L’hiver, tout le monde le sait, c’est LA saison des repas copieux #raclette Et ce dimanche 02 février ne faisait pas exception. Après un excellent Crunch en entrée, et avant un magnifique dessert au travers du Super Bowl, c’est un sacré plat de résistance qui nous attendait à la Halle Tony Garnier de Lyon. Un plat en deux services, aussi copieux, appréciables et flamboyants l’un que l’autre. Après tout, Lyon n’est-elle pas la capitale de la gastronomie ? En tout cas, on a dégusté ! Slipknot et Behemoth réunis, pour le plus grand plaisir de nos oreilles.
Dans la ville lumière humidifiée de quelques gouttes de pluie, deux titans ont en effet foulé les planches de la Halle Tony Garnier en ce dimanche 2 février. Nous sommes ainsi passés d’un froid humide à une chaleur tropicale en quelques heures grâce aux superstars de Slipknot, appuyés du plus grand groupe de blackened death metal actuel : j’ai nommé Behemoth. Dans une Halle quasi comble, le décor scénique annonce la couleur. Les représentations macabres dont Behemoth a le secret habillent une scène peu large, mais néanmoins suffisante pour laisser la place aux musiciens de se mouvoir tranquillement. 19h30 sonnante, les lumières s’éteignent, les chœurs d’enfants de Solve entament leur chant, introduisant le quatuor polonais.
Nergal et ses acolytes entrent alors sur scène et entament un Wolves ov Siberia, extrait du dernier album I Loved You At Your Darkest, décoiffant au passage les premiers rangs par la puissance des riffs. Leur musique est agressive, soutenu par une batterie rapide et précise, et les riffs de guitares acérés tapent juste là où ça fait mal. Si bien souvent l’accueil réservé aux premières parties est mitigé, ici, Behemoth conquiert la quasi-totalité du public, à en juger par les mouvements de foule aussitôt créés dès les premières notes. Ce soir, le groupe choisi de faire la part belle à son dernier album, avec les titres Bartzabel – probablement le plus connu et apprécié de cette dernière production -, Wolves ov Siberia sus-nommé, et Rom 5:8, choix intéressant dans la mesure où un God = Dog, plus connu et plus fédérateur aurait probablement été plus attendu s’il avait fallu faire un tri par cote de popularité.
Pour accompagner ces nouveaux morceaux, les polonais n’ont choisi que trois autres albums, constituant une courte setlist de huit morceaux au total : Blow your Trumpet Gabriel, incontournable morceau de The Satanist, Ora Pro Nubis Lucifer, Daimonos, choix intéressant car pas forcément commun en live, puis Ov Fire And The Void de l’album Evangelion, et enfin le grand final classique de nombreux concert du groupe : Chant for Eschaton 2000. Au cours des 45 minutes de set qui leur ont été allouées, les polonais ont impressionné par la maîtrise des jeux de scène, entre masques, costumes et gestuelles remarquables, le tout agrémenté de quelques flammes justement dosées. Un régal qui donne lieu à un show à part entière plus qu’à une mise en bouche en attendant la déferlante de fureur des neuf américains…
Il est alors 21h00. A l’heure où les bouchons lyonnais font le plein et où les gourmets patientent pour déguster une quenelle sauce Nantua, des ravioles du Dauphiné ou une tarte à la praline #legrascestlavie, les fans de la Halle Tony Garnier se massent eux devant la scène masquée d’un grand drap noir à l’effigie du groupe, maggots en tête, en quête de décibels et de gros riffs. Et première surprise, c’est le titre For Those About To Rock, de…AC/DC, qui baigne alors une salle encore allumée et un public qui trépigne d’impatience. Jusqu’à ce qu’enfin, après de longues minutes d’attente, les lumières s’éteignent et une clameur monstrueuse monte de la fosse et des gradins qui l’entoure. Le voile qui occultait la scène disparaît alors, laissant place à une scène aussi fournie et spectaculaire que l’on pouvait s’y attendre de la part d’un groupe unanimement reconnu pour ses prestations scéniques et son esthétique.
Retentissent alors les choeurs de Unsainted tandis que, tour à tour, nos neufs kids – enfin plus tout à fait, hein – de l’Iowa font leur entrée, au fur et à mesure que leurs instruments respectifs se font entendre sur le titre phare du dernier album, We Are Not Your Kind. C’est beau, c’est fort, mais surtout, ca fait un bien fou ! Car effectivement, Slipknot n’est pas venu pour se la couler douce sur les berges du Rhône. A peine le temps de se remettre de cette surperbe entâme que c’est un Disasterpiece – peut-être l’un des morceaux les plus énervés du groupe – qui est asséné aux fans. Deux morceaux, et déjà deux torgnoles. Pas de doute, ce soir, ca va chier des boulons dans le magnifique édifice au style indus si caractéristique. Eeyore sera ensuite un premier clin d’oeil, tout en « douceur », aux maggots de la première heures, puisqu’il s’agit d’un morceau (caché) de Slipknot, le premier album (officiel) du groupe, paru en 1999, alors que certains des jeunes fans présents ce soir n’étaient même pas nés. Voilà qui ne nous rajeuni pas et surtout qui fait prendre conscience que la bande de sales gosses venus de Des Moines, Iowa, a bien grandi !
De manière générale, Corey Taylor et les siens sauront bien alterner l’ancien et le nouveau, en enchaînant les titres les plus récents et les plus populaires avec les morceaux les plus anciens et parfois moins connus, en tout cas pas du « grand public ». S’enchaînent ainsi cinq partitions d’albums et d’époques différentes, avec en plus d’Eeyore les titres Nero Forte, le toujours génial Before I Forget, New Abortion, et surtout un Psychosocial encore une fois dingue, qui donnera lieu à moult pogos et autres circle pits, un peu partout dans un public qui jump en cadence. Sur les morceaux les plus remuants, même si cet adjectif correspond à la plupart des morceau de Slipknot, Sid « Monkey Boy » Wilson descend de ses platines à tapis roulant pour venir faire le show au plus près du public, de quoi nous ravir même si son allure est toujours aussi inquiétante sous sa capuche !
Après cette revue en bonne et due forme, Solway Firth est une nouvelle occasion pour le duo de percussionistes, formé du dernier arrivé Michael Pfaff et surtout du vétéran Shawn Crahan, de faire le show du haut de leurs tourelles cerclées de fûts. Ca tabasse sévère, et ca n’est pas pour nous déplaire, malgré l’absence du regretté Chris Fehn. Vermilion sera la bienvenue, permettant à la fosse grouillant comme un sceau d’asticots de reprendre des forces alors que nous arrivons à la moitié du show. Surtout que derrière, Birth Of The Cruel, Wait And Bleed puis Eyeless seront d’intenses séances de pilonnage qui ne manqueront marquer les corps, à commencer par les épaules et les tympans ! Petit moment de nostalgie – et de plaisir – quand même que d’enchaîner deux des meilleurs morceaux de l’album original du groupe. Les effets pyrotechniques sur Birth Of The Cruel, durant laquelle Alessandro Venturella s’en donne à coeur joie avec sa basse lance-flamme, puis All Out Life ne feront que renforcer ce sentiment de plaisir infernal alors qu’on se balance de grands coups d’épaules ou que l’on se laisse porter par la foule sous les langues de feu qui jaillissent un peu partout sur la scène #rammstein
Sentiment prolongé par Duality, qui loin d’avoir pris une ride continue de faire danser et surtout chanter le public, qui reprend à pleins poumons le refrain culte du groupe. Un plaisir visiblement communicatif puisque, comme plusieurs fois durant la soirée, Corey Taylor prend la parole pour répéter à quel point Slipknot est fier de ses fans et à quel point le groupe les remercie pour toutes ces années de soutien indéfectible, qui les ont mené du fin fond des USA jusque partout dans le monde. Des dires aussitôt appuyés par un nouveau morceaux de l’album Slipknot, l’étrange et inquiétant 742617000027. La fin du concert approche, et c’est enfin le moment tant attendu de People = Shit, où comment entendre près de 17.000 personnes beugler à l’unisson que les gens sont de la merde ! Finalement, c’est Surfacing qui viendra clore en beauté ce magnifique show, dont les 1h30 sont passées sans même s’en rendre compte. On en redemande, alors que la salle se vide lentement au son de ‘Til We Die. Bordel, c’était si bon !
Si l’affiche semblait déjà prometteuse avant de mettre les pieds dans le célèbre monument lyonnais, le spectacle offert par les deux formations fut pleinement à la hauteur des attentes. Bien sûr, on pourra regretter que le son n’ait pas toujours été à la hauteur, ou encore, pour Slipknot, de ne pas avoir eu droit à des morceaux de The Gray Chapter ni un vrai solo de batterie comme pouvait en faire Joey Jordison, mais qu’importe. Les performances scéniques et l’énergie déployée sur scène eurent vite raison de ces quelques désagréments, nous permettant de passer un dimanche soir d’excellente facture, avant d’aller s’effondrer le corps meurtri dans son lit, ou dans son canapé pour regarder le Super Bowl, pour les plus motivés et les plus endurants. Un sentiment visiblement réciproque, à entendre Jay Weinberg déclarer dans la foulée sur les réseaux sociaux que ce fut pour le moment « le show le plus fou de cette tournée » !
Si Behemoth a magnifiquement confirmé son statut de référence du black death metal, Slipknot a su démontrer que malgré les années, les changements de line-up, les drames ou les critiques #PaulGray, la bande de Corey Taylor reste l’un des tous meilleurs groupe de metal au monde, tant d’un point de vue musical que scénique. Tout simplement, merci !
Setlist Behemoth :
- Solve (intro)
- Wolves Ov Siberia
- Daimonos
- Ora Pro Nobis Lucifer
- Bartzabel
- Rom 5:8
- Blow Your Trumpets Gabriel
- Ov Fire And The Void
- Chant For Eschaton 2000
Setlist Slipknot :
- Insert Coin (intro)
- Unsainted
- Disasterpiece
- Eeyore
- Nero Forte
- Before I Forget
- New Abortion
- Psychosocial
- Solway Firth
- Vermilion
- Birth Of The Cruel
- Wait And Bleed
- Eyeless
- All Out Life
- Duality
- 742617000027
- People = Shit
- Surfacing
- ‘Til We Die
Live report par William G. (Behemoth) et Clément T. (Slipknot).