Lors de l’édition 2024 des Eurockéennes de Belfort, nous avons pu nous entretenir avec le rappeur franc-comtois Pierre Hugues José.
Bonjour Pierre Hugues José, c’est un plaisir pour nous de te rencontrer ! Comment vas-tu ? Bien arrivé aux Eurocks ?
Pierre Hugues José : Bah écoute, bien arrivé. Là on est pas trop gâté par le temps, là ça va encore. Mais je pense que ça va glisser! C’est comme ça qu’on dit chez nous. Faut qu’ça glisse. On croise les doigts!
Est-ce que tu peux te présenter pour les lecteurs de Pozzo qui ne te connaissent pas ?
Pierre Hugues José : Alors, je suis un produit de Franche-Comté. Passionné de sciences. J’en ai fait 10 ans d’études. Passionné de musique aussi. Et puis un peu geek sur les bords. Faut être assez succinct, assez concis. Donc je résumerai ça à la triptyque quoi, “geek/sciences, musique et produit du terroir de la campagne Franc-comtoise”.
Beaucoup ont pu te découvrir via Tiktok, et maintenant tu t’apprêtes à jouer dans le plus grand festival de Franche-Comté, comment te sens-tu ?
Pierre Hugues José : C’est un rêve de gosse! C’est sûr qu’il faut être rôdé. Ce n’est pas tous les jours que ça nous arrive donc c’est un peu délicat. Tu vois hier soir j’avais les fourmis dans les pattes , j’avais du mal à pioncer. J’étais avec la délicieuse dans le pieu et je lui disais “j’arrive pas m’endormir parce que j’ai hâte!”. J’étais un peu crispé, je me disais “c’est demain, c’est demain..”. Donc faut gérer ces trucs là. Mais là je suis content d’être arrivé.
Après un parcours professionnel scientifique, tu as décidé de tout quitter pour te consacrer à la musique, le rap. Qu’est ce qui a motivé cette décision ?
Pierre Hugues José : J’ai toujours voulu faire ça depuis tout petit. Je fais de la musique depuis que j’ai 5 ans. J’ai commencé avec un tout petit synthé trouvé en vide grenier. Ma grand mère était encore là, Georgette, j’étais avec mes parents, c’était un genre de de minitel, c’était tout petit le bordel, c’était une octave. J’ai commencé avec ça, de fil en aiguille avec les cours de piano chez Valli à Vesoul.
J’ai découvert la chanson française, puis le rap est arrivé plus tard au collège, en 6ème, 5ème. Et puis après tu conserve un peu l’école, les maths, la physique pour trouver un boulot derrière. Tu te bâtis un matelas doré au cas où si ça ne fonctionne pas, tu te dis que tu as un diplôme derrière. Donc j’ai fait mes sciences. Après j’ai eu le vice d’aller jusqu’au bout. J’aurai pu arrêter plus tôt mais je suis un peu jusqu’au-boutiste. Une fois que j’ai enchainé licence, master, je me suis dis que c’était bête de m’arrêter là. On va aller jusqu’au doctorat.
Puis j’ai travaillé 6 mois en tant qu’ ingénieur recherche puis je me suis dis qu’on verra plus tard si je veux re travailler dans ce milieu là. Pour l’instant je veux vivre mes rêves à fond et je vais tenter le coup comme une partie de poker.
Quelles sont tes inspirations et influences musicales ?
Pierre Hugues José : J’étais dans une famille un peu jazz. Donc je me suis beaucoup intéressé au jazz. Avec la Lina on pouvait passer de Coltrane a Evans. Beaucoup de Jazz manouche aussi. D’ailleurs Raymond Valli était un compositeur aussi. Un grand guitariste, pianiste. J’apprenais le solfège et les partitions de Raymond Valli, des standards contemporains et jazz.
Ensuite est arrivée la chanson française : Ferré, Brassens, et Cabrel. Mon père c’était Cabrel dans la bagnole sans arrêt. Ma mère, Barbara, Patricia Kaas, Michèle Torre. Après il y a eu chanson française et rap en simultané. Ça pouvait aller d’ Alex Beaupain, Bashung, Biolay et tout cette vague de chansons françaises. Et puis après niveau de la plume, de l’esthétique c’était le rap. C’est vraiment cette musique qui à fait la jonction en forme et fond. Certains rappeurs m’ont bien matrixé la gueule! Les storytellers comme Disiz, Orelsan, Médine, Vald aussi, Il me fait golri. Ça a été ce rap là. C’est un peu un condensé de tout ça, jazz contemporain, chanson française et rap.
Si tu avais l’occasion de faire un featuring actuellement, quelle serait ta collaboration de rêve ?
Pierre Hugues José : Mon rêve de coeur c’est Francis Cabrel. Après je te dis pas que dans d’autres registres, y a d’autres artistes qui me ferait plaisir. Comme je t’ai dis Disiz moi j’ai poncé. Ce qui est fou avec lui c’est que encore maintenant il est là, c’est super pertinent ce qu’il fait. Il m’a touché de ses débuts de carrière à maintenant. Ouais, je suis un grand fan de Disiz. Donc moi je te dis, ça peut aller de Cabrel à Disiz ou Ophélie Winter quoi. J’étais amoureux de Ophélie Winter quand j’étais plus gosse. En fait je dirai que c’est le feeling ça. On verra plus tard quoi. Mais je ne suis pas figé. Je ne suis pas monoprisme. Je ne reste pas bloqué sur une seule face. Il y a pleins de registres qui m’intéressent. J’avoue, je ne me suis pas encore trop posé la question.
Qu’est ce qui t’a donné envie de parler autant de la Franche-Comté et plus particulièrement de Vesoul dans ta musique?
Pierre Hugues José : Y’a des expressions et des termes que l’on utilise que chez nous. Quand on prend un peu la route, qu’on va ailleurs, comme moi quand je suis parti 4, 5 ans à Bordeaux pour ma thèse. Je m’exprimais, j’utilisais des termes qu’on utilise chez nous dans l’Est et ils ne me comprenaient pas toujours quoi. Donc je dirai que ça nous rappelle d’où on vient. Je dirai que c’est une fierté. Faut pas être trop chauvin, faut pas se replier, mais faut juste se rendre compte qu’on vient de là et être fier de nos racines. C’est une petite piqûre de rappel.
Dernière question : quel groupe ou artiste conseillerais-tu à Pozzo Live d’interviewer ensuite ?
Pierre Hugues José : J’étais au printemps de Bourges avec Eloi. Elle joue sur la scène de la plage, c’est complètement un autre style, c’est pas du rap mais je trouve que c’est brillant ce qu’elle fait. C’est quali! J’encourage les gens qui ne connaissent pas ce qu’elle fait à écouter et je vous conseille de l’interviewer parce que je pense qu’elle a pas mal de trucs a dire!
Un énorme merci à Pierre Hugues José pour le temps qu’il nous à accordé ainsi qu’aux Eurockéennes de Belfort.