Le groupe Oxymorrons était de passage à Paris fin 2023 en ouverture de Corey Taylor au Trianon. Nous avons eu l’occasion de discuter avec Ashmy « KI » Bellevue, l’un des deux frères chanteurs, et le batteur Matty Mayz. Retour sur un échange très convivial et également très profond.
Pozzo Live : Alors, c’est votre deuxième fois à Paris cette année…
Matty : Tout à fait, rien que cette année.
Pozzo Live : Vous aimez tourner sur le continent Européen ?
KI : Ouais, c’est assez fun. La première fois c’était avec Bad Omens et ça a été un genre de choc des cultures mais dans le bon sens, parce-qu’on avait hâte de voir des choses différentes et de manger du pain [Rires]. C’était incroyable d’être ici, particulièrement en France, c’était vraiment amusant la dernière fois. Je suis persuadé que cette fois-ci aussi va être très bien.
Matty : Sans vouloir offenser les États-Unis, la reconnaissance qu’il y a en Europe pour la musique un peu plus « heavy » est tellement plus grande. J’ai l’impression qu’aux États-Unis, c’est encore un genre musical un peu de niche alors qu’ici, c’est plus ouvert et les gens disent sans hésiter qu’ils écoutent pas mal de métal, c’est plus ordinaire par ici. Donc, oui, c’est assez cool.
KI : Il faut aussi dire que les salles de concert apprécient bien plus les artistes qu’aux États-Unis. À 100%. On reçoit tellement plus d’amour ici que là-bas ; de la part des gens, des salles, de tout le monde. Donc on est de retour pour en recevoir encore plus !
Pozzo Live : Le continent Européen a l’air de vous apprécier, de ce que j’en vois. En février, même si c’était un set très court, vous avez eu un énorme succès. Cette fois sera surement encore mieux.
Matty : Cette fois vous allez avoir les 45 minutes complètes !
KI : Ça veut dire plus de chansons, plus de rires.
Matty : Un peu plus de notre histoire et de musiques du nouvel album.
KI : Ça va être cool.
Pozzo Live : Votre musique est un mélange de plusieurs genres musicaux différents et vous semblez avoir de nombreuses influences. Vous écoutez quoi au quotidien ? On a vu des références à Queen et Nirvana sur la pochette de vos singles, j’imagine que ça en fait partie ?
KI : On s’inspire de tellement de genres musicaux… Quand on compose, la première approche qu’on a toujours c’est la curiosité. Donc on se demande par exemple ce que ça donnerait si Lenny Kravitz sortait un son avec Jay-Z, ou quelque chose du genre, et c’est ça notre approche de la musique, parce qu’on écoute vraiment de tout. Moi par exemple, j’adore écouter de la bossa nova, mais j’écoute aussi du lofi ou de la K-pop, j’écoute vraiment de tout.
Matty : Même des bandes originales de jeux.
KI : Oui, j’aime les jeux vidéo. Et écouter les bandes originales. Je n’ai pas besoin de mots, j’essaie de les jouer, je me débrouille.
Matty : C’est le cas pour nous tous. Beaucoup de gens disent qu’ils écoutent de tout, mais nous on écoute tellement de choses différentes. Pour D [ndlr : Dave « D » Bellevue, son frère], ça va de Lupe Fiasco à Billy Joel. Moi j’écoute beaucoup Under Oath et Bring Me the Horizon, mais j’écoute aussi énormément de Bachata, comme mon père, alors que ça ne va pas forcément avec la scène punk. J’écoute aussi pas mal de musique Dominicaine… En fait, notre musique c’est un peu le point culminant de tout, pas juste musicalement parlant. C’est aussi notre culture, notre identité en tant que new-yorkais qui ont grandi entourés de beaucoup de cultures et d’idées différentes. Au fond, c’est ça. Quand on s’apprête à créer quelque chose, on se demande juste ce qu’on a envie de faire ce jour-là. On prend de l’inspiration partout autour de nous.
KI : Et puis c’est excitant, quand on y pense. C’est comme se dire “Ok, Kanye a fait ceci ou cela… Si on transformait ça en balade, ça ferait quoi ?”. C’est complètement dingue ! Au fond, imaginer le processus et ce que ça donnera à la fin c’est se sentir comme un enfant qui se dit “tiens, je suis curieux, on va voir ce qu’il se passe”. On veut prendre le meilleur des différents styles musicaux et voir comment ça fonctionne ensemble. C’est un peu de la chimie, on est des chimistes et on s’amuse avec la musique. Et parfois, l’album t’explose un peu au visage et tu te dis “ah, ok, on va pas utiliser ça, on va faire plutôt comme ça.”.
Matty : On va le faire un peu moins System of a Down [Rires]
KI : C’est comme ça qu’on trouve de la joie dans ce qu’on fait. C’est aussi pour ça qu’on est Oxymorrons, parce qu’on aime prendre des bouts de différents sons, différentes cultures, différentes choses et tout mettre ensemble, parce qu’on est une seule grande famille sur cette planète. Ça n’a aucune importance, cette espèce de séparation, d’où tu viens, d’où je viens… Au fond, on est tous des gens.
Matty : On le dit beaucoup, à tous nos concerts. Si ça a l’air bien, que ça te fait te sentir bien, alors c’est bien. Tout simplement.
Pozzo Live : Comment est-ce que vous organisez votre processus d’écriture ? Est-ce que vous vous retrouvez ? Est-ce qu’il n’y en a qu’un seul qui s’en occupe ? Peut-être que l’année 2020 vous a fait un peu changer ce processus ?
Matty : En fait, tout le monde contribue de façon un peu aléatoire. Par exemple, il y a eu des moments où D a juste chanté un bout de guitare sur une note vocale et nous a envoyé ça et on a commencé à bosser une chanson de cette façon. Jafe [Paulino] peut arriver avec un truc, sortir de la salle de bain et dire “j’ai cette petite mélodie, je viens de l’inventer” et on travaille avec ça. Ou alors j’écris un petit morceau de batterie un peu étrange ou je fredonne quelque chose que j’ai écrit… Ça vient un peu de tous les côtés. Il n’y a pas vraiment… On ne se dit pas “lui il écrit le refrain, moi le couplet et j’écris la partie de batterie”. Ce n’est pas vraiment ça.
KI : On est toujours ouvert à ce que les autres écrivent. Si ça fonctionne, ça fonctionne. Ce n’est pas une question d’ego et de comment nous on se sent. C’est un processus de création, de créer une bonne chanson. Donc si Matty écrit toutes les paroles, c’est cool. Si ça sonne bien, c’est parfait, on ne change rien, on n’y touche pas, c’est parfait. On s’en fiche un peu.
Matty : On est très diplomates quand on y pense. Quand ça touche au groupe, c’est une vraie démocratie. En fait, c’est assez marrant parce qu’on parle toujours de ce qu’on pense être le mieux pour l’album. Il y a certaines parties que j’avais écrit, à la batterie, dont je n’étais pas tout à fait sûr, je ne savais pas trop comment je me sentais par rapport à elles. Le reste du groupe m’a dit “non, ce couplet fonctionne très bien, on va garder ça” et ce qui est bien c’est qu’aucun d’entre nous n’est un ‘yes man’. Je pense que c’est la meilleure des choses qu’on puisse aussi se dire “je sais pas si ça colle vraiment, on va essayer autre chose”. Donc avec tout ce processus on essaie juste d’écrire le meilleur album possible à chaque fois.
KI : Oui. On aime se tirer vers le haut dès qu’on écrit une chanson. Même si c’est bien, si c’est suffisant dès le début, mais qu’on se dit que c’est pas terrible, on dit “ok, c’est pas grave, tu peux le refaire” et on le prendra pas mal. Si on le sent pas, on se dit aussi quand on aime pas et on le prend pas mal. On se dit “bon, ils aiment pas, il faut trouver un moyen pour que tout le monde apprécie de truc” et on continue de chercher jusqu’à ce qu’on trouve ce qui convient à tout le monde.
Matty : On se construit constamment en s’appuyant les uns sur les autres. On se challenge beaucoup pour s’améliorer, c’est comme ça qu’on écrit tout. C’est comme ça qu’on devient un meilleur artiste.
KI : Si tout le monde te dit constamment que t’es bon, tu vas arrêter de faire des efforts. À mon sens, un peu de pression c’est ce qui crée quelque chose de nouveau et…
Matty : Un diamant !
KI : Oui, c’est tout à fait ça.
Pozzo Live : Ça fait plaisir de vous entendre parler de tout ça, parce-que beaucoup de groupes se reposent sur un ou deux membres pour écrire et les autres attendent simplement que le processus soit terminé.
KI : Non, mec.
Matty : C’est pas comme ça qu’on fonctionne.
KI : Parce que quand t’es musicien, tu as un point de vue que les autres n’ont peut-être pas, donc pourquoi ne pas l’ajouter ? Peu importe ce que c’est. Si ça ne fonctionne pas, c’est cool. C’est okay de dire, “hey, ça fonctionne pas”. Ça fonctionnera la prochaine fois.
Matty : Pas de questions d’égo. J’imagine que la meilleure façon d’écrire les meilleures chansons c’est de ne pas arriver en disant “bon euh, les gars, vous avez pas aimé ma partie de batterie”, non. Il faut ce qui sonne le mieux pour l’album, c’est pour ça qu’on est là.
Pozzo Live : Le titre de votre album « Melanin Punk » est intelligemment trouvé. Il scande avec ferveur que tout le monde peut se retrouver dans n’importe quelle musique. Est-ce qu’à vos débuts, et peut-être encore maintenant, vous vous êtes confrontés à des refus et des stéréotypes juste parce que vous jouez du métal ou du rock et que vous n’êtes pas blancs.
Je sais que c’est un peu une question cliché, j’aimerais beaucoup croire que ce n’est pas le cas, mais j’ai peur que même dans les années 2020, ce soit toujours compliqué.
KI : Tout à fait. En grandissant, c’était la même chose. Je me souviens, quand j’étais petit, d’être allé à un concert ou à une fête et ils ont passé Metallica. Je me suis mis à chanter et les autres gamins me regardaient bizarrement, d’un air de dire “mais comment tu connais ça, toi, qu’est-ce que tu fais là ?”. Et ce sentiment il craint, parce-que tu trouves une chose que t’apprécies et quand tu te retrouves avec d’autres gens qui apprécient ça aussi, tu penses qu’il va y avoir une connexion avec eux. Au final ils te disent que tu n’as pas ta place avec eux, ça craint et ça arrivait avant, ça arrive toujours aujourd’hui.
Même pour nous, je peux le dire, je me souviens d’une femme un jour sur un tournée, qui est allée à notre table de merch et qui a demandé à notre vendeur, qui est noir, ce qu’il faisait là. Quand on est sortis de scène, finalement, elle a compris pourquoi il était là et c’est ça le but d’Oxymorrons.
Oui, Melanin Punk est à propos de nous et de notre histoire et c’est aussi l’idée de rassembler les gens. C’est cette idée parce qu’on a tous de la mélanine dans la peau, dans notre ADN. Mais on montre aussi qu’on est des personnes de couleur et montrer ce qu’on vit au quotidien, ce qu’on fait, et dire qu’on est là pour faire changer les choses.
Quand on est en concert, des gens du public viennent nous voir après et nous disent “hey, merci d’être là parce-que je pensais que j’allais être seul en venant et quand je vous ai vu arriver sur scène je me suis dit ‘what the fuck?’. Moi je suis venu juste pour être à un concert mais vous vous êtes sur scène et si vous y êtes arrivés alors je peux faire n’importe quoi dans la vie”. On veut être cette étincelle d’inspiration pour les gens, dans le futur.
Matty : C’est tout à fait ça. Dans le passé, il y a même des labels de musique on nous a dit qu’on était trop noirs pour le rock, trop blancs pour le hip-hop. J’ai levé les yeux au ciel comme jamais, mais je pense que le titre de Melanin Punk, au fond, c’est à propos de l’unité. C’est marrant que je porte ce pantalon, c’est le code de la mélanine sur le tableau périodique. Tout le monde a de la mélanine dans sa peau, que ce soit dans les yeux, dans les cheveux. La mélanine c’est un peu évident, bien sûr, parce qu’on est noirs.
KI : Tout à fait.
Matty : Mais c’est pas une question de division, c’est une question de s’unir. Ce qu’on veut dire, c’est que ce n’est pas parce-qu’on a plus de mélanine qu’on n’est pas un seul et même peuple. Ça c’est le premier aspect, mais même sur le côté punk, en fait. On n’a pas sorti un album punk dans le sens où musicalement ce n’est pas exactement du punk, mais c’est l’ethos du punk, c’est une contre-culture. C’est aller contre “The Man”, contre la norme, contre beaucoup de choses. Donc encore une fois, la mélanine c’est comme une unification des contre-cultures. C’est à propos de l’unité des genre qui ne pensaient pas avoir leur place avec les autres, des gens qui se sentent à l’écart, des gens qui ont l’impression de ne pas pouvoir être eux-mêmes tout le temps. Cet album c’est unifier tout ces gens.
KI : C’est ça. Et on voulait initier ce changement, mec. J’imagine que tu ressens la même chose, comme le reste du groupe, et pas que dans la scène rock, mais j’ai l’impression que quand la musique commence à être un peu trop usée, tout le monde fait et copie la même chose. Nous, on veut créer ce changement avec le son et ensuite créer un changement dans le milieu, parce-que ce milieu a changé et est devenu un peu ce contre quoi il se battait à ses débuts en étant une contre-culture. C’est devenu ce que ça haïssait, ça fait exactement la même chose, donc… Non.
Matty : On est passés d’un groupe de gens qui étaient une contre-culture à faire du gatekeeping de la culture que l’on représente.
KI : Oui. C’est un peu “tu peux pas être là” et on se dit “quoi ?”. Si je veux venir ici avec un putain de durag et adorer la musique, je vais adorer la musique et être content qu’on ait quelque chose en commun. Parle-moi et je t’apprendrai peut-être quelque chose de nouveau ou tu pourras m’apprendre quelque chose de nouveau. C’est ça le but de se rassembler. Donc pour nous, oui, on fait face à ça encore aujourd’hui et on va le changer. On est là pour briser ces barrières, pas seulement pour nous mais aussi pour les gens du public, pour d’autres groupes, des groupes de personnes de couleur qui sont là dehors et qui essaient de se faire leur place. Parce-que chaque fois que l’un d’entre nous réussit, on réussit tous.
Matty : Exactement.
KI : On le fait pour tout le monde. C’est réel, ça arrive encore. On espère réellement que quand cet album s’essoufflera, les choses auront changé. Les gens se pensent bloqués dans des cases étranges dans leurs têtes. Ils croient qu’il faut avoir les cheveux bleus pour se balader dans la rue. Alors que non, pourquoi est-ce que tu rends ça si linéaire ? Ils sont effrayés par le changement. Ils pensent que dès que quelque chose de nouveau arrive, ça ne pourra jamais être comme avant. On a envie de dire “mec, accepte le changement, accepte le futur, accepte de grandir et d’évoluer”. On ne veut pas risquer de se retrouver dans une capsule temporelle.
Matty : Tout est un spectre, en fait. Rien ne doit forcément être binaire. Si tu fais un style rock, tu dois forcément ressembler à ça et t’habiller de cette façon et faire ça. Ou si tu fais du hip hop, tu dois agir comme ça et être ce genre de personne. C’est vraiment des conneries. Il y a un spectre pour tout et je pense, heureusement, qu’on a réussi à dépasser certaines périodes, mais qu’aujourd’hui en 2023, bientôt 2024, les gens ouvrent enfin leur esprit. Enfin on se dit “ok, peut-être que ça ne doit pas forcément ressembler à ça ou sonner de cette façon pour que ça corresponde à cette chose précise”.
KI : Avec un peu de chance on arrive à maîtriser cette vague.
Pozzo Live : Je pose assez souvent cette question, mais je trouve les points de vue intéressants. Vous avez sorti 4 singles avant la sortie de l’album, pratiquement la moitié. Est-ce que vous pensez que les plateformes de streaming poussent vers la fin du format album tel qu’on le connait ?
Matty : Je ne pense pas qu’ils essaient de tendre vers ça, mais ça rend les choses significativement plus compliquées. On parle beaucoup de la façon dont on a écrit cet album et, encore une fois, ce n’est pas chanson, chanson, chanson, chanson. Ce que je veux dire c’est que même les singles qu’on a sortis avaient un but. Il y avait une raison pour qu’on les sorte, pour raconter cette histoire qui est au cœur de l’album.
Mais, mince, mes albums préférés sont tous un genre de voyage, tu vois ce que je veux dire ? Ils avaient leurs points culminants et des phases plus douces, et il y avait toutes ces dynamiques qu’on peut ne pas forcément apprécier. Je sais qu’on est dans une société très dirigée vers les singles quand on parle de musique aujourd’hui. Mais je pense – qu’on parle de streaming ou non – que pour comprendre un artiste et comprendre son cheminement, un album ça veut tout dire.
KI : L’œuvre complète c’est ce qui a du sens. On voit tous les singles et on pense connaître la personne ou même en regardant juste une interview tu peux dire “oh je connais cet artiste” alors que non, je sais que non. Tu ne connais qu’un aspect. Donc je ne sais pas s’ils essaient de faire ça intentionnellement, mais ils sont concentrés sur l’aspect business, sur l’argent, et ils se fichent pas mal de l’art et d’où tout ça mène. Peut-être que ça nous mène à ça.
Matty : Mais pour rester dans cette idée, la raison pour laquelle on sort ce type de singles très différents les uns des autres c’est parce qu’on veut montrer que c’est bien plus varié que juste dire “ça c’est Enemy, et voilà une autre chanson qui est pareille que Enemy, et en voilà une troisième” ou “regardez, ça c’est Look Alive et on en a quatre autres des commes ça !”. Non, on voulait montrer que si vous écoutez nos singles, vous allez vous demander ce qu’il se passe. Et vous allez vous dire “je veux entendre le reste”. Encore une fois, même dans une ère très basée sur les singles, on essaie d’utiliser cela pour donner envie de venir voir le reste, voir ce qu’on fait. C’est un peu comme un amuse-bouche pour avoir un avant-goût de ce que sera le plat principal.
Pozzo Live : Est-ce que vous avez des hobbies/des passions en dehors de la musique ?
KI : Bien sûr.
Matty : Oh que oui. Je pense que là tu parles aux deux plus gros geeks de la pièce. On est tous les deux très fans d’anime.
KI : J’adore les anime, j’adore les jeux vidéo.
Matty : On adore les jeux vidéo, je suis Maître Pokémon auto-proclamé. Tu ne l’as pas vu mais regarde mon collier Osselait. J’ai des tatouages Pokémon… Non, je pense que ça fait partie de toute cette identité, de qui on est en tant que personnes. Un groupe de personnes noires et de couleur qui vient de New-York et qui était pas trop censé aimer Yū Yū Hakusho et Pokémon.
KI : Si j’étais juste là et que tu me voyais comme ça, tu te dirais pas que je suis dans un groupe de rock/hip hop, que j’aime les anime et les jeux vidéo, alors que…
Matty : Ce gars connaît absolument tout sur Dragon Ball Z et tout ce qu’il y a à savoir sur le monde du basketball.
KI : J’adore la mode, j’adore… J’ai une chaîne YouTube de gaming, où je joue à des jeux et je fais d’autres trucs, et ça aussi ça contribue à la musique, parce-qu’au fond tout ça c’est de l’art, ça te sert à t’exprimer. La mode, pour moi, c’est juste une autre forme d’expression. Ça peut être la chose la plus ridicule, par exemple… Je me souviens quand j’étais gamin un jour je me suis dit “ah ouais ça fait une sacré différence” alors que j’avais juste remonté mes chaussettes. C’est une grande différence par rapport à les avoir normalement, et ça exprime ce que tu ressens, un peu comme tenir une note de guitare plus longtemps. C’est juste une façon de s’exprimer. Tout ce qui me permet de m’exprimer, je vais aimer. Et ça peut être avec des anime, Pokémon, tous ces jeux…
Matty : Moi je ne joue pas à beaucoup de jeux, mais ceux auxquels je joue m’obsèdent vite. Je suis du genre à tout compléter à 100%. Ça fait quelques mois que je joue à The Legend of Zelda : Tears of the Kingdom et il est hors de question que j’aille affronter Ganondorf sans avoir tous les sanctuaires, toutes les noix Korogu… Je ne le ferai pas. Peut-être que ça dit quelque chose de la musique, aussi. Je sais pas, c’est la vie.
KI : D c’est le joueur de basket. C’est mon grand-frère et en grandissant, il a essayé tous les sports, il a récolté tous les trophées et moi je voyais ça dans la maison. Ma mère avait tous ses trophées de basket, de football américain, de football, il a même fait de la lutte ! Moi j’étais plutôt excellent à l’école. J’étais très bon en arts. J’allais à l’école catholique et j’ai même eu une récompense religieuse ! Et sinon, je faisais beaucoup de skate à l’extérieur. Je faisais du basket pour le fun, mais je préférais le skate
Matty : Jafe est super instruit. Ce mec a lu huit million de livres, il peut te parler de n’importe quoi à propos de plein de cultures différentes, te donner des anecdotes sur les populations, il est très versé dans tous les aspects politiques aussi.
KI : Mec, quand on est arrivés ici il a tout de suite dit “vous connaissez l’histoire de ce bâtiment ? En fait le Roi il avait…” et je me suis dit “mais bordel comment tu connais ça ? On vient juste d’arriver”. Littéralement on marchait et il nous racontait l’histoire du bâtiment.
Matty : Oui ! Et la dernière fois qu’on était en Allemagne, parce-qu’on y est restés quelques jours, il nous balançait de l’Allemand par-ci par-là, et je lui ai demandé s’il l’avait étudié avant et il m’a dit “oh non j’apprends au fur et à mesure en étant ici”, ça m’a choqué. Ce n’est pas une langue facile. Mais encore une fois, je pense que tous nos hobbies étranges font aussi l’identité de Oxymorrons et expliquent comment on crée notre musique. Si on ne faisait que de la musique et qu’on n’avait pas d’autres hobbies, qu’on n’essayait pas de faire autre chose…
KI : Il faut parler de ça ! Les artistes, arrêtez de faire croire qu’il n’y a que al musique. Certains sont comme ça, mais on a le droit d’aimer d’autres choses ! J’ai l’impression que tout le monde dit “je ne fais que écouter de la musique tous les jours et c’est tout, je fais rien d’autre” et ensuite quand ils ont des enfants ils leur font aussi écouter de la musique tous les jours. Il y a forcément d’autres choses que tu aimes faire, mec, c’est pas possible. Et puis ça diversifie. Si tu veux faire de la meilleure musique, tu dois faire d’autres trucs parce-que ça va nourrir ta musique. L’inspiration vient de partout.
Matty : Même pour moi, par exemple, la façon dont j’écris les partie de batterie. J’adore la cuisine, j’adore cuisiner. Rien que le fait de regarder des recettes avec lesquels je ne suis pas familier, comme la cuisine Indienne ou de Trinidad, ça me permet d’être immergé dans des cultures différentes, dans des sons différents… Ça peut aussi t’inspirer pour la musique. Ça fait réfléchir, on se dit “oh et si la prochaine fois on mettait ce beat de tabla”, ou bien… Je me souviens que j’avais commencé à regarder pas mal de drum and bass britannique, comme Jason Stadis, et d’autres vidéos bizarres de ce genre. Sur l’album suivant, du coup, j’ai eu cette idée, je l’ai expliquée et c’était vraiment cool.
Pozzo Live : Dernière question, la même pour tous les groupes. Quel groupe vous conseilleriez à Pozzo Live d’interviewer ensuite ?
KI : Ah il faut que je fasse référence aux potes, là. OBGMs, c’est un groupe très cool de punks canadiens. Royal and the Serpent, je pense que ce serait cool aussi.
Matty : Oh mon dieu. Elle vient de faire les premières parties de Fall Out Boy et Bring me the Horizon et elle a aussi ouvert pour Demi Lovato. Si vous voulez parler de pouvoir féminin, de positif… C’est tellement réel, tellement brut. Ouais, il faut la voir. Incroyable.
KI : Pinkshift, aussi, s’ils passent un jour en France.
Matty : Pinkshift c’est un groupe punk, queer, avec une femme en lead-singer et… Ils sont l’essence même de tout ce qui est punk, “fuck you” et combattif. Et en live ils sont géniaux. Ça fait partie des show les plus énergiques que j’aie pu voir. Ils sont incroyables.
KI : Eux, Kid Bookie… On pourrait continuer. Tout le monde.
Merci à KI et Matty d’Oxymorrons pour leur temps et merci à Replica Promotion.