne, et j’ai besoin de l’exprimer d’une façon différente maintenant.
Pozzo Live : Tu fais ton premier concert à Paris en septembre, dans une salle d’une bonne capacité ! Le Bataclan, qui fait environ 1000-1200 personnes. Est-ce que tu es plutôt excité ou plutôt nerveux à l’idée de ce concert et de la tournée européenne qui arrive ?
jxdn : J’ai encore plus hâte de tourner que de sortir l’album ! Je préfère les performances live, c’est comme ça que je fonctionne. Les concerts, pour moi, c’est comme aller à l’église ! Il y a quelque chose de spirituel. Et j’ai vu de mes propres yeux des gens quitter mes concerts en se sentant mieux que lorsqu’ils étaient arrivés, et c’est devenu un peu addictif pour moi. Alors surtout en Europe, où le public est très connecté à la musique, surtout à la musique live. J’ai hâte, j’ai trop trop hâte. Et Paris est l’endroit idéal pour commencer. L’histoire que représente le Bataclan, et toute la tristesse qu’il y a derrière, je trouve que c’est un endroit parfait pour continuer à vivre la musique en live, même après un évènement aussi tragique. Je suis pressé d’y être !
Pozzo Live: J’ai hâte aussi ! J’espère pour toi que le concert affichera complet.
jxdn : Merci ! Je dis à tout le monde ici de venir au concert, que ça va changer leur vie !
Pozzo Live : Y a-t-il un endroit qui n’est pas encore prévu pour ta prochaine tournée, où tu aimerais jouer un jour ?
jxdn : Oui, en Europe c’est sûr. Il y a plusieurs villes, c’est dur d’aller partout. J’adorerais aller dans les pays plus nordiques, ça serait trop cool. J’aimerais aussi beaucoup aller en Europe de l’est, en Ukraine. J’ai envie de jouer partout. En Amérique du Sud aussi ! J’adorerais y aller mais ce n’est pas prévu pour l’instant. Je crois que je joue à Milan, mais pas à Rome, donc j’aimerais voir l’Italie un peu plus. Et la Grèce ! J’ai trop envie d’aller en Grèce ! Donc j’ai quelques idées en tête pour mon prochain passage.
Pozzo Live : Pour l’instant, l’Ukraine, cela risque d’être compliqué…
jxdn : Oui, c’est difficile. Mais c’est une des raisons principales pour lesquelles j’aimerais y aller. J’aime le danger, parce-que la musique c’est aussi ça. Si je me bats pour quelque chose en quoi je crois, en l’occurrence ici – la paix pour tout le monde, ça en fait partie. Et parfois je pense que seule la musique peut faire ça. Quand le pays sera en sécurité, ou du moins plus qu’il ne l’est maintenant, j’aimerais aller jouer là-bas pour ceux qui en ont besoin. Ils ont besoin de musique. Il y a tellement de tristesse partout. Alors faire ça, c’est vraiment une de mes passions.
Pozzo Live : Je sais que la musique prend beaucoup de temps, mais en dehors de ça, est-ce que tu as d’autres hobbies ? D’autres passions ?
jxdn : C’est marrant, ces derniers temps j’ai arrêté de penser à la musique, ou du moins j’ai arrêté de m’en inquiéter. Je vis une vie bien remplie ! Je fais du skate, je suis super nul, mais j’adore ça ! Et je vais voir beaucoup de concerts. Quand je ne suis pas en train de composer, je vais voir 3 ou 4 concerts par semaine, de types de musiques bien différents !
Mais j’aime m’entourer de musique, et j’aime être entouré d’autres personnes. Je peux faire n’importe quoi ! J’adore le sport. J’adore les choses de la vie « normale », j’ai mes propres centres d’intérêt. Mais vraiment, une grande partie de ma vie est entournée de musique. J’en consomme autant que je peux, c’est ce que je préfère. Et quand je n’écoute pas de musique, je regarde des documentaires sur d’autres artistes, d’autres musiciens. Je ne sais pas si tu as vu Meet Me At the Bathroon, le documentaire sur The Strokes. Tu devrais le regarder, c’est trop bien. C’est à peu près ce que je fais !
Pozzo Live : Dernière question : quel groupe ou artiste conseillerais-tu à Pozzo Live d’interviewer ensuite ?
jxdn : C’est une excellente question… Mais je pense à un groupe ! Beauty School Dropout. Tu les connais ?
Pozzo Live : Oui, ils ont fait la première partie de Bad Omens l’année dernière.
jxdn : Ils sont merveilleux ! C’est mes meilleurs amis. Tu devrais vraiment les interviewer. On a exactement la même vibe, eux et moi. A Los Angeles, on est vraiment en train de redéfinir la scène musique. Ils vont exploser bientôt, c’est sûr ! Ils sont géniaux !
Retrouvez notre review de When The Music Stops, le dernier album de jxdn