Le groupe finlandais Lordi s’est produit au Zénith de Paris le 21 avril dernier. A l’occasion de leur co-ouverture de Sabaton avec Baby Metal nous avons échangé avec leur monstrueux chanteur et frontman Mr Lordi. Retour sur un échange avec le monstre au grand cœur.
Pozzo Live : Vous venez de terminer votre set en ouverture de Sabaton. Comment ça va ? Comment vous sentez vous ?
Mr Lordi : En sueur, littéralement en sueur [rires].
Pozzo Live : Vous êtes extrêmement actif, vous sortez très souvent des albums et faites d’énormes tournées. Est-ce qu’il vous arrive parfois de dormir ?
Mr Lordi : C’est une bonne question. J’aimerais dormir plus. Je le fais parfois. Je veux dire, il y a des moments dans chaque journée où je dors réellement, mais je ne dors pas assez. Vous savez, c’est vrai, je ne dors pas assez. Ce n’est pas bon quand tu ne dors pas, mais je suis un idiot. Je le sais et je ne le fais pas assez !
Pozzo Live : Je ne pourrais vraiment pas vous blamer pour ça.
Vos morceaux poursuivent suivent la même ligne musicale album après album, en restant fidèle à votre concept. Vous semblez vraiment avoir trouvé un rythme de croisière depuis toutes ces années.
Mr Lordi : Merci, j’apprécie, vraiment. Eh bien, vous savez quoi ? Cela fonctionne parce-que le public cible de Lordi n’est qu’une seule personne et c’est moi-même. Donc je n’écris que les trucs que j’apprécie moi-même, tout ce que j’aime en ce moment, vous voyez. J’écris seulement pour moi et s’il y a quelqu’un d’autre, c’est un plus.
J’essaie juste de me divertir et d’écrire de la musique que j’aime. Je n’ai jamais hésité à admettre quelles sont mes propres idoles ou influences.
Faites ce que vous ressentez, cela se sentira dans votre musique. Et puis le truc c’est que beaucoup de gens se disent « oh, vous sortez des albums si souvent et vous avez forcément beaucoup de merde ».
C’est le truc que je n’ai jamais compris. Les artistes qui disent « oh, j’ai le le syndrome de la page blanche et il nous faut environ cinq ans pour finir cet album ». Je ne comprends pas parce-que plus vous écrivez, mieux vous y parvenez. C’est comme si vous étiez un chef, un cuisinier dans un restaurant. Plus vous préparez la nourriture et plus vous vous améliorez. C’est pratiquer qui fait un champion. Et je crois vraiment en cela, que peu importe vos compétences, plus vous pratiquez, mieux vous y parvenez, et naturellement.
Donc quand les gens disent que c’est la quantité plutôt que la qualité, va te faire foutre ! La quantité signifie la qualité à plusieurs reprises, plus vous faites, plus vous apprenez.
Pozzo Live : Vous tournez beaucoup on le dit, mais souvent dans des salles de moyennes tailles.
Mr Lordi : Pas parce-que nous ne voulons pas faire des grosses salles !
Pozzo Live : Bien entendu ! Est-ce que vous avez des idées s’il vous arrivait de jouer dans une arena avec des possibilités colossales en terme de mise en scène ?
Mr Lordi : Oui bien sur ! Mais vous savez, ce sont des choses qui ne sont pas aux artistes de décider. Je veux dire, nous avons déjà joué dans des arenas. Mais cela fait 20 ans que notre premier album est sorti. L’industrie de la musique est un drôle d’animal et délicat d’une certaine manière. Vous ne pouvez pas l’entraîner, vous ne pouvez pas l’apprivoiser. Vous savez que ça ne dépend pas de vous. C’est ce que j’ai toujours dit, peu importe la qualité d’un album que vous faites, peu importe la qualité d’une chanson que vous écrivez, peu importe la qualité de votre groupe ou autre, ce n’est pas à vous de savoir si vous réussissez, c’est au reste du monde.
Et c’est comme ça. La seule chose que tu ne peux pas acheter avec de l’argent dans la musique, c’est le succès.
Mais vous savez, pour moi quel que soit le groupe qui joue, sur n’importe quelle scène, ce moment où le groupe est sur scène, c’est leur scène ! Pendant cet instant, le groupe est sur scène, c’est leur scène et c’est leur public. Voilà comment je me sens.
Pozzo Live : Qu’est-ce vous écoutez au quotidien ? Qu’est-ce qui vous inspire vos musiques ?
Mr Lordi : Je vais vous le dire. Quotidiennement, je n’écoute rien. Au quotidien, je n’écoute rien. Si je prends quelques verres de whisky ou de rhum ou de gin, j’écoute généralement Kiss, Twisted Sister ou Alice Cooper. Mais d’habitude je n’écoute pas de musique. Si je conduis, j’écoute généralement la radio, et surtout les talk-show à la radio. Ma tête est tellement remplie de musique que je n’ai pas vraiment envie d’en entendre.
Quand je le fais, cela peut sembler égoïste, mais j’écoute mon groupe préféré, qui est Lordi. J’écoute beaucoup Lordi, mais il y a aussi un problème lié au travail parce que je suis nul pour me souvenir des putains de paroles. Je suis définitivement naze avec ça. Donc j’écoute beaucoup le dernier album quand je suis à la maison et ça n’aide toujours pas. Je ne me souviendrai tout simplement pas des putains de paroles [rires]
Pozzo Live : J’ai plusieurs fois vu des questions sur vos costumes et apparences et ce que ça vous coûte en terme de temps. Cependant après toutes ces années j’imagine que peu de personnes vous reconnaissent dans la rue et que vous vivez « tranquillement » non déguisé. Est-ce que vous pensez que pour ce point cela valait le coup ?
Mr Lordi : Oui, je vais vous donner un exemple. Ce concept donne à chaque membre une vie « civile ». Et je ne l’échangerais pour rien au monde. J’ai beaucoup de collègues et d’amis qui sont des artistes « normaux » avec leur propre visage. Et si je vais n’importe où avec ces gars ils n’ont pas une seconde de paix. Et c’est assez ennuyeux. Ce n’est pas qu’ils n’aiment pas l’attention des fans parce-que c’est toujours flatteur. Cela touche au cœur quand quelqu’un vient demander un autographe ou une photo.
Mais je peux le voir, et je sais pertinemment qu’il y a des moments où vous aimeriez juste être un gars normal et ne pas travailler. Mais comme beaucoup de mes amis qui sont vraiment célèbres, vous ne pouvez pas aller dans un bar sans vous faire alpaguer. C’est comme travailler en permanence. Et tu dois être gentil avec les gens parce que si tu as une mauvaise journée, ce n’est pas une excuse. Si tu dis « Pourrais-tu s’il te plait nous laisser tranquilles ? » Même si tu dis gentiment on va dire « quel prétentieux imbu de sa personne ». C’est comme ça.
Pozzo Live : Si vous pouviez dire quelque chose à vous-même il y a 15 ans, qu’est-ce que ce serait ?
Mr Lordi : Calme-toi sur les cigarettes et sur la bouffe ! Ne mange pas autant de chocolat, enfoiré !
Pozzo Live : Après toutes ces années est-ce qu’il y a un endroit où vous n’avez jamais joué et vous rêveriez de le faire ?
Mr Lordi : [instantanément] Madison Square Garden à New York !
Pozzo Live : Est-ce que vous auriez un conseil pour les monstres qui voudraient débuter dans ce moderne monde de la musique en 2023 ?
Mr Lordi : Il reste de la place. Nous ne sommes pas si nombreux. Il y a nous, évidemment. Alice [Cooper] bien sûr, en quelque sorte. Slipknot, ou Marilyn Manson d’une certaine façon. Mushroomhead qui sont juste des compositeurs de folie. Il y a peut-être 20 groupes monstres ou quelque chose comme ça.
Eh bien, essayez simplement de trouver vos propres personnages de monstres. C’est tout ce que je peux dire.
Pozzo Live : Quel groupe ou artiste vous conseilleriez à Pozzo Live d’interviewer ensuite ? Vous avez déjà répondu Gene Simmons de Kiss (2021), vous êtes obligé de changer.
Mr Lordi : Dee Snider ce serait super.
Merci à Mr Lordi pour son temps et merci à Atomic Fire.