Live reports | Blonde Redhead, toujours au top !

BLONDE REDHEAD, INTOUCHABLES !

C’était en avril 1999. Le tout jeune Dominique A était en tournée et venait défendre son quatrième album Remué sur la scène du Bikini devant un parterre nombreux. En première partie de ce concert, un trio tout droit venu de New York que personne ne connaissait vraiment : Blonde Redhead. Et le moins que l’on puisse dire c’est que la découverte a été grandiose tant la chanteuse Kazu Makino et les jumeaux Amadeo et Simone Pace ont conquis le public avec un rock furibard jusqu’à en voler la vedette au sieur Dominique A ! Mine de rien, depuis le début des années 90, le groupe ne cesse de monter en puissance et se réinventer au fil de ses albums comme 23 ou Penny Sparkle qui tranchent avec le rock indé façon Sonic Youth mis en place notamment avec La Mia Vita Violenta en 1994. Lors de son dernier passage au Bikini en 2014, le trio avait entamé un virage pop électro assez intimiste très remarqué…

RETOUR EN GRÂCE

Pas loin de 10 ans plus tard, voilà que Blonde Redhead est de retour au Bikini afin de présenter son tout nouvel album Sit Down For Diner sorti fin septembre 2023 chez Section1 après 9 ans de silence suite au disque Barragán (2014). Malgré le poids des années et les cheveux grisonnants, les américains sont toujours présents et comptent bien nous le faire savoir ce soir ! Le public (aux cheveux grisonnants aussi) a répondu lui aussi présent et est bien content de retrouver les new yorkais.

Dès son entrée sur scène avec l’opener « Falling Man », Blonde Redhead renvoie l’audience toulousaine près de 20 ans en arrière avec ce titre issu du très bon Misery is a Butterfly (2004). Et contre toute attente, le trio prend son temps pour mettre à l’honneur son dernier effort en date Sit Down For Diner puisqu’il laisse d’abord la primeur à « Doll Is Mine » et « Elephant Woman » qu’on retrouve encore dans Misery is a Butterfly et « Dr. Strangeluv » issu de 23 (2007). Il faudra donc attendre vingt bonnes minutes pour enfin pouvoir entendre « Snowman », le premier titre du nouvel album. Et force est de constater que ce morceau prend toute son ampleur en live et démontre (encore une fois) de l’immense musicalité dans le travail de composition de Blonde Redhead aussi bien dans les accords lancinants de guitare ou au travers des nappes de clavier. De plus, le chant d’Amadeo est superbement mis en relief lors des chœurs de Kazu Makino. Maintenant que le public est véritablement happé par le set, le groupe décide de dévoiler pour de bon des nouveaux titres avec notamment « Sit Down for Dinner Pt. 1 » et « Sit Down for Dinner Pt. 2 » d’une remarquable intensité. Il faut dire que les structures à tiroir des composition donnent énormément de relief à l’ensemble et permettent à Blonde Redhead de développer des plans plutôt accrocheurs (« Rest of Her Life »).

LET’s THE MUSIC DO THE TALKING

Comme à son habitude, le trio ne communique pas trop avec le public, laissant la place à la musique et permettant une introspection, une sorte de voyage intérieur porté par la musique aérienne des new yorkais (« SW », « Maddening Cloud », …). En effet, derrière ses compositions éthérées, Blonde Redhead tient à apporter un soin particulier aux ambiances qui en ressortent. De fait, le groupe n’hésite pas à jouer avec des nappes de clavier ou des lignes de basses redondantes afin de laisser la place aux chants et aux arpèges bien pensés. On sent que le trio est dans un trip intérieur fort et que sa musique est une véritable invitation au voyage (« Melody Experiment »). Qui plus est, lorsque Kazu s’octroie le chant lead, sa voix cristalline et aérienne fait vite mouche (« Sit Down for Dinner, Pt. 1 et Pt. 2 »). Difficile d’y résister…

Après avoir mis en place des titres plutôt calmes à l’instar de « Maddening Cloud », le trio va prendre le public à revers avec un « Bipolar » issu de Fake Can Be Just As Good de 1997 qui rappelle le Sonic Youth de la belle époque ! Il n’en fallait pas plus pour que le public réagisse comme un seul homme sur l’excellent « 23 » sur lequel Amadeo fera montre d’un chant bien maîtrisé, avant de terminer sur encore un nouveau morceau bien senti : « Rest Of Her Life ».

Déjà, l’heure du rappel arrive avec avec la triplette « Here Sometimes » de l’album Penny Sparkle (2010) et les nouveaux « Not for Me » et « Kiss Her Kiss Her » du dernier album en date. Voilà une belle manière de clore en beauté ce set si singulier…

Setlist :