5 ans après le premier opus des Swan Songs, et 3 ans après un deuxième opus au succès aussi franc que le premier, Lord of the Lost publie le 7 août le troisième opus de cette série, leur neuvième album solo. Plus qu’un ovni dans la carrière du groupe, cette série s’est imposée comme une sorte de projet à l’intérieur du projet. Pour l’occasion, le chanteur Chris Harms a répondu à nos questions par email.
Pozzo Live : De tes propres mots, écrire des morceaux classique est devenu « une partie de l’ADN du groupe ». Peux-tu rappeler à nos lecteurs d’où l’idée est venue ?
Chris : Bien sûr. Nous avons eu la chance de jouer avec un orchestre symphonique en 2014, pour un événement annuel qui s’appelle Gothik meets Klassik. Cette expérience nous a transformés.
Pozzo Live : Comment avez-vous décidé que la série des Swan Songs avait besoin d’une suite ?
Chris : Et bien, quelques semaines après que nous ayons écrit le titre original Swan Songs, le Swan Songs I que l’on connait aujourd’hui était déjà prêt. Les premières idées pour cette sorte de « side project interne » avaient germé. Donc il a été assez vite clair pour nous que nous devions continuer à le travailler. Nous l’aimions juste trop.
Pozzo Live : Tu écris des chansons complexes, l’une d’elle dure 18 minutes. As-tu déjà pensé, avec ton groupe ou en artiste solo, à écrire un opéra, comme Hansi Kürsch ?
Chris : Désolé, je ne sais pas qui c’est ! [NDLR: le chanteur de Blind Guardian]. Je ne suis pas un grand fan de l’opera classique. La règle dans ce genre d’exercice, c’est que tout doit être chanté. Ca amène à 10% de grandes « chansons » et 90% de chansons plutôt plan-plan et sans intérêt, qui personnellement m’ennuient plutôt. J’ai regardé une fois la Nibelungen Saga, l’opéra complet qui dure, quoi, 6 heures ? 30 minutes des « vraies chansons” auraient suffit à faire le travail. Mais peut-être qu’un jour nous écrirons une symphonie complète. C’est quelque chose que j’adorerais faire.
Pozzo Live : Peux-tu nous raconter comment tu écris ta musique ? Utilises-tu des ordinateurs, ou travailles-tu à partir de tes instruments ?
Chris : Ni l’un ni l’autre. J’ai une sorte de radio dans ma tête. Dès que je suis capable de reproduire ce que j’y entends, je n’ai plus qu’à le poser sur papier, ou l’enregistrer, ou encore le reproduire sur une station digitale.
Pozzo Live : Le processus d’écriture est-il différent entre les pièces classiques et électriques de Lord of the Lost ?
Chris : Non, pas vraiment. Comme je te dis, tout se passe dans ma tête. Je crée juste ensuite une démo basique avec une guitare acoustique ou un piano, et ma voix. Si une chanson fonctionne juste comme ça, elle peut être arrangée ou produite pour n’importe quel genre. On n’a que 12 demis-tons à notre disposition, c’est tout ! Il peuvent être habillés de toutes sortes de couleurs.
Pozzo Live : Y a-t-il eu des défis particuliers pendant le processus d’écriture que tu aimerais partager avec nous ?
Chris : Je me souviens que Pi et moi nous essayions de monter une démo pour la chanson Zunya dans un hôtel au Belarusse. Nous n’avions qu’une guitare électrique et le micro du macbook. Donc nous avons dû utiliser cette guitare comme une « acoustique » et l’enregistrer, ainsi que ma voix, sur cet unique micro du macbook. C’était étrange, mais on s’en est sortis !
Pozzo Live : Et des petits succès ou des moments d’émotion particuliers ?
Chris : Le moment le plus intense pour moi, ça a été quand nous avons enregistré les 70 membres et plus du chœur pour We Were Young. J’en ai pleuré tellement c’était beau.
Pozzo Live : J’ai lu que Joy Frost t’a rencontré dans un de tes cours d’ingénierie du son. Comment l’enseignement influence-t-il ton approche de la musique ?
Chris : Je pense que ça n’a eu aucun impact ! L’ingénierie audio ne forme que 5% de la musique. C’est un truc vraiment technique que j’enseignais, ça n’a pas vraiment eu d’influence.
Pozzo Live : Comment les fans ont-ils réagi à la série des Swan Songs au fil des ans ?
Chris : Certains les détestent, d’autres l’adorent, et d’autres s’en fichent un peu. Il n’y a pas vraiment eu de « réaction générale » que je pourrais te résumer ici. Mais manifestement, il y a pas mal de gens qui adorent les Swan Songs car les parties 1 et 2 ont été de vrais succès.
Pozzo Live : Penses-tu qu’il y a un public pour Lord of the Lost en-dehors de la sphère métal ? Comme un pont entre les mondes du métal et de la musique classique ?
Chris : La question est plutôt pour moi : y a-t-il un public A L’INTERIEUR de la sphère métal ? Le fan de métal typique ne nous écoute pas. Nous sommes pris au milieu de pas mal de sous-courants du genre. Mais je ne vois pas ça comme un bug, c’est plutôt ce que nous avons à proposer. C’est notre endroit à nous.
Pozzo Live : L’album sort dans une tonne de formats. Mais pourtant, l’édition deluxe est déjà sold out. T’attendais-tu un tel succès ?
Chris : Pour être honnête, et vraiment sans arrogance : oui, je m’y attendais. Les chiffres ne mentent pas. Et la quantité de tirage de tous les formats limités a été analysée avant, et limitée en cohérence avec le nombre d’écoutes en streaming, de ventes de tickets, etc. C’est le travail du label, et il a bien travaillé ! Ce n’est pas quelque chose auquel je m’intéresse beaucoup, mais bien sûr je me tiens informé, c’est pourquoi je ne suis pas surpris.
Pozzo Live : En regardant en arrière tes 11 ans de carrière, de quoi es-tu le plus fier dans Lord of the Lost?
Chris : Je regarde en arrière et je vois une vie de création musicale, et 11 ans de Lord of the Lost. Mais je ne peux pas te dire de quoi je suis le plus fier. Je suis très mauvais pour répondre à toute question de superlatif, car ce n’est pas la façon dont je fonctionne ni l’esprit dans lequel je suis.
Pozzo Live : Quels sont les plans de Lord of the Lost pour l’an prochain? Peut-on s’attendre à une production électrique également ?
Chris : Pour l’instant, je fais très attention quand je parle de plans, car jusqu’ici tout nos plans sont mis en pause à cause de la crise actuelle du Covid-19. Mais oui, tu peux t’attendre à ce que nous soyons de retour FORT !
Pozzo Live : Tu as récemment sorti un album avec Die Kreatur, tu fais beaucoup de featurings… où trouves-tu l’énergie ? (rires)
Chris : J’écris de la musique et je produis de la musique. L’équipe de mon studio est impliquée dans 25 à 30 productions d’albums par an. Donc oui, c’est mon travail. D’autres personnes trouvent l’énergie de se lever le matin pour aller nettoyer les toilettes d’autres personnes, et elles ont mon plus grand respect. Pourquoi est-ce que moi, avec le meilleur job du monde, je n’aurais pas l’énergie de me lever le matin, de créer et de produire de la musique ?
Pozzo Live : Il y aura une série de concerts pour l’album. Comment prépare-t-on un concert de ce genre ?
Chris : Nous mettons les partitions sur le pupitre, accordons les instruments, et nous nous entraînons. Puis nous répétons tous ensemble une journée entière. C’est tout. Tu sais, la seule différence avec les concerts de d’habitude, c’est que d’habitude nous n’avons pas les partitions.
Pozzo Live : Ma dernière question est celle que nous posons à tout le monde : qui nous conseilles-tu d’interviewer après toi ?
Chris : Tu devrais essayer Hansi Kürsch.
Merci à Chris Harms d’avoir répondu à nos questions ! Swan Songs 3 est disponible en pré-commande sur le site de Napalm Records en de multiples formats. Vous pouvez suivre le groupe sur son site web ainsi que sur Facebook.
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