Nous avons eu la chance d’interviewer les organisateurs du Dub Camp lors de l’édition 2019 du festival. Si vous voulez connaître l’envers du décor, c’est ici que ça se passe!
Tout d’abord, nous vous proposons de lire notre Live Report de l’événement ICI! Et sinon, retrouvez l’interview sous cette photo.
Pozzo Live : Quel changement avez-vous apportez par rapport aux années précédentes sur le site et sur l’organisation ?
Dub Camp : Sur l’organisation, pas grand-chose.
On a une équipe de 5 salariés fixe à l’année, 120 adhérents à l’année parce qu’on est aussi une association qui organise des concerts toutes l’année sur Nantes et 800 bénévoles comme chaque année qui participe à l’organisation du festival.
Sur le site du festival, de très gros changements ont été apportés notamment des changements scénographiques.
On a mis en place la « Jukebox Arena » qui est le plus gros changement cette année. Une rue caribéenne qui a été recrée par un menuisier (Simon, Lille) uniquement pour le Dub Camp Festival qui se trouve au centre du site. Il permet aux festivaliers de devenir, aussi, acteurs en leur donnant la possibilité d’être « Selecta », c’est-à-dire la personne qui passe les vinyles, le temps d’un morceau.
Les chapiteaux ont aussi été agrandis !
PL : Vous avez toujours eu 5 scènes ?
DC : Non pas toujours. Ca va faire 3 ans que l’on a 5 scènes avant il n’y en avait que 4. On a rajouté le Uplift Corner, c’est un chapiteau qui joue moins fort et plus roots et où on organise aussi des conférences.
PL : Comment s’est créé votre collectif à l’origine ? Qui a eu l’idée du festival en premier ?
DC : En premier c’est amis : Nicolas (Argentin) et Oliver Bruno (Directeur Programmateur). Nicolas est venu en France pour ses études et c’est un grand fan de Dub. Ils se sont rencontrés dans un bar quand ils étaient étudiants.
Nicolas a fait découvrir la musique Reggae, Dub, Sound system à Olivier qui a tout de suite adoré, lui il venait de la culture Hiphop. Les cultures sont assez proches. L’idée de base c’était de passer des vinyles dans des bars, ce qu’ils ont fait. Et un soir des gens leur ont dit « Venez on organise une soirée ! », Ils y sont allés, ils ont vu que ça se passait bien, le public était là, et en rigolant ils se sont demandés s’il était possible de faire un festival et ans après le festival est né. Ils ont cru à leur rêve.
PL : J’ai posé pas mal de question autour de moi et je vois pleins d’étrangers et j’ai l’impression que c’est un gros évènement français et européen ?
DC : On est le seul événement au monde à proposer du Sound System en extérieur sous chapiteau.
Il y en a un autre en Espagne mais il est uniquement Indoor.
On a beaucoup d’étrangers qui viennent, des Japonais, des Indiens, des Allemands, Africains, Jamaïcains. Beaucoup de gens du monde entier, beaucoup de gens aussi en dehors du département, de la France entière.
PL : Ici il y a une grosse sensibilité écologique, pourquoi le lac de Vioreau ? C’est magnifique certes, mais c’est aussi un site Natura 2000 avec autant de gens ivres c’est un pari risqué, non ?
DC : On a toujours été sur des sites Natura 2000, hasard total, parce que c’est compliqué à gérer avec les élus locaux. On a fait 2 années à Carquefou et une année au Pellerin, l’asso est basée à Nantes. Comme le terrain à Carquefou était un site constructible, nous n’avions pas les moyens de s’acheter le terrain et ils allaient construire des immeubles dessus, la mairie voulait nous garder mais ils n’ont pas trouvés de terrain, la ville de Nantes à tout fait aussi parce qu’ils avaient compris l’importance du Dub Camp. On a en a pas trouvés, on a cherché des terrains à la campagne, parce que le son est assez fort, et entre Noël et le jour de l’an, un de nos amis de l’association a appelé notre directeur et lui a dit : « j’suis en train de manger avec un ami à moi ils ont des terrains de libre, c’est au bord d’un lac ». On a été le visité, ça se prêtait très bien au Dub Camp, on a dit banco. Ça s’est fait en 3 jours pendant qu’on était en vacances.
Donc en Janvier, on a refait donc tous les plans, on avait déjà commencé à les préparer pour la ville avec laquelle nous devions signer avant de voir ce terrain. Le boulot a été très dur puisqu’on a commencé à travailler sur le Dub Camp à partir du mois de Mars, donc ça nous laisser peu de temps. Mais ça a réussi.
Aujourd’hui on est très content de notre choix car c’est un site magnifique et on est accueillis comme des rois par les élus, les riverains, vraiment tout le monde. Au début on était des ovnis à débarquer chez eux. Nous on fait beaucoup de réunions publics, je leur envoie des newsletters à peu près tous les mois pour les tenir au courant de l’évolution du festival près de chez eux, on prépare pas mal de médiations culturels avec les habitants. La première fois que les riverains sont venus ils étaient apeurés par les grosses enceintes et en fait ils sont venu ici, ils ont vu que l’organisation était carrée, que les gens sont adorables et puis en fait ils se sont dit « Okay, c’est du Reggae, on connait bien ». Et ils viennent d’années en années. On fait des visites de site avant l’ouverture du Off, le mercredi soir, et on refait des visites pour les enfants, en mode jeu de piste pour leur faire découvrir la culture.
PL : C’est le Dub Kid c’est ça ?
DC : Non le mini dub camp, ça c’est autre chose, c’est en partenariat avec la communauté de commune et la bibliothèque. On organise une conférence qui est dédiée aux enfants, et on a RDH, un groupe qui a joué hier, qui a des panneaux indicatifs et on peut bidouiller le son, on peut voir ce qu’est un son, comment il est acheminé et comment ça fonctionne.
Ça c’est quelque chose qu’on met en place pour les enfants et puis on leur propose aussi devant la mairie un concert gratuit de l’ensemble national de reggae, ça chaque année ça leur plaît énormément. Et maintenant ils viennent chaque année sur le festival. Aujourd’hui on voit plus de gens qui viennent qui ne sont pas forcément issu du milieu reggae dub et qui viennent sur notre festival.
PL : Vous avez des retours positifs concernant les retomber économique et social au local, les petits commerces environnant, ça change beaucoup de chose la venue du festival pour eux ?
DC : Les commerces sont contents de notre venu, ils sont contents de voir du monde, leur recette grossisse pendant le festival. Les festivaliers vont aussi au restaurant, c’est ce que l’on a vu pendant l’année.
PL : Comment orienteriez-vous un novice dans le festival ?
DC : Le Sound system c’est une façon de diffuser la musique, ce n’est pas un style de music.
Dans la musique reggae dub c’est comme le rock, y a plein de styles différents. Y a du calypso, du rabadub, du roots, du digital…
Moi ce que je conseille, ce serait de commencer par le roots, parce que c’est beaucoup plus accessible, grâce à Bob Marley.
PL : Y a une scène dédiée pour le roots ?
DC : Y a Le Uplift Corner qui en passe tout le temps. Ca dépend aussi des crew. Il prépare des sets de différents styles et, moi, je préviens les gens sur les réseaux sociaux pour qu’ils puissent mieux se diriger pendant l’évènement. « Il faut nous suivre sur les réseaux 😉 ».
PL : Petite question subsidiaire, j’ai cru comprendre en parlant avec les gens, qu’il y avait une des grosses têtes d’affiche : « King Shiloh », pourquoi il est placé le jeudi soir, le premier jour du festival, d’un point de vue stratégique c’est surprenant j’trouve, non ? Ou est-ce que ce n’est pas plus une grosse tête d’affiche qu’un autre et que c’est seulement les gens avec qui j’ai discuté qui sont ultra fan de cet artiste ?
DC : Chez nous, y a pas de scène, c’est dans la pure tradition jamaïcaine. Tout le monde est au même niveau, l’artiste est au même niveau que le public. On ne veut pas faire de distinction entre les crew. Ici c’est un vrai rassemblement de partage, comme cet après-midi, Zenzile et Winston Mcanuff qui ont joué ensemble alors que Zenzile ne joue pas sur Sound system à la base et qui a créé un set exprès pour le dub camp festival. Ils viennent ici parce que c’est une vraie envie de leur part et il fallait qu’ils viennent ici pour réaliser leur projet parce que c’est le lieu dédié à ça.
King Shiloh, on l’a fait jouer le jeudi, on a voulu faire une session outdoor, c’est quelque chose qu’on a jamais fait au dub camp et beaucoup de gens nous demandaient de le réaliser. C’est une nouveauté de cette année. Et King shiloh c’est un des plus gros Sound system d’Europe, la sono à 360° était appropriée pour la scène outdoor.
PL : Comment on fait pour gérer la sonorisation des Sound system ?
DC : Chez nous y a pas d’ingénieur son, le principe du Sound system c’est vraiment de construire tout de A à Z. Les « Boxman » construisent leur Sound system et c’est eux même qui vont gérer le grain de son. C’est l’opérateur, qui est derrière la machine, qui va gérer la diffusion du son en live, de ce qu’il ressent et comment il veut faire ressentir le son.
PL : Est-ce que vous augmentez le nombre de pass d’années en années ?
DC : Non, c’est assez stable. On est à 25 000 personnes cette année. On était à 10 000 la première année, du coup on a bien monté déjà en 6 ans.
PL : Niveau budget cette année, vous avez pris des risques et ça a marché ?
DC : Oui !
PL : Des améliorations de prévues pour l’année/les années prochaine/s ?
DC : On a vraiment envie d’améliorer la scénographie, accueillir encore mieux les gens, améliorer notre démarche écoresponsable. Un festival c’est un lieu d’expérimentation, un lieu social, un lieu de vie et donc si on a la possibilité de le faire, on le fera !
PL : Un ou deux noms à nous teaser pour 2020 ?
DC : Pas du tout.
PL : Pas du tout ? Vous ne savez pas ou pas le droit de le dire ?
DC : Non je ne sais pas.
PL : L’artiste que vous n’avez pas eu et qui vous faut impérativement ?
DC : On a eu tous les plus gros donc… On a déjà eu tous les plus gros Sound system, même les mythiques, peut-être le nouveau chanteur jamaïcain qui sortira et qu’on ne connaît pas encore…
PL : Une tournée warm up Dub Camp un jour ?
DC : Nous les salariés on a eu envie. On l’a proposé, c’est en débat. Ça ne plaît pas forcément à notre directeur.
PL : Un tremplin pour des jeunes artistes ?
DC : Non, parce qu’on suit déjà les jeunes artistes en développement Mojack, RDH qui sont des jeunes portés par l’asso, c’est des choses qu’on fait déjà. Par contre, on n’a pas envie de le mettre en avant.
PL : l’asso est un tremplin quoi ?
DC : Exactement.
PL : Merci beaucoup.
DC : Merci à toi.