En mars 2020, le jeune Bruxellois au prénom biblique et au nom qui se prononce « Prèchof » a sorti son premier titre, A Nous. C’était juste avant le premier confinement, le début du déluge covidien, et cette chanson en est devenue un hymne.
Un an et quelques mois plus tôt, Noé Preszow venait à Paris pour rencontrer des maisons de disques, les rues étaient jaunes de gilets en révolte, et A Nous aurait aussi pu en être la bande-son. Une chanson d’urgence et de vérité, dans laquelle on entend des échos de Fauve ou du Courage des oiseaux de Dominique A. Une chanson dans l’air du temps, ou légèrement en avance, qui dit que le monde ne va pas fort, qu’on lui ressemble mais qu’on peut s’en sortir. Noé Preszow en avait composé les couplets il y a quatre ans et le refrain il y a dix ans. Elle attendait son heure. A Nous donne son titre à ce premier album longuement mûri, que Noé Preszow a fini d’enregistrer pendant l’été 2020 à Bruxelles.
- Hello Noé, comment ça va malgré le contexte actuel ?
Moins bien qu’hier mais mieux que demain. A moins que ce ne soit l’inverse. Je trace ma route, j’essaye d’apprécier ce que j’ai à apprécier et j’avance, j’avance, j’avance.
Et vous-même ?
- Très bien merci ! Tu peux te présenter en quelques lignes pour nos lecteurs qui ne te connaissent pas encore ?
Auteur-compositeur-interprète né à Bruxelles au milieu des années 90′.
Je m’enregistre depuis les débuts de l’adolescence, presque l’enfance, et mon premier album, « A nous », vient de sortir.
Pour mieux me connaître, je les invite à écouter « Les armes que j’ai », « Que tout s’danse », « Cette route-là », « L’étang » et « Les poches vides ».
Ou, tout l’album, en fait.
Écrire sert à ça, chez moi, et ça en dit déjà long : à m’expliquer le moins possible.
- Ton premier single « À nous » sort le 10 mars 2020. Tu avais écrit cette chanson bien avant la pandémie actuelle. Est-ce que tu peux écrire une autre chanson qui prédit la fin de la pandémie cette fois-ci ?
En effet, « À nous » n’avait aucun lien avec le virus. Disons qu’on n’avait pas besoin d’attendre la pandémie pour savoir qu’il fallait réinventer le monde, éteindre nos écrans, changer de mode de consommation, prendre conscience des inégalités et de tous ces métiers qui ont été si importants pendant la crise.
Et pour renouer avec une forme d’humanité.
Pour la chanson qui prédit la fin de la pandémie, peut-être l’ai-je déjà écrite, mais pour s’en rendre compte, il faudra attendre la fin de la pandémie (rires).
- Tu me dis que tout s’danse, tu peux être plus précis ?
Pour être plus précis, dans la chanson, c’est quelqu’un d’autre qui me dit que « tout s’danse ». C’est là qu’est la nuance.
Moi j’interroge, je devine, je suppose, j’essaye.
Ma question étant : comment marcher ma vie sans maudire celles et ceux qui la dansent, leur vie. Et comment trouver de la beauté à la danse, lorsque l’on se sent prisonnier et de son corps, et du capitalisme (l’un et l’autre n’ayant pas de lien entre eux, quoi que, si, quand même, mais ça c’est un autre débat.)
- Quelles sont les valeurs que tu souhaites transmettre avec ton album ?
Le vivant, le mouvement, le doute et l’intimité, au-delà de tout autre valeur.
C’est par l’intimité que viendra la Révolution.
- Quelles ont été tes influences sur l’album ?
Ce n’est pas pour botter en touche ni pour faire court, mais sincèrement, des influences inconscientes.
Les battements de mon cœur restent mon influence principale.
- ça fait quoi d’être nommé en tant que « Révélation masculine de l’année » aux victoires de la musique ?
Ça fait plaisir !
Moi, j’ai une mission dans la vie : défendre mes chansons, haut et fort.
Alors, j’ai vu ça comme une possibilité supplémentaire de faire vivre l’une de mes chansons.
Et, moi qui suis un être libre, sans habitude, sans chaînes, hors cercles, hors familles, c’est comme si le milieu musical me saluait pour me dire « nous sommes heureux que tu sois en vie et que tu écrives des chansons ». On m’a dit : tu veux chanter quelle chanson ? Et j’ai choisi la chanson. On m’a dit : tu veux quoi comme images derrières. J’ai dit : mes potes. Alors on a mis mes potes. Ça s’est passé dans le respect et la simplicité.
Et ça a fait plaisir à l’équipe qui travaille avec moi et qui me fait confiance.
- Quel sera ton prochain clip après « Que tout s’danse » dévoilé il y a six mois (hors lyrics video) ?
Je vous laisse deviner.
Disons que c’est une des six premières chansons de l’album.
Une chanson qui, dans un certain sens, est la suite de « A nous » et « Que tout s’danse ».
« A nous », c’est : attention, j’arrive
« Que tout s’danse » c’est : attention, je suis là
La troisième sera : attention, je m’en vais peut-être.
- Tu aimes aussi réaliser tes propres clips ?
Réaliser ou co-réaliser, oui. Ces dernières années, j’ai beaucoup filmé, beaucoup monté, et je n’ai encore rien sorti de ce que j’avais réalisé tout seul. Un jour, peut-être. Sûrement.
Mais en tout cas, pour « Que tout s’danse », il m’a paru évident qu’il fallait que je contribue de très près à la création du clip. Le résultat qui n’est, à mes yeux, ni académique ni formaté, ne pouvait se faire qu’avec une liberté artistique totale et une équipe en laquelle je pouvais avoir confiance, devant la caméra que derrière.
- Tu dénotes de par ton style en France, comment peux-tu l’expliquer ?
C’est à vous de me le dire (rires) ! Moi je fais ce que j’ai à faire : écrire des chansons.
Comme je vous le disais plus tôt, je ne sais pas ce qui m’a influencé, mais je sais de quoi je m’alimente : le cinéma des Frères Dardenne, la poésie de Sylvia Plath, le souvenir de moi enfant lorsque j’écoutais Renaud.
Alors, peut-être que ce grand écart, qui à mes yeux n’en n’est pas un, a pris la forme d’un style qui est le mien. Je dis bien « peut-être ». Parce que je serais bien incapable de parler de mon style. Un journaliste a parlé de « réalisme magique ». Ça me plait.
- Une tournée à venir en automne 2021 (La Cigale, Le Botanique…) tu as hâte ?
J’ai hâte de faire chauffer les amplis, de trouver des nouveaux arrangements pour les chansons, de me surprendre moi-même. Hâte d’être surpris par le public. Voilà, c’est ça, j’ai hâte de la surprise.
La scène est vraiment une des raisons pour laquelle l’enfant que j’étais a voulu être chanteur.
- On te verra aussi sur la route des festivals d’été 2022 ?
Espérons ! Et des festivals d’été 2021, s’il ont lieu !
- Tu penses déjà à un prochain album ?
Je suis plus du genre à « faire » qu’à « penser ». Donc je ne pense pas, je fais. Mais en parler empêche de faire. Mais je fais !
Alors, chansons, EP, album, spectacle, c’est encore trop tôt pour en parler.
Mais je fais des chansons et je ne compte pas attendre 26 autres années pour les sortir.
- Quel artiste/groupe conseilles-tu à Pozzo Live d’interviewer par la suite ?
Boris Vian ! Il doit bien y avoir moyen de le croiser quelque part.
Pour retrouver toutes les musiques de son album, c’est ici:
DATES CONCERTS NOE PRESZOW
JUIN 2021
22 BOURGES (18) Printemps de Bourges
JUILLET 2021
09 VILLEDIEU LES POELES (50). Les Pluies de Juillet
10 LA ROCHELLE (16) Francofolies de la Rochelle
15 BOULOGNE s/ MER (62) Festival de la Côte d’Opale
16 AMBERT (63) World Festival Ambert
22 CLERMONT-FERRAND (63) Coopérative de Mai
23 SANARY s/ MER (83) Sanary sous les étoiles
AOUT 2021
14 BOSSET (24) Beau C’est Festival !
NOVEMBRE 2021
18 PARIS (75) La Cigale (co-plateau avec Clou)
26 BORDEAUX (33) Rock School Barbey (co plateau avec Clou)
DECEMBRE 2021
01 ESCH sur ALZETTE (Lux) Rockhal
02 BRUXELLES (Be) Le Botanique
De plus, pour retrouver nos interviews, ça se passe ici. Pour nos chroniques, c’est par-là.