A l’occasion de la sortie de son EP Moitié Plein, nous avons échangé avec Raph Delaé.
Pozzo Live : Pour nos lecteurs qui ne vous connaissent pas comment vous présenteriez vous rapidement ?
Raph Delaé : Je me présente comme étant Raph Delaé, c’est mon nom de scène, mais c’est aussi mon vrai nom dans la vie tous les jours. Mon vrai nom est Raphaël Delaé, et avant j’évoluais avec un ancien nom qui était Monsieur Raph. J’ai changé depuis peu, parce-que je crois que c’était plus honnête avec la personne que j’étais et avec les chansons que je fais actuellement. Justement ça marche bien avec mes nouvelles chansons, je crois, le fait de revenir avec mon vrai nom. Je suis franco-québécois, et je fais de la musique atlantique. Un peu comme mon accent qui est un peu mitigé entre les deux, entre le Québec et la France.
Pozzo Live : Vous avez donc sorti récemment l’EP Moitié Plein. Combien de temps a-t-il mis à voir le jour ?
Raph Delaé : Il a mis plusieurs années en fait. Et pour la petite histoire, cet EP s’appelle Moitié Plein parce-que c’est la moitié d’un album complet qui va venir pour le printemps 2024. Et la deuxième raison c’est aussi parce-que Moitié Plein c’est la manière comment ma mère m’apprenait à regarder les choses quand j’étais petit. Toujours voir un petit peu le verre à moitié plein. Et dans mes textes, dans ma manière d’écrire, j’ai remarqué qu’avec les années j’écrivais de plus en plus de cette manière-là. En essayant de changer d’angle de vue, de prendre un peu de hauteur.
Donc mes chansons remontent à super longtemps. Le nom m’est venu naturellement, mais les chansons elles sont là depuis super longtemps, parce qu’elles mijotent depuis des années. Et donc il y a des chansons comme Asi Es, que j’ai sorti légèrement en avance comme un single. C’est le cas pour Respirer aussi. Et puis tout récemment j’ai sorti Tombé en Image. Avec les autres chansons, je crois qu’elles font bien partie de ce qui se mijote depuis des années, dans ma petite cuisine musicale.
Pozzo Live : Usuellement les artistes commencent par publier un EP, puis un album complet. Vous avez fait l’inverse complet en commençant par l’album Le Sens de la Dérive. On vient de le dire cet EP n’est qu’une première moitié d’un album complet. Mais est-ce qu’il y avait une volonté de sortir ce qui était déjà prêt ou justement un côté artistique avec notamment le jeu de mots Moitié Plein.
Raph Delaé : Alors un peu des deux en fait. Quand j’ai sorti l’album Le Sens de la Dérive c’était en 2020. C’était le 8 avril 2020, donc c’était vraiment direct dans le Covid, au tout début. Sortir un album complet aujourd’hui, je pense que c’est quelque chose de très difficile, surtout quand t’es un artiste un peu plus indépendant. Est-ce que les gens à l’heure actuelle vont aller vraiment écouter tout un album complet de 12 chansons, ou alors est-ce qu’ils vont simplement écouter une chanson ou deux ?
C’est un peu ça que j’ai eu comme expérience. Je me suis dit finalement à quoi ça sert de faire un album complet direct, alors que tu pourrais laisser le temps aux gens d’aller découvrir des chansons. Tu peux mettre en valeur certaines chansons, peut-être aussi tu vas faire des vidéos clips. Moi j’aime beaucoup faire des vidéos clips avec mes chansons pour compléter ce que j’ai envie de dire. Donc l’album complet c’était un prémisse de ma manière de faire actuelle je crois. Et Moitié Plein c’est juste plus logique pour moi de prendre le temps de le faire comme ça.
Parce-que dans la démarche que j’ai, même artistique, il y a la chanson Moitié Plein d’ailleurs, qui est une chanson instrumentale, et qui sera en chanson avec des paroles, et qui ne sera plus juste instrumentale. Donc ça je voulais faire la transition de cet album là à l’autre en fait, du premier EP au deuxième. Créer un truc qui soit un peu plus complet et que la deuxième partie réponde à la première. Artistiquement j’avais envie de faire ça, et oui je trouvais que c’était une super belle manière de prendre le temps de laisser les chansons vivre.
Pozzo Live : Cela recoupe une question que je pose régulièrement. Est-ce que les plateformes de streaming poussent vers la fin du format album que l’on connait ou ben est-ce simplement un mode de promotion différent ?
Raph Delaé : Je ne peux pas répondre pour les autres artistes. J’imagine que chaque artiste a une manière un peu différente de faire. Selon leur lien et la consommation de leur musique par leurs fans. Mais en tout cas de mon expérience, j’ai clairement vu que les gens qui écoutent ma musique prennent vraiment le temps d’écouter une chanson à la fois. Pour découvrir la chanson, la redécouvrir avec un videoclip, etc. Et après ça, ils passent à une autre chanson, qu’elle soit dans le même album ou dans un album suivant. Il n’y a pas vraiment d’importance, pour les gens qui écoutent ma musique. Donc j’imagine que ça dépend des gens.
Pozzo Live : On parlait d’écriture juste avant. Comment écrivez-vous vos chansons ? Êtes vous accompagné pour cela ?
Raph Delaé : Alors je suis un peu solo dans ce processus là, d’écriture, de composition, chansons et tout. En fait, j’ai besoin d’être inspiré, comme j’imagine tout le monde on a besoin d’être inspiré dans la vie de tous les jours. Ma manière à moi de rester inspiré, d’écrire des chansons, c’est d’être en mouvement. Je suis tout le temps en mouvement quand je suis en train d’écrire. Je ne suis jamais derrière une feuille et un stylo sur un bureau, parce-que je n’arrive pas en fait, je suis bloqué. Pour moi, la vie c’est du mouvement, et c’est tout sauf d’être figé.
Je crois que c’est ça que j’essaye de faire avec ma musique. Les seules fois où j’arrive à voir des mots, des chansons, des mélodies qui me viennent en tête c’est que je suis en train de marcher dans la rue, ou je suis dans un train, ou en vélo. N’importe quel moyen de locomotion. Et là il y a des trucs qui me viennent en tête ! Et ça fait le lien entre la sonorité et la chanson.
Pozzo Live : Est-ce que vous avez déjà ou essayé ces nouveaux morceaux sur scène ?
Raph Delaé : Oui, carrément. En ce moment, je suis en Europe pour faire une petite tournée. C’est d’ailleurs la deuxième fois de ma vie que je viens en Europe pour faire une tournée, ce qui est très bizarre pour un Franco-Québécois. Je vis depuis 15 ans au Québec et c’est la deuxième fois que je reviens en Europe pour jouer. Ce qui est super intéressant parce-que ça me permet de redécouvrir un peu la scène européenne.
Et puis surtout, ça me permet, dans le contexte de sortir un album, de faire ces nouvelles chansons-là sur scène. C’est un truc hyper excitant d’arriver sur scène en te disant : « ok là j’ai des nouvelles chansons à proposer ». Et c’est autant un défi pour soi, que pour le spectacle qu’on a déjà monté avec des chansons qui roulent déjà. Il faut trouver comment faire pour arriver à incorporer les nouvelles chansons dans les anciennes. Créer cet écosystème, ce qui crée des moments hyper intéressants parce-que des fois, ce n’est pas forcément prévu. J’essaie de faire des nouvelles chansons dans un ordre différent. Et ça donne des trucs parfois surprenants.
Pozzo Live : De ce que j’ai vu vous avez surtout fait des concerts au Canada et en France. Est-ce que vous envisagez de jouer dans d’autres pays francophones ? Belgique, Suisse, …
Raph Delaé : Oui absolument. J’ai beaucoup été au Québec et au Canada pour le moment dans ma vie parce que c’était l’endroit où je résidais pendant quelques années. Donc forcément c’était plus intuitif. Après j’ai énormément l’envie de développer ma musique ici en Europe, de faire plein de scènes plus possible parce-que je trouve ça trop bien de partager de la musique live. C’est évident que j’ai envie de venir ici, aller en Suisse, aller en Belgique. D’autant que j’adore voyager. Et pas seulement en Europe, ni en Amérique du Nord, mais je vais souvent en Amérique Latine. Je crois que j’ai une connexion avec l’Amérique Latine, avec d’autres continents qui n’ont peut-être rien à voir avec ce que je connais dans la vie de base.
Et ça m’appelle, il y a des choses, des rythmiques, des instruments de musique qui viennent me parlent. Je compose souvent en voyage et ça me donne envie jouer dans ces pays-là, j’aimerais énormément y aller. Et la francophonie, c’est grand aussi. Il y a l’Afrique également. J’ai été au Togo pendant quelque temps pour composer. Et au Togo il n’y a pas que la francophonie, mais il y en a beaucoup. Et ça, c’est incroyable.
Pozzo Live : Est-ce que vous avez des hobbies/passions en dehors de la musique ?
Raph Delaé : Je trouve que la musique se complète avec d’autres formes d’expression. Si on voit la musique comme étant simplement une discipline artistique, il y a d’autres disciplines artistiques qui m’aident à m’exprimer. Je passe par des moyens un peu plus graphiques, visuels, comme la vidéo, le design. Tout simplement une pochette d’album par exemple. Tout ça je le fais par moi-même et ça me permet de m’exprimer d’une autre manière, quand je suis juste fatigué de prendre ma guitare, ou que j’ai autre chose à dire d’une autre manière.
Donc ça, c’est cool. Et je fais aussi beaucoup de sport, et ça rejoint quand même la musique pour moi, parce-que c’est aussi une manière de t’exprimer et une manière de me dépasser. Quand je suis sur scène, j’essaye de créer la musique d’une manière un peu active, où je suis tout le temps en mouvement. J’essaye toujours de me dépasser un peu plus. Et c’est la même chose, quand tu es dans le sport, ça te permet d’aller ailleurs. Ça te permet de sortir de toi-même et d’oublier où est-ce que tu es et de voyager un peu plus. En tout cas, moi, c’est comme ça que je le vois. Et ça m’aide énormément à faire la liaison entre l’esprit et le corps. Autant sur scène que dans le sport.
Pozzo Live : Quel groupe ou artiste vous conseilleriez à Pozzo Live d’interviewer ensuite ?
Raph Delaé : Grosse réflexion. Il y a un artiste qui me vient en tête que j’aime énormément et qui m’a beaucoup inspiré. Et il est français, c’est pour ça que je pense à lui. C’est Foray. C’est un gars qui vient de Rouen et c’est un compositeur incroyable. Et il fait vraiment du son qui m’a tellement inspiré. J’ai pris une énorme claque quand je l’ai vue en live. Et ça m’a vraiment inspiré sur la suite de mon cheminement artistique. C’est un artiste que j’adore.
Interview réalisée à Paris le 21 novembre 2023
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