Quoi de mieux qu’un doux samedi soir d’avril pour aller se faire retourner par de la Neue Deutsche Härte ? Retour sur une soirée qui continuera de faire vibrer la Cartoucherie et sa Cabane un moment.

LA CABANE

La Cabane, c’est une salle de concert nichée au sein de la Halle de la Cartoucherie à Toulouse. Logée dans un quartier qui n’a de cesse de faire sa mue, laissant de côté son ancienne réputation de coin craignos, l’ordre est à la réhabilitation des bâtiments. C’est ce qui a poussé un bâtiment d’usage militaire à se convertir en un lieu complètement baigné dans l’écologie et l’innovation. En peu de temps, ce lieu est devenu un incontournable de la population toulousaine qui se presse en fin de journée ou de semaine afin de se retrouver et d’y échanger.

Déjà doté d’autres structures tel qu’une salle de sport ou d’escalade, il manquait tout de même une salle de concert plus petite que le Zénith qui se situe de l’autre côté de la voie. Depuis septembre 2024, c’est chose faite avec l’inauguration officielle de La Cabane. Disposant de 450 places debout en fosse et 750 assises perchées en surplomb, l’espace dispose d’une bonne acoustique tout en offrant le cosy d’une petite salle malgré sa capacité totale de 1200 personnes !

Ce 12 avril, l’Allemagne était à l’honneur avec la venue de Heldmaschine et Eisbrecher. Retour sur une soirée qui a permis de tester l’insonorisation des murs.

MASCHINE HELD

Formé par d’anciens membres du groupe tribute Völkerball Heldmaschine est en bonne passe pour devenir l’héritage de la Neue Deutsche Härte. Style musical coincé dans le métal industriel allemand étouffé par les énormissime Rammstein, on y retrouve du métal, de l’indus mais aussi la Deutsche touch d’électro/techno épileptique dont ils ont le secret.

Devant le défi qu’est l’ombre omniprésente des bavarois, ils ont pour autant su développer leurs propres titres et venait à la Cabane défendre leur nouvel album Eiszeit.

Et pour le coup, sous une influence qui nous fait nous demander si on est face à un jeune groupe de 2011 ou bien aux antédiluviens teutons qui rassemblent leurs fans dans des stades de foot, l’osmose a été totale. Avec des sons plus électroniques, La Cabane a été complètement charmée par l’énergie dégagée. Bien que la voix de René Anlauff soit beaucoup connu pour sa similarité avec Till Lindemann, elle se veut changeante et prend sous certains titres d’autres tonalités notamment des allures de M.Shadows.

Avec une durée de quarante minutes environ, Heldmaschine a su préchauffer La Cabane Thermostat Métal et préparer comme il se doit la venue de Eisbrecher. Avec un jeu principalement de néons, de lumières et de tableaux lumineux, ce n’était pas que les oreilles qui étaient sollicitées !

EISBRECHER

Puis c’est le coup de froid total avec Minus 90 Grad. Passage en air glaciaire et plein blizzard pour les deux prochaines heures avec les gars les plus chauds de la Germanie que sont Eisbrecher !

Contrairement à Heldmaschine, c’est face à une scène ultra épurée que se retrouve le spectateur. Batterie en hauteur, deux plateformes en latéral, un avant de scène, quelques lumières et en avant, Guingamp ! A l’opposé de Heldmaschine qui puise sa scénographie dans un entrelacement de lumières et de néons a donner des sueurs à l’ingé lumière, Eisbrecher offre un dispositif qui sera principalement constitué de jeux de lumières plus standards et quelques costumes enfin principalement pour Alexx Wesselsky.

Everything is Wunderbar résonne subitement suite à l’intro parlée et enflamme directement la fosse. Le ton sera donné pour l’intégralité du show. Et comme on pourrait s’y attendre de l’excellence allemande, le son est juste optimal ! (Contrairement à certaines scènes principalement réglée sur les basses qui détruisent les tympans des premiers rangs de fosse.)

Ce qui fascine, c’est la capacité d’Eisbrecher à mener un show extrèmement sérieux sur des titres calés musicalement et scénarisées au milimètre près versus les passages entre les chansons où l’ambiance est plus au partage et à la déconne. Et ce qui fait extrêmement plaisir, c’est l’effort constant du chanteur Alexx Wesselsky pour s’exprimer le plus possible en français entre les titres.

Niveau mise en scène, certaines chansons restent plus en tête comme l’interprétation de Waffen Waffen Waffen et son fort message pacifiste qui résonne d’autant plus par les temps qui courent. En même temps, son intro à l’harmonica et le jeu de scène y est surement pour quelque chose !

Bien que ce soit principalement le chanteur qui capte l’attention du public par ses mises en scène, les guitaristes et bassiste s’échangent tour à tour leur place sur les différents niveaux tels des félins sur un arbre à chat métallique ! Sur Stossgebet, chacun des membres sur scène jouera le jeu de revêtir la grosse veste en fourrure et les différents couvres chefs qu’on peut imaginer dans ce froid apocalyptique dans lequel évolue l’imaginaire du groupe.

Il y a eu d’autres moments plus intimistes comme Tränen Lügen Nicht. La pénombre enveloppant la scène ne laissait que Alexx Wesselsky et Jürgen Plangger, deux guitares sèches et le silence pour eux.

Au final, quasi l’intégralité de Kaltfront aura été écouté ce soir à la Cabane de Toulouse ! Mais que serait une concert de Eisbrecher sans un petit passage de This is Deutsch avec le chanteur dans sa tenue de perfekt petit allemand.

La suite du registre, plutôt retour aux sources, annonçait tranquillement la fin du concert avec un encore à base de Zwischen uns, Was ist hier los? pour finir avec l’excellent Verrückt.

A l’heure où les concerts sont à la prouesse technique et à la course aux artifices, Eisbrecher se place encore et toujours un cran en décalage. A l’instar du vieux Polaroid que le chanteur sort en plein concert, le groupe reste authentique et offre vraiment une prestation génialissime. Même le petit passage tranquille du concert se fait à la lueur des briquets plutôt que des téléphones, comme pour rappeler que si les concerts sont appelés spectacle vivant, c’est bien parce que ce sont des humains en quête d’échange et de partage qui se trouvent en face ! Un pur régal !

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