Kid Kapichi viennent de sortir leur deuxième album Here’s What You Could Have Won. Pozzo Live part à la rencontre de Jack Wilson, chanteur du groupe, pour une interview à Paris.
Bonjour Jack, comment vas-tu ?
Ça va super merci ! Un peu fatigué, c’est une longue journée, on est parti à 5 heures ce matin de Londres pour Paris, et on rentre à Londres ce soir. On a un live BBC demain, c’est intense, mais ça vaut le coup.
Vous avez eu le temps de visiter la ville ?
Non mais je reviendrai à Paris plus tard, ce n’est pas la première fois que je viens et j’aime vraiment cette ville !
Here’s What You Could Have Won est votre second album et c’est aussi votre premier album studio. Qu’est ce que vous avez le plus aimé en travaillant dans un studio ?
Il y a un certain charme de le faire soi-même mais avoir la possibilité d’utiliser tout l’équipement qu’on voulait et qu’on avait pas à l’époque c’est mieux. On a pris plus le temps de respirer et de construire cet album, c’était vraiment une autre expérience. Enfin, je dis ça mais on a enregistré l’album en 13 jours ! Le prochain album, on espère le faire au moins en un mois pour vraiment prendre notre temps cette fois.
Pourquoi l’enregistrement s’est fait aussi vite ?
Parce qu’on a travaillé avec Dom Craik, il a un planning tellement plein. On pouvait pas faire ça aléatoirement sur un week-end. Comme on payait tout nous même, on n’avait plus d’argent alors il fallait faire vite ! Donc ça a été rapide mais ça en valait vraiment la peine.
Tu fais mention de Dom Craik, ça a dû être un grand pas pour vous de travailler avec lui, qu’avez vous appris ?
Tellement de choses ! Ben est le producteur du groupe, moi j’écris et je compose donc il a beaucoup appris avec Dom sur ce point. Pour ma part, j’ai beaucoup appris simplement en discutant du groupe, de son travail, notamment avec Nothing But Thieves. Il a été très amical avec nous, il nous a donné de bons conseils, pas comme la plupart des producteurs dans le milieu. Dom a vraiment été super de ce côté là !
L’album ouvre sur le titre New England avec Bob Vylan. C’est une chanson sur la situation politique de votre pays. Mais il y a aussi d’autres chansons comme Party at number 10 ou encore 5 days on 2 days off. Quand vous écrivez les paroles, c’est un moyen pour vous d’inciter les gens à passer à l’action ou simplement de leur ouvrir les yeux sur ce qu’il se passe vraiment ?
Je dirais que notre intention est justement d’ouvrir les yeux sur la réalité. Le premier album blâmait davantage les politiques, sur le second c’est plus au sujet de nous même et ce qu’on peut faire en tant qu’individu à propos de ce qui se passe. On a d’abord écrit ces chansons pour nous, sur la triste réalité de l’Angleterre ou même partout. Mais surtout aujourd’hui au Royaume-Uni, avec toute cette histoire de Brexit qui est complétement stupide. C’est difficile pour les jeunes et les musiciens, on ne voulait pas de ça et on est obligé de s’y plier. Je dirais qu’on est là pour dire qu’on est dans la même situation. On ne demande pas aux gens de se rebeller, mais plus de surmonter ça tous ensemble. On a pu créer notre communauté dans nos concerts par exemple.
Au sujet de la pochette de votre album, où il y a un trophée avec votre nom dessus. Est-ce que cela représente ce que nous aurions pu gagner en tant que communauté si on avait pris d’autres décisions/fait les choses différemment ?
C’est exactement ça ! Le nom de l’album vient d’une émission de télé dans les années 80 en Angleterre. Si tu perds, on te montre tous les prix que tu aurais pu gagner (« here’s what you could have won« ) et ça te met une grosse claque. Être anglais aujourd’hui, c’est un peu ça. On regarde l’Europe et toutes les belles personnes qui y vivent, tous ces beaux endroits. Et puis on les regarde s’éloigner, on perd une certaine part de liberté, de bouger, que l’on avait gagné. Donc l’idée vient surtout de là.
Vous avez beaucoup travaillé avec Nick Suchak sur la plupart de vos vidéos. On dirait qu’il a vraiment réussi à trouver votre style. Comment avez-vous commencé à travailler avec lui ?
On a rencontré Nick sur la tournée avec Frank Carter parce qu’ils ont travaillé ensemble. On était tous dans le même bus, on a beaucoup discuté avec lui. Ça a matché tout de suite, on l’aimait beaucoup et lui aimait beaucoup Kid Kapichi. Puis, on a vu les vidéos qu’il faisait et on a fait quelques essais avec lui. On est pas vraiment dans l’impro, on est plus du genre à avoir une idée et Nick rend nos idées réelles. Ensuite, on a fait un ou deux clips avec lui et tout a été si simple et parfait. Alors on continue de travailler avec lui.
Donc l’idée de faire telle ou telle vidéo vient de vous ?
Généralement, oui ! Mais par exemple, pour New England, Eddie et moi avons écrit scène par scène le clip. Ensuite, Nick a réalisé la vidéo comme on l’avait écrit. Mais il y aussi beaucoup de vidéos dont les idées viennent de Nick, comme pour Rob the Supermarket. C’est toujours une bonne collaboration et ils méritent toute l’attention pour son travail. Pour moi, l’aspect visuel est tout aussi important que la musique que l’on fait. On a mis la barre haute avec ces vidéos alors, on doit continuer comme ça !
Cela doit être fun de tourner ce genre de vidéos !
Je déteste ça ! On dirait que c’est fun mais ça ne l’est pas (Rires). On passe 6 heures debout comme des idiots au milieu de la rue. Mais après ça, quand on voit le résultat du travail de Nick, c’est vraiment super ! Pour I.N.V.U, c’était son idée du début à la fin, il est très investi et on a confiance en lui.
Vous avez gagné plus de reconnaissance au fil des années dans le milieu. Vous avez fait la première partie de Frank Carter sur sa tournée. Mais vous avez aussi été remarqué par Liam Gallagher. Vous rêvez de partager la scène avec un autre groupe ou artiste ?
On a eu beaucoup de chance jusqu’à aujourd’hui. On a pu jouer avec des groupes qu’on aimait beaucoup. Mais IDLES serait incroyable, ça serait un énorme pas dans nos carrières car je pense qu’on sonne comme eux. J’aimerais aussi tourner avec Queens of the Stone Age, je pense que je ne serais plus la même personne après ça (Rires).
Quelles chansons avez-vous préféré écrire ?
J’ai vraiment aimé écrire New England, c’est la première qu’on a faite. La chanson fonctionnait tout de suite du début à la fin, ça a été très rapide. Pas comme d’autres titres où on peut mettre des jours à écrire. Rob the Supermarket a été très fun à écrire aussi ! Je crois que ma chanson préférée reste Never Really Had You. D’habitude, on écrit avec un ordi et un son de batterie et de guitare en fond, là on avait juste notre piano, notre guitare et on écrivait. C’était plus authentique.
Vous serez aux Transmusicales à Rennes en décembre. Vous attendez certaines choses du public français ? Des titres que vous avez envie de jouer en particulier ?
J’ai hâte de jouer Smash the Gaff, parce que c’est une chanson plus heavy. Je sais pas comment sera le public du festival mais je sais que ce titre en live est vraiment cool. Ce sera un super moment même si tout le monde ne la connaît pas encore. J’attends des trucs cool de la part du public. Je n’ai jamais été déçu de jouer devant le public français jusqu’à maintenant. Ils sont hyper réceptifs à notre musique, même quand on faisait les premières parties. On est mieux traité ici qu’en Angleterre. C’est pas le même délire, sauf quand on est en tête d’affiche. Alors on a hâte de jouer pour vous !
On peut espérer d’autres vidéos de l’album ?
Oui, on va en faire une de plus. Je peux pas vous dire laquelle au cas où cela changerait. On a une super idée pour une des chansons ! Mais on commence doucement à écrire un troisième album donc on verra si on a le temps.
C’est justement ce que j’allais vous demander ! Quels sont les prochains projets de Kid Kapichi ?
On en est vraiment au tout début. Il y a une demo avec quelques chansons pour le moment. Trois sont en cours et je pense qu’il y en aura trois autres. Mais on ne sait jamais si elles sont vraiment bien avant de les avoir envoyées au label. On avait même pensé à faire une édition deluxe du dernier album. Mais finalement on en fera carrément un troisième. Plus on met de temps à écrire un album, plus il sortira tard. Si on finit d’écrire l’album en juin, il y a au moins une année de travail encore dernière, donc c’est long alors on fait au plus vite.
C’est la raison principale pour laquelle vous faites un troisième album ou quand vous aviez fini de faire le second, il y avait déjà des idées et des inspirations qui vous venaient ?
Je crois qu’il y a un peu des deux ! On manque de temps et aussi il y a tellement de choses sur lesquelles écrire, tellement de sujets qui nous intéressent. Si on avait plus de temps pour composer on le ferait… ou alors on se reposerait au moins un jour (Rires). Mais je suis content de faire ça, et de partir en tournée avec Kid Kapichi même si c’est intense, j’adore ça.
Au sujet de ce troisième album, les sujets seront aussi critiques sur la société que Here’s What You Could Have Won ?
Je ne pense pas que la société aura changé d’ici là. Enfin pas pour nous, donc on ne va peut-être pas en parler tout le temps. Il y a tellement de choses à dire, mais là je ne sais pas vers quoi précisément tend l’album. Les sujets seront sûrement les mêmes mais d’un autre point de vue.
Dernière question, quel groupe vous voudriez qu’on interview ?
Je dirais Nova Twins, vous les avez interviewés ? Elles viennent de Hastings comme nous, c’est le futur du rock’n’roll, elles sont incroyables. Si vous les avez déjà vu, alors je vous conseillerais Snayx. On les a emmenés avec nous sur notre tournée en Angleterre, c’est un groupe de punk de Brighton, c’est vraiment un super groupe.
Interview réalisé le 9 novembre 2022 par Lisa Miliani et Lory Zanini.
[youtube https://www.youtube.com/watch?v=b1bW2MBdyLw?ab_channel=KidKapichi]
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