Vendredi soir 21 octobre 2022, nous arrivons à la salle de Robien à 18h50. Les concerts ont commencé depuis plus d’une heure avec FAUXX, mais la circulation en cette veille de départ en vacances ne nous permet pas d’assister à l’ouverture du Carnavalorock 2022. A peine arrivés, nos accréditations récupérées, et il est déjà l’heure de rejoindre les backstages pour une brève interview des Wampas.
« Brève » est le terme adéquat : tout sera plié en moins de 10 minutes et nous avons donc la chance de pouvoir redescendre assister à la fin du show de Johnny Mafia.
Johnny Mafia
Le groupe originaire de Sens, nous propose un rock pêchu et très sympa pour se mettre en jambe. On note une certaine timidité chez les membres du groupe mais leur façon de s’adresser au public les rend vraiment très attachants. Ils ont pourtant plus de 10 ans d’expérience et deux albums à leur actif. Le peu que nous avons pu voir nous a plu, en tout état de cause.
Première pause pour nous pendant un entracte de 30 minutes, et l’occasion d’aller prendre une première bière au bar. Les consommations ne sont pas très chères, un demi de bière nous coûte 2,70 €. On regrettera cependant le fait que les consommations de soft coûtent exactement le même prix. Pour encourager les gens à consommer moins d’alcool, ce n’est pas des plus efficaces. Et au vu de l’amoncellement de raisins que nous aurons la chance de croiser au cours de cette soirée, manifestement assez peu sont ceux qui ont décidé de consommer du jus d’orange. On se rappelle soudain que nous sommes bien revenus à Saint-Brieuc, haut-lieu de la scène punk tant au sens musical que lifestyle. C’est ça aussi qui fait le charme du Carnavalorock.
Les Wampas
La pause est terminée et c’est déjà au tour des Wampas de monter sur scène. Une fois accepté le fait communément admis que Didier Wampas n’a pas fait son succès grâce à ses performances vocale hors du commun, on ne peut qu’être admiratif devant l’énergie que développe encore le sexagénaire, après presque 40 années de carrière, et 14 albums, rien que ça. Le groupe vient défendre son dernier opus fraîchement sorti (30 septembre 2022) : Tempête, tempête.
Un show délirant de 50 minutes durant lequel nous aurons eu droit à tous les plus grands classiques (C’est Politique, Manu Chao, etc.). Notre Didier national aura eu le temps de descendre plusieurs fois dans le public, que ce soit pour chanter, courir ou slammer au-dessus de la foule. Je rappelle qu’il a 60 ans cette année. Cela donne des images rigolotes que l’on essaie de capturer dans l’objectif, pris sur le vif, comme par exemple lorsque l’on voit ses camarades de scène dérouler 30 m de câble tant bien que mal, pour lui permettre de traverser la moitié de la salle est monter chanter et danser sur le bar de l’autre côté du public. Ca c’est punk.
Didier l’incontrolable
Après une première tentative semi fructueuse d’organiser, je cite, le plus grand Wall of Death de l’histoire de f****** Saint f****** Brieuc, Didier décide de donner une seconde chance au public et le résultat est sans appel : c’est vraiment un très gros wall of death. Au passage le frontman des Wampas en profite pour glisser un tacle à la gorge, bien en règle, à Niko de Tagada Jones qu’il imite entre parodie et moquerie. On ne sait toujours pas à ce jour si c’était amical, ou plutôt hostile. Le public en revanche ne semble pas s’en émouvoir et rigole de bon cœur. Il faut dire que Tagada passe dans 2h, donc il serait probablement malvenu de tirer à balles réelles. L’affaire reste insoluble…
Le groupe fait également monter 2 fillettes sur scène pour interpréter sa chanson “Ce Soir c’est Noël”. La petite Mila semble très inconfortable tandis que Laurie est déjà plus à son aise. L’ambiance globale du moment est plutôt chouette.
Dead Kennedys
Après un nouvel entracte d’une trentaine de minutes pendant lequel nous jetons notre dévolu sur le Food truck “ chez Mo” ( allez-y c’est très chouette), c’est l’heure The Dead Kennedys sur la scène de Robien.
Origiaires de San Francisco, ces monuments de la scène punk hardcore américaine vont nous offrir un concert rockabilly vraiment très groovy. Le public est réceptif et l’ambiance monte d’un cran. Faut dire que 44 ans plus tard, et ce malgré une pause de 15 ans au milieu, les DK n’en sont plus à leur coup d’essai. Il est aussi curieux qu’amusant d’observer Klaus Flouride, petit vieux trapu, cheveux blancs et barbichette, du haut de ses canoniques 73 ans, backer ”Skip” Greer en hurlant dans les aigus. Monsieur semble s’amuser sur scène comme s’il avait 60 ans de moins et c’est génial.
Le batteur – Peligro – est aux antipodes, très sérieux et concentré, tandis que le guitariste et le lead singer se partagent la scène. Skip propose un chant très pêchu et interagit longuement avec le public. D’ailleurs, toujours très engagé après tant d’années, il finit par nous dire “autant je suis ravi de vous voir tous ici ce soir, autant je pense qu’on est beaucoup trop sur cette terre”. Au moins, nous sommes raccord sur ce point. Et d’enchainer sur une chanson qui propose justement de régler ce problème de surpopulation.
Dans l’ensemble un très bon concert servi par des musiciens expérimentés et contents d’être là.
Tagada Jones & les tambours de L’An Fer
Il est 23h30, cela fait quelque longues minutes que nous observons le staff installer de gros bidons rouillés sur la scène. C’est le signe annonciateur des Tagada Jones qui sont en tournée avec les Tambours de l’An Fer. A Saint-Brieuc, Tagada joue en terres conquises. En bon enfant du pays, Niko nous explique que Carnavalorock a une saveur particulière pour lui car il servait des crêpes au fond de la salle de Robien quand il était ado. Un authentique breton pur beurre.
Tagada nous offre ce soir une scéno particulièrement travaillée avec des lights qui produisent une ambiance très particulière. Sombre mais chaude… un quelque chose d’infernal peut-être ? Les bidon en arrière-plan eux-mêmes illuminés font ressortir les lettres TAGADAJONES sous des fontaines d’étincelles. La foule se fait plus compacte devant le quatuor qui interprète l’ensemble de ses classiques, tous très largement repris en chœur par un public déchainé. A Saint-Brieuc, nul doute que la majorité des gens présents a déjà vu tagada de nombreuses fois. Pourtant ce soir, il semble évident que c’est cette tête d’affiche qui aura fait déplacer le plus de monde.
Pogo Car Crash Control
Dernier interlude de ce vendredi soir. Les franciliens de Pogo Car Crash Control sont en train d’installer leur set. Alors même qu’il est occupé avec ses balances, le chanteur invite le public à aller manger des galettes saucisses pour éviter de “gâcher la surprise”… sur le ton de l’humour bien entendu. Et alors que 1h sonne, les P3C entrent en scène pour clôturer cette première soirée du Carnavalorock 2022.
Comme l’indique son nom, sur Pogo Car Crash Control, on pogote ! Actifs depuis 2015 “seulement”, le groupe jouit pourtant déjà d’une certaine renommée sur la scène metal française. En effet, au cours de leurs seules 7 années d’existence, les P3C ont déjà produit un EP et trois albums (dont Fréquence Violence est sorti cette année). Ils sont aussi montés sur les planches du Hellfest 2 fois ! Un punk rock incisif avec une caisse claire régulière et très sonore pendant lequel, d’un côté de la crash barrière, la foule finit de vider ses batteries pour aujourd’hui, tandis que de l’autre côté, sur scène, Lola Frichet – bassiste surexcitée – balance des coups de pieds dans l’air. L’instigatrice du mouvement #MoreWomenOnStage semble vouloir en découdre et on n’arrive pas à s’en déskotcher. Le succès est au rendez-vous. Top.
2h du matin : épuisés mais ravis, la petite troupe de Pozzo Live suit la foule pour quitter les lieux et aller se coucher après une TRÈS longue journée… c’est pas le tout mais demain, faut remettre ça.
Carnavalorock Samedi 22 Octobre 2022
Ce Samedi de festival commence pour nous par l’interview de Betraying the Martyrs. Interview qui aura lieu pendant le show de Trouz an Noz hélas. Nous nous trouvons donc dans l’obligation de nous séparer. Pendant que Jérem’ et moi allons discuter avec le groupe, Pauline va voir le concert.
Trouz an Noz est un rock pêchu et entraînant. Le groupe – clairement anarcho – et probablement le plus breton du week-end, explique qu’ils “sont venus de loin pour nous voir ce soir”. Amusant quand on sait qu’ils viennent de fioouuuuu… Saint Brieuc ! On notera la présence sur scène d’une violoniste qui apporte un peu de poésie à ce début de soirée, et une projection en arrière-plan, de séquences vidéos choisies tout en rébellion.
Pozzo Live s’excuse de n’avoir pu assisté à la représentation de Orchestra Baobab. On nous ne nous en a dit que du bien, cependant.
The Bellrays
20h30 : Nous sommes en première ligne pour le début de The Bellrays.
The Bellrays est un groupe de rock formé en Californie dans les 90’s, et qui cumule tout de même 9 albums ! De fait, on se demande comment on a pu passer à côté. La frontwoman Lisa Kekaula semble issue du milieu du gospel avec une voix puissante et constante. Ça fleur bon le jazz et la Soul. Le tout sur un rock endiablé pour un rendu qui n’est pas sans rappeler une certaine Aretha Franklin. Un concert vraiment chouette où déjà, on sent une couleur musicale très différente pour cette deuxième soirée à Carnavalo !
Deluxe
Pouah quelle claque ! On en avait énormément entendu parler mais à ce jour, n’avions jamais assisté à un concert de Deluxe.
Deluxe, c’est un ovni electropop aux sonorités funk/jazz qui nous arrive tout droit d’Aix-en-Provence. Forts d’une carrière de 15 ans déjà, ils sont six sur scène mais on dirait qu’ils sont 15 ! Un show chorégraphié millimétré et servi par des musiciens exigeants. En fosse (en train de shooter le concert) j’ai droit à de la stéréo tant les demoiselles derrière moi – qui semblent connaître toutes les paroles par cœur – chantent à tue-tête ! C’est sans comparaison possible, l’ambiance la plus chaleureuse du festoch. Lors d’un bref interlude où LiliBoy – la chanteuse – s’entretient avec le public, celle-ci dégaine une épée et adoube l’audience – genou à terre… avant de pourfendre ses camarades.
Pas une fausse note à déplorer. Le public, qui était manifestement venu pour eux ce deuxième soir, à l’air conquis.
Merzhin
C’est LE groupe que tous les bretons ayant passé leur jeunesse en festival, ont vu 50 fois. Pauline y compris bien entendu. Pourtant, on ne reconnaît plus le son bretonnant (ils arrivent de Landerneau – Terre de Fête du Bruit) qu’on leur connaissait. Et en effet, après un gros tournant rock dans les dernières années, aujourd’hui Merzhin produit un Rock français engagé et bien plus sombre, où les bombardes sont bien moins présentes. Il y a beaucoup de No One dans leurs nouvelles productions et le revirement est vraiment satisfaisant.
Sur scène, la lumière est à l’image du son… sombre. C’est langoureux et hypnotisant. Un moment paradoxalement plus calme. Sorte d’interlude introspectif entre les survoltés de Deluxe et le dernier show énervé du week-end : Betraying The Martyrs
Betraying The Martyrs
Alors là c’est la grosse tartine dans nos faces ! N’en déplaise à certains, pour nous 3, c’était le concert que nous attendions le plus. Et à raison !
01h10 : BTM débarque à Saint-Brieuc pour défendre leur dernier opus : Silver Lining, sorti la veille du Hellfest cette année. Depuis le début de la pandémie de Covid, les parisiens ont également un nouveau chanteur originaire du Portugal. Ce dernier balance du lourd et semble indécemment à l’aise dans le very low pitch. Quand on connait un peu les techniques du chant saturé, il est presque agaçant d’observer la facilité avec laquelle Rui (c’est son nom) casse des c*ls !
Victor, aux claviers – et qui nous a fait l’honneur de répondre à nos questions plus tôt avec Baptiste Vigier – prend le temps de challenger joyeusement le public entre chaque chanson. C’est lui aussi qui prend un moment entre deux morceaux pour expliquer au public que ce soir est un jour un peu particulier car c’est l’anniversaire de leur ingé son. Tonnerre d’applaudissements pour le jeune homme, mais… Confidence pour confidence, c’est malheureusement faux. Ce n’est l’anniversaire de personne, et le groupe prend un malin plaisir à faire le coup à une personne différente à chaque concert, pour l’amour du malaise. C’est drôle. Victor toujours, sera d’ailleurs à l’origine d’un BON GROS WALL OF DEATH, franchement réussi malgré un sol sinistré par la bière (DANGER sol glissant !!)
La bagarre, un peu.
On se rappelle qu’on assiste à un festoch punk quand Valentin Hauser – bassiste de Betraying – se prend un ecocup en plein dans la mouille au beau milieu d’un morceau, sous les yeux satisfaits de son guitariste (Steeves Hostin). Très pro cependant car on n’entendra pas un pain malgré cela et le musicien de sembler en rire quand bien même un peu étourdi par l’attaque. Au final, un groupe à la participation très équilibrée, qui occupe la scène et le micro, la banane jusqu’aux oreilles. Sourire partagé par tous les membres et qui reste assez en “décalage” avec la violence du scream et de la double pédale.
Chez Pozzo c’était notre concert le plus attendu pour Carnavalorock 2022. Ca a fini comme le concert le plus apprécié pour Carnavalorock 2022. Allez, rentrez chez vous, il y a école lundi et nous, on a des interviews à retranscrire !
Pozzo Live remercie chaleureusement Diogène Production et tout le staff de Carnavolorock, ainsi que Lisa et Baptiste tout particulièrement pour leur accueil et leur aide. Nous remercions également les Wampas & Betraying The Martyrs pour nous avoir accordé leur temps.
A l’année prochaine.
Si vous ne connaissiez pas encore le festival de Robien, vous pouvez aussi découvrir ici le report de Carnavalorock 2018