Ce soir, dimanche 23 juin 2019, Fever 333 va se produire sur la scène de la Maroquinerie à Paris. Fraîchement débarqués de Clisson où ils ont joués sur la Mainstage 2 du Hellfest la veille, nous discutons avec le chanteur Jason Aalon Butler et le batteur Aric Improta, quelques instants avant leur montée sur scène.
Pozzo Live : Bonsoir Fever 333. Beaucoup de personnes vous ont découverts en tant que première partie de Bring Me The Horizon au Zénith en novembre. Comment avez-vous ressenti ce concert ? Le retour du public ?
Jason Aalon Butler : Nous avons été chanceux de faire partie de cette tournée en Europe. Chanceux de rencontrer de nouvelles personnes, de présenter nos idées, messages et musiques à autant de gens. Et il y avait vraiment beaucoup de gens à ces shows ! Je me souviens qu’avant de jouer ce concert le promoteur, qui est le même promoteur du show de ce soir, m’a dit « tu vas blinder ce concert à la Maroquinerie ». J’étais très emballé à l’idée de ce concert au zénith, et quelques semaines après, le concert de ce soir était sold-out. Nous nous sentons chanceux d’être ici à Paris. Nous sentons que les gens se sont investis avec nous dans ce projet. Le public parisien, le public français a accroché rapidement, c’est cool.
PL : Question plutôt similaire, mais je suis un peu obligé de la poser. Vous étiez au Hellfest hier. Qu’avez-vous pensé de ce festival ? Du public français ?
Aric Improta : Le Hellfest ? C’était le meilleur festival où je sois allé de toute ma vie !
Jason : Oui il l’a beaucoup aimé.
Aric : J’ai fini par regarder 12 groupes hier, honnêtement le public était extraordinaire. C’est une sorte de nouvel environnement pour nous d’être en festival et spécialement tourné vers le métal. J’étais agréablement surpris de la façon dont nous avons été reçus. C’était aussi fou que notre guitariste Stephen ait pu jouer puisqu’il avait fait une intoxication alimentaire. Mais il a pu monter sur scène et faire tout le concert.
PL : Votre album est sorti depuis janvier. Les paroles sont plutôt fortes, vous parlez de combats. Des combats de longues dates, qui sont devenus les vôtres. Vous citez Malcolm X, Black Panther. Le combat continue, pensez-vous qu’il reste un long chemin à parcourir ?
Jason : Oui je le pense ! Je pense que les gens veulent commencer à s’installer et devenir complaisants dans notre lutte pour le progrès et, tu vois, c’est à ce moment-là qu’on recommence à perdre. Et globalement, je pense que le chemin à parcourir est encore long. Tu sais, Il y a tant de gens qui essaient de travailler dans ce sens, de coexister d’une manière ou d’une autre. Tu vois, des cultures différentes peuvent faire face à des conflits, et c’est vraiment compréhensible. Mais je pense que nous avons encore beaucoup de chemin à faire et que, au lieu d’être découragé par le temps qu’il reste à parcourir, on devrait tous être inspirés par ceux qui aspirent à atteindre ça ! Plutôt que de me sentir pessimiste sur tout ce que nous devons faire, j’essaie de voir les choses de manière positive et de savoir qu’au moins nous faisons des efforts pour y arriver.
PL : La musique est un bon moyen de transmettre des messages. Que pensez-vous de voir autant de gens différents unis pour chanter ensemble vos chansons, vos messages ? Êtes-vous fiers de ça ?
Jason : Oui je suis fier des gens. Nous écrivons nos chansons en espérant que les gens veuillent les écouter, mais quand un message est transmis cela appartient aux gens, on ne peut pas se l’approprier. On peut s’approprier le fait d’avoir écrit des musiques, donner le meilleur de notre inspiration. Mais notre inspiration est générée par les gens. Nous sommes fiers, humbles et nous nous sentons privilégiés d’être acceptés en tant que groupe, en tant que projet ; en ces temps où les gens peuvent s’investir réellement à propos de ces sujets. Nous pensons faire partie d’un tout, mais loin d’être au-dessus de cela. Si cela était une pyramide, nous ne serions certainement pas au sommet. Nous nous sentons simplement chanceux d’être inclus à cela, cet espace où les gens peuvent partager leurs idées, leurs cultures, leurs sentiments.
PL : Êtes-vous en actuellement en train d’écrire votre prochain album ou bien êtes-vous concentrés sur la tournée et les concerts ?
Aric : Nous écrivons constamment.
Jason : Oui nous sommes constamment en train d’écrire.
PL : Et qu’en est-il du processus de création ? Vous retrouvez-vous tous les trois ou bien travaillez-vous chacun de votre côté pour regrouper les idées ultérieurement ?
Jason : Un peu des deux
Aric : Oui nous faisons ce qu’il y a besoin pour que cela fonctionne. Parfois on va avoir une idée pendant les sound check. Parfois je vais être en tournée, Stephen à Atlanta et Jason va avoir une idée et va l’enregistrer. Tout le monde est dans le processus à un moment ou à un autre. Tout commence avec le message, avec les paroles et puis nous construisons quelque chose autour de ça. Même si quelque chose sort des sound check, un riff ou autre, nous ne nous en servons pas tant que nous n’avons pas un sujet qui va aller avec. Les choses sont faites de manière irrégulière, si nous avons une bonne idée nous la gardons tant que quelque chose d’autre ne va pas avec.
PL : Vos prestations scéniques sont « folles », c’est le terme. Pensez-vous déjà au live quand vous écrivez ou bien c’est avant tout le message de la chanson ?
Jason : Oui je pense que c’est le message en premier. Parce-que nous croyons de manière authentique à ce que nous faisons, comment nous le faisons et pourquoi nous le faisons. Donc je dirais que si tu veux que quelque chose soit intense, sensationnel, émotionnel ou fou, tu dois y croire avant tout. Nous créons de la musique qui nous parle vraiment de manière forte, au moment où nous la créons. Et avoir le privilège de la jouer en live c’est un autre niveau, une autre dimension de sentiment que celui que nous avons lors de l’écriture. La plupart du temps nous ne nous rendons pas compte à quel point ce sera cool de jouer sur scène tant que nous n’avons pas écrit. Aric pense parfois à cela, plus que je ne le fais quand il créée un accord ou ce genre de choses.
Aric : Oui je crois que j’y pense, car nous sommes tous allés à beaucoup de concerts et je sais ce qui me plait en tant qu’auditeur. Nous essayons de cerner toutes les différentes choses qui nous plaisent, les différents types de musique et nous voyons si nous pouvons mélanger tout ce que nous aimons.
J’ai l’impression que beaucoup de nos conversations sont à propos de quelque chose qui n’est pas nécessairement en lien avec notre groupe ou notre style. C’est plutôt à propos de la manière de récupérer le même sentiment, la même émotion, le même tempo et de l’adapter à ce que nous faisons. Car tous les trois avec John (Feldmann) et Travis (Baker), qui écrivent et produisent avec nous, nous ressentons la même chose tous ensemble. Peu importe ce qui nous inspire, ça sort de façon différente quand nous sommes ensemble.
En général je pense que le show est juste le produit de ce que nous créons. Plus on me pose cette question « vous êtes fou, vos concerts sont délirants », plus je réalise à quel point les gens sont étranges à souvent monter sur scène et juste rester là. Je ne dis pas que notre musique n’est pas adaptée pour faire ça ou quoi. Mais même si nous n’en parlons pas, les gens abordent le sujet. C’est vraiment la question qui ressort le plus souvent.
PL : Dernière question, quel groupe aimeriez-vous que l’on interview ?
Jason : Je dirais Guerilla Warfare, Aric aura surement une réponse différente.
Aric : Je dirais One Day As A Lion et je leur demanderais de sortir leur album. Car cela fait 10 ans, plus de 10 ans. Avec Zack de Rage (Against The Machine) et John Theodore qui joue dans Queens of The Stone Age maintenant. Ils ont un projet parallèle qui s’appelle One Day As A Lion qui est vraiment cool, mais ils n’ont jamais sorti leur album. Donc trouvez les et dans votre interview convainquez les de sortir cet album.
Merci à Jason Aalon Butler et Aric Improta pour le temps qu’ils nous ont accordés. Et retrouvez le report du concert à la Maroquinerie juste -> ici
Interview réalisée par Gaël le 23 Juin 2019.